précis, pour que le fecond Vaiffeaux Suédois nommé Ulrica Eleonora, expedié depuis aux fufdites Indes Orientales, puifle faire fon Voyage librement & fans empêchement, & qu'il ne lui foit fait aucune injure par la Republique ou fes fujets; Sa Majefté étant fermement réfolue de proté ger & de maintenir fes Sujets dans la jouïffance du Privilege & de l'Ocroy qu'elle leur a accordé pour le Commerce aux Indes..

Le fousfigné prie très-refpectueusement Votre Hautes Puiffances de lui donner une Réfolution favorable afin d'en pouvoir faire rapport à Sa Majesté. Faite à la Haye le 11. Août 1733.

Copie d'une Lettre écrite par le Sr.
Collin Campbel au Sr. Henry Kö-
ning, Directeur de la Compagnie
Orientale Suédoife.

MESSIEURS HENRY KÖNING ET COMP.

I

Ly a trois jours qu'allant notre route

nous vimes au détroit de la Sonde fept Vaiffeaux à l'Ancre, qui fi tôt qu'ils nous virent, leverent leur Ancre & le mirent à la voile pour nous aprocher. Voyant cette manœuvre, nous nous mimes au large pour gagner le vent, avec intentions de les paffer; mais malheureufement le courant nous en empêchoit, & nous obligeoit de jetter l'ancre. J'envoyois Mr. Stytman Bremer, à bord

du

du Commandeur des Vaifleaux Hollandois (car ils porterent tous Pavillions Hollandois) pour demander la raison de telle maniére d'agir avec les Copies de tous nos Pafleports; Ils retinrent Bremer & notre Chaloupe, & toujours firent voile pour nous approcher d'avantage, pendant que nous ne pouvions bouger à caufe du vent & du courant. Ils tirerent un coup du Canon pour faire baiffer le Pavillon, & enfin hier au matin envoyérent, à bord pour le Capitaine avec ordre d'apporter fes Paffeports & Commiffions avec lui, ce qu'il fit. Peu de tems après ils appellèrent un Grand-Confeil à bord du Commandeur de tous les Capitaines & après avoir pris réfolution, à envoyerent abord de notre Vaiffeaux pour une partie de notre Monde, & mirent abord du notre des autres dans leur place. Après-midi vint un autre ordre pour faire fortir tous nos gens, Officiers & Matelots, fi bien que les Super - Cargo, & de ne laiffer abord que le Capitaine & moi & quelque peu de Sous-Officier au nombre de 12. en tout. En attendant je travaillois à faire une Protestation au nom de Sa Majesté pour avoir affronté fon Pavillon, & fi-tôt quelle étoit faite, je l'envoyois au Commandeur avec une Lettre & j'infiftois que toute cette procedure étoit des Actes d'hoftilitez & une brêche à l'amitié & à l'Alliance entre le Roi de Suéde & les Etats Généraux, & en particulier un affront fingulier contre la Dignité de Sa Majesté fait à ma perfonne, étant fon Envoyé & Pléni

Plénipotentiaire. Je n'ai pas le tems de vous écrire au large; Enfin, je demando's, qu'ils me renvoyaffent les Super-Cargos & mon Coufin Daniel Campbel, comme é tant de ma fuite, on m'avoit laiflé Mr. Moir pour un de mes Valets. Comme la Proteftation étoit en Suédois, le Commandeur dit qu'il ne l'entendoit point, mais comme les Super-Cargos étoient préfens ils lui en expliquerent le contenu. Il répondit comme les autres Capitaines firent, qui venoient fur notre bord, que ce n'étoit pas leur faute, parce qu'ils avoient ordre de leurs Supérieurs pour tout ce qu'ils avoient fait, & pour nous mener à Batavia, & que fi le Roi de Suéde avoit été ici en perfonne, ils étoient obligez de faire de même, mais avec promeffe, que dans peu de jours notre affaire feroit terminée à Batavia, & que nous pourions après poursuivre notre route.

