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coups de sabre sur la tête, et tomba mort plutôt que de fléchir. Bessières ne répondit à ses assassins qui le hachoient tout vif, qu'en criant; vive la République! Aubert, capitaine du bataillon du Lot, malade et ayant une médecine dans le corps, monte à cheval, se bat, repousse l'ennemi, et ne lui cède que parce qu'il tombe en défaillance. Que. de traits d'héroïsme dans une seule action! et il n'y a presque point de jours où nos Républicains n'en fassent éclater de semblables !

Sur cette partie de la frontière. les Autrichiens ont eu la bétise de vouloir faire lever aussi le peuple en masse. Mais cette masse d'esclaves étoit apparemment trop lourde. Il s'en est levé..... soixante.

Armée des Alpes.

Le même jour a fourni à cette armée une victoire et une aventure plaisante: elle a mis en déroute à la fois les Piémontois et les préjugés,et fait voir qu'elle ne croyoit pas plus à leur valeur qu'à leurs miracles.

Le roi de Turin s'étoit rendu à Saorgio depuis quelques jours. Il y haranguoit son armée du camp de Raous, et la faisoit fanatiser par un évêque francois émigré. Celui-ci prenoit pouf texte de ses sermons une vieille fable accréditée dans le pays. Les François assiégeoient Turin en 1707. Ils furent battus et obligés de lever le siége par le grand pouvoir de la Madone du 8 septembre;en les attaquant le même jour dans les Alpes, on étoit donc sûr de les vaincre. L'exprélat fanatique et fourbe prêchoit cela revêtu d'une chemise qui passe pour avoir appartenu à Saint Segond, et tenant en main un Saint Suaire qu'il disoit lui avoir été apporté par les airs. Le roi applaudissort; e les soldats italiens plus confiants dans la Madone que dans leur courage, étoient charmés du secours qu'on leur promettoit de sa part.

Voilà donc, le 8 septembre. toute l'armée Piémontoise, bien prêchée bien fanatisée, qui sort da camp et vient, en force supérieure, attaquer nos François sur sept points différens, covánt qu'il n'y avoit qu'à se montrer pour les mettre en fuite. Mais čes

maudits républicains, en dépit dé la date et du miracle promis, se battirent en héros, repousserent partout l'ennemi, avec une perte d'environ 2,000 hommes tués ou blessés; et lui firent 300 prisonniers.

Ce petit accident a beaucoup ôté de leur crédit à la Santissime Madone, à l'évêque son prédicateur, et à ce roi assez imbécile pour croire qu'avec des vierges et des chémises de saints, on pouvoit envoyer ́des républicains François à tous les diables.

Les 11, 12 et 15, il y eut encore différentes affaires de postes, et partout les Piemontois furent chaffes ou précipités des hauteurs. Dans l'une de ces affaires, on a surpris parmi eux des paysans armés, avec des crucifix et des chapelets et d'autres signes d'invulnérabilité, qui n'ont rien ôté de leur cffet aux fusillades françoises.

Armée des Pyrénées orientales.

Les Espagnols supérieurs en nombre, sur-tout en cavalerie, s'étoient avancés tout près de Perpignan. Après quelques actions qui nous avoient forcés de nous resserrer dans le camp qui protégé la ville, ils avoient passé la rivière du Têt dont presque tout le cours étoit à eux, depuis Millas jusqu'à Villefranche: ils s'étoient étendus du côté de Rivesalies, au nord de Perpignan, tandis que le reste de leur armée continuant de presser la ville à l'orient et au midi, la tenoit ainsi toute bloquée. Il falloit, pour la délivrer, tout l'accord qui règne entre les généraux et toute l'intrépidité des troupes. Le 17 septembre, une division de notre armée postée à Salces audessus de Rivesaltes, se concerta si bien avec celle qui est campée sous Perpignan pour attaquer ensemble ce camp espagnol, elles mirent tant de précision dans leurs mouvemens, et tant de vigueur dans leur attaque que rien ne put leur résister. La déroute des ennemis, assaillis en même tems de tous côtés, fut générale, leur fuite précipitée et faite dans le plus grand désordre. Ils ne purent emmener que deux canons, et laissèrent en noire pouvoir au moins 20 bouches à feu, dont plusieurs obus et trois

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pièces de 12, un très-grand nombre de caissons, 300 mulets, mille tentes, distribuées en sept camps, toutes les marmites, gamelles, bidons et autres menus effets de campement, enfin tous les équi-: pages des soldats et des officiers.

On leur a pris aussi une chapelle complette, com- › posée d'objets très précieux en argent, qui a été surle - champ envoyée à la monnoie de Perpignan. Avec cette chapelle de luxe, a été pris un révérend père capucin, aumônier de l'armée. Nos représentans demandent à la Convention ce qu'on peut faire de sa révérence à longue barbe. En attendant, elle est envoyée à Montpellier, avec les autres prisonniers.

