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à foumettre au bon-plaifir de cette affemblée l'intégrité du royaume, la dignité du trône, & la forme du gouvernement; devant toute la république de Pologne, qui nous avoit confié le maintien & la confervation de fa précieufe liberté, de fa religion & de la totalité de fes provinces, nous proteftons, fans y être portés par aucun motif étranger, ni par aucune vue d'intérêt, mais uniquement en conformité des obligations les plus folemnelles, qui résultent de notre devoir comme citoyens, du droit & de nos inftructions, par les motifs fuivans.

les

S. M. notre très gracieux feigneur, animé par fa follicitude pour le bien public, ayant fait expédier des univerfaux pour la convocation d'une diete libre, avoit fait inviter les palatinats, terres & diftricts à élire des nonces à cette aflemblée. En conféquence, ayant été choifis entre nos concitoyens, nous foulignés avons été envoyés ici à Warfovie avec le caractere de nonces, chargés des inftructions nécessaires, finon afin de pourvoir à la défenfe de la république, du moins pour pren die des éclairciflemens préalables pour obvier aux difficultés, pour perfuader & contredire, s'il en étoit befoin, féréniffimes puiffances voifines, alliées de la république. Mais, lorfqu'aulieu d'une diete libre (faus qu'on en eût donné le moindre avis préalable aux palatinats, terres & diftri&ts), nous avons trouvé qu'on avoit déjà Formé & figné l'acte d'un lien extraordinaire de confédération nous avons formellement protefté contre cette affociation dans la chambre des nonces, & nous avons déclaré que n'étant point autorifés par nos inftractions à y fouferire, nous ne fign.rions point cet acte', ni ne confentirions à cette confédération, ni à rien de ce qui feroit fait fous fon lien. Mais l'on n'a eu aucun égard à notre oppofition, & nous avons vu avec dou leur, qu'au mépris de nos réclamations, l'on s'eft cru en droit de paffer outre à l'exécution de l'ouvrage qu'on fe propofoit. Ainfi, ayant affez fait connoitre notre fentiment, & après avoir hautement déclaté notre contradiction, il ne nous eft refté d'autre reffource que de gar der le filence,, dans l'efpoir que cette diete pourroit. mettre un frein à toutes les infractions illégales, tendantes au renversement des loix fondamentales de la république, au préjudice de la religion, à la ruine & à la honte de la nation, à la rupture & à l'anéantiffement des différens traités qui fubfiftoient entre la Pologne & les féréniffimes puiffances de l'Europe, fes alliées. Mais nos espérances à cet égard ont encore été vaines; de

forte que, voyant que cette affemblée, qui fe tenoit dans une nation libre fous le lien d'une confédération, à l'infçu des terres & diftricts, n'avoit d'autre but que de renverfer les anciennes loix, la religion, le gouvernement, nous avons de nouveau, renouvellé nos protefta -tions; & encore en dernier lieu, le jour d'hier, lorfque cette diete étoit fur le point de fe féparer, avant que l'oa procédac à la fignature de fes actes & de ceux de la confédération, nous avons protefté de nullité contre iceux; & en fortant de la chambre, nous avons déclaré n'y point donner notre confentement. De même aujourd'hui, faifant ufage de notre droit, comme nonces envoyés à une diete libre, munis d'un fuffrage libre, en conformité de la conftitution de l'état & des principes fondamentaux, furtout vu que les conftitutions & les traités qui regardent le Liberum veto, font reftés dans toute leur intégrité, nous renouvellons nos précédens manifeftes, qu'on a refufé de recevoir aux actes publics, ainsi que les proteftations & oppofitions conenues daus nos difcours que nous avons écrits & fait imprimer. Nous les renouvellons en face de toutes les féréniffimes puiffances de l'Europe, garantes des traités qui affurent la tranquillité de la Pologne. Nous proteftons de nullité, tant de ladite diete que de la confédération & de la délégation, contre les actes qu'elles ont paflés contre le pillage injufte de nos provinces, contre l'oppreffion faite à main armée, d'un peuple tranquille au fein de la paix; contre tous les torts toutes les injuftices faites à la nation, à l'égard de fa conftitution intérieure. Nous proteftons, en vertu de nos obligations & de notre devoir de naissance, comme hommes libres, de notre vie comme citoyens, de notre éducation comme fils de la patrie, remplis de fon amour, qui réclament l'intégrité de fes frontieres, comme vrais Polonois, & qui demandent que les loix anciennes de la nation foient confervées, fans y porter atteinte, comme nonces & plénipotentiaires pour traiter avec les puiffauces intéreffées à la fûreté de la nation & de la république de Pologne.

(Signé)

ROBERT DE SKRZYNN A DUNIN, panetier du diftri& d'Orlow, nonce du palasinat de Lenczyc.

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STANISLAS DZIK DE KOZUCHOWO KOZUCHOWSKI échanfon du diftri&t d'Orlow, nonce du palatinat de Lenczyc.

FRANÇOIS DE JERZMANOWO JERZMANOWSKI, notaire de camp de Przedek, nonce du palatinat de Lenczyc.

THOMAS DE PRZUIMA RAWICZ PRZYIEMSKI, ftarofte &nonce de la terre de Lomzyn.

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a Les fufdits nonces ont donné copie de ce manifefte. aux actes, & l'ont figné ».

( Signé )

(L. S.) (Et plus bas.)

PUCHATA.
SCBOLFWSKI.

