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mois, ni la Cour de Berlin, à ce que le Senat fache, ni le Miniftre du Roi de Pruffe qui refide ici, & fous les yeux duquel le tout s'eft paffé paisiblement, n'ont fait le moindre pas pour s'oppofer à cette affaire, ou pour y trouver à redire feule

ment.

Le Senat fçait fort bien, qu'il ne lui convient point du tout, de juger des Droits & Pretenfions qui font en difpute entre de grandes Puiflances; mais par la même raifon, & parce que Mr. l'Envoyé Extraordinaire & Mr. le Refident alléguent eux mêmes dans leur Memoire, qu'ils ne demandent la Sequeftration ou l'Arrêt que jufqu'au tems que Sa Majesté Britannique & Leurs Hautes Puiffances fe foient éclaircis avec les Princes qui voudroient prendre part à cette affaire: Le Senat en doit conclure, qu'il y a encore d'autres Intéreffez, & c'est pourquoi il efpére, que cette circonftance lui fervira, auffi bien qu'à toute la Ville d'une bonne excufe auprès de leurs Souverains, qui aiment tant la Juftice & l'équité, en ce que le Senat & la Ville n'ofent fe méler de femblables affaires, & qu'ils ont raison d'éviter de fe rendre refponfables par leur précipitation non feulement à Sa Majefté Pruffienne, mais auffi à ces autres Puiffances, qui dorenavant y peuvent encore prendre part.

Quant au fecond Argument, par raport. aux Vaifleaux, qui des Indes Orientales prennent leur Cours directement vers cette Ville, il eft notoire, que l'Elbe eft un

Fleuve commun & libre de l'Empire Germanique, & qu'il appartient à Sa Majefté Imperiale, comme Chef fuprême de l'Empire, auffi-bien qu'à tous les Electeurs, Princes & Etats, particulièrement à ceux, dont les Païs font fituez fur le bord de cette Riviè re, de regler & limiter fon Commerce & la liberté du Negoce, au bien & profit de la Nation Germanique: d'où il s'en fait, qu'il eft fi peu dans le Pouvoir de la Ville de Hambourg, d'entreprendre quelque chofe contre l'autorité & les Droits de Sa Majefté Imperiale & de l'Empire, que quand même la Ville voudroit avoir la pensée, de violer tellement fon devoir & fa fidélité envers l'Empereur & l'Empire, fa fituation & d'autres, circonftances font telles, qu'elle ne pourra rien faire ni empêcher effectivement. La Ville fe trouve plûtôt obligée', à caufe qu'elle fubfifte d'un libre Commerce, & qu'il n'y a aucun Traité pour lui lier les mains fur ce Chapitre, d'admettre librement & fans obftacle dans fon Port tous les Vaifleaux, qui ne font pas des Ennemis de l'Empire ni Pirates, & qui payent les Droits. C'eft pourquoi elle n'a pu refuler l'entrée à un Bâtiment pourvu de Pafleport & de Pavillon Pruffien, d'autant moins, qu'il avoit déja paflé librement par devant la Ville & la Douane de Stade, qui appartiennent à Sa Majesté Britannique.

Au refte, puifque l'Honorable Senat, lorfque les Vaiffeaux qui viennent dans ce Port ont payé les Droits ufitez, ne fe fouV 4

