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feil du 21 Mai dernier, l'abbaye de Samer, ordre. de St. Benoît, près de Boulogne-fur-Mer, vient de faire publier la fufpenfion de la perception du droit de minage qui lui appartient, en qualité de feigneur du comté de Samer, fur tous les grains, à compter du jour de la publication jufqu'au Ier. Octobre prochain, & n'a réfervé à fon fermier, à qui elle accorde un dédommagement proportionnel, qu'un fol par feptier de mefurage, pour la sûreté publique & la police des marchés. C'étoit, fans doute, à un des ordres religieux le plus riche & le plus confidéré dans tous les tems, à donner un pareil exemple de l'efprit patriotique.

Le chapitre général de la congrégation de St. Maur, affemblé en l'abbaye de Marmoutiers-lèsTours, a élu pour fupérieur général Dɔm René Guillot, Le même chapitre fit célébrer, le 27 Mai dernier, un fervice folemnel pour le feu roi, auquel l'évêque d'Arras, un des commiffaires de S. M., officia pontificalement. L'archevêque de Tours & les différens corps de la ville affifterent à cette - cérémonie. L'oraifon funebre fut prononcée par Dom Mefnilgrand, profeffeur de théologie en l'abbaye de St. Etienne de Caen, & député au chapitre général. La veille, le chapitre fit remettre 100 louis au bureau des pauvres, pour leur être diftribués en aumônes.

Un riche laboureur des environs de Paris, à qui, lors de l'émeute, des payfans avoient pris pour 1200 livres de bled, a reçu, depuis le ban d'amnifie qu'a fait publierle roi, fous condition de payer ou remplacer les grains pillés & volés, la vifite de ces payfans, qui vouloient profiter de la grace du prince; mais ils avoient mangé le bled, & n'avoient point d'argent pour le payer. Le fermier leur a fait faire à tous des reconnoiffances de la fomme qu'ils lui devoient pour ces bleds. Il leur a dit enfuite: Mes amis, vous avez

fatisfait à la loi; il est juste qu'à mon tour je me fausfalle. Il a déchiré devant eux les billets, & les a renvoyés quittes.

En conféquence d'une lettre de S. M. adreffée à l'archevêque de cette capitale, le chapitre de Nctre-Dame chanta le 29 du mois dernier, en grande mufique & fymphonie, à 6 heures du foir un Te Deum en actions de graces du facre du roi, l'archevêque de Paris officiant. Le garde des fceaux, le confeil & toutes les cours y ont été invités de la part du roi, à la maniere accoutumée, par le marquis de Dreux, grand-maitre des cérémonies de France. Le même foir, toute la ville a témoigné fa joie, à la même occafion, par une illumina tion générale.

Le chapitre de Notre-Dame du Val de Provins a célébré, le 11 du mois dernier, jour du facre de S. M., une meffe folemnelle avec expofition du St. facrement , pour demander à dieu l'effusion de fes graces fur l'augufte perfonne du roi, & fur fon regne. Le clergé de la ville; les officiers du bailliage & de l'élection, le corps municipal, la nobleffe de la ville & des environs, & les officiers du régiment de Lorraine, dragons, y ont affifté. Le Sr. Royer, chanoine théologal de cette églife, a prononcé un difcours fur le facre. A la fin de la meffe, le chapitre a diftribué 800 livres de pain aux pauvres. Quelques jours auparavant, le bailliage & le corps municipal en avoient diftri bué chacun cop liv.

L'univerfité de Poitiers a fait célébrer, le même jour une meffe folemnelle pour prier le St. Elprit de répandre fes cons fur le roi, la reine & la famille royale. Elle avoit rendu, le 6, un décret pour inviter tous les membres qui la compo fent, d'affifter à cette meffe, pendant laquelle le profeffeur de rhétorique a prononcé un discours fur l'obéiffance & l'amour qui font dûs à S. M.

La ville de Toul, qui avoit fixé au 25 du mois dernier, un jour d'actions de graces & de réjouiffances publiques pour le facré du roi, fit diftribuer 2 mille livres de pain aux pauvres. Le Sr. Montignot, chanoine de la cathédrale, en fit auffi diftribuer 800, fous un portique illuminé en architecture, & fur l'attique duquel, on lifoit en lettres onciales, une inscription relative à l'objet de la fête.

tous

Le 9 du mois dernier, l'université de Bourges fit un décret, par lequel, en reconnoiffance des bienfaits de S. M., & notamment de fa remife du droit de joyeux avénement, qui, dans des tems moins difficiles, mérita à Louis XII le furnom de Pere du peuple, elle arrêta par acclamations que, les ans, le jour anniverfaire de la naiffance du roi, on célébreroit en l'églife du college royal de Ste Marie, une meffe particuliere & folemnelle pour la confervation de fes jours précieux. Elle Hatua encore, , qu'on y inviteroit les officiers municipaux, qui feroient priés d'annoncer au peuple, par le canon de la ville cet heureux jour, fi cher, à la province, dont S. M., en naiffant, a porté le nom.

