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ment, qui les autorifoit, pour ainsi dire, en fermant les yeux fur des excès auffi frappans. Jufqu'à préfent les fultans lents à févir ne frappoient les coupables que lorfqu'ils avoient accumulé leurs richefles, & la juftice préfidoit moins que l'avidité de l'or à ces exécutions qui rempliffoient les coffres du ferrail fans que les fujets en devinffent plus heureux. Le grand-feigneur, qui paroit ne pas fe conformer aux principes de fes prédéceffeurs, lorfqu'ils n'ont pas la justice & l'humanité pour base, vient de venger fes fujets en faifant un exemple capable d'effrayer les concuffionnaires. Vingt-deux pachas à 3 queues ont perdu une de ces marques de dignité & ont été réduits à 2 queues; 17 ont perdu leurs gouvernemens, & ont été envoyés en exil (ce qui confirme pleinement la nouvelle annoncée dernierement à Vienne.) Maderris Ofman pacha, qui avoit toute la bravoure d'un foldat féroce, fans aucun talent militaire, a payé les déprédations de fa tête, & le fameux Sanfeveli, aga de Pergame, a fubi le même fort; leurs têtes ont été apportées ici, & exposées aux regards du public.

La révolution arrivée en Crimée fe confirme également. Sahib Gueray, kan de cette prefqu'ifle, de la race de Czingin, eft arrivé, il y a quelques jours, à Pacha-Bachtchefi, bourg fitué fur le canal à une lieue de cette capitale, où il eft traité par la Porte avec tous les égards dus à fa naissan ce. Les Ruffes, qui, en qualité de conquérans de la Crimée, devoient y avoir beaucoup d'influence, avoient élevé ce prince à la fouveraineté, à la place de Dewlet Gueray, qui defcend d'une autre famille des kans, & qui, comme on l'a vu pendant la derniere guerre, a toujours été attaché à la Porte. Quoiqu'il foit ftipulé par le 3me. article du traité de paix, que la Crimée, fera gouvernée à perpétuité par un prince de la famille de Czingin, les Myrfes & autres principaux tartares qui

n'ont point été confultés fur ce point, ont fait éclater tout-à-coup leur averfion pour une domination qu'ils fupportoient avec d'autant plus d'impatience qu'elle n'étoit pas de leur choix. Ils ont deftitué Sahib Gueray, fous le prétexte que, pour parvenir à la dignité fouveraine, il avoit lâchement cédé aux Ruffes 3 fortereffes. Les Myrfes ont proclamé pour leur kan, Dewlet Gueray, à la place de ce prince, qui a été contraint de fe fauver de fes états avec une fuite peu nombreuse, pour fe fouftraire au reffentiment des Tartares. D puis que cet événement a été notifié au grandfeigneur par le grand-vifir & le Reis-Effendi, il fe tient de fréquentes conférences entre les minif tres de S. H. & le colonel Peterson, chargé des affaires de Ruffie.

On ignore quel parti prendra la Porte dans cette circonftance; mais on préfume que n'ayant aucune part à la révolution qui vient de s'opérer, elle fe concertera avec la Ruffie pour rétablir en Crimée le calme & la tranquillité. La plus parfaite confiance paroît régner entre les deux cours qui s'envoient fréquemment des couriers. Ce font fouvent des officiers ruffes qui font porteurs des dépêches adreffées au colonel Peterfon. Il en eft arrivé trois fucceffivement, dont l'un étoit chargé de remettre au grand-vifir, de la part du feldtmaréchal comte de Romanzow, une bague de brillans, un poignard, une tabatiere, & une montre d'or; le tout enrichi de diamans.

Le capitan pacha mit à la voile le 22 du mois dernier. Depuis fon départ, le bruit s'eft répandu que le corps de troupes égyptiennes qui devoit agir contre le Cheïck-Daher, a été entierement défait par ce vieux guerrier, & que 4 mille hommes font reftés fur le champ de bataille. Si cette nouvelle fe confirme, on fe flatte qu'elle 'aura point de fuites fâcheufes, & que le capitan

pacha rétablira nos affaires en Syrie.

Le chevalier de Tott a fait exécuter ces jours derniers, différentes manoeuvres au nouveau corps de canonniers formés par fes foins; le grand-vifir, le mufti & le Reis-Effendi en ont été fi fatisfaits qu'ils ont envoyé à cet cfficier une fuperbe péliffe de marte zibeline

On affure que la Porte a cédé à la cour de Vienne les diftricts qu'elle a fait occuper par fes troupes dans la Moldavie; ce territoire de peu de rapport convient aux Autrichiens, à qui il ouvre une communication entre la Pologne & la Tranfylvanie.

Deux frégates de guerre ruffes venant de l'Archipel, & ayant à bord un grand nombre d'efclaves remis en liberté & quelques familles grecques, ont paffé devant cette capitale, faifant voile vers la mer noire.

