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exciter le courage des guerriers, prêcher la haine des rois et l'unité de la République.

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2. Les maisons nationales seront converties en casernes, les places publiques en ateliers d'armes; le sol des caves sera lessivé pour en extraire le salpêtre.

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» 3. Les armes de calibre seront exclusivement remises à ceux qui marcheront à l'ennemi; le service de l'intérieur se fera avec des fusils de chasse et l'arme blanche.

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4. Les chevaux de selle sont requis pour compléter les corps de cavalerie; les chevaux de trait autres que ceux employés à l'agriculture conduiront l'artillerie et les vivres.

>> 5. Le comité de salut public est chargé de prendre toutes les mesures nécessaires pour établir sans délai une fabrication extraordinaire d'armes de tout genre qui réponde à l'élan et à l'énergie du peuple français. Il est autorisé en conséquence à former tous les établissemens, manufactures, ateliers et fabriques qui seront jugés nécessaires à l'exécution de ces travaux, ainsi qu'à requérir pour cet objet, dans toute l'étendue de la République, les artistes et les ouvriers qui peuvent concourir à leur succès. Il sera mis à cet effet une somme de trente millions à la disposition du ministre de la guerre, à prendre' sur les 498, 200, 000 livres assignats qui sont en réserve dans la caisse à trois clefs. L'établissement central de cette fabrication extraordinaire sera fait à Paris.

» 6. Les représentans du peuple envoyés pour l'exécution de la présente loi auront la même faculté dans leurs arrondissemens respectifs, en se concertant avec le comité de salut public. Ils sont investis des pouvoirs illimités attribués aux représentans du peuple près les armées.

>>7. Nulne pourra se faire remplacer dans le service pour lequel il sera requis. Les fonctionnaires publics resteront à leur poste.

8. La levée sera générale. Les citoyens non mariés ou veufs sans enfans, de dix-huit à vingt-cinq ans, marcheront les premiers; ils se réuniront sans délai au chef-lieu de leur district où ils s'exerceront tous les jours au maniement des armes en attendant l'heure du départ.

>> 9. Les représentans du peuple règleront les appels et les marches de manière à ne faire arriver les citoyens armés au point de rassemblement qu'à mesure que les subsistances, les

munitions et tout ce qui compose l'armée matérielle se trouvera exister en proportion suffisante.

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10. Les points de rassemblement seront déterminés par les circonstances, et désignés par les représentans du peuple envoyés pour l'exécution de la présente loi, sur l'avis des généraux, de concert avec le comité de salut public et le conseil' exécutif provisoire.

» 11. Le bataillon qui sera organisé dans chaque district sera réuni sous une bannière portant cette inscription: Le peuple français debout contre les tyrans.

>> 12. Ces bataillons seront organisés d'après les lois établies, et leur solde sera la même que celle des bataillons qui sont aux frontières.

>> 13. Pour rassembler des subsistances en quantité suffisante les fermiers et régisseurs des biens nationaux verseront dans le chef-lieu de leur district respectif, en nature de grains, le produit de ces biens.

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14. Les propriétaires, fermiers et possesseurs de grains seront requis de payer en nature les contributions arriérées, même les deux tiers de celles de 1793, sur les rôles qui ont servi à effectuer les derniers recouvremens.

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15. La Convention nationale nomme les citoyens Chabot, Tallien, Lecarpentier, Renault, Dartigoeyte, Laplanche (de la Nièvre), Mallarmé, Legendre (de la Nièvre), Lanot (de la Corrèze), Roux-Fasillac, Paganel, Boisset, Taillefer, Bayle, Pinet, Fayau, Lacroix (de la Marne) et Ingrand, pour adjoints aux représentans du peuple qui sont actuellement près les armées et dans les départemens, pour l'exécution du présent décret et de toutes les mesures déjà décrétées, sur le vœu des envoyés des assemblées primaires, contre les ennemis de l'intérieur et les administrateurs qui ont conspiré contre la souveraineté du peuple et l'indivisibilité de la République.

» Le comité de salut public fera la répartition de leurs arrondissemens respectifs.

» 16. Les envoyés des assemblées primaires sont invités à se rendre incessamment dans leurs cantons respectifs pour remplir la mission civique qui leur a été donnée par le décret du 14 août, et recevoir les commissions qui leur seront données par les représentans du peuple.

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» 17. Le ministre de la guerre est chargé de prendre toutes les mesures nécessaires pour la prompte exécution du présent décret. Il sera mis à sa disposition par la trésorerie nationale une somme de 50,000,000 liv., à prendre sur les 498,200,000 liv. assignats qui sont dans la caisse à trois clefs.

» 18. Le présent décret sera porté dans les départemens des courriers extraordinaires. »

par

Il

y

fut reçu avec orgueil et reconnaissance de tous les bons citoyens.

