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C'est à l'autel de la Patrie
Que je tembrasserai vainqueur.
Vas.... mais plutôt perdre la vie
Que d'y revenir sans honneur.

(bis.)

CONVENTION

NATIONALE.

Culture des terres négligées par les propriétaires ou fermiers requis pour le service des armées de la République, ou abandonnées pour quelque cause que ce soit.

septembre.

Il se faut entr'aider, c'est la loi de nature ›
L'âne un jour pourtant s'en moqua ;
Et ne sais comme il manqua,

Car il est bonne créature. ( Lafontaine. )

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L'homme qui est un peu moins bonne créature que l'âne, y manque plus souvent que lui: il a besoin que la loi civile vienne à l'appui de cette loi de

la nature.

Un grand nombre de bras robustes, occupés à repousser l'ennemi, sont enlevés à la cultura des terres. Une génération presque entière d'agriculteurs est devenue une génération de soldats : la patrie, qu'ils nourrissoient et qu'ils sont allés défendre, leur a promis que leurs terres ne souffriroient point de leur absence. Sans doute une partie de ces terres auroit pu être cultivée par l'amitié et le bon voisinage; mais c'étoit à la Convention à prendre des mesures pour que ces secours fussent certains, pour qu'ils ne fussent livrés ni aux chances d'un sentiment toujours rare, ni à celles des circonstances, et des évé

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C'est à quoi elle a pourvu par ce décret, qui fait un devoir des bons offices, et dont la sévérité même est un bienfait.

Dans toutes les communes de la République, où il y a des terres qui n'ont pas encore reçu la culture nécessaire pour la semaille, à raison du départ des citoyens pour les armées, ordonné par la loi du 23

août dernier, la municipalité du lieu nommera des commissaires pour en faire la visite et en dresser procès-verbal.

Aussitôt que la visite et le procès-verbal seront dressés, la municipalité désignera les propriétaires, fermiers et habitans de la commune qui devront cultiver les terres en observant une répartition, proportionnée aux moyens de chacun d'entre eux. On commencera par les terres des citoyens les moins aisés.

Si les cultivateurs manquent de bras, la municipalité réquerra les journaliers manouvriers de la pour aider les laboureurs jusqu'après

commune

leurs semailles.

Les journaliers manouvriers qui se refuseroient aux réquisitions qui leur seroient faites d'aider les cultivateurs, moyenant leur salaire ordinaire, y seront contraints, sous peine de trois jours de prison, et de trois mois en cas de récidive.

La peine sera prononcée par la police municipale. Les journaliers manouvriers qui se coaliseront pour refuser leur travail, seront punis de deux années de fers.

Après que les propriétaires, fermiers et autres cultivateurs auront labouré et ensemencé leurs terres, ils seront tenus de labourer et d'ensemencer celles des particuliers qui n'auront point de chevaux, de mulets, de boeufs, ni d'instruments aratoires, en commençant par les terres des citoyens moins fortunés; ils ne pourront exiger pour chaque façon que le prix ordinaire, et tel qu'il étoit en mars dernier.

Tous propriétaires de chevaux, mulets, bœufs et instruments aratoires, qui refuseroient de les fournir avec leurs domestiques, d'après les réquisitions qui leur seroient faites seront condamnés à 500 liv. d'amende, payable par corps, comme délit national, applicable au profit de celui dont le fonds aura manqué d'être cultivé.

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Si les propriétaires, fermiers et cultivateurs avoient abandonné leurs terres, sans avoir laissé dequoi

pourvoir aux frais de labour et de semailles, la municipalité en fera dresser procès-verbal avec le devis estimatif des sommes nécessaires pour les frats de labour, de semences, fumages et exploitation.

Le directoire du district sera tenu d'ordonner sprle-champ au receveur du district de verser aux mains de la municipalité, et sous sa responsabilité, les' sommes suffisantes pour l'exploitation de ces temes abandonnées.

Si le propriétaire ou fermier n'étoit pas rentré dans ses foyers avant la récolte de ces grains qu'on va semer, la municipalité sera tenue de les faire vendre ou recueillir, de faire rentrer dans la caisse du district les sommes avancées pour frais de culture, de semailles, etc.; et de verser le surplus aux mains de l'absent lorsqu'il sera de retours, ou à ses héritiers ou ayant cause.

Sice produit de l'exploitation ne suffisoit point pour remplir les dépenses faites, le déficit constaté par la municipalité, visé par le district, sera supporté par la Nation.

NOUVELLES

DES

Armée du Nord.

ARMÉES.

