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§. V. Des moyens de prévenir les Crimes. 545 Premier moyen la précifion des Loix. 546 Second moyen: polir une nation & en étendre les lumieres. ibid.

Troisieme moyen faire enforte que le Tribunal chargé du dépôt des Loix foit plus intereffe à les obferver, qu'à les violer en fe laiffant corrompre. 547 Quatrieme moyen: récompenfer la vertu. ibid. Cinquieme moyen perfectionner l'éducation. 548 CRIMÉE, Contrée de la petite Tartarie, ibid. CRIMINEL, f. m. 550 CRIMINEL, CRIMINELLE, adj. Des actions criminelles, regardées comme indifférentes ou même comme vertueuses. ibid. CROISADE, s. f.

Croisades entreprifes pour la conquête des Lieux faints. 556 Croifade entreprife pour l'extirpation des infideles. 562 Croifade entreprise pour l'extirpation du paganisme.

ibid.

ibid.

Croifade entreprise pour l'extirpation de l'héréfie. CROMER, (Martin) Auteur Politique. 564 CROMWEL. (Olivier)

ibid.

Epitre Dédicatoire d'un livre intitulé Traité Politique, compofé par William Allen, où il prétend prouver, par l'exemple de Moyfe, & par d'autres tirés de l'Ecri

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CUMBERLAND, Province de l'Angleterre Septentrionale.

CUMBERLAND, (Richard) Prélat Anglois, Philofophe, Moralifte & Politi626 Traités Philofophiques des Loix naturelles 628

que.

CURAÇAO, ou CURASSAW, une des Ifles Antilles fous-le-vent, dans l'Amé rique Septentrionale. 669 CURE, f. f. Bénéfice Eccléfiaftique auquel eft attaché le foin des ames d'un certain nombre de perfonnes. 670 CURE, f. m. Prêtre pourvu d'un Bénéfice à la charge de conduire une paroiffe fous les ordres de l'Evêque Diocésain! ibid. CURLANDE, Contrée de l'Europe feptentrionale, avec titre de Duché,

Fin de la Table.

676

BIBLIOTHEQUE

BIBLIOTHEQUE

DE L'HOMME-D'ÉTAT,

E T

DUCITOYEN.

CONSERVATION, f. f.

CONSERVATION DE SOI-MÊME.

A loi de la Confervation eft la feconde des trois principales loix de la nature. Par cette loi l'homme doit travailler de toutes fes forces à conferver fa vie, & à éviter au contraire tout ce qui peut y être oppofe. Ce devoir eft fans doute le premier en ordre; car ce feroit fort inutilement qu'on lui prefcriroit d'autres devoirs, s'il n'avoit pas préalablement pourvu à fa Confervation.

Ce premier devoir découle directement & précisément de l'idée que nous avons de Dieu qui, comme auteur de la loi naturelle, a droit d'exiger l'obfervation de ce devoir, & d'en punir la violation. Ainfi l'homme doit fe conferver, parce qu'il eft ferviteur de Dieu & membre de la fociété Tome XIV.

A

humaine, à laquelle Dieu veut que chacun tâche de fe rendre utile. Et s'il manque à cette double obligation, il peut en être puni par le légiflateur fuprême, avec autant de juftice, qu'un domeftique eft châtié par fon maitre & un citoyen par fon Souverain, lorfqu'ils fe mettent hors d'état de vaquer au travail & aux emplois dont ils font chargés.

Mais il fe préfente ici naturellement une difficulté à réfoudre. On demande fi l'on n'eft porté à fe conferver que par cet inftinct naturel qui nous eft commun avec les bêtes; ou s'il y a de plus quelque obligation de la loi naturelle? 11 femble que l'inftinct animal feul peut nous engager à notre confervation. Puifque toute obligation fuppofant deux perfonnes diftinctes dont l'une eft tenue à quelque chofe envers l'autre, on ne voit pas de quelle force peut être une loi qui fe termine uniquement à nous-mêmes puifque nous pouvons, dès que nous le voulons, nous difpenfer de l'engagement où elle nous met; & qu'en y manquant, on ne fait du tort à qui que ce foit. Il femble d'autre côté que ce foit une chose fort fuperflue, de prefcrire par une loi, le foin & la Confervation de nousmêmes, à quoi un amour propre également tendre & empreffé nous porte d'une maniere invincible, enforte que quand même on le voudroit, on ne pourroit que très-difficilement fe réfoudre à faire le contraire.

