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été accufé fous le dernier pontificat, d'avoir fait fortir des grains hors des états du pape, le cardinal Cafali fut chargé de faire inftruire fon cès, & il fut condamné fuivant toute la rigueur des loix. On faifit tous fes biens, on s'empara des revenus qu'il poffédoit aux monts de piété, & l'on vendit tous fes effets. Le Sr. Grilleto, qui n'avoit point agi fans y être autorisé par le Sr. Bifchi, & n'avoit, par conféquent, aucun reproche à fe faire, prit le parti de fe retirer à Lyon, où une mort prématurée l'a enlevé au moment où il fe difpofoit à revenir ici pour y demander juftice. Ses héritiers ayant préfenté une requête au pape fur l'irrégularité de la procédure, S. S. en a ordonné la révision; & après en avoir elle-même examiné les actes, elle a rendu un décret qui vient d'être publié, & qui réhabilite la mémoire du Sr. Ojetti; ordonne que fes héritiers feront remis en poffeffion de tous fes biens, & même de fes meubles, qui feront reftitués en na❤ ture autant que faire fe pourra; condamne les avocats Paradifi & Innocenzi, dont l'un avoir inftruit le procès, & l'autre en avoit fait l'extrait, à être privés pour toujours de leur office de juges. On inftruit actuellement le procès du Sr. Bilchi. Le nombre des ex-jéfuites s'eft fort accru dans la maifon profeffe de la fociété éteinte. Ils y font actuellement réunis à plus de 40. Plufieurs individus du même ordre ont demandé la même faveur; mais ils ne l'ont pas obtenue, parce qu'il n'y avoit plus de places dans cette maison; on affure que le pape s'occupe des moyens de les lo ger ailleurs. S. S., en accordant 20 écus romains,

tous les ex-jéfuites portugais, pour leur veftiaire, en a affigné 15 aux freres coadjuteurs. On en compte encore 6co de cette nation dans l'état eccléfiaftique. On s'attend à voir accorder aux ex-jéfuites la permiffion de prêcher, de con

feffer & de faire toutes les fonctions du faint miniftere ; cette permiffion n'a encore été accordée à aucun d'eux, quoiqu'en aient dit quelques papiers publics. Enfin, on annonce la prochaine délivrance des prifonniers du château St. Ange. On affure pofitivement qu'elle eft résolue, & que toute la difficulté fur la maniere d'exécuter cette réfolution, eft de la motiver.

Le fouverain pontife a décidé le defléchement des marais Pontins, qui, lorfque certains vents foufflent, infectent en quelque façon tout l'air de cette capitale. Cette entreprise ne se fera pas aux frais de la chambre apoftolique, mais fur des avances volontaires de particuliers, à qui l'on accordera enfuite ce terrein en dédommagement, & il doit être nommé à cet effet une congrégation de cardinaux.

On croit que le pape nommera une autre congrégation de cardinaux pour examiner le diffé rend furvenu entre la religion de Malthe & l'évêque de cette ifle.

On eft au moment de conclure le traité projetté du tems de Clément XIV, entre le St. fiege & la cour de Lisbonne, en vertu duquel le St. fiege accordera au roi de Portugal pour 50 ans une dixme fur tous les biens eccléfiaftiques de ce royaume, & le roi de fon côté payera, pendant 50 ans, à la chambre pontificale la fomme annuelle de 50 mille fcudis pour l'entretien des ex- jéfuites portugais qui avoient été jufqu'ici à la charge de cette cour. Le produit de la dixme accordée à ce monarque eft évalué par an à 120 mille fcudis.

Le général des dominicains a reçu en gros l'avis que dans le royaume de Tunquin, on avoit fufcité une terrible perfécution contre les chrétiens qui s'y trouvent, & que deux de fes religieux, efpagnols de nation, qui y étoient mif

fionnaires, avoient reçu la couronne du martyre : en en attend le détail.

On vient encore de découvrir, en fouillant dans les Termes de Titus, deux chambres bien confervées, & mieux peintes que les deux premieres dont on a parlé.

NAPLES ( le 31 Mai. ) Le duc de Wirtem berg, qui poffede dans fes états la race des cerfs blancs, vient d'en envoyer au roi quatre des plus beaux, dont deux cerfs & deux biches. S. M. les a reçus avec plaifir, & a généreufement récompenfé les deux chaffeurs qui les ont conduits ici; elle les a fait mettre dans fon petit bois de Capo-Monte, & a envoyé au duc de Wirtemberg un préfent d'armes magnifiques de la manufacture royale de la tour de l'Annonciade.

