Page images
PDF
EPUB

limites entre les pays cédés par la Pologne & le pays qui lui reftoit, non pas à Wariovie, ni felon la carte géographique faite feulement par une des deux parties à fon bon plaifir, mais fur les lieux, in termino à que; & pour y faire dreffer une carte, felon la teneur du même traité. Les commiffaires polonois s'étant rendus à l'endroit du terminus à quo, que le fens littéral du traité leur montroit, voyant une ufurpation évidente & une prétention injufte aux pays fitués en deçà de la Netze, après un féjour de trois mois paffés inutilement avec beaucoup de défagrémens & de grandes incommodités, pendant un rude hiver, en pures difputes, que les notes données réciproquement n'éclairciffoient point, ni ne pouvoient décider, ont reçu l'ordre ci-annexé fub Litt. B., d'açquiefcer à la propofition que les commitfaires pruffiens leur avoient faite, de différer l'ouvrage de la démarcation jufqu'à une faifon plus favorable, mais de protefter en même tems folemnellement contre une telle ufurpation. Qui auroit pu s'imaginer que S. M le roi de Pruf fe, fçachaut bien qu'il n'avoit aucun droit reconnu de fe faire rendre hommage par les fujets de la république, pour leurs poffeffions fituées en deçà de la Netze, & pour toutes les autres dans les palatinats de Pofnanie, Kalisch, Gnefne, Brzefe, terre de Dobrzyn, envahies con tre la teneur du traité, & qu'après la publicaton de fes lettres - patentes du 13 Septembre 1772, lorfque ce monarque fit recevoir à Marienbourg l'hommage des ha bitans de tous les pays qu'il avoit occupés dans ce temslà, il ne l'a point exigé de ceux qui demeurent en deçà de la Netze, & dans toutes les autres parties des pays ci-dessus remarqués; qui auroit penfé, dis-je, après que le traité a preferit, qu'au cas que les commissaires refpectifs ne puffent s'accorder entr'eux ( & on ne fçauroit prétendre que ceux de Pologne aient pu volontairement, & de leur propre gré, confentir à quoi que ce für au-delà de ce que la république a été forcée de céder par le traité) la médiation des deux cours feroit appellée à résoudre les queftions intervenues fur les limites; que S. M. pruffienne donneroit l'édit dont il s'agit aujourd'hui ? Si donc il a plu à S. M. le roi de Pruffe de donner cette patente, datée du 21 Avril, ci deffus mentionnée, fans attendre que les difcuffions fur les limites fuffent terminées, par qui & de la maniere que le traité l'a voulu; S. M. le roi de Pologne, avec le confeil permanent, obligé Atrictement par la diete à veiller au réglement des limites, conformément aux traités avec les cours voisines

[ocr errors]

&

chargé de prendre garde à ce que rien ne fe faffe contre la teneur littérale de ces traités, & de recourir en cas de difpute, à la médiation fufmentionnée, ne peut fe difpenfer de réclamer contre cette démarche de S. M. pruffienne, d'en faire part aux deux autres puiffances alliées, de demander leurs bons offices, & d'enjoindre aux fujets de la république, qu'ils ne fe permettent pas d'enfreindre la fidélité qu'ils doivent à leur légitime fouverain. S. M. fait enfin requérir S. E. M. de Bénoit, de fai 're au plutôt rapport de ce que deffus à S. M. le roi fon maitre, en ajoutant, que le roi & fon confeil efperent que S. M. Pruff. voudra bien obferver religieufement le dernier traité, & ne plus altérer la tranquillité de la Fologne, dont il a promis folemnellement le maintien & la conferva. tion.

La note qui fut auffi présentée par le grand chancelier aux miniftres des deux cours impériales contient ce qui fuit.