ver,

Cette difficulté n'en eft une que dans l'efprit de ceux qui attachent au mot inftinct, une idée différente de celle qu'ils attachent au terme de connoiffance. Ce qu'on appelle inflinct, n'eft autre chose qu'une habitude contractée de bonne heure & dans les circonftances où le bien & le mal frappent avec tout l'éclat de l'évidence. Ainfi l'obligation de fe conferauffi bien que celle de fe perfectionner foi-même, vient directement de cet amour propre éclairé, qui fait un des trois principes fondamentaux de nos devoirs. Cet amour de nous-mêmes nous guide, fuivant que les cas font plus ou moins compliqués, tantôt par ce qu'on appelle inflind, ou pour mieux dire, par l'habitude, tantôt par une raifon éclairée, mais toujours à l'aide de l'entendement conduit, dans l'enfance, par de fimples fenfations phyfiques, agréables ou défagréables, mais toujours affez fures pour cet âge; dans un âge plus avancé, par la raifon, lorfque nos befoins, nous demandent quelque chofe au delà des fimples fenfations.

Ajoutons encore, que nous tenons l'existence d'un Créateur tout-puiffant & tout bon, qui nous a mis au monde pour le fervir & pour le glorifier en cultivant les talens dont il nous a ornés; & que d'ailleurs les loix de la fociabilité, à laquelle nous fommes deftinés & foumis, ne fauroient être bien pratiquées, fi chacun ne travaille de toutes fes forces à fe conferver & à fe perfectionner; n'étant pas poffible de concevoir que la fociété humaine puiffe fubfifter, pendant qu'on regardera comme une chofe indifférente la Confervation des particuliers qui la compofent; il eft clair que fi, en négligeant entiérement le foin de foi-même on ne fe fait aucun tort, on en fait au genre humain, & en quelque maniere au

Créateur même. » Fais en forte que toutes tes actions tendent à la con» fervation de toi-même «; c'eft le cri de la nature.

Il fuit de-là, qu'il faut entretenir & augmenter autant qu'il eft poffible les forces naturelles du corps, par des alimens & des exercices convenables, & ne pas les ruiner par les excès du manger & du boire, par des travaux hors de faifon, ou par quelqu'autre forte d'intempérance. Ce qui foutient le corps foutient auffi l'ame, fuivant l'expreffion de Pline : & quand le corps eft mal difpofé, l'ame qui en dépend néceffairement dans toutes les opérations pendant qu'elle lui eft unie, ne fauroit rien produire d'excellent. On dit que le Roi Pyrrhus, en offrant tous les jours quelque facrifice aux dieux, ne leur demandoit autre chofe que la fanté, comme renfermant, à fon avis, tous les autres biens.

La loi de la Confervation du corps s'étend non-feulement à tout ce qui peut altérer la fanté, mais encore à ce qui peut choquer la bienséance & l'honnêteté. Les vertus réfident dans la partie la plus fecrete de notre ame; mais leurs effets doivent fe manifefter fur l'homme entier. Il faut que tous fes dehors annoncent que fon corps eft le domicile d'un être ami de l'ordre & des convenances. La figure humaine eft fufceptible d'une décence que nous ne remarquons point dans les autres animaux : c'eft une certaine régularité d'actions & de mouvemens, un air répandu fur toute la perfonne, que nous nommons la pudeur, la modeftie, la décence, l'affabilité, la gravité, la noblesse, la dignité, la majeflé, la grace. Tous ces noms ne font pas des noms d'objets chimériques; ils ont été imaginés pour exprimer des impreffions réelles & fenfibles, & pour les diftinguer d'autres impreffions contraires, que nous nommons l'effronterie, l'impru dence, l'audace, la rudeffe, l'air farouche, bas, ignoble, l'étourderie, la légéreté, Vimpoliteffe, la groffiéreté, l'indécence, la mal-propreté, la mauvaife grace. Nous regardons toutes ces dernieres qualités comme mauvaifes, & celles qui leur font oppofées comme bonnes celles-ci nous annoncent des vertus, & celles-là des vices. Les unes font aflorties à la nature de l'homme, & les autres le défigurent. Le cœur peut y avoir plus ou moins de part, mais jamais elles ne font fans négligence, & c'eft toujours un grand mal de les laiffer dégénérer en habitudes : car elles font prendre fouvent des gens pour ce qu'ils ne font pas, & ces jugemens de prévention font toujours à craindre. Elles rendent le commerce pénible & défagréable; elles préviennent, elles fcandalifent, elles offenfent, elles

