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promptement dans ses projets contre-révolutionnaires, elle avoit par ses agens occasionné dans Paris et les environs, les premiers jours d'octobre 1789, une disette qui a donné lieu à une nouvelle insurrection, à la suite de laquelle une foule innombrable de citoyens et de citoyennes s'est portée à Versailles, le 5 du même mois; que ce fait est prouvé d'une manière sans replique par l'abondance qui a régné le lendemain même de l'arrivée de la veuve Capet à Paris et de sa famille ;

Qu'à peine arrivée à Paris, la veuve Capet, féconde en intrigues de tout genre, a formé des conciliabules dans son habitation; que ces conciliabules, composés de tous les contre-révolutionnaires et intrigants des assemblées constituante et législative, se tenoient dans les ténèbres de la nuit ; que l'on y avisoit aux moyens d'anéantir les droits de l'homme, et les décrets déja rendus, qui devoient faire la base de la constitution; que c'est dans ces conciliabules qu'il a été délibéré sur les mesures à prendre pour faire décréter la révision des décréts qui étoient favorables au peuple; qu'on a arrêté la fuite de Louis Capet, de la veuve Capet et de toute sa famille, sous des noms supposés, au mois de juin 1791, tentée tant de fois et sans succès, à différentes époques; que la veuve Capet convient dans son interrogatoire que c'est elle qui a tout ménagé et tout préparé, pour effectuer cette évasion, et que c'est elle qui a ouvert et fermé les portes de l'appartement par où les fugitifs sont passés ; qu'indépendamment de l'aveu de la veuve Capet à cet égard, il est constant, d'après les déclarations de Louis- Charles Capet et de la fille Capet, que Lafayette, favori sous tous les rapports de la veuve Capet, et Bailly, lors maire de Paris, étoient présens au moment de cette évasion, et qu'ils l'ont favorisée de tout leur pouvoir; que la veuve Capet, après son retour de Varennes, a recommence ces conciliabules; qu'elle les présidoit elle-même, et que, d'intelligence avec favori Lafayette, l'on a fermé les Thuileries et privé par ce moyen les citoyens d'aller et venir

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librement dans les cours et le ci-devant château des Thuileries; qu'il n'y avoit que les personnes munies de cartes qui eussent leur entrée; que cette clôture. présentée avec emphase par le traître Lafayette comme ayant pour objet de punir les fugitifs de Varennes, étoit une ruse imaginée et concertée dans ces conciliabules ténébreux, pour priver les citoyens des moyens de découvrir ce qui se tramoit contre la liberté dans ce lieu infâme ; que c'est dans ces mêmes conciliabules qu'a été déterminé l'horrible massacre qui a eu lieu le 17 juillet 1791, des plus zėlės pa triotes qui se sont trouvés au Champ-de-Mars; que le massacre qui avoit eu lieu précédemment à Nancy, et ceux qui ont eu lieu depuis dans les divers autres points de la République, ont été arrêtés et déterminés dans ces inêmes conciliabules; que ces mouvemens qui ont fait couler le sang d'une foule immense de patriotes, ont été imaginés pour arriver plutôt et plus sûrement à la révision des décrets rendus et fondés sur les droits de l'homme, et qui par-là étoient nuisibles aux vues ambitieuses et contre-révolutionnaires de Louis Capet et de MarieAntoinette; que la constitution de 1791 une fois acceptée, la veuve Capet s'est occupée de la détruire insensiblement par toutes les manœuvres qu'elle et ses agens ont employées dans les divers points de la République ; que toutes ses démarches ont toujours cu pour but d'anéantir la liberté, et de faire reatter les Français sous le joug tyrannique, sous lequel ils n'ont langui que trop de siècles; qu'à cet effet, la veuve Capet a imaginé de faire discuter dans ces conciliabules ténébreux, et qualifiés depuis long-tems avec raison de cabinet Autrichien toutes les loix qui étoient portées par l'assemblée législative que c'est elle, et par suite de la détermination prise dans ces conciliabules, qui a décidé Louis Capet à apposer son veto au fameux et salu, taire déciet rendu, par l'assemblée législative contre les ci-devant princes, frères de Louis Capet, et les émigrés, et contre cette horde de prêtres réfractaires et fanatiques, répandus dans toute la France:

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veto qui a été l'une des principales causes des maux qu'a depuis éprouvés la France.

Que c'est la veuve Capet qui faisoit nommer les ministres pervers, et aux places dans les armées et dans les bureaux, des hommes connus de la nation entière pour des conspirateurs contre la liberté: que c'est par ses manoeuvres et celles de ses agens, aussi adroits que perfides, qu'elle est parvenue à composer la nouvelle garde de Louis Capet d'anciens officiers qui avoient quitté leurs corps lors du serment exigé, de prêtres réfractaires et d'étrangers, et enfin de tous hommes réprouvés pour la plupart de la nation, et dignes de servir dans l'armée de Coblentz, où un très-grand nombre est en effet passé depuis le licenciement;

Que c'est la veuve Capet, d'intelligence avec la faction liberticide qui dominoit alors l'assemblée législative, et pendant un tems la Convention, qui a fait déclarer la guerre au roi de Bohême et de Hongrie son frère; que c'est par ses manoeuvres et ses intrigues toujours funestes à la France que s'est opérée la première retraite des Français du territoire de la Belgique;