La reine à obtenu l'entrée au confeil d'état. à laquelle la cour de Madrid avoit eu d'abord peine à confentir, d'après les représentations qui lui avoient été faites par le marquis de Tanucci premier miniftre. C'est une prérogative à laquel le cette princeffe étoit fondée de prétendre, à l'exemple de la reine Amélie, mere du roi, qui pri féance au confeil, dès-qu'elle eut donné un héritier à la couronne.

11 eft tombé en Sicile des pluies abondantes, qui font efpérer la plus riche récolte, furtout en grain.

VENISE ( le 29 Mai.) L'empereur arriva ici le 21 de ce mois, dans le plus grand incogni to, & fous le nom de comte de Falkenftein: il étoit accompagné du grand duc de Tofcane, fon frere. Le 23, les archiducs Maximilien & Ferdinand fe rendirent également ici. Ces 4 auguf tes freres ont vu ici ce que la ville contient de plus remarquable; ils ont affifté à la cérémonie du mariage du doge avec la mer, qui le fit le 25, avec une pompe extraordinaire. Le 28, ils joui

rent du fpectacle de la fête appellée Regare. Le nombre d'étrangers qui se trouvent ici cette année, eft incroyable; on le fait monter à près de 60 mille perfonnes, dont plufieurs de la plus grande diftinction, & entr'autres le prince Louis de Rohan, coadjuteur de Strasbourg, le comte de Rofenberg, grand-chambellan de la cour de Vienne &c.

Avant que d'arriver en cette ville, l'empereur s'étoit tranfporté fur les frontieres de la Dalmatie, qui font en litige. Ce prince y donna ordre à fes troupes d'évacuer les endroits qu'elles avoient occupés, & de laiffer les limites telles qu'elles étoient il y a 20 ans. Le fénat de la république a paru très-fenfible à cet acte de juftice de l'auguf te chef de l'empire.

La prudence des commandans de Brefce & de Bergame a appaifé les troubles qui s'y étoient élevés à l'occafion de la difette qui s'y étoit fait fentir. On y a fait paffer des fecours en argent & en grains; on a obtenu la permiffion d'en tirer du Milanès & du Mantouan. Le heu pie de la miféricorde a envoyé 12 mille ducats, qu'on employera à acheter des grains, qui feront diftribues enfuite aux pauvres.. Un acte de bienfaifance qu'on ne doit pas oublier, c'eft le prêt fans intérêt que le Sr. Greppi a fait de 50 mille livres au podeftat de Bergame, pour qu'il s'en ferve

dans les cas de néceffité.

Les vents contraires ont forcé le chevalier Gradenigo, nouveau baile de da république, de relâcher pour la deuxieme fois en Iftrie; on apprend que fon équipage eft en mauvais état, & qu'il ne peut fuffire à la manœuvre.

GENES (le 29 Mai. ) Le grand-confeil de la banque de St. Georges, s'étant affemblé le 16 du mois, a ftatué 1°., que tous ceux qui font em

ployés dans cette banque, feront obligés, non obftant fon ancien privilege, d'accepter un gou vernement dans l'une des deux rivieres du Levant & du Ponent, à l'exception des huit protecteurs de St. Georges; 2°. que ces protecteurs feront autorisés à laiffer le libre paffage & la franchife aux équipages des miniftres des princes étrangers; 3°. ce confeil approuve la nouvelle ferme donnée à ceux qui ont celle de la gabelle du riz, dans la vue de rendre cette denrée plus abondante. Enfin, il a confirmé dans leurs charges plufieurs de ses miniftres, en récompense de leurs fervices.

Il s'eft tenu au palais, le 20, un grand confeil où l'on a nommé les nobles génois qui doivent remplacer, pour les gouvernemens vacans, ceux qui s'étoient fait excufer. Le noble LaurentPareto a été nommé pour Savone; le noble Phi◄ lippe Scaglia pour Novi, & le noble Jofeph Durazzo pour Chiavari

BOLOGNE leer. Juin.) L'empereur est arrivé hier au foir de Venife, avec le grand-duc de Toscane. Ces deux princes ont continué aujourd'hui leur route fur Parme.

La fureur des prophéties regne toujours à Ro me, où l'on a pris plaifir de tous tems, à annoncer les événemens finiftres. Suivant une lettre de cette ville, le pape a trouvé dans son appartement au vatican, ces mots, écrits en mauvais latin fur une bande de papier: Mangez, buvez, réjouiffez-vous, vous ne pafferez pas le 20e. jour d'Août

Plufieurs villages fitués fur le Pô font infeftés par une troupe de, loups qui font beaucoup de ravage dans le bétail. Ces animaux ont dévoré un poftillon avec fon cheval.

On apprend de Cortone, que la célebre académie de cette ville vient d'envoyer des let

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