rebutent.

Les cyniques, par un jufte mépris des bienséances portées trop loin & affectées, en étoient venus jufqu'à méconnoître les bienféances même de la nature. On outre les maximes les plus fages, quand on en fait l'application par humeur ou par caprice plutôt que par raifon. C'eft ainfi que certains hommes choqués des foins idolâtres que d'autres ont de leurs corps, vont jufqu'à fe faire une espece de mérite des mal-propretés les

plus dégoûtantes. Ils n'apperçoivent point le milieu qu'une modération réHechie doit fixer entre deux excès également vicieux. Il y a donc pour le corps une décence naturelle qu'il faut lui conferver. Il n'eft pas moins contraire à la raifon de mettre de la craffe fur fon vifage, que d'y mettre du fard. La vertu n'ordonne pas plus les faletés, qu'elle ne défend de cracher & de fe moucher. La plus grande grace que nous pourrions faire à celui qui coucheroit au milieu de fes ordures, feroit de le regarder comme une perfonne dont l'imagination eft bleffée. Mettre une partie de fon mérite dans un extérieur mal-propre, c'eft prétendre nous payer d'une monnoie qui ne porte point l'image du Prince.

A ces réflexions générales, joignons quelques confidérations plus particulieres, & d'un usage propre à diverfes conditions de la fociété civile.

Du précepte de la Confervation de foi-même. C'est une Loi de la Nature, de la Religion & de la Société. Modifications & exceptions dont elle eft fufceptible.

L'AMOUR

'AMOUR qu'on a pour foi-même eft inféparable de la nature humaine. Il eft de tout âge, de tout fiecle, & de tout pays. C'eft un principe plus ancien que l'éducation, & vraiment né avec nous, puifqu'il influe fur toutes nos actions & qu'il en eft le premier ou plutôt l'unique mobile. Si nous croyons aimer un objet plus que nous-mêmes, c'eft parce que la fatisfaction qui eft excitée en nous par les qualités que nous découvrons dans cet objet, nous affecte d'une maniere plus fenfible & plus vive que toutes les réflexions que nous faifons fur nous-mêmes. L'amour de foi-même se déguife quelquefois fi bien à lui-même, qu'il penfe s'immoler; mais il est toujours, dans ces rares facrifices, l'objet auffi-bien que la victime.

Les paffions ont un ordre, & c'eft toujours par l'amour de foi-même qu'elles commencent. Nous travaillons plus immédiatement à notre Confervation qu'à celle d'aucun autre homme. Vouloir bannir l'intérêt du commerce des hommes, c'est vouloir ôter d'une machine les refforts qui la

font mouvoir.

Lors même que nous ne penfons point à nos intérêts, l'amour propre y fonge pour nous, fans que nous nous en appercevions; & il en eft de l'amour propre comme de la chaleur qui eft dans le cœur de l'homme & qu'on ne fent pas, quoiqu'elle donne la vie & le mouvement à toutes les parties du corps. Deux principes d'action ne peuvent pas être plus reffemblans, ils font également néceffaires chacun dans fon ordre. L'un eft comme le reffort de tous nos mouvemens phyfiques; l'autre eft le mobile perpétuel de toutes les actions morales. Ils agiffent tous deux avec une uniformité conftante, fans nous abandonner un moment, fans fe démentir jamais, & fans fe faire fentir. L'un n'eft pas plus vicieux que l'autre, & ils

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