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pendant un mois, & l'a au furplus interdit dès ce jour de toutes les fonctions au fervice de la marine, jufqu'a se qu'il plaife à S. M. de le relever de ladite interdiction, &c., &c., &c.

Les fêtes qui auront lieu à l'occasion du mariage de Mme. Clotilde avec le prince de Piémont, font réglées de la maniere fuivante. Le 8 Août, la demande publique; le 16, la fignature du contrat; le 21, la célébration du mariage à Versailles; le roi donnera appartement & banquet royal; le 22, il y aura bal paré; le 23, bal masqué; le 24, repos; le 25, l'ambaffadeur de Sardaigne donnera à Paris une fête à la falle du nouveau vauxhall du boulevard du midi; le 26, il y aura à la cour une représentation de la tragédie intitulée le Connérable de Bourbon; le 27, la princeffe fe rendra à Choify, d'où elle partira le 28, pour Turin.

Depuis longtems le vœu général des citoyens eft que le gouvernement facilite les communications du commerce intérieur du royaume par des canaux; on en fent aujourd'hui plus que jamais la néceffité; & le miniftere éclairé, occupé uniquement du bien général, après avoir procuré déjà bien des avantages au commerce en le débarraffant des entraves qui l'ont gêné jufqu'à-préfent, eft déterminé à lui accorder ce dernier. L'importation & l'exportation, devenues très-couteufes par les rouliers, le feront moins dès que l'on aura creusé tous les canaux qu'on projette; celui de Bourgo gne est un des premiers par lefquels on va com

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Le bail de la ferme des poudres eft réfilié, & cette affaire eft mife en régie pour le compte du roi, à commencer du premier Juillet prochain. Les régiffeurs font les Srs. le Faucheux, Glatigni, Lavoifier & Cloccet; le, Sr. Micaul de Courbeton refte toujours commiflaire du roi dans cette partie.

Le parlement de Bordeaux vient de donner un exemple remarquable de défintéreffe ment & d'équité. D'après une délibération fur la néceffité où font les magiftrats de donner l'exemple de la juftice, & de ne plus fouffrir que les huiffiers refufent d'exercer leur miniftere à leur égard, au préjudice des droits des autres citoyens, cette cour a rendu un arrêt qui ordonne à tous procureurs, notaires & huilliers, de procéder à la premiere réquifition qui leur en fera faite, envers & contre tous les juges quelconques du reffort, fous peine d'interdiction, & d'être condamnés à fupporter les dommages auxquels leur injufte refus expo eroit les parties réquérantes.

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On apprend de la même ville, que le lieutenant du maire, ci-devant exilé à l'occafion des corvées, les deux jurats & le procureur fyndic ont été caffés par ordre de la cour. Ces officiers principaux du corps municipal ont joui du plus grand crédit, & ils régloient tout au bureau de la ville. Les jurats marchands ne pouvoient rien dans les délibérations; d'où il a réfulté des vexations & des abus. On en a porté des plaintes aux pieds du trône & Sa Majefté les a écoutées. Le procureur fyndic étoit à Paris, en même tems que le fieur Efmangart, intendant, porteur de ces plaintes. Preffentant le fort qui l'attendoit, il a voulu en adoucir l'amertume, & fe démettre de fa place entre les mains du Sr. Bertin, qui a Bordeaux & la Guyenne dans fon département. Ce miniftre l'a refufé, & l'a renvoyé à Bordeaux, apprendre de la bouche de l'intendant, au milieu de fes concitoyens, le prononcé du roi.

Pendant que le prince de Condé étoit à Dijon il témoigna qu'il verroit avec déplaifir, qu'on lui donnât des fêtes, & dit que ces dépenses inutiles

devoient fe convertir en aumônes. Ce prince bienfaifant a fait diftribuer lui-même 8, 400 liv. entre les 7 paroiffes de la ville. L'évêque ayant été difpenfé de lui donner, felon l'ufage, un repas d'honneur, a confacré aux mêmes objets les mille écus qui y étoient destinés.

