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efforts pour la liberté et l'égalité. C'est comme plébéien député du peuple, et non comme prêtre, je ne l'étois plus) que j'ai été appellé à l'assemblée nationale; et il ne me souvient plus d'avoir autre caractère que celui de député du peuple. Je ne puis pas, comme plusieurs de nos collègues, vous livrer les papiers ou titres de mon ancien état, depuis, long-tems ils n'existent plus.. Je n'ai point de démission à vous donner, parce que je n'ai aucun emploi ecclésiastique; mais il me reste une offrande à faire à la patrie, celle de 10,000 liv. de rentes viagères que la lei m'avoit conservées pour indemnité d'anciens bénéfices. Souffrez que je dépose sur votre bureau ma renonciation formelle à cette pension, et que j'en demande acte, ainsi que de ma déclaration.

On applaudit avec transport et à plusieurs reprises, et la Convention décrète à l'unanimité que le discours de Syeyes sera inséré au bulletin.

Depuis ce jour, il n'est point de séance où un grand nombre de prêtres, de curés, d'évêques n'envoient leurs lettres de prêtrise, où des communes ne déclarent s'en tenir au culte de la raison et de la morale, et n'offrent sur l'autel de la patrie des ornemens et des trésors, mieux employés à son service qu'à celui d'un Dieu devant lequel, s'il daigne s'occuper de ce qui se passe sur la terre, il n'y a de vrai trésor que celui d'une bonne conscience et d'un cœur pur.

Les paroisses de Paris se sont successivement fermées. L'église ci-devant métropolitaine est devenue le temple de la raison et de la liberté. La fête de la raison Y a été célébrée avec beaucoup de pompe, et sous d'ingénieux emblêmes. Ce précieux attribut de l'homme y étoit représenté par un personnage allégorique, auquel on rendoit une espèce de culte. Ce personnage n'étoit point une statue ni une image, mais une représentation vivante revêtue d'un costume imposant et agréable : c'étoit de plus une très belle femme, ce qui ne gâte jamais rien; et tout cela vouloit peut être dire en langage allégorique, que la raison, pour exercer

tout son empire, doit être présentée aux hommes sous des formes attrayantes, que la vérité n' n'est pas sa seule parure, et qu'elle doit encore être embellie par les graces.

NOUVELLES

DES

ARMÉES.

Guerre civile dans les départemens de l'Ouest.

et

L'armée fugitive des rebelles de la Vendée s'estjettée sur Vitré, Fougères, Antrain et Dol, et n'espérant plus de pénétrer dans les départemen's de la Manche et du Calvados, paroît vouloir se porter sur celui des Côtes du Nord; mais Saint-Malo, le fort de Château-neuf ne lui promettent pas un passage facile. De Rennes, de Dinan, de toutes les villes environnantes on fait marcher contre ces brigands des cohortes redoutables: d'un côté, l'armée de Mayence arrive à leur poursuite; de l'autre, les départemens de la ci-devant Normandie accourent en masse pour fondre sur eux. Ils n'ont pour échapper à tant de forces réunies que la mer, s'ils peuvent encore joindre tes rivages. Puissent-ils yet tons, engloutis, et, avec eux le royalisme qui les sou doie, et le fanatisme qui les anime!

N. B. Rien de nouveau dans nos autres armées. Le mauvais tems a seul enchaîné leur valeur et interrompu leurs exploits.

On s'abonne à Paris, chez les Directeurs de l'Imprimerie du Cercle Social, rue du Théâtre-Français, no. 4, pour la quatrième année, commençant le premier jeudi d'octobre 12 du 1er. mois de l'an 2o.

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Le prix de l'abonnement est de 12 liv.

De l'Imp. du Cercle Social, rue du Théâtre-Français, n°. 4.

LA

FEUILLE VILLAGEOISE.

Octodi, 8 Frimaire,

L'an second de la République française.
Jeudi, 28 novembre 1793. (Vieux style ).

AGRICULTURE ET SUBSISTANCES. POMMES D E TERR E.

DEPUIS l'origine de cette Feuille, il n'est aucupe espèce de subsistances dont il y ait été si souvent question que les pommes de terre. Cet aliment nutritif et savoureux ne dut sans doute jamais ête en aussi grande recommandation qu'en ce moment, où malgré notre richesse territoriale, tant de causes se réunissent pour nous faire craindre une disette. Nous devons donc rappeller encore à nos lecteurs ce que nous leur avons dit tant de fois. Nous devons leur répéter que cette plante nourricière, amie des estomacs les plus foibles l'est aussi des cultivateurs les moins fortunés, puisque la culture en est aussi facile, aussi peu dispendieuse que la récolte assurée et le produit abondant.

