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RATISBONNE (le 20 Juin.) On apprend de Wetzlar, que, depuis la convocation de la 3e, claffe, fixée au premier Juillet prochain, les affai res de la vifitation devenoient de plus en plus embarraffantes. Les principaux états proteftans, n'ayant point été informés de ce changement, & croyant même qu'il avoit été concerté entre les cours de Vienne & de Berlin, en étoient d'autant plus étonnés, qu'autrefois on avoit fortement infifié fur ce que le changement des claffes fût fixé au terme légal du 1er. Novembre. Néanmoins ils ont été raffarés par cette déclaration du fubdélegué de Pomeranie au comte de Collorédo, commiffaire impérial, que le roi fon maitre étoit fort furpris d'apprendre par la lettre de convocation de l'électeur de Mayence, que l'on fongeoit à un changement de claffe, fixé à un ter me illégal, S. M. ne pouvant confentir à rien qui ne fût unanimement approuvé par fes coétats; que S. M. étoit encore plus furprise de ce qu'on prétendoit qu'elle avoit confenti à ce changement, en fe raccommodant avec l'électeur de Mayence. Le comte de Collorédo a répondu « qu'il étoit bien fâché du défordre que cette diverfité feroit naître, plusieurs fubdélégués de la 3e. claffe étant déjà en route pour venir à Wetzlar; que le différend avec l'électeur de Mayence terminé, on avoit espéré que S. M. confentiroit à ce changement ».

D'un autre côté, le miniftre de Pruffe qui réside à Vienne, a eu ordre de faire la même déclaration au miniftre de cette cour. Les autres proteftans de la 3e. claffe, comme Brunswick, Saxe-Weimar, Bade & Mecklenbourg, n'ont attendu que la déclaration de Berlin pour ne pas fe conformer aux lettres de convocation, & Wur temberg a répondu à l'électeur de Mayence a que le terme ne fuffifoit pas, & qu'il étoit nécef

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faire de délibérer avec les autres états ». Plufieurs princes catholiques, parmi lefquels l'électeur latin & l'évêque d'Augsbourg, ont fait défenfe à leurs fubdélégués de quitter la place le 1er. Juillet. Au refte, on préfume que le miniftere de la cour de Vienne aura propofé ce changement en l'abfence de l'empereur, afin de rompre la vifitation.

Les officiers bavarois des régimens de cavalelerie ont reçu ordre de fe remonter fous peine d'être privés de leurs places de fourrage.

FRANCFORT (le 3 Juillet.) On vient de recevoir la nouvelle que le prince Charles de Naffau-Ufingen eft mort fubitement à Bieberich, le 22 du mois dernier, à l'âge d'environ 63 ans & 6 mois, étant né le 1 Janvier 1712. Le prince héréditaire, Charles-Guillaume, lieutenant- général d'infanterie au fervice des E. G. des provincesUnies, lui fuccede.

Quelques jours avant la mort de ce prince, il étoit arrivé une affaire fâcheuse à Falkenstein, village fitué dans nos environs, Le prince voulant introduire dans l'églife catholique de ce lieu l'exercice de la religion luthérienne, & y ayant envoyé pour cet effet un bailli, accompagné de quelques gens armés, les habitans, foutenus par quelques pay fans de l'électorat de Mayence, s'y font opp Tés, & l'on en eft venu aux mains de part & d'autre. Le bailli a été dangercufement bieffé, & quelquesuns de ceux qui l'accompagnoient, ont été tués. Le village où s'eft paffé cette fcene, eft un fief qui releve du prince de Naffau-Ufingen, & qui étoit poffédé par la famille catholique de Bettendorf, qui vient de s'éteindre.

Le margrave de Bade ayant écrit au comman dant du Fort-Louis-du-Rhin, pour fe plaindre de ce qu'on y avoit arrêté un bâtiment de Brifgaw,

dont on a parlé dernierement; on affure que cet officier lui a répondu qu'il avoit fuivi fes ordres, & qu'à l'avenir il couleroit à fond tous les bâtimens qui feroient dans le cas du premier.

VIENNE (le 24 Juin.) Le prince de Lobkowitz eft arrivé ici de Bohême, & s'eft rendu à Schonbrun, pour y rendre compte à l'impératrice de tout ce qui s'eft paffé dans ce royaume. On efpere beaucoup de l'humanité de ce prince, qui fera le médiateur des coupables qui ont été féduits, & qui fçaura concilier toutes choses, tant à l'égard des charges auxquelles les payfans font affujettis, que relativement aux prétentions outrées de quelques feigneurs.

Les comtes d'Averfperg & de Sporck font partis pour Léopol; le premier en qualité de Stadthalter de la régence, le fecond en celle de préfident de la cour de juftice.

