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nominations angloises, ainsi que tous journaux qui annonceroient ou publieroient la vente de pareilles marchandises, sont proscrits sous peine de 20 ans de fers contre les auteurs et propriétaires desdites affiches, placards, enseignes et journaux.

Les Français propriétaires de marchandises angloises seront tenus de faire leur déclaration dans quinzaine devant les municipalités des lieux où ils résident et d'y faire constater la facture. Les municipalités en feront passer les états au conseil exécutif.

Toutes les marchandises de fabrique ou de manufacture angloise, existantes dans les divers magasins et boutiques, seront remises dans des dépôts indiqués par le conseil exécutif, sauf les indemnités qui seront réglées d'après les états et factures fournies par les municipalités.

Arrestation de tous les Anglois.—même jour.

Ce n'est pas seulement comme des pirates et des brigands que les Anglois nous font la guerre ; c'est encore comme des barbares. Lès cruautés qu'ils exercent à Toulon, et le supplice d'un de nos représentans demandoient vengeance. Le grand nombre d'agens payés en France par ce gouvernement perfide exigeoit des mesures de sûreté : ce double but vient d'être rempli.

L

Tous les Anglois, Ecossois Irlandois, Hanovriens de l'un et de l'autre sexe, et généralement tous les sujets du roi de la grande Bretagne, qui sont actuellement dans toute l'étendue de la République, seront mis à l'instant en état d'arrestation dans des maisons de sûreté, les scellés apposés sur leurs papiers, leurs biens saisis et confisqués au profit de la République.

Toutes les mesures de sévérité sont prises pour que nul citoyen n'ose réceler ni aucun d'eux, ni aucune partie, de leurs biens, et les dérober à la loi; pour que nul fonctionnaire public ne puisse les y

soustraire.

On n'excepte de la rigueur de ce décret que les

Ouvriers nés Anglois actuellement occupés et employés en France depuis 6 mois, et les enfans places dans les écoles françaises au-dessous de l'âge de 12 ans. Cependant les scellés seront apposes sur leurs papiers. Extension du décret précédent à toutes les nations avec qui nous sommes en guerre. 25 du 1er. mois. Les Autrichiens, les Prussiens, les Hollandois n'ont pas agi avec nous plus loyalement que les-Anglois; on a trouvé juste de les traiter de même de généraliser ces mesures particulières.

et

Les étrangers nes sujets des gouvernemens avec lesquels la République est en guerre, seront tous dé· tenus jusqu'a la paix.

Les femmes qui ont épousé des Français avant le décret du 18 du premier mois, ne sont point comprises dans la présente loi, à moins qu'elles ne soient suspectes, ou mariées à des hommes suspects.

Il sera pourvu par un nouveau décret au sort des étrangers qui ont formé des établissemens dans la République, afin que cette loi portée contre la tyrannie étrangère, ne tourne point contre lindustrie

nationale.

N. B. On croit que ce décret éprouvera encore quelques modifications.

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NOUVELLES

IE'S

Armée du Nord.

ARMÉES.

Depuis assez long-tems cette armée sembloit se reposer; et l'on n'entendoit plus parler de ses efforts contre les hordes ennemies. C'étoit le sommeil du lion le réveil a été terrible: ou plutôt elle faisoit pendant ce repos apparent des dispositions redoutables. Les phalanges républicaines se rassembloient de toutes parts pour dégager la ville importante de Maubeuge menacée d'un siège et déja presque cernée par les nombreuses troupes de Coboarg. Depuis dixsept jours les ennemis travailloient à élever des res

tranchemens qui paroissoient inexpugnables. Jamais de plus grands préparatifs n'avoient été faits pour prendre une ville. Cobourg se croyoit tellement en sâreté, qu'il disoit: les Français, il est vrai, se battent comme de fiers Républicains; mais je le deviendrai moi-même, s'ils me chassent d'ici. Ce propos fut rapporté à nos braves soldats et à leur intrépide chef Jourdan; et ils jurètent de faire un Républicain de Cobourg.

La supériorité du nombre, la position formidable de l'ennemi ne les empêchèrent pas de l'attaquer. Il étoit sur des hauteurs fortifiées par la nature et couronnées par des bois. Rien n'a résisté à l'ardeur de nos troupes, animées par la difficulté même, et décidées à vaincre ou à périr. Le combat á duré deux jours le 24 et le 25 du premier mois (15 et 16 octobre) seront des journées mémorables dans la guerre de la liberté. Le village de Watignies a été pris et repris trois fois, et enfin emporté à la baïonnette, malgré le feu à mitraille des ennemis. Leur perte a été de plus de 6,000 hommes. Ils ont profité de l'obscurité de la nuit et d'un brouillard épais pour opérer leur retraite, et repasser la Sambre au-dessus et au-dessous de Maubeuge. Enfin cette ville est libre.

