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Si V M. veut avoir la bonté de regarder d'un œil un peu favorable & équitable nôtre conduite, nous nous Alattons, & nous avons une ferme confiance, qu'Elle n'y trouvera rien, qui lui puiffe donner une idée & des pensées fi delavantageufes à nôtre égard; mais qu'Elle trouvera plûtôt, que nous avons fatisfait, & fatisfaifons encore à tous les devoirs de bons & fidelles Alliez, particulierement envers V.M.

Ce que nous avons déja dit pourroit peut-être fuffire pour l'en perfuader, mais nous devons y ajoûter, qu'ayant toûjours regardé l'affection de V. M. & la bonne harmonie entre les deux Nations, comme un des plus fermes appuis de nôtre Etat & de la Religion Proteftante, & comme un des moyens les plus efficaces pour le foûtien & l'avancement de nos Interêts communs, & ceux de toute l'Alliance; & ce fentiment fincere étant imprimé fortement dans nos cœurs, Nous n'avons jamais été éloignez de communiquer & de concerter en toute confiance fur les affaires de la Paix avec V. M. & avec fes Miniftres, conformément aux fondemens portez par la grande & autres Alliances. Nous déclarons, que nous y avons toûjours été portez & prêts, & que

nous

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nous le fommes encore autant que nous le pouvons faire, fans préjudice des autres Alliez & fans contrevenir aux Engagemens, Traitez & Alliances que nous avons contracte.

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Mais MADAME, toutes les propofitions qui nous ont été faites fur ce fujet jufques à préfent, font demeurées en des termes fort Généraux, fans que le résultat des Négociations entre les Miniftres de V M.avec ceux deFrance,ni même les pensées deV.M.fur le fujet lequel nous devrions concerter ensemble, nous ait été communiqué. Il eft vrai que dans quelques unes des dernieres Conférences, les Miniftres de V. M. ont demandé, fi les nôtres étoient munis d'un pleinpouvoir, & authorifez à faire un plan pour la Paix: Mais il auroit été bien jufte, qu'avant que d'exiger cela de nous, ou nous eût communiqué le résultat des Négociations traitées depuis long temps entre les Miniftres de V. M. & ceux de P'Ennemi, du moins les penfées de V. M.

Si ce plan regardoit feulement les inté rêts deV.M. & les nôtres, nous aurions peutêtre tort de n'y avoir pas donné les mains inceffamment, quoi que même alors l'affai◄ re ne feroit pas fans difficulté, puisque la moindre connoiffance qui en parviendroit

&

à l'Ennemi, ne pourroit être que fort préjudiciable: Mais comme le plan, dont il s'agit, doit regarder les interêts de tous les Alliez, & prefque de toute l'Europe, nous avons eu de fortes apréhenfions, que comme les Négociations particulieres entre les Miniftres de V. M. & ceux de France, la facilité avec laquelle nous avons confenti au Congrès d'Utrecht, & donné nos Paffeports aux Miniftres de l'Ennemi, ont déja donné beaucoup de foupçons & d'inquietude à S. M. Imperiale, & à d'autres Alliez ; nous avons apréhendé,disons-nous, que S. M. Imperiale, & les autres Alliez, venant à aprendre, (ce qu'il feroit bien difficile de leur cacher) le concert qui fe feroit entre les Miniftres de V. M. & les nôtres, pour un plan de la Paix, avant même que les Miniftres de France aient répondu specifiquement aux Demandes des Alliez, leurs foupçons & leur inquietude pourroient augmenter, & que ce procedé pourroit leur donner fujet à des pensées préjudiciables, comme fi l'intention de V. M. & la nôtre feroit d'abandonner la GrandeAlliance & la Caufe commune, ou pour le moins de regler feuls avec la France le fort de tous les autres Alliez, par où S. M.

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Imperiale & d'autres Alliez pourroient être pouffez à prendre leurs mefures à part, & à faire des démarches qui ne conviendroient nullement avec les interêts de Vôtre Majefté.

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Nous croyons ces raifons affez bien fondées, pour juftifier auprès de Vôtre Maje fté nôtre conduite fur ce point; & fi nous ne fommes pas entrez avec tout l'empreffement qu'Elle peut avoir fouhaité, dans le concert propofé, nous efperons que tout au plus V. M. ne regardera nôtre diffi culté, que comme un excès de prudence ou de fcrupule, & nullement comme un défaut de confiance en V. M. pendant que les Alliez pourroient le regarder comme une contravention aux Traitez, & parti. culierement à l'Article 8. de la GrandeAlliance. Nous efperons auffi que V. M. par les raifons que nous venons d'alléguer, reviendra d'une pensée fi défavantageufe pour nous, que nous aurions mal répondu aux avances qu'Elle nous a faites, & que Rous ne voudrions point concerter avec fes Miniftres au fujet de la Paix. Mais, MADAME, quand V. M. n'acquiefceroit pas à nos raisons, (de quoi pourtant nous ne pouvons pas douter), nous prions V.

M.

M. de confiderer, fi cela fuffiroit pour que V. M. pût fe tenir dégagée de toutes fes Obligations à nôtre égard.

Si nous avions contrevenu aux engage- . mens & Traitez que nous avons l'honneur d'avoir conclus avec V. M. Nous attendrions de fa bonté & de fa juftice, qu'Elle nous fit représenter ces contraventions, & qu'Elle ne fe tint point quitte de fes engagemens, qu'après que nous aurions refufé d'y aporter le redrès néceffaire: Mais comme nous ne nous fommes engagez nulle part, d'entrer auec Vôtre Majefté dans un concert pour faire un plan de Paix, fans la participation des autres membres de la Grande-Alliance, le peu de facilité ou d'empreffement que nous aurions montré fur ce fujet, ne peut être regardé comme une contravention à nos Engagemens, & ainfi ne peut fervir à dégager V. M. des fiens à nôtre égard; puis que nous fommes fortement perfuadez d'avoir pleinement fatisfait à tous nos Traitez & à toutes nos Alliances, tant avec V. M. qu'avec les Hauts-Alliez en général, & d'avoir fait dans la prefente Guerre, plus qu'on n'auroit pû attendre de nous avec juftice & équité. Toute la difference entre V

M.

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