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La colonne de Luçon s'est mise en marche au même moment, et après avoir forcé un pòste qui étoit défendu par trois mille rebelles. elle s'est dirigée sur Cholet où les ennemis avoient réuni toutes leurs forces. Bientôt j'appris que ceite colonne étoit attaquée et couroit quelques dangers, je marchai sur-le-champ à son secours, à la tête de ma division: le combat s'est engagé malgré leur grand nombre, les rebelles ont été obligés de plier, et de se retirer jusques sous les murs de Cholet. La, nuit a mis fin au combat, et les rebelles se sont réfugiés dans Cholet, après nous avoir abandonné huit pièces d'artillerie.

Le lendemain à la pointe du jour, je fis toutes les dispositions nécessaires pour attaquer la ville, qui s'est rendue après une canonnade de plus de deux heures : nous y avons trouvé plumeurs pièces de canon: l'ememil s'est retiré en désordre du côté de Beaupréau, et a été vigoureusement charge par la cavalerie. Jeles poursuivrai bientôt jusques dans leurs derniers repaires. Cette victoire nous a coûté plusieurs braves républicains; mais la perte des rèbelles est considérable. L'Escure chef de l'armée catholique, a été tué: nous plantons aujourd'hui dans Cholet l'arbre de la liberté ; tout nous fait espérer que bientôt le territoire de la république sera entièrement purgé des rebelles, et que le cri vive la république se fera par-tout entendre. Je vous envoie le drapeau qui a été enlevé sur l'autel de Cholet, et qui étoit environné de cierges brûlans pour le salut de la royauté à l'agonie, à laquelle nous venons de donner le dernier coup de grace.

On s'abonne à Paris, chez les Directeurs de l'Imprimerie du Cercle Social, rue du Théâtre-brangais, no. 4, pour la quatrième année, commençant le premier jeudi d'octobre, 12 du 1oг. mois de l`an 2a.

Le prix de l'abonnement est de 12 liv..

De l'imp. du Cercle Social, rue du Théâtre-Français, no. 4

LA

FEUILLE VILLAGEOISE.

10. jour du 2d. mois,

L'an second de la République française.
Jeudi, 31 octobre 1793. (Vieux style ).

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1

DE

LE

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E jugement et l'exécution de Louis XVI étoient un grand événement politique. Ce ne fut pas seulement à Louis, ce ne fut pas seulement à un roi que l'on fit le procès, mais à la royauté. Ce fut, dans la personne de Louis XVI, à la royauté même que l'on coupa le cou.

La solemnité du jugement fut proportionnée à la grandeur de la cause. Le tribunal fut la Convention nationale elle-même les juges furent les représent tans d'un grand peuple. L'accusé traduit à la barre, fut publiquement interrogé. Plusieurs séances furent consacrées à examiner, non s'il étoit coupable, non s'il avoit mérité le dernier supplice: il n'y avoit là-dessus ni doute ni partage; mais s'il étoit de notre intérêt politique de le lui faire subir.

Aussi donnâmes-nous à nos lecteurs tous les détails de cette affaire mémorable: nous ne quittâmes même pas Louis à l'échafaud: nous mêmes dans tout son jour, par un petit commentaire, la perfidie et la cafardise de son testament fanatique.

Celle qui partagea son trône, ses crimes et sa chûte vient aussi de partager son dernier sort; mais ni celui qui la fit reine, ni la royauté n'existoient Septième partie.

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plus que dans des souvenirs mêlés d'horreur. MarieAntoinette n'étoit plus qu'une femme ordinaire. On -n'a fait en quelque sorte que lui prononcer une sentence portée depuis long-tems. Aucun intérêt public n'étoit attaché à son existence. Sa vie ne pouvoit rien conserver: sa mort ne pouvoit rien détruire: il falloit que justice fût faite ; elle l'a été ; tout est dit.

On peut cependant être curieux de connoître plus précisément les crimes dont elle fut coupable, d'en ́ voir, dans un seul tableau la suite, l'enchaînement, l'ensemble. Cette curiosité fort naturelle c'est à l'acte d'accusation à la satisfaire. Nous le mettrons donc ici tout entier, avec le jugement auquel il a servi de base.

TRIBUNAL

REVOLUTIONNAIRE.

Acte d'accusation contre Marie-Antoinette d'Autriche " ci-devant reine de France.

