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fouffrir que pareille chofe arrive à l'avenir; car nôtre honneur nous engageroit à prendre la refolution de ne donner aucune réponce à des Lettres, ou à des Memoires qui feroient publiés de la forte. Au reste nous prions Dieu &c.

A Kinfington le 9 Juin 1712.

Vôtre bien bonne Amie.

Signé, ANNA R.

(Plus-bas)
St. JOHN.

HARANGUE

DE

Sa Majesté la Reine de la Grande-Bretagne, aux deux Chambres du Parlement, du Vendredy fuin 1712.

MYLORDS & MESSIEURS,

C'e

'eft la prérogative incontestable de la Couronne, de faire la paix & la guerre, neanmoins j'ay une fi grande confiance en vous, que je vous informay à l'ouverture de cette feance, qu'on avoit commencé une Négociation pour une Paix Générale, &

Tom. 11.

B

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enfuite par des Meffages je vous ai promis de vous communiquer les Conditions de la paix avant qu'elle foit conclüe.

Selon cette promeffe je viens maintenant pour vous faire fçavoir, fous quelles condi tions on peut faire une Paix Générale.

Il n'eft pas néceffaire que je faffe mention des difficultés, qui naïffent de la nature même de cette affaire, & il n'eft que trop évident que ces difficultés ont été augmentées par d'autres obftacles machinés artificieufement, pour empêcher une fi grande & fi bonne œuvre.

Rien pourtant ne m'a detourné de travailler avec fermeté, en premier lieu, au veritable Interêt de mes propres Royaumes, & je n'ai rien omis de ce qui pourroit procurer à tous nos Alliés ce qui leur eft dû par les Traités, & ce qui eft néceffaire pour leur feureté.

Comme je n'ai rien plus à cœur que d'affurer à ces Royaumes la fucceffion Proteftante, ainfi qu'elle eft établie par les Loix dans la Maison d'Hanovre, on a pris un foin particulier non feulement de la faire reconnoître dans les termes les plus forts, mais de la rendre encore plus ferme en faifant fortir des Etats de France, la Personne

qui a prétendu en troubler l'établissement.. Le principal Motif pour lequel on a commencé cette Guerre à été l'apprehenfion; que l'Espagne & les Indes Occidentales ne fuffent unies à la France, & le but que je me fuis propofé dés le commencement de ce Traité à été de prevenir effectivement cette union.

Les exemples du paffé & les dernieres Négociations ont fuffifament fait voir,combien il étoit difficile de trouver les moyens d'accomplir cet ouvrage. Je n'ai pas voulu me contenter de ceux qui font fpéculatifs ou qui dépendant feulement des traités; j'ai infifté sur le solide, & d'avoir en main le pousoir d'executer ce dont on feroit con

venu.

Je puis vous dite donc a prefent que la France en eft enfin venue à offrir que le Duc d'Anjou renoncera à jamais, tant pour lui que pour fes defcendans, à toute forte de Pretentions fur la Couronne de France, & afin que cet Article important ne coure aucun rifque, l'execution doit accompagner la promeffe.

En même temps il fera declaré que le droit de fucceder à la Couronne de France, immediatement aprés la mort du present

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Dau

Dauphin & de fes fils, appattiendra au Duc de Berri & à fes fils, fera devolu enfuite au Duc d'Orleans & à fes fils, & de même au refte de la Maifon de Bourbon.

Pour ce qui regarde l'Espagne & les Indes, la fucceffion à ces Etats après le Duc d'Anjou & fes Enfants, doit defcendre à tel Prince dont il fera convenu par le Traité, en excluant à jamais le refte de la Maifon de Bourbon.

Pour confirmer les renonciations & les établissements ci-dessus mentionés on offre de plus qu'ils feront ratifiés en la maniere la plus forte, & la plus folemnelle, tant en France qu'en Espagne & que ces Roy. aumes la, auffi bien que les autres Puiffances engagées dans la préfente Guerre en feront Garants.

Cette Propofition eft d'une telle natu re, qu'elle s'execute d'elle même. C'eft l'interêt de l'Espagne de la foutenir, & en France les Perfonnes à qui cette fucceffion doit appartenir, feront affez prétes à foutenir leur Droits & affez puiffantes pour en venir à bout.

La France & l'Espagne font maintenant plus divifées en effet que jamais, & ainfi l'affiftance de Dieu il fe trouvera une par

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balance de pouvoir réellement établie en Europe, d'une maniere à n'être fujette qu'a ces Accidents imprevus defquels il eft impoffible d'affranchir entierement les affaires humaines.

On a commencé un Traité de Com merce entre mes Royaumes & la France, mais comme on a mis des Impots exceffifs fur de certaines Marchandises, & qu'on en a défendu d'autres, il eft impoffible de finir cet ouvrage auffi promptement qu'il feroit à fouhaiter. On a pris foin cependant, d'établir une Methode pour regler cette affaire, & en atiendant on a pourvû à ce que les mêmes Priviléges & les mêmes avantages, que la France accordera à aucune autre Nations, nous foient pareillement accordés.

Le Partage de l'Ile de St. Chriftophle, entre nous & les François, ayant caufé beaucoup d'Incommodité & de dommage à mes fujets j'ai demandé qu'on me fasse une entiére ceffion de toute cette lfle, & la France confent à cette demande.

Le Commerce de l'Amerique Septentrionale eft d'une fi grande Importance nôtre Interêt, que j'ai employé mes plus grands efforts pour ajufter cet Article en

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