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nouvelles acclamations. Il a paru fenfiblement touché "des marques d'amour de fon peuple. Quel nouveau gage pour la France, des foins qu'il prend de fon bonheur!

Au fortir du banquet, le roi ayant appris que le peuple affemblé aux portes du palais, defiroit le voir encore, a fait annoncer qu'il alloit fe promener dans la galerie extérieure, qui du palais conduit au veftibule de l'églife. Le peuple, de lui-même, s'eft rangé en deux haies fous ce portique. Le roi s'eft avancé fans garde, fans cortege, & feul avec la reine, s'eft promené longtems au milieu de la foule, fe laiffant toucher par les uns, prêtant l'oreille aux vœux des autres, y répondant avec bonté, s'arrêtant même avec complaifance fi quelqu'un vouloit lui parler, donnant à tous par fes regards des témoignages de fon amour. Cette popularité fi touchante n'a pas furpris la ville de Reims. Elle lui étoit annoncée par une reponfe du roi, lorsqu'on lui avoit demandé fi l'on tapifferoit, felon l'ancien usage, les rues par lefquelles S. M. devoit paffer. Point de tapifferie, a répondu le roi; je ne veux rien qui empêche le peuple & moi de nous voir.. Avouez, mon ami, que voila un beau jour à confacrer dans l'hiftoire.

Extrait d'une lettre de Corfe, du 3 Juin 1775, écrite par le comte de Ruffo, aide maréchalgénéral des logis, au commiffaire des guerres Soliva.

Les états de Corfe, par une délibération, ont envoyé au général comte de Narbonne Pelet-Fritzlar, trois députés du clergé, de la nobleffe & du tiersétat, lefquels, au nom de la nation représentée par eux, lui ont dit, qu'elle étoit pénétrée de reconnoiffance du fervice qu'il lui a rendu, d'avoir rétabli la tranquillité & le bon ordre dans cette ifle; qu'en u'en conféquence de ce service signalé, la nation le prioit de s'en regarder comme naturel, & qu'el le le fupplioit de venir prendre féance aux états, comme chef & préfident de la nobleffe corfe; que la nation le regarderoit toujours de même, & les fiens à perpétuité; qu'elle étoit pénétrée de n'avoir pas affez de moyens pour lui élever un monument qui rendît fon nom auffi mémorable

à la postérité qu'il eft cher à la nation, & qu'elle le prioit de regarder la démarche que les états lui faifoient en fon nom, comme un foible hommage de fa reconnoiffance.

GRANDE-BRETAGNE.

LONDRES (le 14 Juin.) Lorfque le roi fe rendit au parlement pour proroger cette affemblée au 27 Juillet ( & non au 15, comme on l'a dit par erreur), l'orateur des communes adressa à S. M. le difcours fuivant.

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SIRE,

Vos fidelles communes vous préfentent trois bills de finance; le premier pour lever de l'argent par emprunt ou bills de l'échiquier, affecté au fervice de la préfenté année; le fecond pour établir une lotterie, & rembour fer 1 000, 000 liv. fterl. des annuités à 3 pour 100, & pour d'autres objets, & l'autre pour appliquer le furplus du fonds d'amortiffement au fervice aduel. Tous ces octrois / néceffaires font onéreux, & peu faits pour des tems de paix; mais les différens furvenus en Amérique ont été là principale caufe de cette dépenfe extraordinaire, & je fuis perfuadé que quand les peuples de cette partie du monde verront avec moins de prévention la conduite de la Grande-Bretagne, ils apprendront à porter aux loix l'obéiffance qui leur eft due: fi au contraire ils perfiftent dans leur réfolution, & qu'il faille tirer l'épée, vos fidelles communes feront tous leurs efforts pour foutenir & maintenir la fuprématie du parlement britannique, &c.

Le refte de ce difcours ne contient que les éloges du parlement & des comités, qui ont rempli, dis-on, d'une maniere fatisfaifante pour le public les différens objets de leurs travaux. S. M. répondit à ce difcours par celui qui va fuivre.

Mylords & Meffieurs,

Je ne pourrois, avec juftice, manquer de vous expri mer mon entiere fatisfaction de votre conduite pendant le cours de cette importante fetion.

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Vous avez maintenu avec autant de fermeté que de réfolution, les droits de ma couronne & l'autorité du parlement, que je considérerai toujours comme féparables.

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Vous avez protégé & favorifé les progrès du commerce de mes royaumes. Vous avez, en même tems donné des preuves convaincantes de votre empreffement à remplir, autant que la confitution le permet, les vues de mes fi jets d'Amérique, & à écarter leurs craintes; je fuis perfuadé que des mefures conçues & fuivies d'après d'auli bons principes, auront enfin les effets les plus falutaires. La derniere marque de votre attachement envers moi & envers la reine, ainfi que le zele qui l'a accompagnée, méritent mes remercimens particuliers.

J'ai la fatisfaction de vous informer que, tant par les difpofitions générales des autres puiffances, que paries affurances folemnelles que j'en ai reçues, j'ai tout lieu de compter fur la continuation de la paix. De mon côté, je n'épargnerai rien de ce qui pourra s'accorder avec l'honneur & l'intérêt de mes royaumes pour affurer la tranquillité publique.

Meffieurs de la chambre des communes.

