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Paris, qui blessé. à l'affaire de Mons, dit à son of ficier: Vous voyez que je meurs à côté de mon fusil, et je n'éprouve que le regret de ne pouvoir "plus le porter. Nous citerons ce garde nacional, qui, apres avoir peida les deux oras pres de Maulde, ne les regrete que pour pouvoir élever au ciel, en le beissant de ce que les troupes françaises ont remporte la victoire.

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Autretois Thoaneur féodal repoussoit insolemments soldat du temple de la gioire : il doit y entrer sur la mème ligne qu'un general. Dampierre a mérité nos regiets; mais nous devons auss. des lauriers à David, sergent de grenadieis, qui ayant reçu une balle dans le sein la tre a instant avec son couteau, la jette dans son fusil et la renvoie à l'ennemi. Et par quelle fatalite ignorons-nous les noms de tant de braves, tels que cet autre grenadier blessé à-Mons, qui au moment ой pour atieindre Pennemi on combioit un fosse, même en y roulant des cadavres, vouloit qu'on l'y jetât, pour qu'il pût encore être utile à sa patrie après sa mort? son, nier soupir fut un hommage à la liberté.

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La première des sciences, la morale, a, comme toutes les autres, des príncipes invariables; mais les principes étant une chose intellectuelle, l'homme peu éclairé éprouve souvent autant de difficulté à les saisir que de facilité à les laisser échapper. L'exemple grave les principes dans l'ame; et d'ailleurs la lâcheté peut contester une maxime, elle ne peut nier des aits. Si les sacrifices qu'on lui demande paroissent excéder les forces humaines, l'histoire à l'instant montre celui qui les a faits.

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Près de Philippeville, un chasseur du ci devant régiment des Cevennes s'apperçoit qu'un de nos étendards est pris: il se précipite dans les rangs autrichiens, le leur arrache; et teint de son sang et de celui des ennemis, le rapporte à ses camarades. Quand on peut citer de pareils traits, la lacheté est réduite au silence.

Nous nous sommes demandé quels actes de veriu

nous étions chargés de recueillir; la constitution nous a répondu: « Que la République française a remis ce déi ôt sous la garde de toutes les vertus

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Ainsi, tous les actes de vera qui dépassent la ligne ordinaire des e fons de l'hon me, et qui ont eu pour objet la destruction du despotisme et l'établissement de la liberté, sont le domaine de notre travail, et l'histoire s'en empare. La frugalité est une vertu de tous les tems; mais lorsque les Américains résolurent unanimement de se priver de thé pour écraser le commerce anglois qui les opprimoit, . c'étoit chez eux un acte de patriotisme. La générosité est de tous les lieux; mais celle de ce citoyen qui, au lieu de sauver les meubles de sa maison enflammée, s'élance au haut du clocher de SaintEtienne, à Lille pour anacher aux flammes le bonnet de la liberté, porte le double caractère de l'intrépid té et du civisme. Telle est encore la générosité de ce Mayençais qui vouloit que, par piéférence, on établît des redoutes sur chacune de ses pièces de terre. Battez les ennemis, disoit-il, et je serai assez payė".

La République française déclare dans sa constitution qu'elle honore la loyauté, le courage, la piété filiale; et nous aurons à citer un grand nombre d'exemples de chacune de ces vertus.

Elle honore la vie llesse : les assemblées nationales se sont levées à l'aspect du vieillard du Jura, des vétérans invalides et d'une négresse octogénaire; elles auront la gloire d'avoir ressuscité dans nos meurs une vertu patriarchale et si célèbre dans la haure antiquité.

Enfin elle honore le malheur : nous avons vu autrefois les courtisans et les sangsues du peuple parler d'humanité en loutrageant, et nous avons vu nọs soldats exercer l'humanité, même sur le champ de bataille, et prodiguer les soins les plus tendres aux ennemis blessés.

Parmi nos braves marins on reconnoîtra les dignes successeurs des Jean-Bart, des Cassart et des Thurot; on y verra combien ils sont vils les satellites de la

tyrannie, combien ils sont grands les défenseurs de la liberté.

Les enfans n'y seront point omis plusieurs ont donné des preuves d'un héroïsme prématuré. Tel n'a pu verser son sang pour la patrie; mais il a donné ses soins, son tems, sa fortune.

Et vous, généreuses citoyennes, dont plusieurs ont partagé le sort des combats ou préparé les habillemens de nos guerriers;

Vous, pauvres artisans, qui dans le trésor de l'état avez porté le denier de la veuve, le prix de vos sueurs, tandis que l'imprudent égoïste vous outrageoit, vous serez vengés; et nous anticiperons les témoignages de la postérité à votre égard.

Dans le récit d'une action généreuse, il nous sera douloureux d'ignorer plusieurs noms que nous voudrions arracher à l'oubli et faire retentir dans les siècles à venir.

