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cesse renaissantes pour savoir si un mois est de 30 ou de 31 jours.

On a vu dans la réforme imparfaite de JulesCésar et dans la fantaisie d'Auguste la source de cette inégalité. On a vu aussi dans le plus éclairé des anciens peuples la division la plus simple et la plus naturelle de l'année.

Les Egyptiens faisoient, leurs mois égaux, tous de 30 jours, auxquels ils ajoutoient cinq jours supplé, mentaires à la fin de l'année. Cette division présente de grands avantages pour les usages domestiques et civil: elle convient donc au nouveau calendrier des François.

De la Semaine. Ce fut une invention moins heureuse des astrologues Egyptiens. Ils croyoient voir le nombre 7 dans la création du monde ; ils le voyoient dans le systême planétaire, ils voulurent l'avoir dans la division du tems. Ils imaginèrent la semaine, qui ne divise exactement ni le mois, ni l'année. Chaque planète, suivant eux, avoit sous son influence un jour de la semaine, et certaines heures marquées du jour. D'autres superstitions se sont emparées de cette divis sion Egyptienne; et la France républicaine en adoptant dans la division de l'année les fruits de la sagesse de cet ancien peuple, n'a pas dû adopter de même, dans la division des mois, les fruits de leur crédulité superstitieuse.

La division décimale, établie par une loi pour les poids et mesures de toute espèce, ainsi que pour les monnoies de la république, (1) se trouve naturellement introduite dans le mois qui est de 30 jours. Il sera divisé en trois parties égales de 10 jours chacune et que l'on appellera décades.

Chacune de ces décades peut se couper en deux parties égales de cinq jours chaque ; et comme les cinq jours qui n'entrent point dans la composition des mois et qui seront ajoutés par complément à la

(1) Voyez, no. 45 de la 3e. année de la Feuille villa geoise, l'explication de cette loi.

fin de l'année, selon la méthode des égyptiens, for ment une demi décade, l'année commune se trouvera ainsi divisée juste en 36 décades et demi, ou en 73 demi-décades.

Le jour où tombera la décade indiquera constamment les mêmes jours du mois et de l'année: on ne peut obtenir cet avantage de la semaine.

Dujour et de l'heure. Le jour a été divisé très-inégalement chez les anciens peuples comme chez les modernes. Les anciens Perses se régloient sur le chant du coq. Aujourd hui les Sybériens et quelques autres peuples du nord conservent cet usage. Les Egyptiens divisèrent la nuit en 12 parties égales entr elles, qui augmentoient ou dim nuoient Selon la durée des nuits. Ils en faisoient autant pour le jour. Les dovze heures de la nuit et les douze du jour n'étoient égales qu'aux équinoxes.

Les Italiens comptent du coucher du soleil; les astronomes, de midi; le reste de l'Europe, de minuit

La division de 1 heure en 60 minutes et de la minute en 60 secondes, est très-incommode dans les calculs: les astronomes français ont préparé des changemens qui rendront leurs opérations pls, promptes et plus exactes; mais cette exactitude ne sera parfaite que lorsque le tems sera soumis à la règle simple et gé nérale de tout diviser décimalement.

On a déja construit quelques montres d'observations, où le jour est divisé en parties decimales. Elles mesurent jusqu'à la cent millieme partie du jour, qui équivaut au battement du pou's d'un homme de taille moyenne, bien portant, et au pas redoublé militaire.

On trouve dans cette division celle en quatre, en vingt, en quarante. Elle réunit presque tous les avantages de la division par 24, et beaucoup d'autres que celle-ci n'a pas.

L'adopter est le seul moyen pour que la façon de mesurer le jour ne présente pas une discordance choquante avec le reste du systême général de nos

mesures.

Cependant comme les changemens qu'elle exige dans l'horlogerie ne peuvent se faire que successivement, cette division ne doit devenir obligato re pour les usages civils qu'à dater de la troisième année de la République.

Du jour intercalaire. Ce jour qui se trouve entier tous les quatre ans, que dans la manière actuelle de disposer l'année on ajoute au mois de février, et qui donne à l'année dans laquelle il se trouve le nom de bissextile, sera placé dans notre année républicaine apres les cinq jours complémentaires.

Ainsi tous les quatre ans, le complément de la fin de l'année, au lieu de cinq jours en aura six. On pourroit donc appeller cette quatrième année non pas bissextile, puisque le nombre de six ne s'y répète pas deux fois, mais simplement sextile, pour indiquer que, cette année-là, le complément est de six jours.