Il y en a près de 300, et environ 400 morts. Le général espagnol Solano a été tué.

Cette journée est presque décisive pour le salut de cette frontière. Elle éloigne l'ennemi de Perpignan ; elle rétablit la communication entre Salces et cette ville elle prépare et annonce de nouveaux succès et de plus grandes victoires.

Guerre civile dans les départemens de l'Ouest.

Encore des revers dans cette guerre funeste, presqu'aussi incompréhensible qu'interminable. Pressés de toutes parts, les rebelles ont développé toutes leurs ressources et toutes leurs forces. Ils se sont jettés à torrens sur le corps d'armée du général Rossignol vers les Sables, sur celles de Beysser et de Santerre vers. Montaigu et le Pont-de-Cé. Par-tout nos colonnes surprises, écrasées par le nombre, ont été forcées de céder le champ de bataille: enfin l'avant-garde même de l'armée de Mayence, jusques là toujours victorieuse a été enveloppée, repoussée, a perdu des soldats, ses canons, son bagage ce n'est qu'à son courage habile et expérimenté qu'elle a dû le retour de la victoire qui avoit fui ses drapeaux, et la reprise de tout ce qu'elle avoit perdu.

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Le mouvement rétrograde des autres armées, nécessité celui de l'armée Mayençaise vers Nantes. Elle quittoit Clisson en bon ordre, avec ses équi-s

pages et son parc d'artillerie, lorsqu'elle fut attaquée de nouveau en tête, en queue et en flanc, à trois différentes reprises. Le désordre se mit dans les bagages, les charretiers abandonnèrent lâchement leurs charriots déja les rebelles les pilloient, assassinoient les blessés et emmenoient que ques canons; mais la fermeté de l'armée et de ses chefs répara tout: les brigands furent repoussés avec une grande perte, les bagages et les canons repris, et, par-dessus, on leur enleva six canons avec leurs caissons.

Ces efforts d'un ennemi fanatique ne découragent point nos braves troupes elles sont désormais en nombre capable de porter les grands coups. On fait monter à 300 mille hommes le résultat des réquisitions. Mais les rebelles sont moins affoiblis qu'on ne l'avoit publié; et qu'ils l'avoient peut-être fait publiereux mêmes. On les croit foris de roomille hommes, divisés ca trois armées, avec de la cavalerie, de l'artillerie, des armes de toute espèce et environ 40 ou 50 mille hommes de bonnes troupes. Si cela est, cette guerre n'est pas encore prête à fair; et cependant il seroit du plus grand intérêt pour la République qu'elle fût terminée avant l'hiver. Armez vous donc, citoyens de tous états et de tout âge, qui environnez ces malheureux départemens. Joignez-vous à nos bataillons républicains; et hâtez-vous enfin d'écraser. ce monstre hideux et sanglant, qui déchire le sein de la France, et qui porte inscrit sur son front ces mots terribles si souvent réunis pour le malheur des hommes, fanatisme, royauté, guerre civile !

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On s'abonne à Paris, chez les Directeurs de l'Imprimerie du Cercle Social, rue du Théâtre-Français, no. 4, pour la quatrième année, commençant le premier jeudi d'octobre.

Le prix de l'abonnement est de 12 liv.

De l'Imp. du Cercle Social, rue du Théâtre-Français,

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LA

FEUILLE VILLAGEOISE,

Jeudi 10 octobre 1793,

L'an second de la République Française.

Suite de la Géographie universelle.

ETAT ECCLÉSIASTIQUÉ,

NOUS

ous avons vu les Papes s'élever peu-à-peu d'un' simple vicariat religieux à la souveraineté politique; etl'un d'eux appeller au secours de cette souveraineté, menacée par de petits princes, le grand empereur Othon. Rien ne put résister à ses armes. Il traversa l'Italie en conquérant; mais parvenu à Rome, il fit couronner et sacrer empereur des Romains, y le nom de César et d'Auguste, et obligea le Pape à prit Fui prêter serment et hommage et à se dépouiller ainsi de sa chère souveraineté. Le clergé et la noblesse furent obligés de se soumettre à ne jamais élire de pape qu'en présence des commissaires de l'empereur. Il est vrai, que par le même acte, Othon confirma les donations de Pépin, de Charlemagne et de Louis-le-Débonnaire; mais il reste toujours à savoir quelles étoient véritablement ces donations.

Othon n'eut pas plutôt quitté Rome, que Jean XII intrigua pour défaire tout ce que l'empereur avoit fait, et pour se ressaisir de son pouvoir. Audacieux, mais foible, il fut déposé dans un concile convoqué par Othon, et cela pour des crimes tels que la débauche, l'inceste et le meurtre, qui le rendoient sans doute très-coupable aux yeux de Septième partie.

B

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