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prie en conséquence d'obtenir de la Convention nationale une extension à la loi qui a mis en réqui sition l'argenterie de nos églises, et de requérir le plutôt possible nos vases sacrés. Peu importe à la majesté et à la sainteté de notre culte de quelle matière soient faits les vaisseaux. Tout leur prix est dans l'usage à quoi ils servent ; et l'Etre suprême ne sera pas moins honoré avec des vaisseaux de verre et de bois qu'avec de l'or et de l'argent. Le culte le plus digne de lui est dans le cœur de l'homme,et il ne reconnoît parmi ses adorateurs que ceux qui l'adorent en esprit et en vérité. Au surplus, le salut de la République est la loi suprême, et tout ce qui peut y contribuer ne doit pas être négligé.

Je pense, citoyen, que vous voudrez bien faire part à l'administration de mes observations, et vous réunir à moi pour la prier de les prendre en considération.

Je suis très-fraternellement votre concitoyen,
PIN CEDÉ, ministre du culte catholique.
Aspoy, 6 octobre 1793, l'an 2o. dé la
république française une et indivisible.

par

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La vérité est comme un fleuve bienfaisant destiné la nature à fertiliser de vastes campagnes. Si quelques tyrans oppresseurs veulent que ces campagnes soient stériles, de fortes digues sont cons-truites le long du fleuve, son lit est rétréci, et les tyrans emploient à cet ouvrage pernicieux les bras et les forces de ceux mêmes dont il fait la ruine.

Mais on a beau faire : les eaux du fleuve sont à la fin les plus fortes: bientôt elles se ménagent une issue, puis deux, puis davantage. L'oppresseur s'effraie, il s'indigne, il appelle ses malheureux esclaves, pour qu'ils viennent défendre leurs propres champs de l'abondance et de la fécondité: ils y vont d'abord et travaillent par routine; mais leurs efforts. se.ralentissent; ceux du fleuve généreux redoublent :il rompt enfin tous les obstacles, déborde de toutes

parts, rend la verdure et la fraîcheur aux plaines desséchées, aux arbres mourans, aux plantes altérées de sève; dépose son limon salutaire, et redonne la vie aux colons malheureux en redonnant à la terre sa fertilité.

C'est l'erreur, c'est la superstition qui dessèchent et tuent les esprits : c'est la vérité qui les féconde etles nourrit: c'est le despotisme qui a voulu qu'ils fussent, stériles; qui a si long-tems écarté d'eux les pures et vivifiantes influences de la raison et de la vérité ; qui enfin s'est servi de l'esprit même des hommes et de la force de leur volonté pour éloigner d'eux tout ce qui pouvoit nourrir et faire vivre leur ame, c'est-à-dire, les éclairer et les instruire.

Mais à la fin la vérité s'est fait jour. Elle s'est d'abord montrée timidement, puis avec un peu plus de hardiesse ; elle se hasarde enfin toute entière; et si des yeux affoiblis par de longues ténèbres clignottent encore en la regardant, bientôt ils s'appercevront que sa douce lumière éclaire et ne brûle pas, et ils oseront l'envisager en face.

Qu'y a-t-il de plus absurde que de prendre pour. règle et pour code d'une religion l'évangile, où la simplicité, la modestie, l'humilité sont en recommandation à toute page, où l'anathême est sans cesse lancé contre la richesse, et le ciel ouvert à la pauyreté; et de consacrer en même tems à l'exercice et aux cérémonies de cette même religion l'or, l'argent, les pierres de prix, les étoffes magnifiques ? N'est-ce pas mettre en opposition le dogme et le culte ? n'est-ce pas condamner les sectateurs de l'évangile à ne plus ouvrir ce livre de leur loi, où ils verroient à chaque instant la proscription de ce luxe profane et de ces pompes mondaines?

Mais les prêtres vouloient amasser des richesses:" ils vouloient par tout, chez eux et autour d'eux l'éclat et l'opulence. Ils avoient fait croire aux hommes simples que Dieu se troavoit beaucoup mieux adoré quand les vases du sacrifice étoient de métaux précieux; comme si ce que nous nommons précieux l'étoit aux yeux de l'Eternel, comme si ce Dieu de

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la nature ne se plaisoit pas autant, par exemple, à former le bois robuste du chêne que les plus durs, et ce que nous nommons les plus riches métaux !

Les utiles et saintes réformes faites jusqu'ici dans le régime du clergé, en dégageant la religion du joug du papisme et des grossières superstitions de Rome, ont ramené les fidèles et les ministres mêmes du culte catholique à l'étude de l'évangile et plus ils ont ouvert leurs ames à sa doctrinę simple, pure et touchante, plus ils se sont détachés de toutes les vanités idolâtres sous lesquelles on l'avoit si long-tems étouffée.

