même diversement construits, jettées d'ailleurs, les unes sous un climat chaud, sur un sol presque naturellement fertile, les autres sous un ciel glacé, sur une terre froide, stérile et toujours couverte de frimats, ne se sont pas trouvées également propres à réfléchir et à connoître. Ce fut chez les Orientaux, peuples favorisés par la nature, que naquirent toutes les sciences, et entr'autres l'astronomie. Mais avant que ces peuples eux-mêmes, pussent en venir à ce point, avant qu'ils se rassemblassent en sociétés, qu'ils apprissent à faire usage des productions de la terre, et à examiner avec quelque discernement le cours et l'influence des corps célestes; avant qu'ils se formassent un langage pour se communiquer leurs idées, qu'ils parvinssent à s'entendre, à se secourir, à se garantir des bêtes féroces, qui ayant plus d'instinct qu'eux et peuplant d'avan tage, durent en faire longtemps leur proie accoutumée; avant enfin que jouissant paisiblement de la vie, ils eussent le pouvoir et le loisir de se livrer à ces observations, combien durent s'écouler d'âges d'hommes, de siècles, et peut-être de milliers de siécles! C'est dans cette époque reculée, incertaine, ou qui n'a de certain que son immense durée, que peut s'exercer la conjecture et qu'elle doit suivre pour boussole la vraisemblance. Or rien ne paroît plus vrai-semblable que l'ordre. de sensations et d'idées établi dans l'article du n°. 50. Relisez le donc maintenant, vous dont la répugnance irréfléchie doit-être vaincue par ces cour tés réflexions, que la raison vous invite à méditer. Vous y versez ce qui paroît le plus probable sur l'état. des premières sociétés et l'origine des premiers cultes. Je ne dis pas qu'ils doivent dissiper vos doutes; je dis au contraire que sur beaucoup de choses que vous regardez comme certaines, il doit yous ap prendre à douter. 1 CHANSON CIVIQUE. Depuis que la jeunesse parisienne est, comme celle de toute la République, appellée par la première réquisition, à la défense de la Patrie, tous les jours à la Convention nationale, à la commune dans les societés populaires, défilent des bataillons de jeunes guerriers que chaque section forme et présente à l'envi. La gaité de leur âge éclate dans leurs discours dans leurs gestes et dans leurs démarches, autant que le patriotisme et la valeur. Presque tous entonnent avec énergie le chant des Marseillais. Tous jurent de mourir ou de vaincre. Leurs sermens ne seront pas vains. Leurs chants sont pour nos ennemis des chants de mort. L'une de ces députations belliqueuses a fait entendre à la commune un cantique plein d'énergie et de sentiment; il a une sorte d'intention dramatique qui en redouble l'intérêt. C'est un père qui conduit son fils à l'autel de la Patrie; et ce qu'il lui dit, il est à désirer que chaque père le dise à chacun de ses enlans. Le conseil de la commune a arrêté l'impression de cette production patriotique et touchante, હૈ un très-grand nombre d'exemplaires. Il faut qu'elle circule aussi, qu'elle soit aussi chantée dans les campagnes les plus lointaines. J'ai promis à mes bons amis les villageois de les faire chanter de tems en tems; je les invite à joindre dans leur petit répertoire l'Autel de la Patrie, à l'Hymne marseillais, et au Salut de l'Empire (1). J'ai ajouté deux couplets, sans doute plus foibles que les autres; mais ils étoient nécessaires; et je n'ai mis à cela ni tems, ni prétention. (1) Chansons insérées dans les numéros 3 et 29 de la troisième année. L'AUTEL DE LA PATRIE. Sur l'air Du Serin qui l'a fait envie. EH! quoi! tu peux dormir en- co- re N'entends-tu pas ces cris d'a-mour Réveil-le toi, voici l'au- ro-re. Mon fils, voi ? ci ton plus beau jour. C'est à l'autel de la patri e, Que tu vas marcher sur mes pas. Cours à cet-te me- re at-ten- dri- e, Qui t'appel-le & t'ouvre les bras, Qui t'appelle & t'ouvre les bras. Mon fils vois-tu ce peuple immense De ces guerriers chers à la France, 7 Dans tes regards brille une flamme. Tu l'as fait ce serment auguste (bis.) Si d'une belle honnête et sage Dans cette chaîne fortunée (bis.) (bis.) (bis.) Tu vois ce fer d'un oeil d'envie (bis.) Quand le tems qui marche en silence, Et décomposé ses ressorts (bis), Cette chanson est charmante; mais on sent qu' y manque quelque chose. Pourquoi ce fer suspendu, quand la patrie le réclame quand de toutes parts elle est en danger, quand elle appelle à son secours tous ses enfans? Je me suis fait ces questions; et les deux conplets suivans se sont présentés sur-le-champ pour Léponse. Le même père à son fils. septembre 1793. Mon cher fils, la saison dernière, Et j'ai vu la chaleur guerrière Vas sur cette horde inhumaine (bis.) |