Page images
PDF
EPUB

dantes et propres non-seulement aux hommes, mais encore aux animaux qui sont la force et la richesse de l'agriculture.

Des citoyens cultivateurs comme vous, Vous offrent sur cet important objet quelques réflexions fraternelles et amicales: toutes ne sont pas applicables à chaque sol, à chaque climat, elles leur sont au contraire subordonnées; votre intelligence saura discerner les exceptions dans lesquelles vous vous

trouvez.

Dans cette circonstance pressante, nous vous adressons ce qui nous a paru le plus utile. D'autres mémoires suivront celui-ci, à mesure que nous en sentirons la nécessité.

GÉNÉRALES.

RÉFLEXIONS GÉ

Il n'y a pas un moment à perdre pour tirer encore parti de l'automne, en achevant les semailles.

[ocr errors]

Plutôt on sème, meilleures sont les récoltes ; les plantes en sont plus vigoureuses, et résistent mieux au froid et à la sécheresse.

Presque par-tout on sème trop épais, on prodigue la semence qui devroit nous nourrir, et l'on n'obtient que des plantes foibles, incapables de donner des produits considérables; ces plantes étiolées (1) sont renversées par la pluie, par le vent, et leur récolte est détruite; enfin les végétaux trop resserrés, étant privés d'air et de lumière, sont sans qualité. L'économie des semences peut aller jusqu'à un sixième sur celles d'automne; c'est environ le 36e. de la totalité du produit de la République pour cette

saison.

Le chaulage est utile pour tous les grains, mais sur-tout pour le froment qui est attaqué par une maladie dont le préservatif assuré est la chaux. La plupart des cultivateurs prétendent chauler, et très-peu

(1) On appelle plantes étiolées, celles qui s'allongent, jaunissent et sont dans un grand état de foiblesse, produit par la privation d'air et de lumière,

font bien cette opération; la preuve, c'est qu'ils ont encore de la carie (ou noir), et qu'il est au contraire bien prouvé que tout le ble noir est détruit quand le chaulage est bien fait. Il hâte d'ailleurs la pousse, alors le grain est moins long-tems exposé à être mangé par les animaux, et les plantes sont plutôt fortifiées contre les intempéries des saisons.

Entre les diverses recettes connues pour le chaulage, nous avons cru devoir joindre ici celle dont la supériorité est mieux justifiée par les succès.

Chaulage considéré comme préservatif de la maladie du froment, connu sous le nom de carie ou noir.

Prenez chaux, 15 livres. Cendres de bois neuf, ioo liv. Eau, 100 pintes. Froment, 60 boisseaux (1).

Préparation du chaulage. On met dans le cuvier destiné à couler la lessive ordinaire, les cendres, et on verse par-dessus lescent pintes d'eau bouillante qu'on laisse en macération pendant trois jours, en remuant de tems- en -tems avec un bâton: on sépare cette eau au moyen d'un tuyau placé à la partie inférieure du cuvier, et on la met dans un autre cuvier avec la chaux qu'on remue jusqu'à ce qu'elle soit délayée.

י

Application du chaulage. On verse le grain dans des paniers d'osier d'une maille serrée, et on les plonge dans cette lessive, ayant soin de remuer le grain pour qu'il soit également mouillé et humecté ; on étend ensuite ce grain sur l'aire d'une chambre ou d'un grenier pour le faire sécher, et on recommence ainsi l'opération.

(1) Ce qui fait à-peu-près, en nouveaux poids et me

sures:

[blocks in formation]

(Voyez, pour l'explication de ces nouveaux poids et

mesures,

le no. 45 de notre troisième année

et suivantes.)

, P. 447

G&

Observations. La chaux éteinte peut servir comme la chaux vive, et les eaux qui ont servi à lessiver le linge peuvent encore suppléer le chaulage proposé l'eau des mares, l'urine peuvent aussi remplacer les cendres.

Toutes les plantes en général rendent plus à la terre en se décomposant dans son sein qu'elles n'en tirent pour se nourrir. Lorsqu'un champ est couvert de plantes, quelles qu'elles soient, labourez - le immédiatement avant qu'elles grainent, et la terre se trouvera plus amendée qu'avant la croissance de ces plantes. Si donc vous semez des plantes annuelles 'pour fourrage, telles que les vesces, les féves, après une ou deux coupes, enfouissez les tiges qui restent encore avant leur desséchement, et votre terre sera préparée pour une nouvelle récolte d'hiver, surtout si la terre avoit été convenablement amendée pour la première.

Un labour fait à propos, dit-on, vaut un engrais: cela est vrai, mais ce qui l'est également, c'est son approfondissement, quand la terre est aussi bonné dessous qu'à la superficie. Il suffit, pour approfondir les sillons, de repasser avec la charrue dans le même sillon que l'on vient de tracer.