La création d'une armée révolutionnaire composée d'hommes de vingt-cinq ans à quarante pour le service intérieur ; l'établissement d'ateliers publics; le luxe avili, le pauvre secouru, les professions utiles honorées; protection, récompense accordée aux citoyens qui donnaient à l'Etat leur temps et leurs conseils; les modérés, les lâches, les agioteurs, les fournisseurs infidèles, les riches égoïstes sans cesse poursuivis, frappés; les attributions, le pouvoir des tribunaux révolutionnaires agrandi, et la mort précipitant sa marche contre les traîtres et les conspirateurs; de l'arbitraire, quelques excès, des fautes, mais beaucoup plus de grandeur et de vertu ; enfin la terreur solennellement proclamée à l'ordre du jour comme le seul moyen de salut du peuple, voilà la substance des mesures que la nécessité commandait à la Convention nationale, qui furent successivement prises, et que la trahison des Français rebelles, jointe aux efforts de la ligue des rois, rendaient encore insuffisantes!

Au moment où des factieux condamnaïent Lyon à subir un siége, d'autres, plus infâmes encore, entraînaient Toulon à se livrer aux Anglais ! (1) On voudrait dérober ce trait à l'histoire; mais ici la vérité ne permet que d'être laconique. Bornons-nous à entendre l'expression de la douleur des pères de la patrie.

(1) Le rapport sur l' ffaire de Toulon a été fait le 9 septembre 1793, par Jambon Saint-André.

ADRESSE de la Convention nationale aux Français méridionaux. Du 6 septembre 1793.

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Français, ce forfait que vous ne vouliez pas croire, parce que vous ne pouviez pas en concevoir l'idée, ce forfait a été commis! Une des principales villes, le port le plus important, une des plus considérables escadres de la République, ont été lâchement livrés aux Anglais par les habitans de Toulon!

>> Des Français se sont donnés aux Anglais!..... Cette trahison infâme, dont la pensée seule aurait pénétré d'indignation et d'horreur des Français esclaves d'un roi, elle a été conçue, méditée, exécutée par des Français qui se disaient républicains!

» Ce titre glorieux ils osaient le prendre même en se déclarant rebelles à l'autorité nationale, à la représentation du peuple! Les scélérats! Et c'était nous qu'ils accusaient d'être les ennemis de la République, et de vouloir être les restaurateurs de la royauté! Et les paroles qu'ils osent nous adresser aujourd'hui ils les datent de l'an premier du règne de Louis XVII!

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Français, qui de vous pourra désormais douter qu'ils ne soient des traîtres, qu'ils ne soient des conspirateurs contre la République et contre la nation, tous ceux qui se séparent de la Convention nationale!

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Vengeance, citoyens! Qu'ils périssent tous ceux qui ont voulu que la République pérît! En adoptant la Constitution républicaine que nous lui avons présentée le peuple français nous a imposé le devoir sacré d'anéantir par sa force toute puissante tout ce qui combat sa volonté suprême, de contraindre à vivre sous les lois de la République et de forcer à être républicains tous ceux qui veulent vivre sur le sol de la France. Le peuple français a voulu la République; nous sommes chargés par lui de la faire vouloir.

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Départemens du midi, vous seriez tous complices de cet inouï forfait, tous coupables de ce déchirement de la France, si vous ne vous empressiez d'en punir les auteurs! Vous seriez accusés par la nation de partager les sentimens odieux des habitans de Toulon, si, apprenant cette horrible nouvelle, vous n'alliez cerner cette ville infâme! C'est à vous surtout à

les punir, pour prouver à la République combien vous êtes incapables de les imiter! Voyez les crimes de Lyon, sa conjuration et les moyens qu'elle emploie; voyez aussi le sort que la justice nationale lui a réservé!

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Que le tocsin vengeur qui rassemble si rapidement des milliers de Français sur les frontières menacées par les Autrichiens ou les Espagnols retentisse donc dans toutes les contrées méridionales pour vous faire précipiter sur ces Toulonnais, plus coupables encore que les traîtres émigrés!

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Que la vengeance soit inexorable! Ce ne sont plus des Français; ce ne sont plus des hommes; ils ont foulé aux pieds tous les droits, tous les titres de l'humanité: la France les a perdus, et l'Angleterre ne les a pas gagnés; ils n'appartiennent plus qu'à l'histoire des traîtres et des conspirateurs. Que les lâches habitans de Toulon, l'horreur et la honte de la terre, disparaissent enfin du sol des hommes libres, et que Toulon, son port et son escadre rentrent sous les lois de la France!

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Que maintenant le lecteur attristé repose son attention sur des actes qu'approuvent le courage et l'honneur.

RAPPORT sur les moyens de rassembler les matériaux nécessaires à former les Annales du Civisme, fait par Grégoire. (Séance du 28 septembre 1793.)

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Citoyens, la Convention nationale a chargé son comité d'instruction publique de recueillir les traits éclatans de vertu qui ont signalé la révolution. Votre comité s'est empressé de seconder vos vues : il a nommé pour cet objet une commission composée de trois de ses membres. La tâche qu'ils ont à remplir est bien douce et bien honorable; car s'occuper à recueillir les actions des hommes illustres c'est respirer la vertu, c'est en quelque sorte s'associer à leur gloire. Votre comité a senti toute l'importance de ce travail, auquel il se propose de donner de l'étendue. Je viens en son nom soumettre à la Convention quelques réflexions à cet égard, afin que sa sagesse approuve ou rectifie notre plan et les mesures nécessaires pour rassembler les faits, constater leur authenticité, et remplir l'attente de la nation.

» L'exécution de ce plan offre de grands avantages; d'abord

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