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de représenter à l'honorable Magiftrat, que le Sereniffime Roi fon Maître & L. H. P., qui de tout tems ont temoigné tant de Bonté pour cette Republique, ont été trèsfurpris d'apprendre, que non feulement les effets du Vaiffeau l'Apollon, revenû des Indes Orientales fur l'Elbe, ont été envoyez à Hambourg, mais que de tels Interlopes & Violateurs de la foi des Traitez trouvent un azile, & font tolerez dans cette Ville.

Le Roi & Leurs Hautes Puiffances efperent, que les Magiftrats ne voudront point encourager de telles Collufions, & comme ils ne peuvent point ignorer ce qui s'est paflé ci-devant fur pareil fujet, le Magiftrat jugera facilement, que Sa Majesté & Leurs Hautes Puiffances ne pourront point régarder avec indifference le refuge & l'azile qu'ils voudront donner à un Commerce aux Indes, en faveur d'Etrangers fans aveu, ou agiflans contre la bonne foi des Traitez.

A ces caufes les Miniftres fouffignez demandent au nom & par ordre exprès de leurs Souverains, qu'il plaife à l'Honorable Magiftrat non feulement d'interdire la vente publique des effets ou de la Cargaifon du Vaiffeau l'Apollon, mais qu'il faffe fequeftrer le Vaiffeau qui eft dans ce Port & tous les fufdits effets de l'Apollon qui se trouvent dans les Magazins particuliers de cette Ville, afin d'empêcher qu'aucuns des fufmentionnez effets, appartenans aux intéreffez en général, ou aux Qfficiers en Tome VIII. V

par

particulier, ne foyent tranfportez hors de la Ville, ni vendus fous main avant que le Roi & les Etats Généraux, fe foyent éclaircis avec les Puiffances, qui contre toute attente voudroient s'intereffer dans cette affaire.

1

Les fouffignez Miniftres ne doutent point, que l'Honorable Magistrat, réflêchiffant ferieufement fur ce que deffus, ne donne une reponfe favorable, qui puiffe fournir occafion aux fouffignez, de louer l'attention de Mrs. les Magiftrats, pour leurs Souverains, & la promptitude avec laquelle ils auront acquiefcé à des demandes auffi juftes que bien fondées. Ils en font d'autant plus perfuadez, que Mrs. les Magiftrats concevront facilement, qu'il leur importe infiniment d'avantage, de tenir une conduite, tendant à fe conferver dans les bonnes graces du Roi & de Leurs Hautes Puiffances, que d'expofer leur Ville & le Commerce de fes Habitans à des dangers & difficultez, pour faire plaisir à des étrangers fans aveu, ou qui agiffent directement contre les ftipulations d'un Traité folemnel.

A Hambourg, le 10.

de Decemb. 1731

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C. WICH.

J. S. MAURICIUS.

Le Magiftrat repondit a ce Memoire ce qui fuit, extrait du Protocole.

EXTRAIT

Des Regitres particuliers de l'Ho norable Senat de Hamburg, Mercredi le 12. de Decemb. 1731.

I's

L a été conclû & commis à Mr. le Syndic Sluter & à Mr. le Senateur de Weftphalen, de porter la Reponse qui fuit à Mr. de Wich, Baronet, Envoyé Extraordinaire de Sa Majefté Britannique, & à Mr. Mauricius, Miniftre & Réfident de Leurs Hautes Puillances, Meffieurs les Etats Généraux des Provinces Unies, fur le Memoire, qu'ils ont infinué conjointement, le 10. de ce mois, prefqu'à la fin de la féance, aux Deputez de l'Honorable Senat, & fur la pièce y attâchée, touchant le Vaiffeau, venû des Indes Orientales, ap pellé l'Appollon, favoir.

Que le Senat en conformité des Conftitutions de cette Ville, avoit été obligé de communiquer une affaire pareille aux élus de la Bourgeoifie, & de prendre préalablement les informations néceffaires au Sujet des Circonftances & de la difpofiiton du Vaiffeau, dont il s'agit; c'eft pourquoi il efpere, que Mr. l'Envoyé Extraordinaire & Monfr. le Réfident, fuivant leur équité, ne trouveront pas mauvais, qu'il n'a't、 pas été en état avanthier, de repondre d'abord à leurs propofitions.

Autant donc que le peut de tems l'a voulû permettre, l'Honorable Senat a apris que le Vaifleau Apollon eft venu des Indes Orientales, favoir de la Chine; mais qu'il eft muni de Pavillon & de Paffeport du Roi de Pruffe; qu'à fon rétour il a relâché dans un Port d'Irlande, où il s'est arrêté quinze jours; qu'il a paffé librement par tout le Canal, qu'à son arrivée sur l'Elbe, à laquelle on s'attendoit quelque tems auparavant, ce Vaiffeau n'a pas manqué de jetter l'ancre, de denoncer fa Cargaifon & de payer les Droits devant la Ville de Stade, Fortification & Doüane Sujettes à Sa Majefté Britannique, en qualité de Duc de Breme & de Verden; & enfin que ledit Vaiffeau a déja été dans le Port de Hambourg il y a trois mois, où il a d'abord déchargé & livré fes effets à ceux, auxquels ils étoient confignez, qui en ont, depuis ce tems-là, difpofé par des ventes &

autrement.

Et bien que le Senat & la Ville ayent toute la Vénération imaginable pour Sa Majefté Britannique & pour Leurs Hautes Puiflances, dont ils eftiment fi fort la gracieufe bienveillance & affection, qu'ils feroient bien aife d'employer tout ce qui eft dans leur pouvoir au fervice d'un fi grand Monarque & d'une Republique fi puiffante, de la bonne grace defquels, comme jufqu'ici ainfi à l'avenir, ils fe peuvent promettre beaucoup d'aide & d'affiftance: cependant le Senat efpére très-humblement, qu'il lui fera permis de représenter les rai

fons

fons confiderables, qui l'empêchent d'exé cuter ce qui à été defiré, & qui même en mettent l'accompliffement au delà de fes forces, d'autant, qu'on ne s'eft pas attendu à des Inftances par rapport à ce Vaiffeau, quoique non feulement quelque tems avant fon arrivée, on doit avoir eu connoiffance du deffein qu'il avoit de fe rendre à Hambourg, & qu'au furplus il fe trouve déja ici depuis trois mois, fans qu'on ait fait aucun mouvement à fon Sujèt; mais qu'il eft auffi à confiderer que ledit Vaiffeau a été auparavant, en toute liberté & fûreté, dans un Port Irlandois, & que même on ne l'a ni arrêté, ni pris pour fufpect à Stade & à la Doüane de Sa Majefté Britannique.

Qu'ayant plu à Monfr. l'Envoyé Extraordinaire & à Monfr. le Réfident, de fonder leurs demandes, touchant la Sequeftration ou l'Arrêt de l'Appollon & de fes effets fur deux Argumens, dont l'un eft, qu'ils fe perfuadent que ce Vaiffeau n'eft fous aucune Protection, & l'autre, qu'en général des Vaiffeaux venant directement des Indes Orientales n'ofent mouiller à la Rade de cette Ville, ni y apporter leurs Cargaifons: il fera permis de repondre au premier Point, qu'il eft incontestablement vrai, que le Vaiffeau Apollon Porte Pavillon & Paffeport Pruffiens, qu'on l'a confi deré à Stade, à la Douane Royale & Ducale de Sa Majesté Britannique comme un Vailleau Pruffien, & que, après ce que toutes les Gazettes en ont dit depuis 3. V 3 mois

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