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nom qu'il conserve tout entier en latin, et qui est annoncé, plutôt que celui de Saturne, par la première syllabe de samedi.

Chez les Juifs le Sabat étoit le jour du repos, le jour du Seigneur chez nous c'est le jour qui le suit, et je vous ennuierois, mes amis, si je voulois vous expliquer comment nos ayeux, en estropiant un mot latin qui veut dire le Seigneur, ont créé pour ce septième jour le beau nom de dimanche.

Tant y a qu'il veut dire jour du Seigneur, et non point jour du Soleil; ainsi dans notre semaine dont presque tous les jours portent le nom d'une planette, on n'a omis que le nom du Soleil qui les

éclaire toutes.

Vous voyez bien que si l'ancienne accoútumance ne vous avoit pas rendu tout cela familier, vous n'y trouveriez pas le sens commun.

Le calendrier réformé plusieurs fois dans des tems d'esclavage, devoit être enfin perfectionné et fixé invariablement à l'époque de la liberté,

Cette réforme totale vient d'être faite ; et l'on vous dira sans doute, bons villageois, que ce changement va tout brouiller, que vous ne connoîtrez plus rien dans l'année, dans les mois, dans les jours. On ira peut-être jusqu'à vous faire entendre que la religion est blessée, puisque chaque septième jour ne s'appellera plus le dimanche.

Il faut laisser dire toutes ces sottises, écouter l'explication très-simple de cette innovation juste et raisonnable, et y conformer promptement votre langage et vos habitudes civiles.

Mais avant d'apprendre ce qu'est le nouveau calendrier, il est nécessaire de mieux expliquer ce qu'étoit l'ancien.

De l'ancien calendrier.

Le calendrier n'est autre chose qu'une distribution du tems que les hommes ont accommodée à leurs usages. Nous verrons bientôt d'où est venu ce nom de calendrier.

Dans les tems où l'on croyoit que le soleil, cet astre

A

immense, prenoit la peine de faire le tour de notre petit globe terrestre, on disoit que le cours de l'année et la durée des jours étoient réglés par le mou→ vement du soleil autour de la terre.

On sait maintenant que le soleil reste fixe, au centre de notre monde, que la terre tourne autour de lui, et acheve ce tour dans une année; qu'elle tourne en même tems sur elle même, présentant successivement au soleil tous les points de sa surface, et qu'elle employe à tourner ainsi vingt quatre de ces espaces de tenis que l'on appelle heures.

Ces vingt-quatre heures forment un jour : les jours forment des mois; et les mois composent

l'année.

Les Egyptiens et les Babyloniens, les plus anciens peuples qui aient cultivé l'astronomie, s'approchèrent le plus de la vérité. Ils comptèrent dans Tannée 365 jours, les distribuèrent en 12 mois égaux, à la fin desquels ils ajoutèrent les cinq jours complémentaires.

Mais la révolution de la terre autour du soleil dure en effet 365 jours, 5 heures, 48 minutes, et 49 secondes. Cette supputation, qui est strictement exacté, n'ayant pas été régulièrement faite par ces anciens peuples, occasionna toujours dans leur calendrier du désordre et des embarras.

Les Romains ignorèrent pendant long-tems et les Egyptiens, et les découvertes faites par eux dans les sciences. Ils composerent d'abord leur année de dix mois. Ce lut Romulus, fondateur de leur ville et leur premier roi, qui fit ce beau calcul, et qui donna au premier de ces dix mois le nom du dieu

Mars.

Mars, avril, mai et juin furent les quatre premiers mois quintile et sextile venoient ensuite: leurs noms designoient simplement lordre numérique où ils se trouvoient placés. Les quaire derniers se nommèrent septembre, octobre, novembre et décembre; et ces noms indiquoient aussi leur place dans l'année composée de dix mois.

Numa, successeur de Romulus, ajouta les mois de janvier et de février, qu'il plaça au commence

ment de l'année; mais il ne changea rien au nom des sept derniers mois qui s'y trouvèrent, pour ainsi, dire, tous reculés à deux places de leur nom.

Numa dans cette réforme ne suivit que les mois lunaires et non les mois solaires; c'est-à-dire qu'il se régla sur le tems que la lune met à faire le tour de la térre, au lieu de prendre pour règle les mouvemens de la terre autour du soleil.

Le mois lunaire ou le retour des phases de la lune n'étant que de 29 jours, 12 heures, et 44 minutes, cela produisit avec le tems un tel désordre, un tel dérangement dans les mois, qu'au bout de quelques' siècles on ne s'y reconnoissoit plus. Les mois d'hiver répondoient à l'automne, et les mois consacrés aux cérémonies religieuses du printems répondoient à

l'hiver.

Quand Jules César se fut rendu maître de la république, il fit venir d'Egypte à Rome les plus célèbres astronomes; il entreprit avec eux le débrouillement de ce cahos et la réforme de l'année.

