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mais un nombre très supérieur d'Anglois, d'Espa nols et de rebelles Toulonnois, l'a forcé à la retraite. On a élevé sur une autre éminence des batteries qui foudroieront et chasseront l'ennemi dès qu'elles pourront être soutenues d'un corps de troupes assez nombreux.

La prise de Lyon par l'armée du général Doppet va fournir un renfort considérable à celle qui assiege Toulon, et l'évacuation du Mont-Blanc, par les Piémontois, rendra encore disponible une autre partie de l'armée des Alpes: on doit espérer que Pitt et les Anglois ne jouiront pas long-tems de cette trahison infâme.

Lyon s'est rendu le 18 du premier mois ( 9 octobre.) Les rebelles, ont tenté de s'évader au nombre de 4,000 hommes; mais ils ont été poursuivis, atteints, vaincus; on en a tué 1,500, et la plupart des chefs, le reste fuit épars dans les campagnes où le tocsin sonne de toutes parts, et appelle à leur poursuite toutes les communes environnantes.

Les peines les plus terribles sont prononcées contre ceux des habitans de Lyon, qui ont résisté si long-tems à l'armée de la république; et contre la ville même qui lui avoit fermé ses portes.

Cette ville sera détruite. Tout ce qui fut habité par les riches sera démoli : il ne restera que la maison du pauvre, les habitations des patriotes exilés ou proscrits, les édifices spécialement consacrés à l'industrie, et les monumens consacrés à l'humanité et à l'instruction publique.

Le nom de Lyon sera effacé du tablean des villes de la république. La réunion des maisons conservées portera désormais le nom de ville affranchie.

Il sera élevé sur les ruines de Lyon une colonne qui attestera à la postérité les crimes et la punition des royalistes de cette ville, avec cette inscription :

Lyon fit la guerre à la liberté : Lyon n'est plus.

Tel est le décret sévère porté pour la punition de cette ville autrefois si fière de ses richesses, et pour l'effroi de toutes celles qui seroient tentées de l'imiter.

Guerre civile dans les départemens de l'Ouest.

Le 15 de ce mois (te 6 octobre) l'avant-garde de la brave armée de Brest et de Mayence a battu 25,000 brigands à S.-Siphonien daus la Vendée, les a repoussés et menés la baionnette aux reins une grande lieue, leur a pris deux pièces de canon,ct deux caissons bien garnis. Un des chefs est resté sur le champ de bataille, au milieu de plus de 60s des siens. Nos troupes et nos généraux ont donné les preuves de la valeur la plus brillante; et cependant par le défaut d'ensemble dans les mesures, parce que les généraux qui commandent du côté de Saumur ont mis de l'incertitude dans leurs ordres, les ont donnés et révoqués plusieurs fois, enfin parce que au moment où les généraux de l'armée de Brest et de Mayence venoient de remporter cette victoire, ils ont été rappellés, sans que Lechelle qui va prendre le commandement général de tous ces corps d'armée pût être encore arivé de plusieurs jours, cette exécrable guerre n'est pas encore terminée, comme elle l'eût peut-être été avec plus d'accord et d'ensemble, si toutes les armées avoient attaqué à la fois.

*

Un nouvel avantage a ranimé toutes nos espérances. Les rebelles attaqués auprès de Châtillon', ont été mis dans une déroute complette. Leur armée forte au moins de 20 mille hommes, s'est dissipée de toutes parts, et nous sommes entrés victorieux à Châtillon. Nous y avons pris deux pièces de canon, et ce qui est pour nous un prix bien plus doux de la victoire, nous avons rendu à la liberté 800 patriotes que ces brigands avoient jettés dans les fers.

On s'abonne à Paris, chez les Directeurs de l'Imprimerie du Cercle Social, rue du Théâtre-Français, no. 4, pour la quatrième année, commençant le premier jeudi d'octobre.

Le prix de l'abonnement est de 12 liv.

De l'Imp. du Cercle Social, rue du Théâtre-Français, n°.

7 LA

FEUILLE VILLAGEOISE.

L'an

UNE

3. jour du 2d. mois, (*)

second de la République française. Jeudi, 24 octobre 1793. (Vieux style ).

ANNALES DU CIVISME.

NE constitution républicaine ne peut avoir pour fondement solide que la profession et la pratique constante de toutes les vertus. La France, en se proclamant république au milieu de l'Europe esclave et corrompue, a donc déclaré qu'elle abjuroit tous les vices qui s'allient avec la servitude, qu'à compter de cette époque mémorable, elle feroit éclater toutes les vertus civiques et morales, sœurs et compagnes inséparables de la liberté.

