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VIII

La liberté individuelle et la loi

sur la répression du vagabondage

et de la mendicité

Le travail est la source de toute prospérité. C'est par lui que croissent les individus, c'est par lui aussi que grandissent les États. Favorisé par le développement de l'instruction et par une forte éducation, le travail fournit des ressources inépuisables.

Il est en même temps pour les personnes du plus grand secours; il leur donne des jouissances inappréciables. Grâces à lui, nous voyons, autour de nous, les hommes faire des miracles. Nous les voyons, sortis des plus humbles sphères, arriver aux conditions les meilleures et les plus élevées.

Malgré ces avantages, nous voyons certai

nes gens fuir le travail, s'abandonner à l'indolence, s'exposer au froid et à la faim, préférer même toutes les misères à une condition qui serait pour eux pleine d'avantages.

C'est ainsi, par peur du travail, par amour de la paresse et du libertinage, que nous viennent les mendiants et les vagabonds, que nous trouvons parfois dans nos rues et sur nos places publiques.

Il est une autre catégorie parmi ceux qui mendient à nos portes, c'est celle des ouvriers momentanément sans travail, que les circonstances forcent à tendre la main, pour avoir à manger, avec leur famille. Il suffit, pour tirer ceux-ci de peine, de les atteler à une besogne suivie, qui fournisse à leurs besoins.

Une troisième catégorie est celle des mendiants encouragés par des secours trop abondants, fournis par les établissements de bienfaisance et par les personnes compatissantes. La vie leur est rendue trop facile; les mauvaises habitudes s'implantent chez eux, les mauvais penchants viennent à dominer et, s'il ne leur vient un secours inattendu, les voilà, à leur tour, qui s'en vont de porte en porte tendre la main.

A côté de ces malheureux, nous en voyons venir se placer d'autres, que des circonstances contraires ont frappés, qui ont été par elles conduits dans une prison ou dans une maison spéciale et qui, par le contact, par l'exemple, par les mauvaises impulsions, par l'entraînement du vice, sont tombés au dernier degré de misère.

Voilà pour les adultes ce qu'offre à l'œil de l'observateur et du philanthrope la société au milieu de laquelle il se meut.

Si maintenant nous considérons l'enfance et la jeunesse, nous trouverons là encore des catégories multiples de personnes qui ne paraîtront pas immédiatement apporter quelque utilité à la société et qui peuvent devenir un élément de désordre.

Les pères de famille, nous l'avons vu, peuvent faire détenir, pendant un certain temps, les enfants, qui leur donnent des sujets de mécontentement graves.

Nous avons même demandé que les mesures autorisées à cet égard par le législateur fussent abrogées. C'est qu'il n'en résulte pas toujours, pour les enfants ni pour les parents, un bien. Tout au contraire, les enfants y perdent toute

retenue et toute honte, et deviennent, pour les familles, un sujet de misères et de peines. Très souvent ils abandonnent les leurs et s'en vont vivre au dehors d'expédients et de mendicité.

Il est d'autres enfants encore qui se trouvent dans le même cas. Il en est qui sont dressés à la mendicité par leurs parents mêmes et qui vont apitoyer le passant, au profit de ceux qui leur ont donné le jour.

Il en est qui se soustraient à toute surveillance, à toute autorité, et qui, à la campagne comme dans les grands centres, ne connaissent que la fainéantise et le vagabondage.

Le pouvoir, qui doit veiller au maintien de l'ordre social et prévenir, par des mesures prudentes, les maux et les causes de bouleversement, ne peut laisser de s'occuper des malheureux dont nous avons vu les misères passer devant nous.

A toute époque, des mesures ont été prises pour remédier à une situation regrettable, pour relever les personnes en cause, pour les aider au mieux des intérêts de tous.

Dans notre pays, la matière a été réglée, en dernier lieu, par une loi du 27 novembre 1891.

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