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pour supporter son chapiteau, sur lequel est placée une rangée circulaire de colonnettes, qui ont toutes aussi leur chapiteau et sont surmontées d'une espèce de dôme en pierre, par lequel se termine la colonne.

Ce phare, éteint depuis des siècles, a été remplacé dit toujours M. Asselin, par celui que la Chambre de commerce de Normandie fit construire dans la même baie en 1774, et qu'on appelle le phare de Gatteville, de 27 m. d'élévation.

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En finissant ce Mémoire, l'auteur rend hommage à M. Delarue, ingénieur des ponts et chaussées, qui a été chargé, en 1834, par le Gouvernement, de la construction, aussi dans la baie d'Isigny, du magnifique phare de Barfleur, dont l'élévation dépasse 77 mètres, et dont le feu s'aperçoit de tous les points de la Manche.

Toutefois, quelque respect que nous professions pour l'opinion de M. Asselin, nous ne saurions dissimuler qu'elle ne peut se soutenir devant les citations suivantes :

« La cheminée cylindrique de Quinéville, dont Grivaud de la Vincelle a fait un monument romain , par une singulière méprise, et que je crois de la fin du XIIe siècle, nous offre à peu près la même forme qu'une ancienne cheminée du prieuré de Saint-Gabriel (Calvados). (Cours d'antiquités monumentales par M. de Caumont. 5° partie, p. 442.) »

« Il existe à Fénioux, arrondissement de Saint-Jeand'Angély (Charente-Inférieure), un monument tout semblable à celui de Quinéville; l'un et l'autre doivent être considérés comme des fanaux de cimetières. (Bulletin monumental publié par M. de Caumont, 1837. T. 3, p. 428.)»

Le volume précité de la Société académique de Cher.

bourg contient aussi une intéressante Notice biographique, rédigée par M. Asselin, pour honorer la mémoire de M. Avoine de Chantereyne, conseiller à la Cour de cassation, mort peu de temps auparavant, et qui était né à Cherbourg en 1762.

M. Asselin avait traduit, depuis long-temps, les élégies de Tibulle en vers français, et, suivant le précepte de notre législateur du Parnasse, il revenait souvent sur ce travail, qu'il a eu la modestie de ne pas publier, et qui pourtant, assure-t on, méritait de l'être.

Il avait aussi préparé les matériaux d'une histoire complète, également inédite, de la ville de Cherbourg. On doit espérer que ses héritiers s'empresseront de la faire imprimer pour l'instruction de leurs concitoyens, et comme un hommage rendu à la mémoire de l'auteur.

C'est ainsi qu'il savait charmer les loisirs d'une honorable vieillesse, lorsque la mort vint le frapper, à la suite d'une courte maladie, le 9 novembre 1845, dans sa quatre-vingt-dixième année.

Il avait partagé sa fortune entre ses héritiers, et légué sa précieuse bibliothèque (1) à la ville de Cherbourg, sous la condition qu'après en avoir fait faire l'estimation, elle tiendrait compte à l'hospice civil de la' moitié de sa valeur. Ainsi il finit,comme il avait vécu, en donnant une dernière et mémorable preuve de son amour pour son pays et pour ses compatriotes.

Quant à son riche médailler, l'un des plus beaux, des

(1) L'inventaire de cette bíbliothèque a constaté qu'elle se compose de 2,923 volumes, parmi lesquels on distingue des ouvrages rares et des manuscrits sur vélin,

plus complets et des mieux choisis de la Normandie, il l'a laissé à l'un de ses neveux, M. Charles Asselin.