C'eft avec beaucoup de regret que je me fuis vu obligé par les malheureux troubles qui fe font élevés dans quel-, ques-unes de mes colonies, de vous propofer une augmentation dans mon armée, & de me reftreindre dans la réduction que je m'étois propofée fur l'établiffement de mes forces maritimes. Je ne puis affez vous remercier du zele & de l'empreffement avec lequel vous avez accor dé les fubfides pour les divers fervices de l'année cou

rante.

Mylords & Meffieurs,

Je n'ai d'autre priere à vous faire, finon d'employer tous vos efforts à cultiver & à maintenir dans vos com tés refpectifs le même refpect pour l'ordre public & le même difcernement de leurs véritables intérêts, qui a diftingué dans ces derniers tems le caractere de mes peuples fideles bien-aimés. La continuation de cette conduite ne peut manquer de les rendre auth heureux au-dedans que refpectés au-dehors.

On reçoit de toutes parts, la confirmation de la première action entré les troupes du roi & les milices de la province de Maffachuffet. Le con grès provincial de la Nouvelle-Angleterre, affemblé à Wattertown, vient d'envoyer l'adrefle fuivante, non à la cour ni au parlement, mais à tous les habitans de la Grande-Bretagne.

Amis & concitoyens,

Les troupes, fous le commandement du général Gage, ent enfin commencé à commettre des hoftilités dans cette culonie; & comme il eft de la plus grande importance de Vous donner promptement un récit fidele & authentique de ce procédé inhumain, le congrès de cette compagnie vous le fait paffer; le congrès-général n'étant point affemblé dans ce moment-ci, c'eft à nos freres de la GrandeBretagne que nous allons confier & nos maux & nos plain

tes.

Il paroit par les dépofitions les plus unanimes, que la nuit du 18 au 19 Avril, un corps de troupes du roi, fous les ordres du colonel Smith, débarqua feciétement à Cambridge avec un deffein manifefte d'enlever ou de détruire les provifions militaires raflemblées à Concord pour botre défense, Plufieurs habitans de la colonie, voyageant tranquillement fur le chemin entre Bofton & cette derniere ville, furent arrêtés & très-maltraités par des gens armés qui parurent être des officiers de l'armée du général Gage. La ville de Lexington fut allarmée de cet acte de violence; & à cette occafion on fe hata de lever une compagnie de cent habitans feulement, contre 900 hommes au moins de troupes réglées.

Ces dernieres troupes, en fe portant vers Concord entrerent dans la ville de Lexington, & les cent hom mes nouvellement levés fe difperferent à leur approche. Mais les troupes du général Gage en pourfuivirent quelques pelotons, contre lefquels elles firent feu, & dont elles tuerent 8 hommes & en biefferent quelques autres.

Le colonel Smith, triomphant de ce petit nombre de fu⚫ yards, marcha alors à Concord avec fon détachement, qui tira encore fur la milice provinciale, avant qu'elle ear fait aucun mouvement. Ces hoftilités déclarées de la part des troupes du roi, loin d'infpirer de la terreur au corps de la milice, engagerent un combat qui dura toute la journée, & dans lequel plufieurs miliciens provinciaux fu rent tués ou bleffés, mais avec une perte plus confidéra ble du côté des troupes réglées. Les ravages qu'elles commirent en fe retirant de Concord à Charles-Town feroient difficiles détailler, & pafferoient la vraifemblance. Elles ont faccagé fur leur chemin & rendu inhabitables un grand nombre de maifons; elles en ont brûlé plufieurs, on dit même que la foldatefque fans frein a forcé des femmes en couche à fe fauver nues; qu'elle a tué des vieillards, des infirmes dans leurs habitations, & qu'enfin il s'ek pallé

des fceaes dont les hiftoriens d'une nation civilifée & faifant la guerre à des concitoyens s'indignerout.

Une relation de la même affaire, envoyée de Salem, nous confirme la précédente, & fur le fait des hoftilités commencées par le colonel Smith & fur l'inhumanité de nos foldats dans leur retrai te. Cette relation compare les traitemens qu'ont éprouvés les Américains, dans cette occafion aux cruautés qu'exercerent jadis contre leurs ancêtres les fauvages naturels de la contrée. Elle ajoute à la premiere, que le Sr. Gou!, lieutenant du 4me. régiment; le Sr. Polter, lieutenant des troupes de la marine, & environ 12 foldats ont été faits prifonniers; que le colonel Smith a été grievement bleffé; que du côté des infurgens, le nombre des tués eft de 39, & celui des bleffés de 19; & du côté de nos troupes, le nombre des morts de 112 & celui des bleffés de 103.

Suivant la même relation, les Américains accourent de tous côtés au fecours de Bofton. Cette ville est environnée par 22 mille hommes de troupes provinciales, toutes compofées de gens déterminés, commandés par les Sr. Wars, Pribble, Heath, Frefcot & Thomas, qui fe partagent les fonctions de général, & qui ont avec eux 47 pieces de canon. L'aile droite, dont la plus grande partie eft campée, s'étend depuis Cambridge jufqu'à Roxbury. L'aile gauche occupe le terrein depuis Cambridge jufqu'à Myftick. Le quartier général eft à Canibridge, & l'on compte 30 milles de Roxbury à Myftick. Des fentinelles font pla cées de distance à autre fur toute cette ligne, & affurent la communication. Il y a un autre corps de milices pofté, comme corps de réferve, dans des cantonnemens entre Cambridge & Worcefter; il eft de 6 mille hommes, tous habitans de Connecticut, dont le colonel Putnam a le com

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