Il proscrivit l'année lunaire, et supputant tous les jours d'erreur qui avoient eu lieu depuis Numa, il en trouva go. Il les intercala en une seule fois, entre les mois de novembre et de décembre. Cette année fut composée de 445 jours, et très justement nominée Tannée de la confusion.

En suivant le sentiment de ses astronomes, il fixa Tannée solaire à 365 jours, 6 heures.

Voici comme il disposa les jours. Il ordonna que les mois impairs, le premier, le troisième, le cinquième etc., c'est-à-dire janvier, mars, mai, quintile, septembre et novembre auroient chacun 31 jours, et que tous les autres mois en auroient 30, excepté février, qui n'en auroit que 29 dans les années communes et 30 dans les années bissextiles.

Ce mot bissextile est encore, mes chers amis, un de ceux que vous croyez entendre et que vous ne comprenez pas je voudrois bien vous l'expliquer :-je voudrois être assez clair, et n'être pas trop long.

Les Romains ne comptoient pas les jours comme

nous. Ils avoient dans chaque mois trois points fixes dont ils se servoient pour compter les autres jours.

Ces trois points étoient les calendes, qui étoient toujours le premier jour du mois ; les nones qui étoient tantôt le 7 et tantôt le 5, et les ides qui dans quatre mois, tomboient au 15 et dans tous les autres, a 15. Il vous importe peu de distinguer

ces mois les uns des autres.

,

7.

On comptoit les jours en remontant de l'un de ces points vers le point placé au-dessus. En janvier, par exemple, les ides étoient le 13. Ce jour se nommoit les ides de janvier le jour précédent s'appelloit la veille des ides, et remontant ensuite par ordre, disoit le trois, le quatre,, le cinq, le six, le sept et le huit des ides.

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on

On arrivoit ainsi jusqu'au jour des nones, qui étoit le cinq du mois. Et l'on recommençoit à compter en montant les nones de janvier, la veille, le trois et le quatre des nones; au-dessus duquel étoient les

calendes.

Ces calendes, ou premier jour du mois, servoient de point fixe pour compter les jours du mois précédent, en remontant jusqu'à son jour des ides que 7. nous avons vu être placé, tantôt au 13 et tantôt au 15.

Ainsi pour compter la fin de janvier, on partoit des calendes de février, c'est-à-dire, du premier jour de ce mois On appelloit le 31 janvier, la veille des calendes de février, et l'on remontoit jusqu'au 13 où nous avons dit qu'étoient placées les ides, comptant le trois, le quatre, le cinq, le six, etc. jusqu'au dix-neuf des calendes de février.

en

Je n'ai pas maintenant besoin de vous dire que ce nom de calendes donné au premier jour de chaque mois, est ce qui a fait donner celui de calendrier à toute cette distribution de l'année, des mois et des jours.

Vous entendrez tout aussi clairement, tout-àl'heure ce que c'est qu'une année bissextile, si vous avez bien compris ce qui précède.

Vous avez yu que sniyant César et ses astronomes,

l'année étoit de 365 jours, 6 heures; et vous savez comment il disposa les jours: il régla aussi l'emploi de ces six heures.

Selon sa manière de compter, à la fin de la première année il s'en falloit 6 heures que la révolution du soleil ne fût achevée ; il s'en falloit 12 heures la f seconde, 18 la troisième, et 24, c'est-à-dire un jour entier, à la fin de la quatrième.

Il régla donc que ce jour seroit ajouté à la quatrième année, qui se trouveroit ainsi composée de 366 jours.

Le mois de février n'ayant que 29 jours, ce fut à lui que Jules César voulut, avec raison, faire ce cadeau d'un jour de plus tous les quatre ans, et voici comme il le plaça, ou l'intercala dans ce mois.

On en comptoit la dernière partie, depuis les ides jusqu'aux calendes de mars, dans l'ordre que je vous ai dit. Le dernier jour qui étoit le vingt-neuvième, se nommoit la veille des calendes de mars, et l'on remontoit en disant le trois, le quatre, le cinq, le six, le sept, le huit, etc, des calendes, jusqu'aux

ides.

Le jour ajouté ou intercalaire fut placé après le six des calendes, et pour ne rien déranger au reste du compte, on répéta ce six une seconde fois avant de passer au sept.

En latin deux fois s'exprimoit par bis: bis sex vouloit dire deux fois six; et de bissex vient le nom de bissextile donné à chaque quatrième année, dans laquelle on ajoutoit un jour au mois de février, en répétant deux fois le sixième jour avant les calendes de mars.

On a toujours gardé depuis, le nom d'année hissextile, quoique l'on n'ait rien conservé de cette manière de compter les jours: c'est ce qui fait que tant d'honnêtes gens l'emploient habituellement sans l'entendre.

César voulut consacrer sa réforme du calendrier en imprimant son nom à l'un des mois de l'année. Si Rome républicaine avoit donné au sixième mois l'un des

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