Ici la mesure du tems cadre encore avec nos époques révolutionnaires. C'est après quatre ans de révolution, et dans une année bissextile que la nation renversant le trône qui l'opprimoit, s'est établie en République.

Mais quoiqu'en 1792 ont ait intercalé un jour en février, cette légère inexactitude qui produit, comme nous l'avons vu, trois jours au bout de 400 ans, fait que l'équinoxe vrai est encore en avant de 21 heures et demi.

On ne s'est point arrêté à cette difficulté; et l'on a fixé invariablement notre jour intercalaire au moment où le comportera la position de l'équinoxe. Après une première disposition nécessaire pour concorder avec les observations astronomiques, la période sera toujours de quatre ans ; etle jour ajouté à l'année bissextile (où plutôt sextile) rappellera toujours que ce fut après quatre ans de révolution, que s'écroula le trône et que naquit la République.

Les Grecs célébroient tous les quatre ans, près de la ville d'Olympie, des jeux où se assembloit toute la Grèce; ils les nommoient jeux olympiques,

et l'intervalle de ces quatre années, ils l'appelloient olympiade.

A l'imitation de ces peuples célèbres, notre période de quatre ans gera nommée la franciade. Au jour intercalaire, qui sera pour la quatrième année un sixième jour complémentaire, des jeux solemnels seront célébrés, sous le nom de jeux franciques.

Ce grand jour sera consacré à des exercices dignes d'un peuple libre. Les be les actions qui mériteront d'être transmises en exemple, le talent, la vertu, le courage, recevront de la patrie des récompenses dignes d'eux et dignes d'elle.

Voilà de longues explications; mais l'importance du sujet les rendoit nécessaires. Bons villageois. je vous les recommande. Avant que vous lisiez le décret suivant, il faut qu'elles vous soient devenucs familières. Malgré mes soins pour être clair, peutêtre à la première lecture y trouverez-vous quelque obscurité, ce sera la faute de la matière; mais à la "seconde si vous ne m'entendez pas, ce sera ma faute.

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CONVENTION NATIONALE.

Décret du 5 octobre, concernant l'Ere des Français. La Convention nationale, après avoir entendu, son comité d'instruction publique, décrète ce qui suit

Art. Ier. L'ère des Français compte de la fondation de la République, qui a eu lieu le 22 septembre 1792 de l'ère vulgaire, jour où le soleil est arrivé à l'équinoxe vrai d'automne, en entrant dans le signe de la balance à gheures 18 minutes 30 secondes du matin, pour l'observatoire de Paris.

II. L'ère vulgaire est abolic pour les usages civils. III. Le commencement de chaque année est fixé à minuit, commençant le jour où tombe l'équinoxe vrai d'automne pour l'obsérvatoire de Paris.

IV. La première année de la République française a commencé à minuit le 22 septembre 1792, et a

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fini à minuit, séparant le 21 du 22 septembre 1793.

V. La deuxième année a commencé le 22 septembre 1793 à minuit, l'equinoxe vrai d'automne étant arrivé pour l'observatoire de Paris, à 3 heures, 7 minutes 19 secondes du soir.

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VI. Le décret qui fixoit le commencement de la seconde année au premier janvier 1793. est rapporté, Tous les actes datés l'an 2. de la République, passés dans le courant du premier janvier au 22 septembre exclusivement sont regardés comme appartenant à la première année de la République.

yII. L'année est divisée en 12 mois égaux de trente jours chacun, après lesquels suivent cinq jours pour compléter l'année ordinaire, et qui n'appartiennent à aucun mois; ils sont appelés les jours

complémentaires.

Chaque mois est divisé en trois parties égales de dix jours chacune, et qui sont appelées decades, distinguées entr'elles par première, seconde et troisième.

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IX. Les mois, les jours de la décade, les jours complémentaires, sont désignés par les dénominations ordinales premier, second, troisième, etc. mois de l'année; premier, second, troisième, etc., jour de la décade; premier, second, troisième, etc., jour complémentaire.

X. En mémoire de la révolution qui, après quatre, ans, a conduit la France au gouveinement républi-, cain, la période bissextile de quatre ans est appelée. la Franciade.

Le jour intercalaire qui doit terminer cette pé-i riode, est appelé le jour de la Révolution. Ce jour est placé après les cinq jours complémentaires.

XI. Le jour de minuit à minuit, est divisé en dix parties; chaque partie en dix autres, ainsi de suite jusqu'à la plus petite portion commeasurable de la durée. Cet article ne sera de rigueur pour les actes publics qu'à compter du premier du premier mois dẹ, la troisième année de la République.

XII. Le comité d'instruction publique est chargé

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