LARNECA (le 10 Mars.) L'eunuque Mertjean,

aga,

ci devant kiflar aga (intendant des femmes du grand-feigneur) eft ici depuis le 13 du mois dernier. Il vient de Conftantinople, & va en exil au Caire; il a une fuite de 14 perfonnes, non compris le Zaim de la Porte, chargé de le conduire, & un barem de 5 femmes noires & de s blanches, avec lefquelles il eft prefque toujours renfermé. Tout le pays s'eft empreffé à lui rendre hommage, & les confuls des nations franques lui ont envoyé leurs dragomans pour le com plimenter. Cet Ethiopien ne compte fe mettre en route qu'après l'arrivée de fon ami Aly-aga, nouveau gouverneur de cette ifle.

Dès qu'Ifmail, aga, ancien gouverneur, a été forti de cette ville, on a tenu un divan général, qui a été préfidé par Huffein- Effendi Molla. On y a décidé qu'on reconnoîtroit pour gouverneur par interim jufqu'à l'arrivée d'Aly- aga, Hadgy

Affan-aga, Yugruk fon Muffelimi, qui apporta, il y a 6 femaines, la nouvelle de la nomination de fon maitre, & l'on a nommé des officiers pour commander provifoirement, & veiller fur la police de cette ifle.

Il est arrivé, le 21 de ce mois, en cette échelle, un Turc du Caire, avec ordre de Méhémet-Abou daab, bey d'Egypte, de lui faire en Chypre des recrues pour l'armée qu'il aflemble contre le cheïkdaher Omar, commandant d'Acre; mais jufqu'à préfent perfonne n'a voulu s'enrôler, quoique le prix de l'engagement foit confidérable. Les lettres d'Acre affurent que le cheïk-daher ne paroit pas fort en peine des préparatifs qu'il fçait que Méhémet bey fait contre lui.

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BAGDAD (le 5 Janvier.) Un kan, parent de Kerim kan, régent de Perfe, s'étant uni, à la tête d'une armée d'environ 12 mille hommes, Ahmet, pacha du Kurdistan, a été battu par un corps de 3 mille hommes, commandé par le pacha de cette ville, où il a été conduit, après avoir été fair prifonnier dans le combat.

On écrit de Chyras, par la voie de Baffora, que: Kerim kan, fur la nouvelle de la défaite de fon parent, avoit donné ordre à une armée confidérable de marcher contre Baffora & contre cette ville; mais fon confeil, à ce que portent de nouvelles lettres reçues en droiture de Chyras, lui ayant repréfenté que ce feroit déclarer formellement la guerre aux Turcs, il a abandonné ce projet. On ne tardera pas à apprendre les fuites de cette affaire, qui peut devenir de la plus grande importance.

RUSSIE.

- Moscou (le 12 Mai.) On célébra ici, le ■ de ce mois, avec la pompe & les cérémonies

ordinaires, l'anniverfaire de la naiffance de l'impératrice. Ce jour fut marqué par un nouveau bienfat de S. M. I., qui a ordonné que le prix du fel foit diminué dans toute l'étendue de l'empire, de 5 copecks par pud. Les avantages qui réfulteront de la diminution du prix d'une denrée de premiere néceffité, font communs à tous les ordres de citoyens; mais ils feront plus particulierement fentis par les claffes les plus nombreufes, telles que celles des artifans & des cultivateurs. Le même jour, l'impératrice, qui ne devoit refter ici que jufqu'au mois de Septembre, déclara qu'elle avoit réfolu d'y féjourner jusqu'au mois de Mai prochain, & qu'alors elle dirigeroit fa route fur Twer, où elle s'embarqueroit pour retourner à Pétersbourg.

Le Sr. Montrbrefor, qui étoit venu ici pour y remettre au général Potemkin le diplôme qui lui accorde l'indigénat de Pologne, a repris le 5, la route de Warfovie. Il a accepté une bourse de 500 ducats, qui lui a été offerte par le général ruffe.

Le prince de Repnin, ambaffadeur de l'impératrice à la Porte, eft enfin parti le 6, pour Kiovie, d'où il continuera fa route pour Conftantinople, avec la princeffe fon époufe, qui s'eft rendue depuis 15 jours, dans la premiere de ces villes. Il rencontrera à Choczim Abdoul Kerim, ambaffadeur de la Porte.

Les fievres malignes continuent de régner en cette capitale, & l'on y compte plus de 30 mil le perfonnes qui en font attaquées. On croit que c'eft pour refpirer un air plus pur que l'impéra trice a réfolu d'aller paffer quelque tems au châ teau de Calomintzka. S. M. I., accompagnée du grand-duc & de la grande- ducheffe, eft partie le 9, pour s'y rendre.

On vient de publier l'ordonnance portant réglement contre le luxe des équipages, Suivant

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