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formel lui était donné de ne quitter Surate que lorsque toutes les affaires litigieuses seraient réglées ou en voie de conciliation.

Indépendamment de ces travaux, Dulivier devait encore fournir à la Compagnie des Mémoires sur le commerce de Pondichery, de Calicut et de Surate; sur celui entrepris de factorerie à factorerie; sur les marchandises les plus recherchées, les frais d'armement, d'avitaillement et solde des équipages, etc.

Le sieur Dulivier, concluaient les instructions, attendra à Surate les vaisseaux le Neptune et le Centaure qu'on estime devoir arriver en cette ville en octobre 1722, et dont la cargaison est de deux millions quatre cent quatre vingt cinq mille livres supposé qu'ils n'arrivassent pas, il les attendra jusqu'à la mousson d'octobre 1723.

Le mois de décembre 1723 étant expiré, le sieur Dulivier pourra s'en revenir en Europe, en passant par les comptoirs de Pondichéry et de Chandernagor pour y faire sa visite.

Il examinera les états de dépenses de chaque comptoir, se fera représenter les états des employés, vérifiera les fonctions d'un chacun et règlera ce qu'il conviendra de faire pour une bonne régie. Il dressera du tout des états.

Le sieur Dulivier, en qualité de commissaire général dans l'Inde pour la visite des comptoirs, recevra tous les honneurs dus à son rang et prendra la première place et séance aux Conseils qui s'y tiendront (1).

La mission de Dulivier ne prit fin qu'en 1723. Pendant son séjour aux Indes, la Compagnie, confiante en ses rapports, avait équipé et expédié à Pondichery trois vaisseaux richement chargés et porteurs d'une assez forte somme en or et argent monnayės. Sur le conseil de Dulivier, le sieur Lenoir, qui avait remplacé M. de la Prevostière, employa ce capital au payement d'une partie des dettes de l'ancienne société. Ce simple fait acquit un tel renom d'honnêteté à la nouvelle compagnie, que les créanciers non encore désintéressés vinrent d'eux-mêmes annoncer au gouverneur que non seule

(1) Archives Coloniales, administration. 15 C2

- 1720-1723, p. 59.

ment ils attendraient patiemment le payement de ce qui leur était dû, mais encore qu'ils étaient prêts à faire toutes les avances jugées nécessaires.

A partir de 1722, les expéditions de la compagnie devinrent de plus en plus régulières, en sorte que le commerce, qui menaçait de s'éteindre, se releva graduellement. En 1726, l'importation directe de Pondichéry en France atteignit le chiffre de quatre millions. Cette prospérité s'accrut encore, d'abord sous Dumas, qui, ayant obtenu du grand Mogol le privilège de battre monnaie à Pondichéry, procura par ce moyen à la Compagnie un bénéfice annuel de 4 à 500 mille livres; ensuite sous Dupleix, qui fit de Chandernagor une place de commerce importante et eut l'honneur de défendre. Pondichery contre les Anglais. Cette victoire porta très haut le nom français dans l'Inde son prestige ne paraît pas s'être effacé encore (1).

Il ne devait pas être donné à Dulivier d'assister au rétablissement des affaires de la Compagnie, rétablissement dont l'honneur lui revenait en grande partie (2). Rentré à Paris

(1) Malgré les victoires des Suffren et des Bussy, on sait avec quels succès les Anglais ont su profiter de nos revers. De nos anciens établissements dans l'Inde, il ne nous reste plus que quelques fractions de territoire, dont la superficie totale ne dépasse pas 25 à 26 lieues carrées. Ce sont :

1a sur la côte de Coromandel : Pondichery et son territoire, composé des districts de Villenour et de Bahour; Karikal et les districts des Maganoms qui en dépendent;

2 sur la côte d'Orisca: Yanaon, son territoire et ses aldées; la loge de Mazulipatam;

3 sur la côte de Malabar: Mahé et la loge de Calicut;

4° au Bengale, Chandernagor, et les cinq loges de Cassimbazar, Jougdia, Dacca, Balassore et Patira;

5 dans le Goudjerate: la factorerie de Surate. (Revue coloniale.)