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Que c'est la veuve Capet qui a fait parvenir aux puissances étrangères les plans de campagne et d'attaque qui étoient convenus dans le conseil, de manière que par cette double trahison, les ennemis étoient toujours instruits à l'avance des mouvemens que devoient faire les troupes de la République ; d'où suit la conséquence, que la veuve Capet est l'auteur des revers qu'ont éprouvés en différens tems, les armées françaises ;

Que la veuve Capet a médité et combiné avec ses perhdes agen l'horrible conspiration qui a éclaté dans la journée du 10 août, laquelle n'a échoué que par les efforts courageux et incroyables des patriotes; qu'à cette fin elle a réuni dans son habitation aux Tuileries, jusques dans des souterains," les Suisses, qui aux termes des décrets ne devoient plus composer la garde de Louis Capet; qu'elle les a entretenus dans un état d'ivresse depuis le 9 jus

qu'au 10 matin, jour convenu pour l'exécution de cette horrible conspiration; qu'elle a réuni également, et dans le même dessein, dès le 9, une foule de ces êtres qualifiés de chevaliers du poignard, quiavoient figuré déja dans ce même lieu le 25 février 1791, et depuis, à l'époque du 20 juin 1792 ;

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Que la veuve Capet craignant sans doute que cette conspiration n'eût pas tout l'effet qu'elle s'en étoit promis a été dans la soirée du 7 août, `vers les' 9 heures et demie du soir, dans la salle où les Suisses et autres à elle dévoués, travailloient à des cartouches; qu'en même tems qu'elle les encourageoit à hâter la confection de ces cartouches, pour les exciter de plus en plus, elle a pris des cartouches et a mordu des balles. (Les expressions manquent pour rendre un trait aussi atroce). Que le lendemain 10, il est notoire qu'elle a pressé et sollicité Louis Capet d'aller dans les Tuileries, vers 5 heures et demie du matin, passer la revue des véritables Suisses et autres scélérats qui en avoient pris l'habit, et qu'à son retour elle lui a présenté un pistolet en disant: Voilà le moment de vous montrer "; et que sur son refus elle l'a traité de lâche; que quoique dans son interrogatoire la veuve Capet ait persévéré à dénier qu'il ait été donné aucun ordre de tirer sur le peuple, la conduite qu'elle a tenue le dimanche 9 dans la salle des Suisses, les conciliabules qui ont eu lieu toute la nuit, et auxquels elle a assisté, l'article du pistolet et son propos à Louis Capet, leur retraite subite des Tuileries et les coups de fusils tirés au moment même de leur entrée dans la salle de l'assemblée législative, toutes ces circonstances réunies ne permettent pas de douter qu'il n'ait été convenu dans le conciliabule qui a eu lieu pendant toute la nuit, qu'il falloit tirer sur le peuple et que Louis Capet, et Marie-Antoinette qui étoit la grande directrice de cette conspiration, n'aient eux-mêmes donné l'ordre de tirer;

Que c'est aux intrigues et manoeuvres perfides de la veuve Capet, d'intelligence avec cette faction liberticide, dont il a été déja parlé, et tous les

ennemis de la République, que la France est redevable de cette guerre intestine qui la dévore depuis si long tems, et dont heureusement la fin n'est pas plus éloignée que celle de ses auteurs;

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Que dans tous les tems, c'est la veuve Çapet qui, par cette influence qu'elle avoit acquise sur l'esprit de Louis Capet, lui avoit insinué cet art profond et dangereux de dissimuler et d'agir, et promettre par des actes publics le contraire de ce qu'il pensoit et tramoit conjointement avec elke dans les ténèbres pour détruire cette liberté si chère aux Français, et qu'ils sauront conserver, et pour recouvrer ce qu'ils appelloient la plénitude des prérogatives royales;

Qu'enfin la veuve Capet, immorale sous tous les rapports, et nouvelle Agrippine, est si perverse et si familière avec tous les crimes, qu'oubliant sa qualité de mère et la démarcation prescrite par les loix de la nature, elle n'a pas craint de se livrer avec Louis-Charles Capet son fils, et de l'aveu de ce dernier, à des indécences dont l'idée et le nom scul font frémir d'horreur.

D'après l'exposé ci-dessus, l'accusateur public a dressé la présente accusation contre Marie-Antoinette, se qualifiant dans son interrogatoire de Lorraine-d'Autriche, veuve de Louis Capet, pour voir méchanment et à dessein 1°. de concert avec les frères de Louis Capet et l'infâme ex-ministre Calonne, dilapidé d'une manière effroyable les finances de la France, fait passer des sommes incalculables à l'empereur, et ainsi épuisé le trésor national.

2. D'avoir, tant par elle que par ses agens contre-révolutionnaires, entretenu des intelligences et des correspondances avec les ennemis de la République, et d'avoir informé et fait informer ces mêmes ennemis des plans de campagne et d'attaque convenus et arrêtés dans le conseil.

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3o. D'avoir, par ses intrigues et manœuvres celles de ses agens, framé des conspir. des complots contre la sûreté intérieure et extéricure de la France; d'avoir à cet effet allumé la guerre civile dans divers points de la Répubique et No. 5. Quatrième année.

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