Les confessions de J.J. Rousseau, Volume 3

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Poinçot, 1798
 

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Popular passages

Page 234 - Cet état, et surtout sa durée, pendant trois mois d'irritation continuelle et de privation, me jeta dans un épuisement dont je n'ai pu me tirer de plusieurs années, et finit par me donner une descente' que j'emporterai ou qui m'emportera au tombeau. Telle a été la seule jouissance amoureuse de l'homme du tempérament le plus combustible, mais le plus timide en même temps, que peut-être la nature ait jamais produit. Tels ont été les derniers beaux jours qui m'aient été comptés sur la...
Page 5 - Cette année 1749, l'été fut d'une chaleur excessive. On compte deux lieues de Paris à Vincennes. Peu en état de payer des fiacres, à deux heures après midi j'allais à pied quand j'étais seul, et j'allais vite pour arriver plus tôt.
Page 22 - Enfants-Trouvés ainsi que les premiers, et il en fut de même des deux suivants; car j'en ai eu cinq en tout. Cet arrangement me parut si bon, si sensé, si légitime que si je ne m'en vantai pas ouvertement ce fut uniquement par égard pour la mère...
Page 131 - Mon premier soin fut de me livrer à l'impression des objets champêtres dont j'étais entouré. Au lieu de commencer à m'arranger dans mon logement, je commençai par m'arranger pour mes promenades, et il n'y eut pas un sentier, pas un taillis, pas un bosquet, pas un réduit autour de ma demeure, que je n'eusse parcouru dès le lendemain. Plus j'examinais cette charmante retraite, plus je la sentais faite pour moi. Ce lieu solitaire plutôt que sauvage me transportait en idée au bout du monde.
Page 186 - A quoi bon m'avoir fait naître avec des facultés exquises pour les laisser jusqu'à la fin sans emploi? Le sentiment de mon prix interne en me donnant celui de cette injustice m'en dédommageait en quelque sorte et me faisait verser des larmes que j'aimais à laisser couler.
Page 404 - J'avois toujours ri de la fausse naïveté de Montaigne, qui, faisant semblant d'avouer ses défauts, a grand soin de ne s'en donner que d'aimables; tandis que je sentois, moi qui me suis cru toujours, et qui me crois encore, à tout prendre, le meilleur des hommes, qu'il n'ya point d'intérieur humain, si pur qu'il puisse être, qui ne recèle quelque vice odieux.
Page 70 - Oui , avec une intrépidité qui venait peut-être plus de l'impossibilité de m'en dédire, que de la force de mes raisons. Je me dis : Je suis à ma place , puisque je vois jouer ma pièce , que j'y suis invité , que je ne l'ai faite que pour cela , et qu'après tout personne n'a plus de droit que moimême à jouir du fruit de mon travail et de mes talens.
Page 96 - ... dévoiler à nu leur nature, suivre le progrès du temps et des choses qui l'ont défigurée, et comparant l'homme de l'homme avec l'homme naturel, leur montrer dans son perfectionnement prétendu la véritable source de ses misères. Mon âme, exaltée par ces contemplations sublimes...
Page 18 - Plutarque , y avoient mis dans mon enfance. Je ne trouvai plus rien de grand et de beau que d'être libre et vertueux, au-dessus de la fortune et de l'opinion , et de se suffire à soi-même. Quoique la mauvaise honte et la crainte des sifflets m'empêchassent de me conduire d'abord sur ces principes et de rompre brusquement en visière aux maximes de mon siècle , j'en eus dès lors la volonté décidée ; et je ne tardai à l'exécuter qu'autant de temps qu'il en falloit aux contradictions pour...
Page 332 - Puisque vous vouliez quitter l'Ermitage et que vous le deviez, je suis étonnée que vos amis vous aient retenu. Pour moi je ne consulte point les miens sur mes devoirs, et je n'ai plus rien à vous dire sur les vôtres.

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