[ocr errors]

Le fouffigné, par ordre du roi & de l'avis du confeil permanent, a l'honneur de communiquer à S. E. le baron Revitky, envoyé extraordinaire, & miniftre plénipotentiaire de LL. MM. Imp. & royale (à S. E. le baron de Stackelberg, miniftre plénipotentiaire de S. M. l'impératrice de toutes les Ruffies) copie fous no. I, d'un univerfal de S. M. le roi de Pruffe, en date du 22 Avril dernier, intimé aux fujets de la république, & d'une note fous n°. II, donnée aujourd'hui à cette occafion à S. E., de Bénoit, miniftre plénipotentiaire de la cour de Berlin; & fans s'étendre fur les motifs, dont l'annexé fous no. II informe suffisamment, & qui obligent S. M. avec fon confeil, non-feulement de réclamer contre ce procédé de S. M. pruffienne, & de recourir non moins à la médiation qu'aux bons offices de S. M. l'impératri ce-reine de Hongrie & de Bohême ( de S. M. l'impératrice de toutes les Ruffies), mais auffi d'enjoindre aux fujets de la république, qu'ils ne fe permettent pas d'enfreindre la fidélité qu'ils lui doivent. Le même fouffigné requiert S. E. l'envoyé extraordinaire & miniftre plénipotentiaire (S. E. le baron de Stackelberg, miniftre plénipotentiaire de Sa Majesté l'impératrice de toutes les Ruthies) qu'il veuille bien faire rapport au plutôt de cet incident à fa cour, &- cependant s'entendre ici, en vertu de fon miniftere, avec S. E. le miniftre de la cour de Berlin, à l'effet d'obtenir de S. M. le roi de Pruffe, que l'exécution du fufmentionné univerfal foit juceffamment arrêtée.

[ocr errors]

Le Sr. de Benoît a demandé au confeil permanent la liberté de tirer des états de la république 240 mille boiffeaux de grains; ce qui lui a été accordé; mais on lui a refufé l'exemption des droits de douane, qu'il follicitoit auffi. On a remarqué que dans la note qui faifoit l'objet de ces demandes, ce miniftre avoit inféré un compliment au confeil fur la fermeté qu'il a marquée à l'occafion du ferment d'obéiffance exigé des troupes par le comte Branicki. Il faut observer que cette note eft antérieure à ce qui vient de fe paffer dans la Grande- Pologne.

On imprime les conftitutions de la diete en 3 vol. in-folio. Le premier contiendra les actes relatifs au corps de la république, & qui feront communs à la couronne & au grand-duché de Lithuanie; le fecond comprendra les conftitutions particulieres au royaume de Pologne, & le troifieme celles qui ne concernent que le grand-duché. Comme on ne pourra point offrir des recueils auffi volumineux à la curiofité publique, on lui prépare un abrégé des conftitutions les plus importan tes, & particulierement de celles qui regardent l'établiffement du confeil permanent,& la levée des impôts.

On apprend que le tribunal de Lithuanie a fait l'ouverture de ses féances le 1er. Mai, & que tout s'y traite fuivant les nonvelles conftitutions. Le Sr. Antoine Gielgut, férafnick de Lithuanie, en a été élu maréchal.

:

Il s'eft fait quelques mouvemens dans les troupes de la république. Le régiment des gardes, dragons, eft arrivé ici pour monter la garde ordinaire auprès du roi il étoit à Cracovie & à Bialyftock, où il eft relevé par le régiment de Raczinski, dragons. Le régiment de dragons du prince Antoine Sulkowski s'eft mis auffi en marche pour la Grande-Pologne, où l'on juge qu'il fe con

1

d'obferver les Pruffiens. Il paroit décidé garnifcn de cette capitale ne fera compofée avenir que des gardes de la couronne & de Limuanie, du corps d'artillerie, & d'un régiment de fufilers.

1

La plus grande partie de l'armée de Romanzow retourne en Ruffie. Il en restera quelques régimens en Lithuanie, aux ordres du général Glebow, & 4 à 5 mille Colaques, commandés par le général Szyr kow, feront répartis en Podolie & en Volhynie. On évalue à 30 mille hommes les troupes de cette nation qui resteront en Pologne.

Fin du difcours du grand chancelier de la couronne.