Tandis que nous célébrions les triomphes de cette armée, ils lui étoient arrachés par l'impéritie et par la trahison de ses chefs. L'échec de Menin a eu une partie des suites graves que nous avions prévues. Les ennemis sont revenus sur Dunkerque, qui va se trouver peut-être plus en danger qu'aupara vant. Dans toute cette affaire les dispositions

de Houchard ont été détestables. Il devoit faire son expédition avec une masse de 35 mille homme d'élite; il l'a divisée en trois corps, qui pouvoient tous trois être coupés et battus. La colonne qui attaquoit Hondscoote l'étoit inévitablement sans la valeur surnaturelle des soldats, et celle du général Jourdan qui s'est précipité, à la tête de ses braves frères

d'armes, à travers les retranchemens et les rangs ennemis, et qui a changé en victoire éclatante, ce qui devoit être une sanglante défaite.

Houchard et son état-majo étoient trop visible-ment coupables. Ils ont été destitués, arrêtés et conduits à Paris. Les représentans du peuple auprès de l'armée annoncent qu'ils ont trouvé sa correspondance avec les princes étrangers. Nos troupes, disent-ils étoient donc confiées à l'ami de nos ennemis. Aussi lorsque le duc D'Yorck vit les siennes vaincues à Hondscoote,ettoutes les mesures sur lesquelles il avoit compté, dérangées par le soldat français, il dit avec colère nous sommes trahis! il eut mieux fait de dire la trahison est déjouée, et la valeur l'emporte. Jourdan a reçu le prix de son courage il a été fait général en chef.

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Déja une petite revanche a consolé l'armée de ses pertes. Auprès de Lille, le 27, un des postes avancés de l'ennemi a été vivement enlevé. On lui a tué et blessé plusieurs hommes et fait quelques pri

sonniers.

Les contingens continuent d'arriver: tous ces départemens sont debout: l'armée se remet, se renforce, se réorganise encore une fois. Qu'elle soit enfin bien conduite, et toutes les forces angloises, hollandoises, hanovriennes et autrichiennes viendront se briser contre elle.

Armée de la Moselle.

Le pays difficile, inégal et montueux où étoient retranchés nos'ennemis en face de cette armée, lui a fait perdre le fruit d'une action très-vigoureuse qui entroit dans le plan général de l'attaque de toute la frontière. Elle se dirigea le 14 sur la chaussée, qui va de Deux Ponts à Permesens, où étoit le camp des Prussiens: elle s'y présenta avec une intrépidité républicaine, et soutint long tems combat opiniâtre quoique inégal: enfin après avoir fait tout ce que la bravoure peut opposer au dé savantage intéparable du terrain, après avoir perdu beaucoup de monde, monde, et se voyant menacée

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d'une déroute elle se laissa ramener

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par ses généraux au camp d'Orbach, avec 9 pièces de 8, 1 de 12, 3 obusiers, et toute l'artillerie légère. La plupart des pièces de bataillon, engagées dans des défilés et dans les gorges des Montagnes ont été perdues. Cette perte n'a point abattu nos braves défenseurs. Ils n'ont fait éclater que le ressentiment de leur défaite, et l'ardeur impatiente d'une revancha c. Tous les corpsredemandoient à grands cris le combat. Quelques jours après, les ennemis se sont approchés de la frontière, ont voulu enlever nos postes et ravager nos campagnes ils ont trouvé par tout une résistance invincible. Dans quelques affaires parti culieres, nos troupes ont montré une valeur surnaturelle. Soixante hommes, dont 16 hussards. out tenu tête à 800 hommes de cavalerie et 1500 hommes d'infanterie Autrichiens et Prussiens. Coupés par cette colonne, les hussards se précipitent au milicu de la cavalerie, à coups de sabre, la traversent et l'étonnent à un tel point, que le reste de nos soldats a le tems de gagner un bois. Nos 16 heros poutsuivis par toute la horde ennemie, sont secourus par un piquét de cent trente hommes, qui suffit pour arrêter ce torrent au passage d'un petit pont. Les émigrés viennent en foule investir à leur tour ce piquet intrépide. Ils assaillent le capitaine et lui crient à tue-tête de se rendre. Un républicain ne se rend pas à de la canaille, est toute sa réponse et il rejoint sa troupe, et lui fait prendre une position qui tient tout ce monde en échec pendant plus de quatre heures, jusqu'à ce que les postes voisins arrivent et dégagent nos braves.

Pendant ce tems, le bois où s'étoient réfugiés, le matin, 44 Français, étoit cerné de toutes parts. Après avoir brûlé toutes leurs cartouches, épuisés de fatigue et de besoin, il leur fallut céder au nombre. Quelques-uns tombèrent au pouvoir des ennemis. D'autres à qui on voulut faire crier vive le roi! préférèrent la mort. Le jeune Judici, âgé de 15 ans, fils du président du département du Lot, après en avoir tué plusieurs, fut mis en pièces. Cernom mourut de g

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