(2) La Revue maritime et coloniale a publié (année 1886) une très remarquable étude de M. Gruet, sous-chef de bureau, chargé des Archives coloniales, sur Les Origines de l'Ile de Bourbon. Au cours de ce travail, l'auteur fait plusieurs fois l'éloge de Pierre Dulivier, « cet homme de bon sens, de probité à toute » épreuve, dont les grandes aptitudes commerciales furent si productives pour >> la Compagnie des Indes. » M. Gruet nous apprend encore qu'un des meilleurs gouverneurs de l'ile de Bourbon, Benoit Dumas, avait été pendant de longues années le secrétaire particulier de Dulivier. « Elevé à l'école des Dulivier, » commerçants par excellence, Benoit Dumas acquit cette judicieuse sollicitude, » ce dévouement, cette probité qui lui firent considérer les intérêts de la Com>>pagnie comme les siens propres. »

en 1724, il fut obligé, presque aussitôt son retour, de s'aliter. Les longs déboires, les chagrins de famille, les fatigues sans nombre éprouvées pendant près de trente années, avaient considérablement altéré sa santé. Le digne successeur de Martin, le précurseur du grand Dupleix, décédait isolément à Paris au mois de février 1726. Le Moniteur de l'époque, la Gazette de France, muette sur toutes les actions de cet homme de bien, ne mentionne même pas son décès. Comme sa vie, la mort de Dulivier devait passer ignorée de ses contemporains.

A. COMMUNAY.

QUESTION

257. Sur Joseph Vernet à Bayonne.

Dans le n° 1 des Archives historiques, artistiques et littéraires. Recuci mensuel de documents curieux et inédits. Chronique des archives et des bibliothèques (Paris, 1" novembre 1889), on pose, au sujet du séjour de Joseph Vernet à Bayonne, une question que je tiens à reproduire ici, espérant bien que l'incendie des premiers jours de cette année n'aura pas détruit les documents qui permettraient de fournir une réponse précise.

T. DE L.

« L'Inventaire sommaire des archives communales de Bayonne, en cours d'impression, et dont l'auteur est M. Léon Hiriart, mentionne succinctement plusieurs lettres relatives au séjour que le peintre Joseph Vernet a fait à Bayonne (série HH, p. 64 et 77). On sait que J. Vernet séjourna à Bayonne du mois de juillet 1759 au mois de juin 1761 (1), et qu'il y peignit les deux grandes vues de Bayonne, exposées au salon de 1761 et figurant aujourd'hui au musée du Louvre, à côté d'autres vues des grands ports de mer de la France, que le roi avait commandées à cet artiste en 1753, à raison de 6,000 livres chacune. Il serait intéressant de savoir si les lettres conservées aux archives de Bayonne renferment quelques renseignements nouveaux sur le séjour de Vernet dans cette ville et sur les autres toiles qu'il y exécuta alors. »

(1) LÉON LAGRANGE, Les Vernet, Joseph Vernet et la peinture au xvin' siècle (Paris, 1869, in-18), p. 99-104 et 384-386.

ÉGLISES ET PAROISSES

D'ARMAGNAC, EAUZAN, GABARDAN ET ALBRET D'APRÈS UNE ENQUÊTE DE 1546 (*)

VI

L'enquête à Saint-Griède, le Castagnel, le Houga, Mau, Magnan, Mormès, Toujun, Perchède, Panjas, Monlezun, Laujuzan, Bouil, Urgosse, Loissan et Lannesoubiran.