Les représentans du peuple, Carnot et Duquesnoy, ont combattu à la tête des colonnes; c'est ce que font presque par-tout nos commissaires - nationaux auprès des armées, et leur présence imposante pour les chefs, encourageante pour les soldats, décide souvent la victoire. Jourdan, dont ils exaltent la bravoure et le patriotisme, Jourdan dont le coup d'essai a été de forcer dans un poste imprenable l'invincible Cobourg, prend des mesures pour pousser ses avantages, et pour sommer ce grand général de tenir sa parole.

Armée du Rhin.

La joie excitée par la nouvelle des triomphes de l'armée du Nord, a été troublée par celle d'un échec assez considérable qu'a éprouvé celle du Rhin. Il paroît qu'on le doit à la trahison ou à l'une

de ces négligences aussi coupables que la trahison la plus noire, puisqu'elles sont aussi funestes. Le camp retranché de Weissembourg, ce poste si important qui protégeoit Landau, et que la nature et les travaux de lart sembloient mettre hors de toute atteinte, a été surpris et emporté dans la nuit du 22 de ce mois (13 octobre ). Pendant que deux colonnes prussiennes l'attaquoient en ayant, 8,000 Autrichiens qui avoient passé entre Lauterbourg etle FortVauban, tomboient sur les derrières de l'armée. La moitié de cette armée n'avoit point d'ordre de ses chefs. Chaque corps obligé de se conduire partiellement, se replioit incertain, après quelque résistance; il a fallu céder, et l'on dit que trois des généraux sont passés du côté de l'ennemi.

Quoi qu'il en soit de ce dernier bruit, on demande s'il est vraisemblable que dans une position telle que les lignes de Weissembourg, des généraux se laissent surprendre, que trois colonnes marchent sur eux sans qu'ils en aient la moindre connoissance, que 8.000 Autrichiens passent le Rhin entre deux forteresses françaises sans qu'ils en soient prévenus, qu'enfin en cas d'attaque imprévue, chaque corps n'ait pas un poste désigné, où il soit chargé de tenir ferme en attendant des ordres. Les coupables chefs de cette armée ont sans doute trouvé plus facile et plus court de passer à l'ennemi que de répondre à ces questions.

On assure que nous avons sauvé nos bagages et notre artillerie. La perte en hommes a été beaucoup moindre qu'on n'avoit cru. La plupart des soldats qu'on croyoit tués ou prisonniers n'étoient que débandés, et il en est revenu une quantité considérable. L'armée est maintenant campée entre Haguenau et Bischwiller; elle a devant elle la rivière de la Motter: c'est une position fameuse dans les campagnes de Turenne. Elle garantit d'une plus forte invasion le département du Bas-Rhin. Toutes les mesures ont été prises pour réparer promptement cette perte l'armée brûle de se venger; et la garnison de Landau, quoique privée d'un si puissant

secours, a juré de s'ensevelir toute entière sous les ruines de la place, plutôt que de la céder à

l'ennemi.

Guerre civile dans les départemens de l'Ouest.

La victoire est encore une fois revenue sous les drapeaux de la république, et depuis plusieurs jours, dans cette guerre si féconde en désastres, nous n'avons eu que des succès. Celui que le général Chalboz obtint le 18 du premier mois (9 octobre) à Châtillon fut glorieux et long-tems disputé. On se battoit sur trois, colonnes. Les soldats de la liberté marchoient au combat en chantant les hymnes patriotiques. Les chefs, leur donnoient l'exemple de l'allégresse et de l'intrépidité. Le brave général Chambon a été tué: en mourant, il a crié : vive la république! je meurs pour ma patrie, je suis content. Le désir de le venger n'a fait qu'accélérer, la victoire.

Deux jours après, les hordes catholiques et royales s'étant ralliées, sont revenues sur Châtillon à l'improviste, et ont d'abord jetté du désordre parmi nos soldats; la retraite se fit avec confusion, l'artillerie, les bagages furent perdus; mais la valeur reconquit tout ce qu'avoit arraché la surprise. Châtillon fut repris, et les rebelles poursuivis, avec une grande perte, plus d'une lieue au-delà de cette ville.

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La convention nationale avoit dit à l'armée républicaine il faut que le 20 octobre Mortagne et Cholet soient soumis; et le 20 (29 du premier mois) elle a appris la réduction de ces deux places.

Je vous marquois par ma dernière, écrit le général Léchelle, que je marchois sur Mortagne et que j'espérois bientot m'en rendre maître : j'ai rempli ma promesse. Hier, la division que je commande s'est portée dans le plus grand ordre sur la ville de Mortagne, qui a toujours été regardée comme le chef-lieu des rebelles. La plus grande ardeur animoit les soldats; mais l'ennemi avoit évacué Mortagne; nous y sommes entrés sans coup férir, et avons donné la liberté à deux cents prisonniers patriotes.

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