Toutes les mesures dont il va être question, sont celles de Paris; ainsi l'arpent dont on parle a cent perches (1), la perche dix-huit pieds ou trois toises, total goo toises de superficie. Le septier est composé de douze boisseaux, pesant chacun vingt livres* en froment; total du poids du septier de froment, 240 livres (2). La livre, poids de marc, contient 16 onces. Les époques des saisons sont de même calculées pour le climat de Paris.

OBSERVATIONS SUR LES SEMENCES D'AUTOMNE.

Epeautre, ou blé de miracle. Parmi les blês d'automne, l'épeautre doit fixer l'attention du cultivateur,

(1) L'arpent de 900 toises est presque le tiers de l'are. (2) 240 livres (anciennes mesures ) font un peu moins de 120 graves.

[ocr errors]

par sa facilité à croître sur des terres médiocres, convenablement amendées.

Escourgeon, ou orge d'automne. Cette plante, précieuse par l'étendue de son utilité, doit être considérée sous deux rapports sous le premier,, e le donne une récolte abondante de grain qui mûrit avant tous les autres, et qui, même seul, fournit un assez bon pain; sous le second, elle produit un foutrage abondant et très-printannier. Dans l'un et F'autre cas, elle peut être semée depuis septembre jusqu'à la mi-novembre (1), et le grain sera mûr vers la fin de juin; après la récolte, il sera donc possible de cultiver sur le terrein qui l'a produit des navets, des pois, des haricots, ou d'y obtenir, l'année suivante, du seigle et du blé.

Si cette plante est cultivée comme fourrage, on pourra faire une première coupe en verd à la fin de mars, et elle pourra encore en fournir deux autres, ́ si l'année est favorable. Après cés récoltés on pourra encore l'enfouir, elle rendra plus à la terre qu'elle n'en avoit tiré, car le fourrage coupé en verd n'appauvrit point le sol (voyez ci-devant les réflexions générales), et conséquemment on pourra obtenir de nouveaux produits.

On peut encore considérer cette plante à la fois et comme fourrage, et comme devant fournir son grain ; il suffira alors de la couper une seule fois, et même deux, lorsque toutes les circonstances sont favorables à sa croissance, et de la laisser mûrir; mais les coupes retardent sa maturité.

Les terres où l'on-sème ce grainy seront préparées, au moins par deux labours; si c'est le grain dont on veut obtenir la récolte, clles doivent ête amendées par de boas engrais. On sème sur des

(1) Nous nous servons encore des anciennes dénomi nations des mois, parce que beaucoup de personnes me sont point encore familiarisées avec celles du nouveau calendrier. Elles sont invitées à en faire le rapproche

ment.

terres neuves, ou sur des défrichis de treffles de deux ans. Si c'est au contraire le fourrage que l'on veut se procurer, il suffira de semer sur des jachères en bon

fonds.

La quantité des semences varie suivant la qualité des terres; dix boisseaux suffisent par arpent, sur les terres médiocres, et douze sur celles qui sont inférieures. Il faut semer plus épais lorsqu'on a pour but seulement, la récolte du fourrage alors employez trois ou quatre boisseaux de plus.

On peut se procurer ce grain dans le ci-devant Gatinois, près Nemours, Montargis, Pithiviers, dans le département de Maine et Loire, dans les environs de Paris. Il est beaucoup de contrées dans lesquelles on le cultive.

Avoine d'hiver. Cette plante, qui brave le froid, peut être semée en automne, alors elle donnera de beaucoup plus belles récoltes que l'espèce ordinaire qui est semée au printems, ( voyez ci-devant les réflexions générales.) On lui destinerà les terres qui devoient recevoir cette même avoine de printems. Dix boisseaux par arpent suffisent. On la cultive du côté de Saumur, de la Charité-sur-Loire, etc. Elle ne réussiroit point sur les terres qui retiendroient l'humidité pendant l'hiver.

Avoine blanche, dite de Hongrie ou de Pologne. On peut encore semer cette espèce en automne, afin d'avoir des récoltes plus belles; mais elle est un peu plus sensible au grand froid. On la cultive dans les départemens de la Meurthe, de la Moselle et de la Meuse.

Orge nud, ou suerillon. On peut essayer cette espèce avant l'hiver, mais seulement à défaut des précédentes, dont le produit est plus assuré. On sème huit à neuf boisseaux par arpent. Elle est cultivée dans les départemens du Pas-de-Calais, de l'Allier etplusieurs autres. On la semera sur les mêmes terres que l'escourgeon, et on lui donnera les mêmes destinations.

Vesce d'hiver. Semée en automne elle fournit ún fourrage abondant; on emploie six à huit boisseaux

« PreviousContinue »