cie

cie plus de leurs Cargaifons, laiffant la liberté aux Proprietaires d'en difpofer felon leur bon plaifir, comme cela fe doit pratiquer dans une Ville Libre & Marchande, ainfi, outre la Déclaration générale faite à la Douane, il n'a pris aucune connoiflance des effets du Vaiffeau en question, & confequemment il ne le fauroit faire à préfent par les motifs alleguez ci-deffus & principalement dans ce cas-ci, par cette raison, qu'il lui feroit impoffible d'apprendre la qualité & la quantité d'une partie de la Cargaifon,ci devant spécifiée par des feuilles imprimées, qui fe trouveroit encore dans cette Ville, après l'expiration de trois, mois. Il ne fauroit non plus apprendre, à qui ces reftes appartiennent, combien il a été payé fur ces Denrées, ou comment leur proprieté à été changée, Hypothequée & alienée par l'acceptation des Billets de change ou autrement. Pour ne pas dire, que les Loix fondamentales & Conftitutions de la Ville, fur lefquelles le Senat à juré de les maintenir, ne lui permettent pas, de vifiter, examiner, comme il feroit preallablement néceffaire dans ce cas-ci, les Maifons, Magazins, Caves & Greniers des Bourgeois & Habitans, lorfqu'il n'y a pas de crime capital, ni de les faire garder par fentinelles, à def fein d'empêcher qu'ils n'y faffent librement entrer où en fortir leurs Marchandifes & effets ce qui feroit diametralement contraire à la liberté & fûreté de tous les habitans & du petit Trafic, qui refte encore

à la

à la Ville, ce feroit même une chose tout à fait inutilc & infructueufe.

A ces caufes l'Honorable Senat prie inftamment Monfr. l'Envoyé Extraordinaire & Monfr. le Miniftre Resident de rapporter favorablement au Roi de la Grande Bretagne & à Meffieurs les Etats Généraux, qu'il eft moralement impoffible au Senat & à la Ville d'acquiefcer aux Demandes de Sa Majefté Britannique & de Leurs Hautes Puillances, dans le cas préfent, où le Senat & la Ville fe jetteroient affurement dans des embaras extrémes; & que de l'autre côté le Senat eft prêt & porté de tout fon cœur, autant que fes petites forces le permettent, d'aider de plus en plus à encourager & faire fleurir le Negoce Britannique & Hollandois dans cette Ville.

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DIEDERICH DE DOBBELER
L. & Secretaire.

Voici le Paffeport Pruffien dont il eft ,, parlé dans cette Reponce du Magiftrat. Il faut remarquer que tout ce qui eft en Caractére Romain paroiffoit écrit d'une ,, autre main, d'une Ecriture plus fraiche ,, que le refte & par confequent ajouté ,, après coup; enforte que l'on pouvoit ,, en conclure que ce Paffeport avoit été obtenu à tout hazard pour le premier Vaifleau qui a fon retour en auroit be,, foin, enforte qu'on avoit laiffé en blanc tout ce qui a été rempli, fuivant le cas où l'on fe trouvoit.

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Os FREDERICUS GUILLELMUS Dei Gratia Rex Boruffiæ &c. &c. Notum facimus, cum nobilis Johannes Adamus Pruner, Conful civitatis Lintz in Auftria fuperiore, illiufque Provincia Deputatus & Publicus Negotiator cum aliquibus Confortibus defcreverit inftruere navim nomine Apollo, vehentem circiter quatuor centa dolia ea intentione ut eadem curet exercere Commercia in quibuscunque portubus & locis quibuscum nulla Nobis intercedunt inimicitia, idque per Monarchas, Principes, vel locorum Poffeffores permiffum eft, tam citra quam ultra lineam æquinoctialem, fub ductu Navarcha Michaelis Cayphas. Eaque de caufa prædictus Johannes Adamus Pruner Nobis humillimis precibus fupplicaverit, nt fupra nominato Navarche Regiam Noftram Commiffionem clementer indulgeremus, quatenus in præmeditata Navigatione ipfum adverfus Piratas & quofcunque alios inimicos, protegere & defendere dignaremur, Nos de peculinri Noftra Gratia ac benevolentia ei in fuis Navigationibus & commerciis impensè faventes, notum teftatumque facimus, quod per præfentes litteras, Regiam noftram Commiffionem damus & concedimus fupradicto Joanni Adamo Pruner & Confortibus ad inflruendam præfatam navim, cognominatam Apol10 Sub ductu prænominati Navarcha Michaelis Cayphas; eidem libertatem & authoritatem concedentes difcedendi, navigandi, revertendi, ubi & quocunque ei vifum fuerit, atque negotiandi, navim onerandi exoneran

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