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tres d'affociation, en date du 12 de ce mois, au Sr. d'Anfe de Villoifon, qui fut nommé à l'académie des infcriptions & belles-lettres de Paris, à 20 ans, par difpenfe d'âge. Le marquis de Venuti, chambellan & fecrétaire du grand-duc de Tofcane, & le Sr. de Rulle, bibliothécaire. de ce prince, ont dû écrire à ce fujet au Sr. de Villoifon, déjà des académies de Berlin, de la fociété royale de Gottingue, de l'académie royale d'hiftoire de Madrid, de celles des arcades de Rome & de Marseille, à 25 ans au plus..

FLORENCE (le 9 Juin.) L'émpereur & le grand duc font arrivés ici de Venife, le 4 de ce mois vers les 5 heures du matin, & fe font rendus au château dell' Poggio Impériale, où fe trouve la cour. Les, le prince Louis de Rohan eft auffi árrivé ici de Venife. S. M. I. vifite dans le plus grand incognito ce qu'il y a de remarquable en cette ville & dans les environs.

Le grand-duc, fans aucun indulé ou approba tion da St. fiege, a fait publier un édit par le quel il eft réglé que tous les biens eccléfiaftiques fitués dans fes états, foit d'ancienne fon dation ou de nouvelle acquifition, feront indiftinctement affujettis aux mêmes droits que les biens des laïques. ›

LIVOURNE (le 7 Jhin. ) Le reffe des jeunes éleves grecs du college ruffe qui avoit été établi à Pife, eft arrivé ici le 27 du mois dernier;, ils font au nombre de 38, & font accompagnés dé 26 femmes de leur nations, qui doivent auffi partir inceffamment pour la Ruffie. Le comte Alexis Orlow arriva ici le 4 de ce mois pour don-ner fes derniers ordres à ce fujet.

On apprend de Baftia, que le comte de Marbeuf y eft arrivé le 22 du mois dernier, accompagné

de l'intendant-général de l'ifle, & du Sr. de Letre, infpecteur général des douanes. Le foir, il y eut des illuminations, des décharges d'artillerie, & autres démonftrations de joie, après lefquelles le Sr. de Letre tomba mort fubitement.

L'ifle de Corfe commence à jouir de la tranquillité dont elle avoit befoin, & après laquelle elle foupiroit depuis longtems. On s'occupe actuellement de l'embellir, d'y pratiquer des routes commodes pour les voyageurs & le commerce, & d'y faire fleurir l'agriculture. Les obfervations du baron de Falkenheim fes exhor tations & fon exemple ont étendu la culture du mûrier; on en a planté fur toutes les grandes routes, où ils fourniffent de l'ombre, après avoir fervi à élever l'infecte précieux qui file la foie. On bâtit dans cette ville une place qu'on se propofe de décorer; la nation lui a donné d'avance le nom de place de Narbonne. On fe flatte de voir bientôt effectuer le projet d'établissement de 4 colleges dans les parties maritimes, & d'une univerfité dans le centre de l'ifle. Ce ne font point les profeffeurs qui doivent en remplir les chaires, qui embarrafferont; on en a déjà choisi plufieurs, & les fujets ne manqueront point.

On mande des côtes de Barbarie, que les régences y font fort allarmées au fujet des armemens qui fe font dans tous les ports d'Espagne; que l'on voit paffer grand nombre de couriers entre Alger & Tunis, & que le bey de cette derniere ville avoit ordonné de prieres publiques pour détourner le coup qui le menaçoit.

Quelques papiers publics avoient annoncé que le dey d'Alger s'occupoit des moyens de rendre fa dignité héréditaire dans fa famille. Cette nouvelle eft non-feulement fauffe, mais encore deftituée de toute vraisemblance, le dey régnant n'ayant jamais été marié, & n'ayant aucun parent dans le pays.

ESPAGNE.

MADRID (le 21 Mai.) Toute la cour eft à Aranjuez, d'où l'on reçoit chaque jour, des nouvelles les plus favorables de la fanté de la princeffe des Afturies, & de la jeune infante à laquelle elle a donné le jour.

Le roi, dans le deffein de confier le miniftere important de la guerre à quelqu'un qui pût répondre à fes vues fur ce point, a permis au comte de Ricla de fe retirer, attendu fa mauvaise santé, qui fe refufoit à un fervice auffi fatigant, & S. M. a nommé à fa place le marquis de Cafatremague, dont le mérite & l'expérience font reconnus. Elle a, en même tems, donné le comman dement de fon armée de terre au Sr. O-Reilly & celui de fon armée de mer, au marquis de Ca fatelly, deux officiers d'une valeur éprouvée. La nomination à ces places fait préfumer que S. M. eft réfolue à pourfuivre la guerre qu'elle a commencée en Afrique. L'ambaffadeur Moro Sidi Acmet el-Gazel n'a reçu encore de notre cour que des réponses très-vagues, & tout porte à croire que Maroc & Alger font les objets du grand ar mement qui eft prêt à partir de nos ports, & qui n'attend pour s'éloigner, que les derniers ordres de S. M.