C'eft une vérité dont les politiques de notre nation, verfés dans les affaires de gouvernement & obfervateurs éclairés des révolutions qu'ils voyoient arriver chez nos voifins, ont toujours librement & ouvertement averti leurs concitoyens, foit de bouche, foit par leurs écrits, malgré la délicatesse de la matiere pour la sensibilité d'un cœur polonois; fçavoir, que la Pologne feroit conduite à fa perte par la trop grande défiance que la république nourriffoit depuis longtems à l'égard de fes chefs; par la jaloufie entre les citoyens, qu'aigriffent l'ambition & l'avarice; par les diffenfions qui enflamment les cœurs & rompent le lien de la concorde; par l'amour de l'intérêt particulier, & le defir enraciné de procurer fon avantage, au dam & même au moyen de la fubverfion totale du bonheur public; par le démembrement d'une fi grande partie de l'Ukraine; par la réforme de l'armée, ménagée avec tant d'artifice en 1717; & ( ce qui eft le plus grand de nos maux) par le droit inconfidérément introduit de rompre les délibérations & d'annuller les réfolutions de la diete, par l'oppofition, qui a été permise, d'un feul contre le fentiment de tous les autres; par l'ufage de laiffer le tréfor entierement dépourvu, en refufant de payer aucune taxe, & les frontieres dégarnies & fans défense ; d'ignorer abfolument les deffeins & les mesures de nos voisins; de déchirer le fein de notre patrie par nos querelles, & de réduire, de nos propres mains, nos provinces à l'extrémité, par nos ligues & nos confédérations; enfin, par ces maximes prétendues fondamentales du gouvernement, mais

qui bien plutôt, & dans la réalité, ne font que le gers me d'une véritable anarchie; par ces maximes hazardées avec trop de légéreté par nos ancêtres, & qu'on n'a pu encore arracher des efprits, que la Pologne fe maintient dans la confufion; qu'elle peut fe repofer avec fécurité fur la providence, qui veille d'une maniere toute particulière à fa confervation; qu'il n'eft pas poffible (ch plût au ciet que l'expérience ne nous at pas détrompés de cette illufion!) que nos voifins s'accordent pour la ruine de la Po Logne. Toutes ces fources, dis-je, de nos malheurs, qui, dès qu'elles ont commencé à déborder, ont néceffairement dû nous fubmerger, nous ont été prédites par des citoyens zélés qui, du tems de nos ancêtres, per çoient d'avance dans la nuit de l'avenir; & nous, leur malheureuse postérité, placés à cette époque qui caufoit' leurs craintes, en éprouvons aujourd'hui la réalité, & fommes forcés de nous foumettre à la rigueur d'un deftin inexorable.

-

A la veille done, illuftres membres de cette affemblée, de retourner dans vos palatinats, terres & diftricts. après la clôture de cette diete, & étant requis de faire votre rapport à vos concitoyens, pourrez-vous d'après votre propre conviction, refufer de rendre témoignage à cette vérité conftatée, que tout ce que les circonftances ont permis, pendant l'efpace de deux années, d'effectuer pour le bien du royaume, que tout ce qui a été fait pour en détourner les plus grands malheurs & le préferver de fa perte totale, que tout cela n'eft dû qu'à la tendreffe & aux foins paternels du meilleur des rois ? Pouvoit-il en effet, ce généreux monarque, pouffer plus loin fon patriotifme, que de fe dépouiller abfolument du droit attaché à la royautés, de répandre des graces, afin d'empêcher par ce facrifice l'effet des menaces, qui pré-` fageoient à la Pologne fa ruine fi le roi ne confentoit à la diminution de fes prérogatives; facrifice auffi, qui doic lui mériter le retour le plus fincere de la république, & faire évanouir ce nurage de défiance qu'on entretenoit à l'égard du trone? Si d'ailleurs les deffeins, les efforts, les intentions du roi n'ont pas tous été couronnés d'un heureux fuccès, l'on ne peut que fe foumet re avec refpect aux décrets de l'être fuprême, & avouer que c'eft un effet de la déplorable anarchie de notre république; mais il n'en faut pas moins reconnoitre avec une égale gratitude les foins, les travaux & les efforts de S. M., que notre malheureux deftin a rendus en partie infrues

снеих.

« PreviousContinue »