ALLEMAGNE.

HAMBOURG (le 24 Juin. ) Il est une classe de politiques qui prétend qu'on verra bientôt éclore de nouveaux événemens en Pologne. Ses conjectures font fondées fur le voyage du comte de Branicki à Moscou, & fur l'activité avec laquelle on procede aux enrôlemens qui doivent completter l'armée de la couronne. On ne voit cependant pas ce qui peut faire naître aux Polonois l'efpérance flatteufe de quelque heureuse révolution. En confidérant la Gtuation actuelle de la Pologne, il pa roit impoffible qu'elle puifle rien entreprendre par elle-même. C'est un état fans conftitutions, qui contient un peuple fans liberté, & par conféquent fans patriotifme; la nation n'a qu'une puiilance précaire, & celle de fon prince eft reftreinte dans les bornes les plus étroites. Ce corps politique qui n'a, ni force ni vigueur, eft invefli de toutes parts par trois puiffances formidables, & il eft évident qu'il ne peut avoir d'autres mouvemens que ceux que ces puiffances voudront bien lui per mettre. On fçait qu'il feroit de l'intérêt de la Ru fie de ne pas laifler trop affoiblir une république qui lui fert de barriere; mais quand il feroit vrai que cette puiffance voulût travailler à réparer les malheurs des Polonois, les fuccès d'une pareille entreprise font au moins très-incertains. D'ailleurs, il refte à fçavoir fi la marche rétrograde des Ruffes eft relative aux affaires de Pologne. Ces troupes, qui, en retournant dans leur patrie, s'étoient déjà avancées jufqu'à 5 milles dans les nouvelles

poffeffions de leur fouveraine, ont reçu ordre du maréchal de Romanzow de rentrer en Pologne, & ont déjà dépatié Winnica; mais on préfume que ces mouvemens inattendus n'ont d'autre caufe que la révolution arrivée en Crimée, qui eft bien de nature à exiger la préfence d'un corps ruffe pour y rétablir Sahib Guéray dans fa dignité de

kan.

Suivant les lettres de Marienwerder, le roi de Pruffe, qui y étoit attendu le 7 de ce mois, ne put y arriver que le 8, à caufe d'une indifpofition qui lui furvint dans la route. A. fon arrivée, ce prince fe plaignit d'un mal d'eftomac; cependant il dina d'ailez bon appétit, & l'après midi, il fe trouva en état d'admettre à fon audience les directeurs des finances de la province, & de faire la révision de leurs comptes. Ce monarque fit les 9, 10 & 11, au camp de Mokraw, pès Graudentz, la revue générale des troupes qui y étoient raffemblées au nombre de 40 mille hommes.

On apprend de Zeil dans la Hanovre, que les états du duché de Lunebourg affemblés en diete, font convenus d'écrire au roi d'Angleterre pour fupplier S. M. de leur permettre d'ériger à la mémoire de la princeffe Caroline Mathilde, fa fœur, 'un monument qui immortalife fon efprit, fes vertus & fes malheurs.

Les pieces qui, depuis le partage de la Pologne, ont été publiées en faveur de Dantzig, n'ont proprement encore eu pour objet que de défendre les droits de cette ville fur fon port, contre les prétentions de la cour de Ferlin. Il vient d'en paroitre une qui a pour but de difcuter la conduite que la ci-devant délégation a tenue à l'égard de Dantzig & de fon commerce, & d'en développer les motifs. La jaloufe des nobles Polonois, qui vivent dans une honteufe indolence en opprimant leurs vaffaux, contre les riches com

merçans de la Pruffe, dont l'opulence eft fondée fur la liberté & l'induftrie, eft une chofe depuis longtems connue en Europe: l'auteur la regarde comme la fource de tous les malheurs dont cette ville vient d'être accablée: il reproche aux Polonois la vengeance qui les anime contre des citoyens laborieux & tranquilles, parceque la juftice, également équitable envers les nobles & les roturiers, les a fouvent obligés à Dantzig de payer des dettes qu'ils croyoient pouvoir impu nément ne pas acquitter, pour nourrir leur luxe, & fuffire à leurs folles dépenfes : il les accufe d'avoir voulu abuser à cet effet, des privileges de leur naiffance, & de le regarder comme lélés, parceque des roturiers ne leur permettoient point les excès qu'ils fe croyoient permis dans une ville où, fans partager le fardeau des impôts publics, ils jouiffoient de la protection de la juftice & des loix, à l'égard des autres citoyens, &c. Cet écrit, en forme de lettre à la nation polonoise, eft imprimé en françois & en allemand.

BERLIN (le 13 Juin.) Le roi, accompagné du prince de Pruffe & de quelques généraux, revint, le 14 de ce mois, de la Pruffe occidentale à Potzdam. S. M. fait ufage des eaux depuis fon retou.

Le roi eft resté 6 heures à cheval, le fecond jour de la revue dans la Pruffe; la châleur étoit fi exceffive que plufieurs foldats en furent renverfés fur la place.

S. M. à accordé 50 mille écus pour réparer les dommages que le dernier incendie a caufés à la ville de Konigsberg, & 8 mille pour ceux que l'inondation & les glaces ont occasionnés à Marienwerder; ce qui fait environ le quart des fommes néceffaires pour réparer la perte générale.

On parle beaucoup ici de la levée de quelques nouveaux régimens d'infanterie & de cavalerie.

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