CARTAGENE (le 16 Mai.) Le convoi de Bar celonne, compofé d'environ 180 bâtimens de tranf port de différens pavillons, chargés de troupes, d'artillerie, de munitions & d'uftenfiles de guer re, fous l'escorte du vaiffeau le St. Raphael, & de deux chebecs de S. M., parut, le 14 de ce mois, à la vue du port, pour y entrer par un vent favorable; mais à peine le tiers de ce convoi put il donner fond, tant dans le port qu'à la rade. Le vent ayant tout d'un coup paffé au nord-est avec sempête, força le refte de reprendre le large au

plus vite. Le même vent dure encore, & nouss tient en peine fur le fort de ces bâtimens, dont nous n'avons pas encore eu de nouvelle..

FRANCE.

VERSAILLES (le 12 Juin.) Le roi a nommé infpecteur-général de fon infanterie le comte de Bulkeley, maréchal des camps & armées de S. M., cidevant colonel du régiment Irlandois de fon nom;

Le marquis de Gouvernet, ayant defiré par fon teftament, que le marquis de la Tour-du-Pin prie fon nom, le roi l'a permis, fur la demande qui lui en a été faite. S. M. a auffi permis au comte de la Charce, fon fils, de porter le nom de marquis de la Tour-du-Pin.

Sidy Abdheraman Bediri aga, envoyé du-pacha& de la régence de Tripoli de Barbarie, cut le 27 du mois dernier, une audience du roi. Cet envoyé, après avoir remis fa lettre de créance, prononça devant S. M. le difcours fuivant:

Sire, le pacha de Tripoli de Barbarie, mon maitre, m'a ordonné de me rendre auprès de V. M. Imp. pour lui témoigner fes regrets fur la mort de fon illufire & grand allié & ami, l'augufte empereur de France Louis XV, de glorieuje mémoire, &. pour féliciter V. M. Imp. fur fon avénement au trône de fes ancêtres. Je porte aux pieds de V. M: Imp. les vœux de mon maitre, les marques les plus finceres de fon refped, & de fon entier dévouement pour votre perfonne facrée, & le tribut de véné ration que les grandes qualités de V. M. Imp. ont déjà infpirée aux peuples de l'Afrique. Ils n'ont pu apprendre, fans la plus vive admiration, que le commencement de votre empire a été marqué par les plus grands exemples de juftice & de bonté. V. M. Imp. en a donné une preuve éclatante au pacha de Tripoli, en confervant les anciens traités, & mon maitre s'eft empreffé d'envoyer fa ratification

à V. M. Imp., pour lui prouver qu'il n'a rien de plus à cœur que de mériter la haute bienveil→ lance d'un auffi grand empereur. Les liens d'intérêt & d'amitié qui uniffent aujourd'hui les nations foumifes à la couronne de France & les fujets du royaume de Tripoli, font devenus indiffolubles fous de fi heureux aufpices.

Que V. M. Imp. daigne jetter fur moi un regard favorable, & ce jour fera le plus beau de ma vie. S. M. lui répondit en ces termes.

Je fuis très-fatisfait des fentimens du pacha de Tripoli. Le premier devoir des fouverains est d'obferver les traités. J'en donnerai l'exemple. La juftice fera toujours la base de ma conduite vis-à- is des étrangers. Vous affurerez le pacha de Tripoli de ma fincere amitié, & c'est avec plaifir, Monfieur, que je vous vois fur les terres de ma domination.

Sidy Abdheraman Bediri aga fut conduit enfuite à l'audience de Monfieur & de Mgr. le comte d'Artois. Le 28, cet envoyé fe trouva fur le paffage de la reine dans la galerie, où il eut l'honneur de faire fes révérences à S. M.

Le 4 de ce mois, le prince de Carignan, le prince Victor & le prince Eugene fon fils, qui voyagent ici fous les noms du marquis de Marene, du comte de Saluffol, & du comte de Villefranche, furent présentés au roi, à la reine & à la famille royale, par le comte de Viry, ambaffadeur de Sardaigne en cette cour, & conduits par le Sr. la Live de la Briche, introducteur des ambaffadeurs.

Le même jour, le comte de Guines, & le marquis de Juigné, préfentés par le comte de Vergennes, miniftre & fecrétaire d'état ayant le département des affaires étrangeres, eurent l'honneur de prendre congé du roi, le premier pour aller reprendre les fonctions de fon ambaffade en Angleterre, d'où il étoit revenu par congé, & l'autre pour se rendre à fa deftination en Rullie.

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