Il est des événemens dont la gloire se répartit sur une masse de citoyens, tels que la prise de la Bastille, le siége de Thionville, et sur-tout celui des immortels Lillois. Quand la postérité lira que chez eux on se disputoit le plaisir d'arracher la mèche enflammée des bombes; qu'un perruquier courut ramasser un éclat de bombe, qui servit à l'instant de plat-à barbe pour raser 14 citoyens, riant au milieu. du danger; qu'un boulet lancé dans le lieu des séances de l'administration du département, y fut déclaré en permanence; l'antique mythologie lui paroîtra rapprochée de l'histoire.

La masse des vrais citoyens a multiplié ses sacrifices pour conquérir et maintenir la liberté : il faut donc que la marche et le développement graduel de l'esprit public soient retracés de manière à faire connoître à ceux qui nous succéderont dans la carrière de la vie, ce que furent les Français dans les diverses époques de la révolution, et ce qu'il leur en a coûté pour léguer le bonheur aux générations futures.

Dans cette galerie de portraits, la patrie en deuil contemplera les législateurs assassinés pour avoir voté

fa mort du tyran; et ce récit gravera dans les cœurs, en traits ineffaçables, les dogmes politiques qui établissent la haine de la royauté et du fédéralisme.

La voix de la France entière sollicite ou plutôt exige impérieusement la réformé de l'éducation, qui seule peut remédier aux altérations de la morale publique, mais dont les formes actuelles, très-vicieuses, laissent flotter l'opinion, lorsqu'elles ne l'égarent pas. Un des moyens les plus efficaces pour l'épurer et la fixer, c'est la connoissance des faits héroïques de la révolution; elle doit être classique. Des sentences abstraites n'effleurent pas même le cœur des enfans, elles leur paroîtront toujours fastidieuses. Un enfant définissoit la morale en disant, c'est ce qui ennuie. C'est là une grande leçon pour les instituteurs. Voyez avec quelle avidité l'enfant écoute une anecdote, avec quel dégoût il entend un raisonnement. Prêtez donc à l'austère raison le coloris du sentiment ; mettez la vertu en action; et l'imagination de l'élève, imprimant pour la vie le trait d'histoire ame, il en pompera la morale. Le récit des belles actions rend leurs auteurs présens à tous les lieux'; en se les rappellant, comme en quittant un homme. de bien, on se sent meilleur.

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dans son

Quand sur les rives de l'Amérique, le docteur Waren tomba sous le fer des Anglais, sa chemise sanglante fut portée dans un temple. Là, l'orateur exprima les regrets de la patrie, et dit à ses auditeurs Lorsque la liberté sera en péril, appellez " vos fils, montrez-leur un lambeau de la chemise "ensanglantée de Waren, et donnez-leur des armes, Et l'assemblée jura de vaincre ou de s'enterrer sous les débris fumans de la patrie; et les enfans répétèrent avec enthousiasme le serment de leurs pères.

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C'est ainsi que traçant à leurs élèves la route de la vertu, les instituteurs nationaux mériteront la confiance de la République.

Avec quelle joie, entourés de leurs enfans, les chefs de famille leur raconteront les événemens dont ils auront été les contemporains, les témoins, surtout lorsqu'eux-mêmes auront glorieusement figuré

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ur la scène. Vois, dira le père à son fils, comment j'ai payé mon tribut à la patrie; et lorsqu'entré dans la tombe, j'aurai payé tribut à la nature, en te rappelant ce que je fus, pense à ce que tu dois être. Elle est rigoureusement vraie dans une république, cette maxime, que chacun est fils de ses œuvres ainsi, l'estime que j'ai acquise est mon patrimoine; mais elle ne sera pas ton héritage: si tu ne marches pas sur les traces de ton père, son exemple sera pour toi un reproche accablant, et la comparaison, en donnant du relief à ses vertus, montrera d'une manière plus saillante ta flétrissure.

Il sera facile de rassembler les matériaux destinés à former les annales du civisme : outre les faits recueillis avec soin dans les procès-verbaux de ses séances, et qui forme déja une moisson abondante, la Convention nationale autorise son comité d'instruction publique à correspondre pour cet objet avec les auto. fités constituées, les bataillons, les sociétés populaires, et généralement avec les citoyens: indubitablement tous se feront un devoir de transmetre, en le certifiant, le récit des actes civiques qui auront eu lieu dans leur arrondissement; et l'empressement avec lequel seront adressés à la France, à la postérité, les faits héroïques, en produira de nouveaux.

Les sociétés populaires, dont la haine des pervers atteste l'utilité constante, et sans la vigilance desquelles le fanatisme et l'aristocratic auroient dévoré la République les sociétés populaires se montreront aussi actives pour préconiser la vertu que pour démasquer les trahisons: elles déroberont les secrets de la modestie; les actions que l'on vante subiront dans leur sein une discussion épuratoire, et leurs suf frages rehausseront l'éclat de celles qui auront subi cette épreuve.

Evoquons les ombres de ceux qui ont péri pour la patrie, formons- en la première colonne de ces hommes illustres qui s'avancent vers l'immortalité.

Vous qui vivez encore, et dont on peut citer des actions généreuses, souvenez-vous que la défiance sans exagération est une vertu des peuples libres,

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