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Nos batteries sont presque toutes établies devant Toulon le siège et le bombardement ne tarderont pas à commencer. Les ennemis ont beau s'entasser dans cette ville coupable, Anglois, Espagnols, Napolitains, émigrés, fédéralistes, rien ne pourra résister à l'ascendant que prennent, de toutes parts les armes de la République. Déjà l'une de nos batteries, nommée la Sans-Culotte, placée à NotreDame-de-Briga, inquiète les vaisseaux anglois; quatre sont au radoub. Notre flotte perdue, nos arsenaux livrés, nos représentans immolés, tant de patriotes proscrits, tant de suites désastreuses de cette execrable trahison ne cessent de crier vengeance: le moment est venu de l'obtenir.

Armée du Nord et des Ardennes.

Le mouvement imprimé à ces deux armées par la victoire de Maubeuge, s'est étendu le long de la frontière jusqu'à Dunkerque. D'abord après la retraite des Autrichiens, le général Jourdan fit occuper, par une division des Ardennes, plusieurs villages de la principauté de Chimay. Ce pays est fertile en fourrages et fécond en bestiaux. On y a pris et fait conduire au quartier-général 300 voitures de foin, de gerbes d'avoine et de froment, 100 bœufs, 200 moutons, 40 chevaux propres à l'artillerie, 300 aunes de bon drap, une grande quantité de toiles et 12,000 livres en numéraire. L'un de ces villages étoit rempli d'émigrés: on y a trouvé un, grand nombre de boutons faits pour eux, portant une fleur de lys au milieu, avec cette inscription: vive le roi, vive la nation! comme si ces deux êtres là pouvoient désormais vivre ensemble. Cette division s'est emparée de tout le pays qui avoisine Philippeville, et, chaque jour, des voitures de fourrages et de subsistances défilent vers Maubeuge et vers nos autres placès fortes.

Marchienne a été repris deux jours après par les troupes de la République, après dix heures de combat. Une grêle de balles et de boulets que les ennemis faisoient pleuvoir, n'a point empêché le gé

néral d'ordonner la charge, ni les soldats d'entrer vainqueurs avec la bayonnette. Les prises qu'on y a faites sont immenses. C'est là que l'ennemi avoit placé ses magasins les plus considérables. On se prépare à marcher sur Saint-Amand. Bientôt cette partie de la frontière sera purgée des satellites de la tyrannie; et Valenciennes, qui est hors d'état de défense, rentrera sous la domination républicaine.

Le 1er jour du 2.me mois ( 22 octobre), le général Souhain est parti de Lille avec sa division sur deux colonnes. Les postes importans de Varneton, Comines et Warvick sur la Lys ont été attaqués et pris par la première, et Menin, par la seconde. A l'un de ces postes, de pauvres diables d'Hanovriens, retranchés dans une redoute, se sont jettés à genoux devant le général. Près de Menin, 500 Anglois, braves comme le sont les esclaves, se sont mis dans la même posture, inconnue à nos républicains et se sont déclarés prisonniers. Les Anglois ont perdu à Menin beaucoup d'hommes et 6 pieces de canon. Un troupeau entier d'émigrés fut tué sous le moulin de Warwick: un seul fut envoyé à Lille pour y tomber sous le glaive de la loi.

Le même jour, deux colonnes de la division de Dunkerque partirent, l'une de cette ville, l'autre de Hondscoute, et s'avancèrent sur Furnes. L'ennemi, au nombre de 3000 mille hommes, bien retranché, avec plusieurs pièces de canon, voulut se défendre; mais l'intrépidité de nos soldats ne lui en laissa pas le tems; ils le chassèrent et le poursuivirent en désordre, la bayonnette dans les reins. Plusieurs émigrés étoient parmi les prisonniers : ils n'y sont plus.

Les ennemis avoient encore un camp assez fort à Dixmude; mais ils n'ont osé, se mettre en mouvement pour arrêter nos braves troupes; elles ont marché le lendemain sur Nieuport. Elles sont dignes de leurs succès. Leur discipline égale leur courage. Aucun pillage n'a été commis à Furnes. Elles n'ont songé qu'à se battre et à vaincre.

Le commandant de la marine à Dunkerque a mis

en même tems à la voile avec tous les bâtimens et les chaloupes en état: il suit les mouvemens de l'armée; et il attaquera par mer Ostende, quand nous l'attaquerons par terre. Le général Vendamme, qui commande cette division, fait par-tout main-basse sur les émigrés, et sur les caisses. Il expédie les uns, vuide les autres. Il impose des contributions ; et dans cette partie si riche des possessions autrichiennes, il espère faire de telles provisions, que l'armée pourra vivre cet hiver sans qu'il en coûte rien à la République.

Guerre civile dans les départemens de l'Ouest.

La Vendée n'est plus! Ce grand mot, proclamé dans la Convention nationale, doit retentir dans toute la France. Il ne veut pas dire qu'il n'existe plus aucune trace de cette rébellion horrible, mais que le foyer en est détruit; que le plus grand nombre des brigands a mordu la poussière; que presque tous leurs chefs ont reçu la peine due à tant de crimes; que tous leurs principaux repaires, leurs magasins, leurs places fortes, leur artillerie, leurs munitions sont au pouvoir des armées républicaines; que les debris de ces hordes fanatiques sont errans, dispersés, fugitifs, sans places, sans guides, sans ressources. Oa les poursuit comme des bêtes féroces, et peu de jours suffiront sans doute pour en exterminer le

reste.

