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dont il sera parlé ci-après, sont invités à lessiver eux-mêmes le terrein qui forme la surface de leurs caves, de leurs écuries, bergeries, pressoirs, selliers, remises, étables, ainsi que les décombres de leurs bâtimens.

Le salpêtre qu'ils auront ainsi récolté leur sera payé, par la régie des poudres, 24 sous la livre, prix déja déterminé par la loi du 28 août dernier, vieux style).

II. Pour mettre cette opération à la portée de tous les citoyens, il sera envoyé, par le comité de salut public, dans toutes les communes une instruction sur l'extraction du salpêtre cette instruction sera lue sous l'arbre de la liberté, trois décades consécutives, et sera déposée à la municipalité, pour être consultée ou transcrite par tous ceux qui voudront en faire usage.

III. Afin de suppléer au travail de ceux qui ne pourroient pas s'y livrer par eux-mêmes, les municipalités sont invitées à former un atelier commun destiné à lessiver les terres, ou à faire évaporer les lessives que les citoyens y feroient transporter.

A cet effet, elles choisiront l'homme le plus propre par ses connoissances et par son patriotisme, à diriger ces opérations, et à éclairer ses concitoyens sur celles qu'ils voudront faire chez eux.

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Le salpêtre provenant de ce travail commun sera de meme payé par la régie, à raison de 24 sous la livre.

IV. Les municipalités pourront, avec l'approbation de l'administration de district, prendre en location une maison, soit nationale, soit particulière convenable à l'atelier commun indiqué dans l'article précédent. Le prix de la location, ainsi que les autres frais des opérations, seront acquittés sur le produit du salpêtre.

V. Pour assurer le succès de ces nouveaux établissemens, la régie nationale des poudres placera dans chaque département un de ses préposés, dont les fonctions auront pour principal objet d'instruire les agens de district, dont il sera parlé dans le : arti

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cles suivans, de juger de leur capacité, et d'entretenir avec eux la correspondance nécessaire.

Le ministre des contributions fixera, sur le rapport de la régie des poudres, le traitement de ces préposés.

VI. Chaque administration de district sera tenue d'envoyer auprès du préposé de la régie dans le département, un citoyen qui fera preuve de connoissances suffisantes, ou qui s'instruira dans le travail de l'extraction du salpêtre, jusqu'à ce que le préposé le juge capable de diriger ce travail.

VII. Lorsque le préposé de la régie jugera ce citoyen suffisamment instruit, il lui délivrera un certificat de capacité; et alors celui-ci sera reconnu comme agent du district pour l'exploitation du salpêtre ; ce dont il sera donné avis au ministre des contributions publiques par l'administration du district.

VIII. Le traitement de ces agens sera de 150 liv. par mois. Le ministre les leur fera payer d'après un certificat d'activité de service, délivré par l'administration de district, et sur les fonds qui sont à sa disposition pour les pondres et salpêtres.

IX. Les agens de district, pour la confection du salpêtre, seront chargés de faire une tournée dans toutes les municipalités du district. Ils répandront la connoissance des procédés les meilleurs et les plus économiques; ils feront la visite des lieux qui sont propres à donner du salpêtre, afin de s'assurer s'il n'y en a point dont l'exploitation soït négligée.

X. S'il se trouve dans une commune des terreins négligés qui donnent l'espérance d'un assez grand produit pour mériter un attelier, l'agent du district le fera établir sous la surveillance de la municipalité, ainsi qu'il a été dit à l'article III.

XI. Dans le cas où une municipalité auroit besoin de quelque avance de fonds pour subvenir aux dépenses de cet établissement, elle en fera la demande à l'administration de district, qui, sur le rapport de son agent, sera autorisé à l'accorder. Cette somme sera prise dans la caisse du receveur du district, et sera remplacée par le produit du salpêtre récolté par

cet attelier, et en cas d'insuffisance par une addition d'imposition sur les habitans de la commune.

XII. Les citoyens et les municipalités porteront, ou feront porter, leur salpêtre au chef-lieu de district à des époques qui seront fixées par l'adminis

tration.

Là, l'agent du district jugera si le salpêtre est d'une qualité suffisante, et en constatera la quantité en présence d'un commissaire nommé à cet effet par l'administration de district. Ce commissaire délivrera aux porteurs des reconnoissances de la valeur des salpêtres reçus, qui seront acquittées à l'instant par le receveur de district.

L'état de la recette des matières et des paiemens sera renvoyé par l'administration de district, au ministre des contributions publiques, qui fera remplacer sans délai le montant de ces sommes dans la caisse du receveur.

XIII. Les salpêtres ainsi rassemblés dans les cheflieux de district, seront à la disposition de la régie des poudres, qui les fera transporter dans les établissemens pour le raffinage.

