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3° Que puisque l'arsenic, le sulfate de cuivre, le vertde-gris, et autres composés vénéneux, peuvent être rempla cés avec avantage, pour le chaulage du blé, par le sulfate de soude et la chaux, il soit demandé au Gouvernement l'interdiction de la vente de ces poisons dans les villes et

Pour un hectolitre de semence, il faut 2 kilogrammes de chaux caustique en morceaux, et 640 grammes de sulfate de soude ou sel de Glauber du commerce.

On fait d'abord dissoudre ce dernier sel dans 8 à 9 litres d'eau chaude; d'un autre côté, on procède à l'extinction de la chaux. Le meilleur moyen consiste à placer quelques pierres de chaux dans une manne ou panier, et à plonger le tout dans l'eau froide pendant quelques secondes; on la retire aussitôt, et on dépose la chaux sur le sol, où elle s'échauffe et se réduit spontanément en poudre.

Lorsqu'on veut opérer le chaulage du grain, on le place dans un grand baquet, et, pendant qu'un homme le remue en tous sens au moyen d'une pelle, on l'arrose avec la dissolution de sulfate de soude, de manière à ce que le grain soit bien humecté partout, et qu'on voie le liquide en léger excès. Alors on répand la poudre de chaux sur la masse du blé, tandis que l'ouvrier la remue constamment, de manière à ce que tous les grains soient exactement couverts de chaux.

L'opération est alors terminée pour cet hectolitre de froment, et on le sort du baquet pour le déposer dans un des coins de la pièce où l'on opère. On le remplace par un nouvel hectolitre de grain qu'on manipule de même. Ce travail n'exige que quelques minutes pour chaque hectolitre, et l'on peut ainsi sulfater, dans une heure, la quantité de froment que l'on sëmera, pendant plusieurs jours, dans

une grande exploitation.

Le froment ainsi préparé paraît sensiblement sec peu de temps après le sulfatage, et il peut se conserver en tas, pendant plusieurs jours, sans s'altérer. Si l'on craint qu'il ne s'échauffe, ou le remue ou on le change de place de temps en temps.

campagnes, et de leur emploi dans la préparation des semences (1) ;

4o Enfin, que la connaissance des faits et observations consignés dans le présent Rapport, soit donnée aux cultivateurs par tous les moyens de publicité possibles.

J. GIRARDIN,

Secrétaire général de l'Institut des provinces.

RECHERCHES

De l'arsenic et du cuivre dans les blés chaulés avec de l'acide arsénieux et le sulfate de cuivre.

I. Existe-t-il de l'arsenie dans les blés provenant de semences chaulées avec l'acide arsénieux ?

Non, disent un grand nombre de chimistes (2), et notamment les commissaires de l'Institut qui ont publié, en 1841, un si beau Rapport sur l'emploi de l'appareil de Marsh dans les recherches de médecine légale.

(1) M. A. Chevallier a formalé la même conclusion, en 1844, dans son Mémoire déjà cité sur le chaulage des grains par des substances toriqués.

(2) Les chimistes qui ont nié, à la suite d'expériences, la présence de l'arsenic dans le blé chaulé par l'acide arsénieux, sont MM. Boutigny, Orfila, Chevallier, Raspini, Soubeiran, Peltier, Vever, le docteur Wisserhoff, Louyer et de Hemptines de Bruxelles, Legrip,

Chatin.

Oui, dit M. Audouard fils, de Béziers, qui affirme avoir retrouvé de l'arsenic dans les pailles et les grains provenant de blés chaulés avec cette substance, et cultivés dans le département de l'Hérault.

En présence de ces assertions contradictoires, j'ai profité de ce que j'étais en possession d'assez grandes quantités de blés primitivement chaulés à l'arsenic, pour reprendre l'examen de cette grave question.

Voici, en peu de mots, comment j'ai opéré :

J'ai fait chauffer, à une douce température, plusieurs kilogrammes de blé avec de l'acide sulfurique pur, jusqu'à ce que le tissu du grain fùt complètement désorganisé. C'est une opération fort longue, qui exige plusieurs jours, mais qu'on peut abréger en ayant soin de concasser fortement les grains à l'avance. J'ai ensuite fait bouillir le magma charbonneux avec une suffisante quantité d'acide azotique pur, et j'ai décanté la liqueur acide. Le charbon a été épuisé par l'eau distillée bouillante. Les eaux de lavage ont été réunies à la liqueur nitrique, et le tout a été concentré, avec addition successive de petites quantités de chlorate de potasse, jusqu'à décoloration complète de la liqueur. Celle-ci, réduite à un petit volume, a été mise à bouillir avec de l'acide sulfurique pur, pour chasser tous les composés de l'azote et du chlore. Dans cet état, elle a été introduite dans un appareil de Marsh, fonctionnant à blanc depuis quelque temps, et elle ne m'a fourni aucun indice d'arsenic.

J'ai repris le charbon, primitivement épuisé par l'acide azotique et l'eau, et je l'ai incinéré dans un creuset neuf avec un excès de nitre pur. Le résidu salin, dissous dans

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l'eau, a été décomposé par l'acide sulfurique; la liqueur définitive, introduite dans l'appareil de Marsh, n'a donné aucune trace d'arsenic.

J'ai répété ces expériences à plusieurs reprises, en variant les modes de traitement, et en opérant toujours sur au moins 2 kilogrammes de blé, et jamais je n'ai pu constater dans les grains la moindre trace arsenicale.

J'affirme donc que les blés chaulés en 1843 et 1844, au moyen de l'acide arsénieux, ont produit des semences absolument dépourvues d'arsenic.

Précédemment, MM. Soubeiran et Loiseleur-Deslonchamps , en répétant les expériences de M. Audouard, ont obtenu les mêmes résultats négatifs que moi.

II. J'ai voulu vérifier si les blés provenant de semences chaulées avec le sulfate de cuivre contenaient quelques traces de ce dernier métal. On sait, par les expériences de MM. Springel, Boutigny et Vever, que les plantes cultivées dans un terrain qui a reçu de petites quantités de sulfate de cuivre, renferment manifestement du cuivre dans leurs différents organes.

En conséquence, j'ai incinéré plusieurs kilogrammes de blé venant de nos cultures chaulées au sulfate de cuivre. Les cendres ont été épuisées par l'acide azotique bouillant, et les liqueurs ont été évaporées jusqu'à siccité. Le résidu a été repris par une très-petite quantité d'eau, et, dans cette liqueur légèrement acidulée, j'ai fait tremper une grosse aiguille d'acier poli pendant vingt-quatre heures. Au bout de ce temps, l'aiguille était recouverte d'une enveloppe rougeâtre qui, détachée, m'a offert, au moyen des réactifs appropriés, tous les caractères du cuivre.

Du blé, provenant de semences non chaulées, traité de la même manière, ne m'a fourni que des traces insignifiantes de cuivre.

Ainsi donc, contrairement à ce qui a lieu avec l'acide arsénieux, le blé qui a été chaulé avec le sulfate de cuivre donne des semences dans lesquelles il y a toujours une proportion de cuivre très-sensible.

J. GIRARDIN.

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