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assolements. Les premiers essais ont été couronnés d'un si beau succès, que dorénavant M. Grimbert se propose d'y consacrer une étendue considérable.

Les champs ensemencés étaient parfaitement préparés. Les instruments aratoires sont ceux en usage dans le pays, sauf une charrue employée uniquement à la semaille du blé, et qui, au lieu de former un billon élevé, donne seulement à la terre une forme légèrement sphérique.

Toutes les terres pour les semailles de printemps avaient reçu un labour profond. Elles sont saines, faciles à cultiver; on rencontre le schiste sous la couche végétale, qui est profonde,

Prairies naturelles.

Les prairies sont entretenues avec le plus grand soin; d'abondantes coupures favorisent l'écoulement des eaux stagnantes; d'autres sont disposées pour l'irrigation; des terreaux sont préparés pour leur amendement.

Malgré la courte durée des baux que M. le comte d'Orglande accorde (six ans), M. Grimbert a converti en prairies plusieurs hectares de terres arables. Nous avons visité un champ laissé inculte par le prédécesseur de M. Grimbert, et là où il n'y avait que des ronces, du jonc marin et quelques bruyères, on récolte aujourd'hui 600 gerbes de blé à l'bectare. Une partie vient d'être convertie en herbage; l'herbe y est très-abondante et de bonne qualité. M. Grimbert va poursuivre ses semis fructueux, car il connaît et applique ce principe: « Si tu yeux du blé, fais du pré. »

Attelages.

Deux chevaux et quatre juments poulinières sont occupés à la culture. Il y a, en outre, sept pouliches de deux

et trois ans, et quatre poulains de l'année. Tous appartiennent à la race percheronne, et sont propres au service des postes et des diligences. Les poulinières sont bien choisies; on en obtiendrait de belles productions avec un étalon d'un sang régénérateur.

Vacherie.

La vacherie se compose de seize têtes de différents âges, trois vaches et cinq génisses, ayant successivement avorté dans le courant de l'année dernière, sans qu'il ait été possible d'en connaître la cause, malgré les soins les plus vigilants. M. Grimbert a été obligé de vendre ses animaux, et de les remplacer provisoirement. Il lui reste une génisse, que l'on distingue facilement de toutes les autres par ses formes plus régulières et un meilleur entretien. Elle est sortie d'un taureau de Durham, appartenant à M. de Torcy.

Boeufs à l'engrais.

Dix à quatorze bœufs, achetés dans le Maine et le Co tentin, sont engraissés à l'étable; leur séjour à la ferme varie de cinq à six mois. Aux avantages que le fermier retire de leur passage sur la ferme, la masse des engrais qu'il en obtient est le plus important, à son estime.

L'étendue de la ferme ne permettant pas de rendre le troupeau assez considérable pour en tirer avantage, le fermier l'a supprimé.

Fumier.

La fosse à fumier se trouve parfaitement disposée en avant des écuries et des vacheries; le mélange des fumiers s'opère sans main-d'œuvre. Les eaux étrangères ne viennent point entraîner les sels et les sucs si néces

saires à la végétation. Le purin est recueilli pour l'arrosement du fumier.

On obtient, chaque année, 300 voitures de fumier. On peut évaluer que la fumure ordinaire est de 50,000 kilos par hectare.

M. Grimbert va faire construire cette année, à ses frais, une fosse à purin.

Bâtiments.

Les bâtiments sont anciens, dans un bon état, isolés les uns des autres, dans une cour plantée d'arbres à fruits.

En nous éloignant de la ferme du Baillet, nous n'éprou vions qu'un regret : nous aurions voulu que l'exploitation dirigée par M. Grimbert fùt d'une importance qui lui permit de donner un large développement à son industrieuse activité; mais il n'en est pas moins digne des encouragements de l'Association normande. Le prix accordé par M. le ministre de l'agriculture ne peut être

mieux mérité.

Votre Commission n'a pas cru devoir hésiter entre les deux fermes qu'elle venait de visiter. Ce n'est pas une superficie morte et matérielle qu'elle devait considérer, mais celle qui était la mieux gouvernée, celle qui lui révé lait, dans tous ses détails, le travail dirigé par l'intelligence, le succès obtenu par des sacrifices, l'avenir assuré par la persévérance.

La Commission propose de décerner à M. Charles Grimbert, à Briouze, le prix de 500 francs accordé par M. le ministre de l'agriculture.

Les conclusions du rapport ont été a loptées par le Conseil permanent de l'Association.

SUR

QUELQUES USAGES DU CHARBON;

Par M. MORIÈRE, Membre du Conseil administratif de l'Association.

que

Si le carbone est un des éléments les plus répandus dans la nature, le charbon, qui n'est autre chose du carbone impur, est une des substances les plus employées dans les arts, dans les sciences et dans l'économie domestique; une des principales sources de la richesse, du bien-être et de l'amélioration de l'espèce humaine. Rappeler les propriétés les plus importantes du charbon, en faire connaître une dont M. Girardin, professeur de chimie à l'école municipale de Rouen, membre correspondant de l'Institut, a fait les plus heureuses applications, et dont nous pourrions tirer chez nous un excellent parti, tel est le but de cet article.

Le carbone, dans son état de pureté absolue, constitue le diamant, et alors il est très-rare. Les propriétés qu'il possède sous cet état d'être transparent, de réfracter fortement la lumière, de la décomposer et de briller des plus vives couleurs; sa dureté et son inaltérabilité en font un des ornements les plus précieux et les plus indestructibles. Tout le monde sait l'usage que l'on fait des pointes } de diamant pour couper le verre ou pour graver sur les corps durs : là se bornent les usages du carbone pur.

Uni à quelques centièmes de matières étrangères, le carbone forme l'anthracite, substance difficile à enflam

mer, mais qui donne une chaleur considérable en brûlant, et qui brûle d'autant plus aisément, qu'elle est en plus. grande masse.

Souillé d'impuretés et de bitume, le carbone constitue la houille ou charbon de terre,et les lignites ou bois fossiles. bitumineux.Cette espèce de charbon doit sa formation aux végétaux primitifs, à des espèces éteintes qui ont été balayées de la surface du globe à mesure que de nouvelles. couches se sont formées et sont venues recouvrir les terrains. sur lesquels se balançaient les forêts des premiers âges. Chacun connaît la consommation énorme que l'on fait de la houille pour le service des usines, des chemins de fer, des bateaux à vapeur; pour les travaux des forges, les fours à chaux, etc. Le feu, qui répand une chaleur bien. faisante, et la lampe, où resplendit la vive lumière du gaz, sont également alimentés par la houille. Ce combustible présente, dans la préparation des aliments, beaucoup d'économie sur l'emploi du bois. Les lignites peuvent aussi être employés comme combustibles dans un grand nombre d'usines: une variété de lignite, appelée jais ou jaget, sert à faire des bijoux de deuil.

En combinaison avec l'oxigène et constituant l'acide carbonique, on trouve le carbone dans l'air atmosphérique et dans les eaux minérales mousseuses. L'acide carbonique fait partie de tous les carbonates; et, parmi les diverses espèces de ce genre de sels, le carbonate de chaux est extrêmement répandu dans la nature.

Enfin, le carbone est le principe le plus abondant des substances végétales et animales. Les plantes sont formées généralement de trois principes élémentaires : carbone, hydrogène et oxigène, auxquels vient souvent s'ajouter,

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