Le prince de Condé & le duc de Bourbon, qui, comme nous l'avons dit, avoient pris la route de I Haute-Alface, après en avoir vifité les places avec le marquis de Vogué, qui avoit été à leur rencontre, & s'être arrêtés à la manufacture des armes blanches de Klingenthal, arriverent à Strafbourg le 26 Mai, au bruit du canon du rempart. Ces princes trouverent toutes les troupes de la garnifon fous les armes. L. A. S. à cheval, accompagnées de plufieurs officiers-généraux & de l'état-major de la place, fe rendirent à l'hôtel du maréchal de Contades, que le marquis de Vogué, lieutenant général & commandant de la province en fon abfence, avoit fait préparer pour les re cevoir. Après tous les hommages & les compli mens d'ufage, les princes allerent à la comédie, & vinrent fouper chez le marquis de Vogue. Le 17, les princes fortirent à cheval de la ville, a fept heures du matin. Ils pafferent en revue la cavalerie & les dragons, qu'ils virent manœuvrer dans la plaine des bouchers: L. A. S. fe rendirent enfuite au polygone de la place, où les canonniers & les bombardiers, fous les ordres du chevalier du Haut, brigadier, commandant l'école de l'artillerie, exécuterent toutes les manœuvres relatives à ce fervice, Les princes en marquerent leur fatisfaction par les libéralités qu'ils furent aux caronniers & aux artificiers qui y furent employés, Enfuite ils vifterent la citadelle, les hangards de l'artillerie, & firent extérieurement le tour de toutes les fortifications & de la place. Après le dîner, L. Alt. S. le porterent fur les bords d'un des bras

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du rhin, où le Sr. de Manfon, lieutenant colonel, directeur des conftructions de l'artillerie, avoit préparé un pont de bateaux, qu'il a fait manœuvrer d'un façon nouvelle, à laquelle les princes ont donné leur approbation, ainfi qu'au fimulacre d'attaque & de défenfe dont ces mouve mens furent accompagnés. Les princes fe rendirent le foir, chez le r. de Flair, confeiller d'état, intendant de cette province, qui eur l'honneur de leur donner à fouper. Le 28, les princes allerent à l'arfenal, d'où ils pafferent à l'hôpital militaire, dont ils vifiterent toutes les falles, & où ils trouverent une nouvelle occafion de déployer leur bie faifance. L. Alt. S. allerent enfuite dîner chez le baron de Wurmfer, lieutenant-général, infpecteur. A trois heures après midi, elles fe rendirent à la plaine des bouchers, où elles trouverent toutes les troupes de la garmfon avec une nombreuse artillerie, I quelles, fous les ordres du marquis de Vogué & du baron de Wumfer, firent au feu de la moufqueterie & du canon, plufieurs grandes mareuvres qui durerent jufqu'à près de neuf heures du foir. Cette journée fe termina par un four per chez le commandant de la provin e. Le 29, les princes, falués, comme à leur arrivée, par tous les canons des remparts de la ville, partirent: à huit heures du matin, toujours accompagnés du marquis de Vogue, qui fuivit i eurs A. S. dans les vilites qu'elles firent du Fort Louis, de Landau, de Weiffembourg & d'Haguenau. Les pinces ayant repus la route de Versailles, arriver: nt le 2 de ce mois,à midi,à Vitry-le François, avec le marquis de Lugeac, qui étoit allé au devant d'eux à la tête de 50 hommies de fa compagnie de grenadiers à cheval. Ils furent reçus,& complimentés à la porte de la ville par le Sr. Gilet, maire, qui, à la tête des officiers municipaux & de la compagnie de l'arquebufe, leur préfenta

les clefs de la ville. L. A. S. étant defcendues de carroffe, monterent à cheval, & firent leur entrée dans la ville, entre une double haie de la milice bourgeoife, & aux acclamations des habitans. Arrivés dans la principale allée du college royal, où l'on avoit conftruit un bâtiment en charpente, fuperbement décoré au-dehors & au dedans, les princes recurent les complimens des différens corps de magiftrature, du chapitre & des ordres religieux; a rès quoi L. A. S. dînerent à une table de 18 couverts, dont la marquife de Lugeac fit les honneurs, ainfi que les officiers des renadiers à cheval. Vers les 3 heures après-midi, les princes continuerent leur route pour aller coucher a Dormans, efcortés par 50 grenadiers à cheval, commandés par le comte de l'Efpinaffe. L. A. S. ont témoig é particulierement leur fatisfaction du compliment en vers qui leur a été adretfé par les écoliers du college, & des couplets qui l'accompagnoient. Le compliment a été compolé par le profeffeur de philofophie, & la chanfon par le profefleur d'humanités."

Dans les dernieres années du regne de Louis XV, la calomnie étoit parvenue à faire fufpecter les fentimens des curés du diocefe de Toul, qui n'avoient cependant jamais ceffé de donner l'exemple de leur amour & de leur attachement envers le fouverain. On leur fit déf.ndre les fynodes eccléfiaftiques ruraux, comme dangereux à l'état, quoique leur établiffement fût auffi ancien en Lorraine, que celui de la religion chrétienne. Pénétrés de la jufte douleur de voir fufpeter leurs affemblées, les curés de cette province porterent aux pieds du trône leurs réclamations refpectueufes. Cette affaire, dont la mort du feu roi avoit fufpendu la décision, vient d'être terminée par les foins de l'évêque de Toul ( M. de Champorein), qui, après avoir éprouvé pendant un an les fen

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