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M. & nous en ceci, ne confifte tout au plus, à le confiderer fainement, que dans une disparité de fentimens.

En verité, MADAME, fi pour un tel fujet entre des Puiffances Alliées,, & unies enfemble par les liens & les noeuds les plus forts & les plus étroits d'Alliance, d'Inte rêts & de Religion, une feule de ces Puiffances pouvoit fe dégager de tous fes Engagemens, & fe défaire de toutes fes Obligations, il n'y a point de liaison qui ne pût être rompue à tout moment, & nous ne voyons point fur quels Engagemens on pourroit compter à l'avenir.

Nous nous affurons que V.M. en voyant les conféquences, ne voudra pas fe tenir à la Déclaration que l'Evéque deBriftol à faite: Nous l'en fupplions avec tout le refpect & tout l'empreffement dont nous fommes capables, comme auffi qu'Elle veuille revoquer l'ordre donné au Duc d'Ormond, s'il ne l'eft pas encore, & de l'authorifer d'agir felon les occurrences, ainfi que la raifon de Guerre & l'avancement de la cause Commune le demandera.

Nous vous prions auffi, MADAME, de vouloir encore nous communiquer le réfultat des Conferences tenues pas vos

.

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Miniftres avec ceux des Ennemis, ou du moins vos pensées fur la Paix, & nous tâ cherons de donner à V. M. toutes les mar ques imaginables de nôtre deférence pour fes fentimens, & de nôtre défir fincere de conferver fa precieuse amitié, autant que nous le pourrons faire, fans blesser la bonne foi des Engagemens dans lefquels nous fommes entrez par des Traitez & Alliances tant avec Vôtre Majefté, qu'avec d'autres Puiffances.

Nous fommes fortement perfuadez, que ce n'eft nullement l'intention de V. M. de les rompre en aucune maniere, puis qu'Elle a été toûjours de ce fentiment avec nous & avec les autres Alliez, que la bonne union entre les Alliez, non feulement pendant la préfente Guerre, mais auffi après que la Paix fera faite, eft & le-, ra toûjours le moyen le plus folide, & même l'unique, de conferver la liberté & l'indépendance de tous enfemble, & de chacun en particulier, contre la grande Puiffance de la France.

Nous attendons auffi, qu'après avoir donné des preuves fi grandes & fi éclatan tes de fa fageffe, de fa fermeté, & de fon zéle pour le foûtien de la Caufe commu

ne

ne, V.M. ne voudra pas prendre préfen tement des Résolutions, qui pourront êtrest préjudiciables à nous & aux autres Alliez ; mais que pour parvenir à une Paix honorable, fûre & générale, Elle poursuivra les mêmes voyes, & fe tiendra aux mêmes maximes qu'Elle a tenues ci-devant, & que le bon Dieu a béni d'une maniere fi fenfible,par des Victoires & par de grands Evenements, qui rendront la gloire du Regne de Vôtre Majefté immortelle.

C

Nous renouvellons encore à V. M. les affûrances de nôtre haute & parfaite efti me pour fa Perfonne & pour fon amitié; comme auffi de nos intentions & de nos [ defirs finceres, d'entretenir avec V. M. la même bonne correspondance, harmonie' & union, que ci-devant; & de les cultiver entre les deux Nations, par tout ces qui dépendra de nous; priant Vôtre Mat jefté de conferver auffi pour nous, & pour nôtre République, fa premiere affection. Nous nous remettons au refte à ce que le Sr. de Borfele, nôtre Envoyé Extraordi naire, pourra dire de plus à V. M. fur ce fujets après-quoi nous prions le ToutPuiffant, &c.

Let

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Lettre de la Reine de la Grande-Bretagne
aux Etats Généraux, fur la lettre pré-
cedente des Etats Généraux, le 9.
Juin 1712.

Hauts & Puiffants Seigneurs,nos bons Amis,
Alliez & Confederez,

Ln'y a rien qui nous foit plus cher que la confervation d'une bonne intelligence, & d'une parfaite union avec votre E

tat.

Elles ont été l'object de nos principaux foins, & bien loin de nous pouvoir accufer d'avoir contribué en aucune façon à leur diminution, nous reflechiffons avec plaifir fur toutes les peines que nous avons prifes, & fur toutes les inftances que nous avons faites, afin que les difputes furvenues, par rapport aux interêts des deux Nations, fuffent terminées à l'amiable & afin que nous puffions nous parler fans referve fur ceux du public; car dans des conjonctures comme celles où nous nous trouvons, il faut que l'ouverture foit égale de part & d'autre, & la confiance reciproque.

Nous croyons que l'alarme que vous avez prife au fujet des Déclarations, tant du

qu'il

du Duc d'Ormond, que de l'Evêque de Bristol aura ceffé, & nous vous repetons ce que nous avons tant de fois declaré, ne tiendra qu'à vous, comme il a fait par le paffé, que toutes nos mefures touchant la Guerre, ou touchant la Paix, foient prises de concert avec vôtre Etat..

Le Comte de Strafford retournera en peu de jours aupres de vous, pleinement inftruit de nos intentions; nos Miniftres feront difpofez, & autorifez de faire tout ce qui peut dépendre de nous, pour re nouveller une entiere confiance avec vous, & pour prevenir à l'avenir des mesintelligences qui ont été fomentées avec tant d'artifice, & fi peu de fondement, Mais nous ne pouvons pas paffer fous filence que nous avons été extremement furpri fe de voir que vôtre lettre du 5. de ce mois, a été imprimée, & publiée prefque auffi tôt que nous l'avons reçue des mains de vôtre Envoyé, un tel procedé eft également contraire à la bonne Politique, & à la bien-feance.

C'eft faire une remonftrance, au lieu d'une reprefentation, & apeller au Peuple, au lieu de s'addreffer au Souverain. Nous efperons que vous ne voudrés plus

fouf

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