La Commission se rendit ensuite à Saint-Griède (1). Les fabriciens du lieu, Raymond Feuf, Manaud de la Claverie et Peyrot Duporté, se présentèrent immédiatement avec M. Raymond Daunafouert, vicaire de la paroisse, et Bidon Duporté, consul. Après avoir remis leur livre de comptes, ils déposèrent que le revenu de la Fabrique était de 14 écus petits environ. Ils l'avaient affermé pour ce prix en 1545. Mais, durant l'année courante, ils l'ont recueilli eux-mêmes directement, et ils ont ainsi réuni 17 quarts de froment, 19 quarts de mesture, 1 quart d'avoine, 23 quarts de millet, 1 « coppe» de bailhar, 3 pipots 1/2 de vin, et quelques fagots de lin vendus depuis 25 sols. Ayant déjà dépensé 41. 15s. 11 d. de ce revenu pour l'église, ils avaient encore en main assez de grain et de vin pour faire une somme de 231. 19 s. 6d. Après ces expli

(*) Voir au volume précédent, p. 352.

(1) Saint-Griède, canton de Nogaro (Gers), ancienne paroisse de l'archidiaconé d'Armagnac, ecclesia de Sangreda, de Sanguinieda. Une charte du cartulaire de Saint-Mont au XI° siècle porte déjà Sangreda, qui semble n'être qu'une déformation de Sanguineda (I'n médian tombe en gascon). Mais évidemment on devrait écrire Saingriède, le mot saint n'entrant pas dans ce nom. L'église estromane, mais elle a subi depuis sa fondation de nombreux remaniements.

cations, eut lieu la visite de l'église paroissiale Saint-Christaud de Saint-Griède,

Laquelle est assez bien bastie et en tel ordre que pour la situation d'icelle n'y avons rien cogneu y estre necessaire, fors y faire un pilier archivoultant, pour ce que à la murailhe de lad. esglise y a ung fente par laquelle à l'advenir pourroit advenir ruyne à icelle. Mais encore d'ung an, ny de deux, n'y est point necessaire, lequel ne pourra pas couster grand chose.

Par l'ordonnance qui suivit, la fabrique s'entendit taxer à la moitié de ses fruits à venir et à une somme de 15 1. 17 s. à prélever sur ceux de l'année présente. Les créances qui s'élevaient à 47 écus petits 17 sols 2 liards et demi, demeurèrent entièrement à sa disposition.

De Saint-Griède, on alla au Castagnet (1). Bernard de Tiron et Jean de Juzan, fabriciens depuis la précédente fête de Pâques, déclarèrent que le revenu de leur église était de petite valeur. Leur récolte de l'année avait été de 2 sacs froment, 2 sacs mouture, 1 sac millet et 1/2 barrique de vin. Ils avaient en outre quelques deniers que « les bons parrochiens donnaient pour l'entretien du luminaire. Sur quoi on visita l'église paroissiale Saint-André du Castagnet, « laquelle est assez bien réparée pour la situation où elle est, en ung village où n'y a guère plus de dix ou douze maisons; et pour le présent n'y a pas besoing de grandes réparations. L'ordonnance d'Arnaud Claverie condamna la fabrique du Castagnet à remettre au collège d'Auch la moitié de ses reve

>>

(1) Le Castagnet, annexe de Sain'-Griède, canton de Nogaro (Gers), ancienne paroisse de l'archidiaconé d'Armagnac non désignée dans les Pouillés auscitains du moyen âge. L'église date de l'époque romane, mais elle n'a gardé de ce temps que quelques restes de murs en pierre de grand appareil; démolie plus tard en grande partie, elle fut reconstruite en terre. Les murs de terre existent encore et ont plus d'un mètre d'épaisseur. De quelques passages du Cartulaire de SaintMont, on doit conclure que l'église de Castets, l'une de celles que saint Austinde céda en 1661 aux religieux de Saint-Mont, n'était autre que celle du Castagnet. Quant au village du xvr siècle, qui ne comptait, dit le Procès-Verbal, que 10 ou 12 maisons, il ne s'est pas beaucoup modifié de ce côté; la population du Castagnet ne dépasse pas en effet, si même elle l'atteint, le chiffre de 80 habi

tants.

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