Antoine Quentin Fouquier, accusateur public près le tribunal criminel révolutionnaire, établi à Paris par décret de la Convention nationale du 10 mars 1795, l'an deuxième de la République, sans aucun recours au tribunal de cassation, en vertu dupouvoir à lui donné par l'article II d'un autre décret de la Convention, du 5 avril suivant, portant que l'accusateur public dudit tribunal est autorisé à faire arrêter, poursuivre et juger sur la dénonciation des autorités constituées ou des citoyens

Expose que, suivant un décret de la Convention du premier août dernier, Marie-Antoinette, veuve de Louis Capet, a été traduite au tribunal révolutionnaire, comme prévenue d'avoir conspiré contre la France; que par un autre décret de la Con vention, du 3 octobre, il a été décrété que le tribunal révolutionnaire s'occuperoit sans délai et sans interruption du jugement; que l'accusateur public a reçu les pièces concernant la veuve Capet, les 19 et 20 du premier mois de la seconde année, vulgairement dits 11 et 12 octobre courant mois ; qu'il a été aussi-tôt procédé, par l'un des juges du tribunal, à

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l'interrogatoire de la veuve Capet; qu'examen fait de toutes les pièces transmises par l'accusateur public, il en résulte, qu'à l'instar des Messalines Brunehaut, Frédégonde et Médicis (1), que l'on qualifioit autrefois de reines de France et dont les noms à jamais odieux ne s'effaceront pas des fastes de l'histoire, Marie Antoinette, veuve de Louis Capet, a été depuis son séjour en France le fléau et la sangsue des Français; qu'avant même l'heureuse révolution qui a rendu au peuple français sa souveraineté, elle avoit des rapports politiques avec l'homme qualifié de roi de Bohême et de Hongrie ; que ces rapports/ étoient contraires aux intérêts de la France; que non contente, de concert avec les frères de Louis Capet, et l'infâme et exécrable Calonne, lors ministre des finances, d'avoir dilapidé d'une manière effroyable les finances de la France (fruit des sueurs du peuple) pour satisfaire à des plaisirs désordonnés, et payer les agens de ces intrigues criminelles ; il est notoire qu'elle a fait passer a différentes époques, à l'empereur, des millions qui lui ont servi et lui servent encore à soutenir la guerre contre la République, et que c'est par ces dilapidations excessives qu'elle est parvenue à épuiser le trésor national;

Que depuis la révolution, la veuve Capet n'a cessé un seul instant d'entretenir des intelligences et des correspondances criminelles et nuisibles à la France avec les puissances étrangères, et dans l'intérieur de la République, par des agens à elle affidés,

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(1) Messaline étoit, comme on sait la très-impudique épouse du très-imbécille empereur Claude. Son nom est devenu une injure : il signifie une femme impure et débauchée joint comme il l'est ici, à des només de femmes, il équivaut à l'épithète d'impudique. Je fais cette note parceque j'ai entendu des gens d'esprit reprocher à l'accusateur public d'avoir mis Messaline au rang des reines de France, tandis que ce sont les reines de France qu'il met très-justement au rang des Messalines. Des hommes moins instruits pourroient à plus forte raison s'y tromper.

qu'elle soudoyoit et faisoit soudoyer par le ci-devant trésorier de la liste ci-devant civile: qu'à différentes époques elle a usé de toutes les manoeuvres qu'elle croyoit propres à ses vues perfides, pour opérer une contre révolution; d'abord ayant, sous prétexte d'une réunion nécessaire entre les ci-devant gardesdu corps et les officiers et soldats du régiment de Flandres, ménagé un repas entre ces deux corps, le premier octobre 1789, lequel est dégénéré en une véritable orgie, ainsi qu'elle le désireit, et pendant le cours de laquelle les agens de la veuve Capet, secondant parfaitement ses projets contrerévolutionnaires, ont amené la plupart des convives à chanter dans l'épanchement de l'ivresse, des chansons exprimant le plus entier dévouement pour le trône, et l'aversion la plus caractérisée pour le peuple; de les avoir insensiblement amenés à arborer la cocarde blanche, et à fouler aux pieds la cocarde nationale, et d'avoir par sa présence autorisé tous ces excès contre-révolutionnaires, sur-tout en encourageant les femmes qui l'accompagnoient à distribuer les cocardes blanches aux convives; d'avoir, le 4 du mois d'octobre, témoigné la joie la plus immodérée de ce qui s'étoit passé à cette orgie.

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En second lieu, d'avoir conjointement avec Louis Gapet fait imprimer et. distribuer avec profusion, dans toute l'étendue de la République, des ouvrages contre-révolutionnaires, de ceux mêmes adressés aux conspirateurs d'outre-Rhin ou publiés en leur nom, tels tels que les Pétitions aux émigrans, la Réponse des émigrans, les Emigrans au peuple, Les plus courtes folies sont les meilleures, le Journal à deux liards, l'Ordre la Marche et l'Entree des émigrans; d'avoir même poussé la perfidie et la dissimulation au point d'avoir fait imprimer et distribuer avec la même profusion des ouvrages dans lesquels elle étoit dépeinte sous des couleurs peu avantageuses, qu'elle ne méritoit déja que trop en ce tems, et ce, pour donner le change, et persuader aux puissances étrangères qu'elle étoit maltraitée des Français, et les animer de plus en plus contre la France; que pour réussir plus

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