La perte de Mortagne et de Chellet a été le signal de leur ruine. Leur défense la plus vigoureuse fut dans cette dernière ville: vaincus et mis en déroute, leurs chefs se retirèrent avec quelques troupes à Beaupréau, château fort, très-avantageusement situé. Une de nos colonnes les y poursuivit au milieu de la nuit; surprit et égorgea tous les avant-postes, et se précipità sur le château que les brigands évacuerent précipitamment, après avoir tiré deux coups de canon, qui ne blessèrent personne. On y trouva un moulin à poudre, 30 barriques de salpêtre, plusieurs tonnes de soufre, des boîtes à mitraille, beaucoup de fer destiné à en faire d'autres, des canons, des caissons, du blé, des farines en abondance, etc., etc.

Un seul asyle, Saint-Florent, restoit aux brigands, sur la rive gauche de la Loire. Ils s'y réfugièrent dans le plus grand désordre. L'armée républicaine les y poursuivit sans perdre de tems; la terreur qui la précédoit étoit si grande, qu'ils ne voulurent pas l'attendre. Ils se précipitèrent dans des bateaux pour passer la Loire. Un très-grand nombre s'y noya. Beauchamp, le plus habile et le plus brave de leurs chefs, celui qu'ils suivoient avec le plus de confiance, blessé. à mort à la bataille de Chollet, et qui s'étoit fait porter jusqu'à Saint-Florent sur des brancards, expira sur le bord de la rivière, après l'avoir traversée. Delbec, leur général en chef, est aussi blessé mortellement.

On a trouvé à Saint-Florent 40 caissons d'artillerie, beaucoup de canons, quantité de blés et farines. On y a trouvé..... 5500 de nos frères, prisonniers depuis plusieurs mois, entre les mains des rebelles. Près de 3000 avoient été délivrés à Châtillon, Mortagne, Chollet et Beaupréau: ainsi dans moins de huit jours plus de 8000 patriotes ont été rendus à la liberté. Ces malheureuses victimes se sont jettées dans les bras de leurs libérateurs, qu'ils baignoient des larmes de la joie et de la reconnoissacne. D'une voix affoiblie par plus de cinq mois de supplices, les premiers mots qu'ils prononçoient, et qui sembloient leur rendre leurs forces, étoient: Vive la république!

Une autre prise importante, que l'on avoit faite à Châtillon, est celle de l'imprimerie dite royale. On y a trouvé des pièces originales qui dévoileront enfin les auteurs de cette longue et cruelle guerre. Un représentant du peuple en est dépositaire, il ne veut les remettre qu'à la Convention elle-même.

Les brigands, après avoir passé la Loire à SaintFlorent et au-dessous, au poste de Varade, se sont jettés sur Ancenis. Ils s'y sont fortifiés et disposés

se défendre, mais l'avant-garde de l'armée de Mayence les en a bientôt débusqués; et ils y ont encore abandonné en fuyant plus de 20 pièces de canon. Alors pressés de toutes parts, ils se sont enfoncés dans les terres, et ont pris leur route vers Laval.

Parvenus à Château-Gontier, ils ont encore essayé de tenir ferme; mais à l'arrivée de nos troupes, qui les poursuivoient sans relâche, ils ont évacué cette ville et se sont portés sur Laval, où ils sont entrés après une foible résistance. On, les y a suivis de nuit : ils se sont embusqués sur la route, et ont fait sur notre avant-garde des décharges d'artillerie qui ne lui ont fait aucun mal, mais qui l'ont engagée à se replier. L'infanterie tint ferme, soutint pendant deux heures ce combat nocturne, et vouloit marcher en avant; mais la cavalerie, à l'exception d'un seul corps, n'ayant pas fait la même contenance, la retraite au petit pas sur Château Gontier fut ordonnée par la prudence et exécutée dans le meilleur ordre. Le corps de l'armée est arrivé dans cette ville. Elle a pris aux environs une position très-avantageuse. Elle n'en sortira que pour chasser de Laval les débris désormais impuissans des armées catholiques et royales.

Ce rassemblement est le seul qui reste à détruire, et du côté de la mèr celui qui s'est emparé de l'île de Noirmoutiers, sous, les ordres du traître Charette. On se prépare à l'y bloquer. De tous les chefs qui donnoient, par leurs connoissances militaires, une consistance à ce ramas de brigands, c'est le seul qui respire encore. Lescure, Beauchamp et Delbec sont morts. Charette les suivra bientôt, et il ne restera plus d'eux aucune trace que dans l'exécration publique et dans la dévastation des malheureuses contrées qu'ils avoient entraînées dans leur révolte.

On s'abonne à Paris, chez les Directeurs de l'Imprimerie du Cercle Social, rue du Théâtre-Français, no. 4, pour la quatrième année, commençant le premier jeudi d'octobre 12 du 1er. mois de l'an 2d.

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Le prix de l'abonnement est de 12 liv.

De l'imp. du Cercle Social, rue du Théâtre-Français, ao.

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