L'impératrice-reine ayant agréé quelques exemplaires de l'Esprit de Sainte Therefe, que le Sr. Bruyfet-Ponthus, ancien fyndic de la librairie de Lyon, a eu l'honneur de lui faire préfenter, & ayant bien voulu encore accepter la dédicace de cet ouvrage, S. M. I., pour donner à l'auteur une marque de fa bienveillance, lui a fait remettre trois belles médailles d'or, dont l'une représente cette augufte fouveraine, l'autre l'empereur défunt, fon époux, & la troifieme l'empereur régnant. Ces médailles précieufes ont été accompagnées d'une lettre très flatteufe.

Par la convention qui vient d'être conclue entre cette cour & la Porte, tous les anciens différends au fujet des frontieres de la Tranfylvanie qui s'étendent le long de la Moldavie & de la Valachie, ont été terminés. Quoique le terrein du district de Bukowna, qui étoit principalement en litige, & que la Porte vient de céder sans Juilles, 1775. 26. quinz.

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réserve, ne confifte en grande partie, qu'en montagnes, en forêts & en bruyeres, il eft cependant d'une très-grande utilité pour l'Autriche, à laquelle il affure un endroit pour la quarantaine, en coupant, en même tems, la fource des querelles à l'occafion des pâturages, pour lefquels les fujets des deux puiffances en font fi fouvent venus aux mains, & qui donnoient, quelquefois lieu de craindre des fuites encore plus férieufes. D'ailleurs, le diftrict de Bukowna ouvre une communication néceffaire & immédiate entre la Tranfylvanie & la Galicie. La ceffion en a été réglée de façon que la Porte ne s'eft réservé que le territoire de Choczim. Un fecond avantage que la cour a auffi réuffi à fe procurer, concerne la VieilleOrfova. Par le traité de Belgrade, elle avoit cédé cette place à la Porte, avec la langue de terre y attenant, & qui s'étend fur la rive gauche du Danube, fous la condition que la Porte prendroit des mesures pour arrêter les incurfions & les brigandages des habitans de ce diftrict. Com. me, malgré cette promeffe, il s'élevoit de tems en tems, des conteftations à ce fujet, il fera, de part & d'autre, envoyé fur les lieux des commiffaires avec des inftructions pour faire la démarcation des frontieres en cet endroit d'une maniere qui prévienne tout différend à l'avenir.

Les régimens de L. M. I, ont eu jufqu'ici des eccléfiaftiques féculiers pour leur fervir d'aumôniers; il vient d'être réglé qu'ils auront à l'avenir des religieux, qui feront entretenus par leurs couvens. Le camp qui doit s'affembler près de Laxembourg, fera de 24 mille hommes.

Des voleurs s'étant introduits, ces jours derniers, dans l'églife de St. Etienne, y euleverent la ftatue de la vierge, évaluée à mille rixdalles. Ils Ja vendirent pour cent à un Juif, qui s'est décelé jui-même en voulant en vendre des morceaux à un fevre. Ce malheureux, auquel on fera un mau

vais parti, avoit encore prefque toute la ftatue chez lui. Les voleurs ont pris la fuite, & ne font pas connus.

On a reçu fur le voyage de l'empereur les détails fuivans.

Ce fut le 15 Mai que l'empereur arriva à Triefte, après une marche pénible qu'il a fouvent faite à pied fur les montagnes efcarpées qui fe trouvent dins la Croatie. Ce monarque s'eft montré partout laborieux, infatigable, frugal & dur à luimême, vifitant, examinant tout, & laiffant après lui des preuves de fa bienfaisance & de cette humanité qui depuis longtems eft une de fes vertus. La propreté des lits des foldats & des pauvres, leurs alimens, le traitement des infentés & des forçats, rien n'a échappé à fon attention. Il a réduit à moitié le tems de la captivité des derniers, & s'eft occupé de l'adouciffement du fort des autres.

Des ordres émanés de ce fouverain avoient prohibé toute espece de cérémonial. Logé à l'auberge, il n'a pas même voulu qu'une fentinelle à la porte, pût retarder un moment ceux qui avoient quelque grace à lui demander. Suivi du peuple enchanté, qui faifoit retentir l'air de fon rom, dans tous les lieux où il portoit fes pas, il s'en eft vu entouré à son départ, deux lieues au-delà des murs de la ville.

Trois navires françois à la rade de Fiume donnerent trois falves de 21 coups de canon, dès qu'ils apperçurent l'empereur. S. M. I. s'approcha d'eux, & le Sr. le Long de Bormes, du département de Toulon, capitaine d'un de ces bâtimens, après avoir répondu aux queftions que lui fit l'empereur, eut l'honneur de lui dire : Sire,nous ne contrevenons point aux défenfes de votre facrée majesté, lorfque nous fatisfaifons à notre des oir pour le beaufrere de notre roi, & pour le frere de notre reine.

Le Sr. de Saint-Sauveur, conful général de S.

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