Dans les besoins pressans de la patrie, ils sont les premiers à lui offrir des richesses qui seront par ce sacrifice, pour la première fois agréables à Dien. Le bon prêtre qui a écrit cette lettre patriotique raisonnable et religieuse, n'est pas le seul qui ait donné un si bel exemple : de tous côtés on offre comme lui pour le salut de la République, ce qui est si indifférent pour le salut des ames.

Les principes qu'il professe dans sa lettre sont les seuls vrais, les seuls réellement conformes à la religion de Jésus. Toute idée contraire est indigne nonseulement d'un republicain français, mais d'un véritable chrétien.

Mes amis, cessez de croire que le Dieu d'une religion humble et simple se soucie de votre or et de vos ornemens profanes'; adorez-le de cœur, aimezvous les uns les autres: c'est ainsi qu'il veut être adoré. Aimez sur-tout la patrie; et renoncez pour la sauver à vos petites vanités de fabriques et de pa

roisses.

Dieu veut avant tout que les hommes soient libres, puisque c'est le seul moyen pour qu'ils soient bons /et heureux.

N'oublions jamais ces vers du bon Lafontaine :

Jamais le ciel ne fut aux humains si facile
Que quand Jupiter même étoit de simple bois.
Depuis qu'on l'a fait d'or, il est sourd à nos voix.

CONVENTION NATIONALE..

Annales du civisme.

On a vu sous ce titre, dans notre no. 4, le projet formé par la Convention nationale de réunir dans un recueil toutes les belles actions qui ont signalé la révolution française, et le rapport fait à ce sujet au nom du comité d'instruction publique.

Ce comité, qui remplit avec autant de zêle que de lumières la tâche honorable que son titre lui impose, invite aujourd'hui tous les bons citoyens à correspondre avec lui pour la formation de cette collection si intéressante pour la liberté nation, pour l'humanité entière.

pour la

Français, rappellez-vous tous les traits héroïques dont vous futes témoins depuis cette époque mémorable. Aidez vos représentans à dénoncer à l'admiration du monde ces grandes actions dont l'éclat rejaillira sur vous. La superstition eut ses légendes : il est tems que le patriotisme ait la sienne.

Les représentans du peuple, composant le comité d'instruction publique, à tous les citoyens français, et particulièrement aux corps constitués, aux bataillons et aux sociétés populaires.

CITO Y EN S 9

La Convention nationale veut affermir la liberté et l'égalité dans toute la France, en poursuivant sans relâche les conspirateurs et les traîtres, en répandant par-tout des semences de vertus républicaines, par Ja publication des belles actions que chaque jour voit éclater parmi nous, sur-tout dans les armées. Tel est l'objet du décret que nous joignons ici.

Nous vous invitons, citoyens, à recueillir autour de vous, mais principalement dans les chaumières, dans les ateliers et dans les bataillons de la République, les traits qui méritent le plus d'être transmis

en exemple: car c'est de-là que sont presque toujours sorties les vertus les plus utiles.

Vos recherches doivent commencer avec la révolution.

Le narré des belles actions doit être simple comme la vertu qui les enfante, et les détails ne sont nécessaires que pour assurer l'authenticité des faits. Nous vous renverrons en masse ce que notre correspondance nous aura fourni en détail.

Ce recueil, sous le titre d'actions vertueuses des citoyens français, sera le premier livre élémentaire à mettre sous les yeux des enfans de la patrie; il offrira en même tems des matériaux à l'histoire.

G. ROMME, président.

Décret qui ordonne l'impression du rapport du comité d'instruction publique, et l'autorise à correspondre avec les armées, les autorités constituées etc., pour recueillir les traits de vertu.

6 Vindemiaire. (28 septembre, vieux style,}

La Convention nationale décrète l'impression du rapport du comité d'instruction publique, (sur la manière de former les annales du civisme) l'autorise à correspondre avec les armées, les autorités constituées et les sociétés populaires, pour recueillir les traits de vertu qui honorent le plus l'humanité.

Ces traits seront présentés avec la simplicité qui leur est propre, et sans ornement.

Le comité les publiera à mesure que sa correspondance lui en fournira les moyens, et par numéros, afin de pouvoir en former un recueil, dans l'esprit du décret qui ordonne la publication des traits de patriotisme et de vertu qui honorent la révolution.

Procès relatifs aux droits féodaux.

9 de Brumaire. 30 octobre.)

Tous jugemens sur les procès intentés relativement aux droits féodaux ou censuels fixes ou casuels, ?

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