Elle a d'avance tenu parole; et des traits nonbreux de courage, de désintéressément, d'amour de la patrie, de loyauté, de piété filiale, honorent dėja l'histoire de sa révolution. Comme rien n'encou rage à bien faire mieux que la certitude d'avoir bien fait, et qu'un peuple ne suit et n'imite jamais rien plus volontiers que les exemples qu'il s'est don nés lui-même, la convention nationale ne pouvoit choisir de meilleur moyen pour engager sans retour dans les sentiers de la vertu le peuple qu'el'e représente, que de lui mettre sous les yeux, comme dans un tableau, les pas qu'il y a déja faits.

(*) Faute essentielle à corriger dans la date du pré

cédent No.

:

Au lieu de 6e. jour du xer. mois, lisez 26. jour.
Septième partie.

D

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Lisez, bons villageois, l'extrait du plan que lui a soumis son comité d'instruction publique. Voyez dans quel cadre seront placés les actes vertueux de vos concitoyens, de vos amis, de vos pères, de vos enfans.

Ah! si votre ame ne se sent pas enflammée à cette lecture du désir d'occuper aussi une place dans ces annales immortelles, reprenez, reprenez vos chaînes; vous n'êtes point, vous ne serez jamais dignes d'être des républicains.

Extrait du rapport fait par le citoyen GREGOIRE, membre du comité d'instruction publique, sur les moyens de former les annales du civisme, et sur la forme de cet ouvrage.

Les tyrans, leurs flatteurs et les émigrés calomnient aux yeux de l'univers les fondateurs de la république Française. Des écrivains prostitués au mensonge et à la cupidité deviennent leurs échos: le recueil que nous préparons, sera l'irréfragable réponse. aux impostures par lesquelles ils tentent d'empoisonner l'opinion publique.

Sans doute quelques crimes, inséparables d'une révolution, ont fait gémir les ames honnêtes. L'humanité se compose de vérités et d'erreurs, de vices et de vertus. Ces crimes sont les fruits d'un gouvernement qui étoit sans mórale, et de la dépravation d'une cour qui érigeoit ses trophées scandaleux sur les débris des mœurs. Dans les faits notoires et secrets de la révolution, dans les correspondances saisies sur les émigrés, dans leur vie privée et publique, dans celle des faux amis de la li berté, nous trouverons l'histoire de ces crimes; nous la mettrons au jour on verra qu'ils en sont les provocateurs ou les agens; c'est leur propriété, nous la leur laissons: les vertus resteront aux patriotes.

Ainsi, nous présenterons un contraste dans une série de faits authentiques dédiés à l'inflexible postérité. Sa voix tonnante dévouera les émigrés àl'exécration de tous les siècles. Les peuples détrompés se

hâteront d'atteindre leur virilité politique, et les volcans allumés sous les trônes feront explosion.

Un autre avantage résultant de ce travail, sera de fournir des modèles à nos contemporains, à nos neveux, et de trouver en eux des imitateurs. Semons la vertu, et nous recueillerons des vertus.

:

En général, très peu d'hommes agissent par principes; presque tous imitent: le caractère de la plupart est plutôt le produit des exemples qui ont passé sous leurs yeux, que des maximes qu'on a tenté de leur inculquer le vice et la vertu forment des tableaux dont la vue laisse une impression profonde. Un sophisme ébranle, un mauvais exemple entraîne ; mais ussi le bon exemple enfante des vertus: il est le véhicule de la morale. Et pourquoi chercherions-nous des modèles chez les peuples antiques? Riches de notre propre fonds, nous n'avons rien à leur envier et, nous le disons avec une sorte d'orgueil, les Français perdroient à la comparaison. Si Rome eut un Décius (1), n'en avons-nous pas des milliers ? Nous citerons ce canonnier mourant, qui, malgré les chirurgiens, sort de son lit pour aller servir son canon dans une affaire, et revient content à l'hôpital. Nous citerons cet autre canonnier, qui, à Mons, voyant tous ses camarades tués ou blessés, au lieu de se sauver, encloue son canon en disant : Tu , ne peux plus servir pour la patrie, tu ne serviras pas contre elle, et à l'instant il est haché. Nous citerons le brave Pie, grenadier d'un bataillon de

la

(1) Général Romain, fameux par son dévouement. Dans une guerre contre les Latins, les Romains qu'il commandoit commençoient à plier. Décius crut d'après quelques augures, (car ces braves gens avoient le malheur d'y croire,) que s'il se dévouoit volontairement, victoire se déclareroit pour son armée. Après une formalité superstitieuse, dont l'intention étoit sublime, il se précipita dans les rangs ennemis, y trouva la mort, et les Romains furent vainqueurs. Il n'étoit pas difficile de prévoir l'effet que produiroit sur des soldats romains un sfgrand exemple; mais il falloit un Décius pour le donner, D &

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