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trine absurde et pleine de mystères, d'un tas de cérémonies insignifiantes et de toutes ces ridicules pratiques d'une dévotion populaire. Je ne vois rien qui s'oppose à l'exécution de ce projet : ce qui me plaît surtout dans ce nouveau culte, c'est qu'il n'exige point de prêtres, de ministres particuliers: tout le monde auroit le droit de parler dans les templès constitutionnels."

Les sept allégresses, pour les habitans des campagnes.

Première. Réjouissez-vous. habitans des campagnes, de ce que vos représentans viennent de vous, donner une constitution toute républicaine, malgré le choc des passions humaines dans le gouvernement démocratique, la pluralité des voix des citoyens de tous états fait la loi commune à tous; quelle prérogative! depuis quatre ans on dit au peuple qu'il est souverain c'est elle qui lui rend enfin l'exercice de sa souveraineté.

Deuxième. Réjouissez-vous, bons villageois, de ce que la nature humaine est vengée en France; l'homme devenu libre lèvera désormais un front plus digne de son origine: il ne reconnoîtra personne ni au-dessous, ni au-dessus de lui: la lei, voilà son seul supérieur. La tête du pauvre s'élevera aussi haut que celle du riche. Bons villageois, désormais vos ames libres et vigoureuses seront incapables de supporter la tyrannie des hommes et celle des passions.

Troisième. Réjouissez-vous habitans des campagnes, de ce que, grace aux auteurs de la Feuille villageoise, l'aurore de la philosophie commence a poindre pour vous; les barrières de votre entendement se rompent, votre raison s'étend. Jadis bridés par mille préjugés, imbus d'une fausse morale, conduits par de faux principes, vous étiez sans cesse dupés, séduits, trompés; vous rougirez aujourd'hui de votre crédulité la convention nationale va vous donner une éducation qui vous

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rendra l'esprit juste pour juger de ce qui est beau, et le cœur droit et sensible pour juger de ce qui est bon. Un code de loix claires et précises tirées de la nature remplacera ces vieux codes enfans de l'ignorance et de la barbarie.

Quatrième. Réjouissez-vous, habitans des campagnes, de ce que les savans auteurs de la Feuille villageoise veulent encore s'occuper de votre instruction: ils disent que leur tems et leurs veilles vous appartiennent ils s'apperçoivent que ce n'est pas sans fruit qu'ils travaillent pour vous; ils voient se développer dans vos cœurs, le précieux germe des vertus sociales; la générosité, la clémence, l'hu manité ne sont plus pour vous de vains noms; déjà, bons villageois, vous commencez à mettre en pratique cette morale qui resserre les nœuds d'une bienveillance universelle tant de succès font ́tressaillir l'ame sensible de Grouvelle et de Ginguené, tant de succès, couronnent leur tendre sollicitude.

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Cinquième. Réjouissez-vous, habitans des campagnes, de ce que ces vertueux instituteurs vont s'occuper. sans relâche de détruire la superstition et le fanatisme, deux monstres qui ont sucé le sang de trente millions d'hommes; ce calcul vous glace bons villageois; il est cependant très-exact: (la Vendée vous fait assez voir combien le fanatisme rend l'homme atroce et insensé.) Vous verrez comment les moines et autres amis et suppôts de ces deux monstres ont été intéressés à faire vieillir la terre dans les préjugés ; vous verrez la ligue offensive et défensive, l'espèce de coalition qui a toujours régné entre les rois et les prêtres: les uns aveugloient le peuple enchaîné, les autres enchaînoient le peuple aveugle.

Sixieme. Réjouissez vous, habitans des campagnes, de ce que les auteurs de la Feuille villageoise vont vous faire connoître la vraie religion, la religion 'humaine et tolérante. Croyez les nouveaux apôtres; 'les aristocrates de tous les bords, ne cesseront de vous dire qu'ils veulent diminuer votre foi; laissez elabauder ces esprits serfs: si l'on diminue,

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votre foi, mais votre crédulité, c'est pour augmenter vos vertus, et la vertu est la base de la religion, ou plutôt la religion elle-même. Il n'y a que deux dogmes dans la loi de Jésus; aime ton diru plus que toi, et les hommes comme toi-même. Que ce soit là désormais votre symbole, bons villageois: il ne faut ni l'allonger, ni le raccourcir.

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Septième. Réjouissons-nous enfin pères nourriciers de la société, et que tous les habitans du globe se réjouissent avec nous de ce que nos armées marchent de succès en succès; bientôt les hommes de tous les climats oseront penser; bientôt les nations oseront se lever, et les tyrans de tous les ples disparoîtront. Amen.