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XIV. Le ministre des contributions publiques, sur la demande de la régie des poudres, est autorisé augmenter le nombre des agens de cette régie en proportion de l'augmentation de ses travaux, Il sera mis à la disposition de ce ministre une nouvelle somme de quatre millions, pour subvenir à la dépense de la fabrication des salpêtres et poudres. Cette somme sera augmentée par la suite, s'il est nécessaire.

XV. Lorsque l'agent de district jugera que les terreins salpêtrés peuvent être exploités dans l'année par les salpêtriers de l'arrondissement, ou lorsque les atteliers de la régie suffront pour exploiter les terres salpêtrées, les citoyens ne pourront point se livrer à l'extraction du salpêtre de leur terrein.

Les administrateurs de district veilleront à ce que l'exécution de cet article n'introduise des abus qui tendroient à priver la République d'une partie de la récolte de salpêtre qu'elle a le droit d'attendre

d'une exploitation active; et dans ce cas elles en informeront promptement le comité de salut public.

XVI. Le ministre des contributions publiques est chargé de l'exécution du présent décret dans tout ce qui a rapport au service de la régie des poudres. Le comité de salut public surveillera cette exécution dans toutes ses parties.

La Convention nationale la recommande à la vigilance patriotique des sociétés populaires.

INSTRUCTION

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Sur l'exploitation du salpêtre.

Le nitre ou salpêtre est un sel qui se forme dans la terre des caves, des écuries, des bergeries, des granges, celliers, remises et autres lieux bas des ha bitations. C'est un sel qui fait la base de la poudre ; c'est la poudre qui doit servir à terrasser les ennemis de la liberté. Quel est le citoyen qui ne s'empressera pas de l'extraire? Nous allons lui indiquer le procédé facile par lequel cette extraction se fait.

Première operation. Du choix et de la fouille des terres.

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Toutes les terres ne sont pas également propres à la formation du salpêtre. Une terre mêlée de beaucoupide sable, ou fort graveleuse, en contient rarementollen est de même de celles où laglaise domine; mais les terres végétales, marneuses, coquilleres, et les craies sont très-favorables à la production de ce sel. Il ne se forme point dans les lieux trop secs, une trop grande humidité lui est également contraire enfin dans les lieux mêmes où il se forme le plus abondamment, il est des places qui en contiennent beaucoup et d'autres fort peu.

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La partie, par exemple, d'une écurie. ou d'une bergerie, qui est le plus habituellement imprégnée de l'urine des animaux, en contient peu; on en trouve davantage à mesure qu'on se rapproche de la mangeoire il est plus uniformément répandu dans les caves.

La première connoissance nécessaire pour l'extraction du salpêtre, est celle des signes auxquels on distingue une terre qui contient du salpêtre, de celle qui en est dépourvue. Il y a plusieurs moyens pour parvenir à ce but: le plus simple, celui qui peut suppléer à tous les autres consiste à goûter la terre qu'on suppose salpêtrée; on creuse dans cette terre d'abord à deux ou trois pouces de profondeur. On en prend une petite portion sur laquelle on applique la langue pendant un instant. Si elle est salpêtrée, on la trouve fraîche, amère, légèrement piquante et un peu salée; si elle ne l'est point, elle est insipide comme la terre des champs. On continue ensuite à creuser et à faire l'essai de la terre jusqu'à ce qu'on ne trouve aucune saveur. On fait cette épreuve dans cinq ou six endroits du local dont on se propose d'extraire la terre salpêtrée ; et l'on est en état d'apprécier ainsi toute la quantité de terre salpêtrée qu'il est possible d'en retirer.

Les braves sans-culottes se familiariseront avec cette épreuve : non seulement ils donneront l'exemple de fouiller le terrein qui est en leur possession, mais ils veilleront à ce que les caves, les écuries et les remises des aristocrates et des malveilians ne soient pas soustraites au tribut que demande la patrie. Deuxième opération. Du lessivage des terres salpétrées.

Le salpêtre se dissout dans l'eau comme le sucre ou le sel marin; si donc on délaye une terre salpêtrée dans une quantité suffisante d'eau, il se dissout ou se fond, mais la terre ne se fond pas, et reste indissoluble. C'est sur cette propriété qu'est fondé le lessivage par lequel on sépare le salpêtre de la terre.

Après qu'on a réuni la terre salpêtrée dont on se trouve possesseur, si l'on n'en a qu'une très-petite quantité, les voisins, amis de la liberté, apportent au même tas les terres qu'ils ont tirées de l'habitation, où la grande famille de la commune réunit dans un même lieu le tribut de chaque citoyen.

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On rassemble des cuviers ou des tonneaux. La scie divise chaque tonneau en deux parties qui deviennent

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