La grande équité de Leurs Hautes Puiffances & leur attention à éviter de donner à aucune Puiffance de juftes fujets ,, de plainte paroit par la prompte réponce qu'Elles firent à ce Mémoire. Elles ,, l'envoyerent d'abord à la Chambre des Directeurs de la Compagnie des Indes, ,, pour favoir d'eux ce qui pouvoit avoir donné occafion à cette conduite de la ,, Régence de Batavia. Les Directeurs ré,, pondirent. Qu'ils n'avoient envoyé aucun ordre qui pu avoir donné lieu à ce dont la Cour de Suéde fe plaignoit, bien loin de là,

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& qu'ils croyoient la Régence de Batavia trop prudente pour en agir ainfi fans des ordres exprès, mais que leurs dernières Lettres du 8. Decembre 1732. ne faisant aucune mention de ce fait, ils ne pouvoient donner d'autres Lumieres à Leurs Hautes ,, Puiances & qu'ils les prioient de pouvoir diferer à les en informer jusqu'à ce qu'ils euffent " reçu avis des Indes de quelle manière la chofe s'étoit paffée. Leurs Hautes Puiffances firent favoir cette réponse au Ministre de ,, Suéde, ajoutant qu'elles pouvoient affurer qu'elles n'avoient donné de leur part aucun ordre non plus que la Compagnie, & qu'ayant toujours une fincere intention de vivre en bonne Amitié avec Sa Majesté le Roi de Suéde de cultiver la bonne intelligence qui fubfiftes entre les deux Nations, Elles font encore dans les mêmes fentimens.

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Les Espagnols, qui, jufqu'à présent, n'avoient point admis chez eux l'Ufage ,,des Compagnies de Commerce & de Navigation, trouvant par experience que celle qu'on venoit d'établir dans la Pro,, vince de Guipuscoa pour naviger aux Caraques, trouvoit dans ce Commerce exclufif de grands avantages, formerent le Plan d'une Compagnie pour naviger vers les Indes Orientales; & ce Plan ayant été communiqué à la Cour, Sa Majefté Catholique l'aprouva, nonobftant, les ,, opofitions que formèrent quelques Miniftres étrangers qui firent entendre à ,, ceux de Sa Maj. que ce projèt étoit contraire à divers Traités. Voici cet O&troy.

PHILIPPE par la Grace de Dieu Roi de

Caftille, de Leon, d'Arragon, des deux Siciles, de Jerufalem, de Navarre, de Grenade, de Tolede, de Valence, de Galice, de Mayorque, de Seville, de Sardaigne, de Cordoue, de Murcie, de Jaen, des Algarves, des Algecires, de Gibraltar, des Ifles des Canaries, des Indes Orientales & Occidentales, Ifles & Terre Ferme, de la Mer de l'Ocean, Archiduc d'Autriche, Duc de Bourgogne, de Braband & Milan Comte d'Abfpurg, de Flandres Tirol & Barcelone, Seigneur de Bifcaye & de Molina, &c. &c.

D'autant que les Monarchies ne font opulentes qu'à proportion du Commerce qui s'y fait, il eft du bien de nos Sujets pour l'augmentation de leurs richefles, & de notre propre intérêt pour nos revenus, de procurer dans l'étenduë de nos Etats & Domaines les établiffemens qui peuvent y produire des effets fi avantageux dans cette vue nous défirons, que le Commerce fleuriffe non feulement dans nos Indes Occidentales, mais qu'il puiffe être porté directement dans nos Ifles des Philippines: pour cela nous jugeons à propos, de notre propre mouvement, pleine connoiffance, autorité Royale, & droit de Souveraineté, d'établir, & former une Compagnie expreffe pour le Commerce de nos dites Inles des Philippines, qui aura fon étendue dans toutes nos autres Provinces, & Royaumes: nonobftant la prohibition Tome VIII.

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