Lettres à une inconnue, Volume 1

Front Cover
Michel Lévy frères, 1874 - Authors, French - 373 pages
 

Selected pages

Other editions - View all

Common terms and phrases

Popular passages

Page vii - Avez -vous jamais vu des chiens entrer dans le terrier d'un blaireau? Quand ils ont quelque expérience, ils font une mine effroyable en y entrant, et souvent ils en sortent plus vite qu'ils n'y sont entrés, car c'est une vilaine bête à visiter que le blaireau. Je pense toujours au blaireau en tenant le cordon de la sonnette d'un académicien, et je me vois in the mind's eye tout à fait semblable au chien que je vous disais.
Page ii - ... ni de soi, agir et écrire comme en la présence perpétuelle d'un spectateur indifférent et railleur, être soi-même ce spectateur, voilà le trait de plus en plus fort qui s'est gravé dans son caractère, pour laisser une empreinte dans toutes les parties de sa vie, de son œuvre et de son talent1.
Page xii - Dès que j'ai un grain d'amour, je ne manque pas d'y mêler tout ce qu'il ya d'encens dans mon magasin ; cela fait le meilleur effet du monde ; je dis des sottises en vers et en prose, et serais fâché d'en avoir dit une qui ne fût pas solennelle : enfin je loue de toutes mes forces.
Page 215 - Le plus savant ornithologiste de la ville me dit qu'il n'existait pas dans le pays d'oiseau de cette espèce. Enfin, à la dernière visite que j'ai faite aux arènes, j'ai rencontré mon oiseau, toujours attaché à mes pas, au point qu'il est entré avec moi dans un corridor étroit et sombre où lui, oiseau de jour, n'aurait jamais dû se hasarder. Je me souvins alors que la duchesse de Buckingham avait vu son mari sous la forme d'un oiseau le jour de son assassinat, et l'idée me vint que vous...
Page xxi - Un homme ne produit tout ce dont il est capable que, lorsque ayant conçu quelque forme d'art, quelque méthode de science, bref, quelque idée générale, il la trouve si belle, qu'il la préfère à tout, notamment à lui-même, et l'adore comme une déesse qu'il est trop heureux de servir.
Page iii - Il était né avec un cœur tendre et aimant; mais, à un âge où l'on prend trop facilement des impressions qui durent toute la vie, sa sensibilité trop expansive lui avait attiré les railleries de ses camarades.
Page 111 - Ce changement à vue a été fort amusant et très beau; cela a duré environ deux minutes, puis elle commença: Est-ce toi, chère Élise? . . . La confidente, au milieu de sa réplique, laisse tomber ses lunettes et son livre; dix minutes se passent avant qu'elle ait retrouvé sa page et ses yeux. L'auditoire voit qu'Esther enrage quelque peu. Elle continue. La porte s'ouvre derrière: c'est un domestique qui entre. On lui fait signe de se retirer. Il s'enfuit et ne peut parvenir à fermer la porte....
Page 112 - Thiers se prirent de bec au sujet de Racine. Hugo disait que Racine était un petit esprit et Corneille un grand. « Vous dites cela, répondit Thiers, parce que vous êtes un grand esprit; vous êtes le Corneille (Hugo prenait des airs de tête très modestes) d'une époque dont le Racine est Casimir Delavigne. » Je vous laisse à penser si la modestie était de mise. Cependant l'évanouissement passe et l'acte s'achève, mais fiascheggiando. Quelqu'un qui connaît bien M"e Rachel dit en sortant...
Page 195 - Cet homme d'Etat, par exemple, qui médite de tromper ses confrères et de réaliser la maxime que la parole a été donnée à l'homme pour déguiser sa pensée, croyez-vous que, même en matière de politique, il prétende établir comme une maxime universelle la légitimité du mensonge?
Page 111 - Il fallait quelqu'un pour lui donner la réplique et elle me fit apporter un Racine en cérémonie par un académicien qui faisait les fonctions de sigisbée. Moi, je répondis brutalement que je n'entendais rien aux vers et qu'il y avait dans le salon des gens qui, étant dans cette partie-là, les scanderaient bien mieux. Hugo s'excusa sur ses yeux, un autre sur autre chose. Le maître de la maison s'exécuta. Représentez-vous Rachel en noir, entre un piano et une table à thé, une porte derrière...

Bibliographic information