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Conjurons ensemble les auteurs de la Feuille villageoise de continuer à nous prêcher la République et la raison, et à nous faire aimer l'une et l'autre." SALUT ET FRATERNITÉ

VIDAL, curé de Lugeac, district da Brioude, département de la Haute-Loire.

29 septembre, l'an 2. de la République française une et indivisible et le 1er. de la mort du tyran.

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Note de l'auteur de la Feuille villageoise.

C'est à nous à nous réjouir de voir l'honnête curé de Lugeac applaudir à notre zèle, encourager nos traet lire si bien dans notre ame.

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Qui, sans doute, elle a tressailli en recevant de toutes parts des témoignages d'affection, de bienveillance, et des preuves non équivoques du succès de notre mission philosophique.

L'un des deux amis des villages dans sa légation lointaine, ne lira point sans une douce émotion les sept allégresses villageoises. L'autre dévouerá sa vie pour remplir les promesses qu'il a faites et les espérances qu'il a données; pour atteindre le but vers lequel il marchera sans cesse ; pour que ses indulgens lecteurs redoublent de bonheur, d'instruction et d'allégresse civique.

République et raison; oui, tels seront toujours les deux textes de ses sermons fraternels, textes inséparables, et qui se prêtent l'un à l'autre un mutuel appui, une mutuelle clarté.

Honneur éternel à la Raison qui ne reconnoît et n'avoue d'autre gouvernement que la République! Honneur immortel à la République qui fonde toutes ses bases sur la justice et la raison !

Guerre implacable à la royauté, à l'aristocratie au fanatisme, à la superstition, ennemis iniéconciliables de la raison et de la République !

CONVENTION NATIONALE.
Addition à la loi sur le calendrier.

16 du 1er mois. (7 octobre).

Rien de plus absurde dans un état où la tolérance universelle des religions est admise, que de régler sur les usages d'une religion particulière les jours de travail et de repos, pour les transactions publiques entre les citoyens, et pour toutes les fonctions civiles..

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La Convention l'a senti. Elle avoit, dans le nouveau calendrier, remplacé par la division décimale, ou de dix. en dix jours, la division planétaire de sept en sept comme il faut cependant du délassement à tous les hommes, et qu'il est nécessaire que tous les fonctionnaires publics se reposent le même jour, elle a fixé pour ce jour de repos, le dixième jour et non plus le septième.

Les administrations, les tribunaux, les agens ou fonctionnaires publics, ne pourront donc prendre de vacances que les 10, 20 et 30 de chaque mois, c'est-à-dire les derniers jours de chaque décade.

Tous les actes publics et particuliers pourront être passés et enregistrés tous les jours de l'année; ca qui n'empêche nullement les citoyens de se conformer pour ces actès aux opinions et aux coutumes religieuses, particulières au culte qu'ils professent. Il falloit aussi que les dates empreintes sur les

monnoies et sur les médailles fussent conformes au nouveau calendrier, et que l'on y fît concorder les époques fixées par la constitution. Le même décret y a pourvu.

Prohibition des marchandises angloises. -- 18 du 1er. mois.

L'Angleterre fait une guerre à mort à notre liberté : faisons-en une à son commerce. C'est la frapper par son endroit sensible. En mettant un embargo sur les vaisseaux anglois, nous n'avons atteint que les commerçans; mettons en un sur les manufactures; alors le véritable peuple, les ouvriers, les fabricans qui verront dans Pitt et dans Georges les auteurs de leurs maux, déclareront comme nous la guerre à Pitt et à Georges.

Faisons de la Répulique française une République agricole et commerçante. Ce n'est point par des primes qu'il faut encourager le commerce, la meilleure que l'on puisse accorder, c'est de décréter que les Français ne pourront plus se servir que des objets fabriqués dans leur pays.

Voilà ce que se sont dit nos législateurs ; et ils ont décrété que toutes marchandises fabriquées ou manufacturées en Angleterre, en Ecosse, en Irlande et dans tous les pays soumis au gouvernement Britannique, sont proscrites du sol et territoire de la République française.

L'administration des douanes est tenue, sous la responsabilité personnelle des administrateurs et des préposés, de veiller à ce qu'il ne soit introduit ni importé en France aucune desdites marchandises.

La peine sera de 20 années de fers, tant contre les introducteurs, vendeurs ou acheteurs, que contre les administrateurs ou préposés des douanes qui auront permis ou souffert l'importation.

Toute personne qui se servira desdites marchandises importées depuis la publication de ce décret sera réputée, suspecte, et punie comme telle, suivant la teneur des décrets relatifs aux gens suspects.

Toutes affiches, placards et enseignes conçus en langue angloise, ou portant des signes ou des dé

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