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Elle se plante après toutes les semailles, se cueille après toutes les moissons et par conséquent ne contrarie aucun des travaux ordinaires de la campagne. Elle se plaît dans tous les climats, ne craint ni la grêle, ni la coulure, ni les autres accidens de ce genre, réussit à toutes les expositions et dans presque tous les terreins, peut, en quelque sorte, se passer d'engrais, ou du moins se contenter do ceux que fournit le règne végétal, et qui croissent dans le champ même où on la cultive. Que d'avanSeptième partie.

I

tages et comment, sur tout dans les circonstances où nous sommes, repousseroit-on encore un tel secours?

Mangée en nature, et seulement cuite à l'eau ou sous la cendre, elle est agréable au goût, et peut sans pain suffire à la nourriture. Mais enfin ceux que T'habitude attache à ne se pas croire nourris si ce n'est par des farineux broyés, réduits en farine, ensuite en pâte, et puis en pain, peuvent encore se satisfaire.

Plusieurs personnes ont fait en ce genre d'heureux estais. Le citoyen Prost d'Avignon, nous a écrit qu'après s'être assuré d'un procédé certain pour réduire en bonne farine les pommes de terre, il s'est adressé à diverses autorités constituées pour obtenir un local favorable à ses expériences, et les avances nécessaires à l'établissement des machines qu'exige l'établissement en grand de la manufacture de ces farmes. Il s'engageoit à communiquer à toute la France, au bout d'un tems préfixe, le détail de ses.procédes, et promettoit de tiercer par ce moyen la masse générale des farines.

On a fait de fortes objections contre plusieurs méthodes proposées jusqu'à présent, même contre celles du citoyen Parmentier, qu'on pourroit appeller le père des pommes de terre en France: le citoyen Prost affirme que sa méthode résout toutes lés difficultés et répond à toutes les objections.

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Mais il ne nous communique pas son secret, nous ignorons ce que les offres qu'il en a faites auront produit.

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En attendant, voici une méthode plus simple puisqu'elle n'exige ni machines, ni avances, manufactures, et qu'elle consiste uniquement dans un mélange de pommes de terre cuites, avec de la farine ordinaire. C'est celle que propose le citoyen Cadet de Vaux, membre de la société d'agriculture. Je ne parle pas, dit-il, du bas prix auquel revient le pain formé de ce mélange. Les 30 livres de ce pain ne reviennent qu'à 1 sol 6 deniers la livre, tandis que les autres reviennent (à Paris) à 3 sous

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6 deniers. C'est déja une grande économie pour une famille pauvre et nombreuse; mais cet avantage doit disparoître devant celui d'augmenter des deux cinquièmes la masse des alimens, sous la forme panaire, puisque l'habitude veut l'aliment sous cette forme. Que ceux qui aiment leurs semblables comme je les aime, aient donc le courage (car il en faut de leur offrir le pain, quoique leur main le repousse ".

Pain mélangé de pommes de terre.

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Cette quantité donne 80 livres de pain cuit. Emploi des 45 livres de farine. Cinq livres de farine, ajoutées au levain de chef, feront le levain de pre5 livres. 38 livres de farine, ajoutées au levain de première, feront le levain de tout-point

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38. 2 livres seront réservées pour manier et sécher la pâte 2 livres. Manipulation. Prenez votre levain de chef (1; dėlayez-le dans suffisante quantité d'eau et introduisez y cinq livres de farine. Voilà pour le levain de première que vous mettrez dans une corbeille.

Le levain de première arrivé à son apprêt, délayez-le dans suffisante quantité d'eau, et ajoutez-y trente huit livres de farine. Voilà pour le levain de tout-point que vous mettez dans une manne.

Il faut que la pâte de ce levain soit extrêmement ferme; c'est en partie de cette condition que dépend le succès de la panification.

On met en levain, comme on voit, la totalité de la farine destinée à la fournée, à l'exception des deux livres pour manier et sécher la pâte.

(1) Le levain de chef est le morceau de levain ou de pâte que la ménagère met en réserve pour sa fournée suivante.

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