Les funérailles de M. Asselin ont été célébrées le 11 novembre. Un discours a été prononcé sur sa tombe par M. Le Maistre (1), sous-préfet de Cherbourg. Il y a peint, dans les termes suivants, le caractère du défunt, qu'il connaissait intimement et depuis long-temps:

« Doué des plus solides comme des plus aimables qua»lités, d'un jugement toujours sain et droit, il savait » unir à la finesse de l'esprit, à la délicatesse des sen» timents, à l'élégance, à l'aménité des formes, la loyauté » la plus pure, une inébranlable fermeté d'opinion, une pratique consciencieuse de toutes les vertus publiques » et privées qui constituent l'homme de bien. »

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M. Vérusmor, rédacteur-gérant du Phare de la Manche, a lu ensuite un autre discours, dont voici la péroraison : « Telle était la puissance de son organisation, qu'il a » conservé, malgré les ans, toute la plénitude de son intelligence jusqu'à l'heure suprême il s'est éteint >> sans agonie, passant de la vie à la mort, comme on » passe de la veille au sommeil. La Religion, qui par>> donne et console, l'avait soutenu dans sa courte maladie, » et son ame, en se dégageant de son enveloppe terrestre, » pour ne laisser ici-bas que ces restes mortels auxquels

(1) M. Le Maistre, ancien secrétaire de M. le baron de Vanssay, préfet du département de la Seine-Inférieure, est passé, en 1842, de la sous-préfecture de Mortain à celle de Cherbourg, et vient d'être nommé, tout récemment, receveur particulier de ce dernier arrondissement.

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»> nous disons un dernier et éternel adieu, est allée re» joindre celles (1) qui l'attendaient dans le sein du Dieu » de Fénélon ! »

Nous ne devons pas terminer cette Notice sans déclarer que nous en avons puisé les éléments, en grande partie, dans les deux discours précités, et surtout dans une Notice manuscrite rédigée pour la Société royale académique de Cherbourg, par M. Edouard de La Chapelle, docteur ès-lettres et en droit, professeur de seconde au collége de la même ville, et l'un des arrière-neveux de M. Asselin.

Sur M. Louis-Edouard DUSAUSSEY, Docteur en droit, Avocat à Coutances, Membre de l'Association normande;

Par M. RENAULT, Inspecteur divisionnaire de l'Association.

L'Association normande ne doit pas seulement de la reconnaissance à ceux de ses membres qui l'ont enrichie par leurs travaux plus ou moins importants; mais elle doit aussi un souvenir à ceux qui, sachant apprécier le but de son institution, lui ont donné des preuves de sympathie en s'associant à ses pensées, et en encourageant ses efforts pour le bien public. A ce titre, M. Louis Dusaussey a droit à quelques lignes de souvenir dans l'Annuaire de l'Association.

(1) Il avait été question, précédemment, de la sœur chérie de M. Asselin, morte un mois avant lui, et de ses autres parents, dont il se rappelait douloureusement la perte.

Louis-Edouard Dusaussey, né à Coutances, le 29 août 1819, était issu d'une famille distinguée du pays. Il fit ses premières études au petit séminaire de Mortain, et alla ensuite les continuer et les compléter au collége royal de Caen. Dès son jeune âge, il se montra d'un caractère doux, d'un commerce facile avec ses camarades, doué d'un cœur bon et sensible, et plein d'inclinations vertueuses et de sentiments délicats. Il se distingua dans ses études par une application soutenue, et chaque année de brillants succès récompensèrent ses travaux.

Arrivé à l'âge de se choisir un état, la carrière des armes parut lui sourire; mais des conseils que lui donna une tendre mére l'entraînèrent vers la science du droit et des

lois, une des plus importantes dans l'ordre des connaissances humaines. Il étudia le droit avec distinction à la Faculté de Caen, et ses professeurs ont conservé de son passage à l'école un souvenir qui honore sa mémoire. Il obtint, en terminant son cours de droit, une de ces glorieuses et utiles couronnes que l'Université, dans sa sollicitude, distribue à ceux des élèves des écoles supérieures qui se sont le plus distingués par leurs efforts persévérants et leurs luttes laborieuses contre de nombreux et redoutables rivaux. Aspirant au doctorat, il soutint avec un grand succès, sur les hypothèques légales, une thèse qu'alors on regarda comme un traité sur la matière.

Bientôt Louis Dusaussey arriva à Coutances pour y exercer la profession d'avocat, dont il comprit toujours tous les devoirs. Ses débuts, qui furent brillants, firent entrevoir pour lui un bel avenir, et lui promirent une abondante moisson dans le nouveau champ qu'il allait ensemencer. Dans l'exercice de sa profession, il fit preuve de

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