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Le 25 Mai, vers les 4 heures après-midi, une grêle affreufe, de la groffeur d'un œuf de pigeon, a dévasté 5 paroiffes de l'élection de St. Quentin, de façon à ne laiffer prefque plus d'efpoir d'aucune récolte à Echaucourt, Magny, Bellinglife, Pontouet & Betancourt.

On mande de Normandie, que 9 villages de l'élection de Conches y ont perdu auffi toute efpérance de récolte en grains & fruits, par la grêle qui y est tombée le 11 du mois dernier, vers les 11 heures du foir. Le lendemain, on en trouva des grains qui pefoient encore 4 onces. Quantité de perdrix, lievres & lapins en ont été affommés. Au fort de ces ouragan, le vent étoit fi impétueux

que 60 gros arbres en ont été déracinés, & qu'un moulin à vent a été porté à cent pas de l'endroit où il étoit placé. Les lieux dévaftés font Goupillieres, Perieres, Créthienville, Calville, Harcourt, Rouge-Periers, Bray, St. Nicolas Dubos. & la Neuville Dubos.

Un orage femblable a produit les mêmes effets, le 17, à St. Hubert en Ardenne. Un nuage épais, dont la direction étoit de l'eft à l'ouest, s'avançoit lentement vers l'églife de ce bourg, & lorfqu'il fe trouva prefque perpendiculairement audeffus des deux tours, on fit la faute, affez ordinaire, de fonner toutes les cloches; ce qui détermina la chûte impétueufe d'une pluie mêlée d'une quantité de grêle, dont les grains les plus gros avoient le diamêtre d'une noix,& préfentoient une furface en partie fphérique, en partie anguleuse. Les torrens qui fe formerent dans les rues du bourg, bâti en pente, étoient si rapides qu'ils entraînerent de groffes pierres, des poutres de chêne, & une charette très-pefante. Un garçon de 10 à 11 ans eut le malheur d'être également entraîné & précipité dans un érang. On s'empreffa de l'en retirer & de lui adminiftrer tous les fecours prefcrits pour rappeller les noyés à la vie; mais les contufions qu'il avoit reçues en roulant dans le courant d'eau contre différens angles faillans, rendirent ces fecours inutiles.

Il eft arrivé au port de St. Valery, le 1er. de ce mois, deux vailleaux d'Amfterdam, avec 120 lafts de bled pour le compte des entrepreneurs de la manufacture royale des glaces. Ces bleds remontent la Somme jufqu'à Amiens, où la riviere ceffe d'être navigable. On les trinfporte enfuite, par terre, à Saint-Gobin. Il est ailé de concevoir, par le tranfport qu'exigent 200 voitures, de quel. le utilité feroit le canal auquel on travaille pour joindre la Somme avec l'Oife, à Chauny, où el

le commence à porter bateau. Ce canal, dont il doit réfulter auffi une communication entre la Somme & la Seine, eft indépendant de celui qui doit joindre la Somme à l'Efcaut, entre Saint-Quentin & Cambray.

Les états de Languedoc font ouvrir un canal à travers les marais immenfes qui féparent AiguesMortes de la terre ferme. Les entrepreneurs diftribuent l'ouvrage à des payfans des communautés voisines, à tant la toife cube. Il fe forme des compagnies de 12 ou 15 de ces paysans, qui prennent tant de toiles courantes ces gens-là font eux-mêmes les excavations à la pêle, travail qui demande une certaine intelligence, à caufe des eaux qui filtrent; chacun d'eux fe charge de quatre de ces vagabonds que l'offre du falaire ap-. pelle & retire de la mendicité: ceux-ci, fous la conduite des premiers, portent à bras, fur des civieres, les terres infectes du fond des marais, jufqu'aux levées que l'on conftruit; on les paie très-bien; ils gagnent jufqu'à 24 & 26 fols; ce prix les fait accourir de toute part, en foule, & en beaucoup plus grand nombre qu'il n'en peut être employé, eu égard à la quantité de bons ouvriers en état de conduire les ouvrages à la pêle. Il y a eu jufqu'à 12 ou 1400 de ces vagabonds à l'ouvrage. Autrefois la force attaquoit les mendians; aujourd'hui la bienfaifance éclairée combat la mendicité: ces mêmes pay fans qui n'auroient jamais fait un bon chemin par corvées, exécutent parfaitement, par entreprife, des ouvrages plus mal-aifés. Comme le fiecle s'éclaire de jour en jour, les vagabonds trouvant moins de reffources, moins d'aliment pour leur pareffe, font forcés de s'adonner au travail, pour échapper aux horreurs de la faim.

On eft informé que la ducheffe d'Elbeuf, dame de Mareuil, a fait diftribuer généreusement à fes vaf

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