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FAIT AU

CONSEIL GÉNÉRAL DE L'AGRICULTURE,

Dans la Séance du 9 Janvier 1816,

Par une Commission composée de :

MM. VUITRY, Président; TOURRET, Vice-président; YVART, Inspecteur général de l'agriculture; vicomte PERRAULT De Jotems; Lefebvre-Sainte-MaRIE, Inspecteur général de l'agriculture; duc de LIANCOURT; comte de JOUFFROY-GONSANS; comte ANGLÈS; de BEHAGUE; Comte de MORNY; duc de LAFORCE; DESJOBERT, et le marquis de TORCY, Rapporteur.

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» Le Conseil, en formant une seule Commission pour l'amélioration des races de nos animaux domestiques, en lui confiant le mandat de traiter les diverses questions qui touchent aux différentes espèces, a pressenti une sorte d'analogie parmi ces questions, et pensé qu'il existait entre elles de nombreux rapports, ainsi qu'il s'en rencontre entre les animaux eux-mêmes, aux yeux expérimentés de l'homme habitué à les étudier dans un but de progrès et d'utilité.

Sous le point de vue économique, ces questions sont

d'un ordre tout-à-fait général et dominées par les mêmes principes; en sorte que, s'il existe quelques divergences d'opinion entre les hommes éclairés, cette divergence ne tient pas aux principes adoptés par tous, mais repose seulement sur le plus ou moins de convenance et d'opportunité de leur application générale et immédiate.

» Dans la pratique, les raisons de décider sont les

mêmes.

>> Des difficultés égales attendent l'éleveur désireux de se procurer les types améliorateurs dans les différentes races, de les conserver et de les approprier, avec avantage, aux conditions particulières de son exploitation aux besoins généraux d'une civilisation avancée, aux demandes d'une industrie habile et sage dans ses calculs.

>> Toujours et partout, il se trouve en face d'exigences diverses, qui l'influencent ou le commandent impérieusement soit qu'il veuille, dans l'espèce chevaline, allier les qualités du cheval de guerre aux formes recherchées par le commerce ;

» Soit que, dans l'espèce bovine, il tente d'associer aux facultés laitières et à la possibilité du travail la prédisposition à l'engraissement;

» Soit que, pour l'espèce ovine, répondant aux demandes de l'industrie, il recherche les qualités de laine réclamées par les fabriques, sans négliger la production de la viande sollicitée par la consommation;

» Soit enfin que, par une spéculation d'un ordre plus modeste, mais recommandable aussi, il élève cet animal utile qui vit des restes de nos tables, et fait, à son tour, la base de l'alimentation ménagère chez les populations ru rales.

» Là encore un problème est à résoudre, celui d'une production fructueuse avec nos races indigènes, grosses dépensières; ou d'une vente facile, avec les races perfectionnées, devenues, par le perfectionnement même, d'un difficile transport.

» Partout la lutte est ouverte pour l'homme éclairé et patriote qui veut le bien et recherche le mieux. Ici, des préjugés souvent respectables, toujours difficiles à surmonter; là, des impossibilités financières et pratiques ; de tous côtés, l'absence de connaissances suffisantes, triste résultat du manque d'enseignement.

>> Dans un tel état de choses, au milieu d'entraves si nombreuses, alors que nos institutions démocratiques amènent journellement la division des fortunes et de la propriété foncière, le soin de l'amélioration des races peut-il être abandonné complètement à l'industrie particulière, comme le demandent quelques personnes, qui nous offrent pour modèles l'exemple et les progrès d'un pays voisin ?

Votre Commission ne l'a point pensé.

Suivant elle, on ne peut obtenir des résultats iden tiques dans des conditions tout-à-fait dissemblables.

» Nous ne contestons nullement; nous admirons, au contraire, les beaux résultats obtenus par l'aristocratie britannique.

>> Nous envions surtout à nos voisins ce patriotisme, levier puissant de l'association.

» Nous leur envions ces sociétés agricoles de neuf mille membres, et les gros budgets dont elles disposent.

>> Ce sont là de grands moyens d'émulation et de succès. Mais au moment où les crises politiques ébranlent la base

de la société anglaise, assise et fondée sur le privilége, nous nous consolons du spectacle de tant de grandeur, par l'aspect plus paisible et plus sûr de notre heureuse médiocrité.

» Semblable à ces associations laborieuses de frères qui répandent autour d'elles la prospérité, l'ordre et le bonheur, la France, cette terre d'égalité, soumise au niveau social, n'a de force puissante qu'une seule force, celle de tous cette force, c'est l'Etat qui la représente et la dispense ; c'est à lui de l'employer au profit de la grande communauté, et de ne point se ménager dans son emploi.

» A lui le rôle de protecteur des industries; à lui l'initiative de l'instruction à répandre, de l'exemple à donner; à lui aussi les dépenses que nos modestes fortunes ne peuvent pas supporter !

» Cette opinion n'a point trouvé de contradicteurs parmi les membres de votre Commission.

» Le principe de l'intervention de l'Etat étant admis, votre Commission a dû s'occuper du mode et des circonstances de cette intervention, en régler l'emploi, en prévenir l'abus.

Unanime dans l'adoption du principe, la Commission ne l'a pas toujours été dans l'application de ce même principe. La minorité a quelquefois voulu restreindre cette application, plus que la majorité n'a jugé convenable et possible de le faire.

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L'opinion qui a prévalu est en tous points conforme à celle émise par le Conseil général lui-même, dans sa session de 1842, à propos de la question chevaline. Cette opinion se formule en ces termes :

» 1° Nécessité pour l'Administration d'intervenir dans

» l'amélioration des races de nos animaux domestiques, » en aidant à l'industrie privée, pour provoquer son développement, la suppléer tant qu'elle n'est point développée, et se retirer devant elle au moment où celle-ci » peut être livrée à elle-même.

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» 2o Convenance, pour l'Administration, de s'abstenir » de toute production autre que celle des types régéné⚫rateurs des races étrangères ou nouvelles, destinés à » être vendus ou cédés à l'industrie particulière.

» Les mesures que nous aurons l'honneur de vous proposer, au nom de votre Commission, seront toutes prises dans cet ordre d'idées, et tendront toutes vers le but indiqué.

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» Il résulte des principes précédemment posés, que l'Administration doit prendre à sa charge tout ce que l'industrie privée ne peut pas faire, et qu'elle doit s'abstenir de tout ce qui peut être entrepris, avec avantage et profit, par l'industrie privée.

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Ainsi, les importations des races étrangères,

» La production des types régénérateurs,

» Les essais tentés sur des races nouvelles,

des

» Sont essentiellement du ressort de l'Administration. ▸ Elle doit aussi faciliter par des primes, des prix, encouragements de toute sorte, des enseignements de toute nature, des dispositions législatives et administratives, l'amélioration des races par l'industrie privée, et l'entretien chez les particuliers des types régénérateurs ( à quelque race que ces types puissent appartenir), du mo

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