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certaines garanties. Ce n'est pas que tout soit parfait. Loin de là. Des améliorations peuvent être réalisées et, pour certaines matières, elles sont vivement désirées par tout le monde. Nous les avons encore signalées, au cours de cette étude, et nous comptons bien les voir successivement intervenir. Nous serons trop heureux d'avoir pu aider, pour une faible part, à réaliser un progrès réclamé par les circon

stances.

Notre tâche n'est pas finie. Nous aurons à entrer dans quelques autres considérations, que nous tâcherons, au reste, d'abréger autant que possible.

X

La Liberté individuelle

et la propriété

L'une des conditions de la liberté individuelle, c'est la propriété. Sans elle, l'homme est le jouet des événements comme aussi de ceux qui l'entourent. Il ne saurait rien entreprendre sans être arrêté dans sa marche, il ne saurait rien faire sans voir surgir des obstacles. Il ne saurait rien réaliser sans voir tout renverser et se voir entraîner lui-même par le torrent. Son travail ne peut plus lui profiter; le produit doit lui en échapper; les moyens de conquérir l'indépendance lui font absolument défaut, et fatalement il devient la victime de l'arbitraire.

La propriété au contraire excite les énergies, provoque les initiatives, développe les hom

mes et leurs facultés, assure le progrès, procure l'indépendance et constitue l'individualité humaine sur des bases inébranlables. La propriété relève l'homme à ses propres yeux, lui assure une force incomparable, et en favorisant şes entreprises, en l'assurant contre les efforts et les assauts, garantit sa liberté de toute

atteinte.

Le despotisme, pour mettre sa main de fer sur les hommes, s'en prenait toujours à la propriété. Il se considérait comme souverain dispensateur de tous les biens, et prétendait avoir la disposition pleine et entière de tout ce que possédaient les citoyens.

En 1789, les choses changèrent absolument; l'assemblée constituante proclama que la propriété est un droit absolu et imprescriptible, que l'homme tient de la nature. Les constitutions qui suivirent, les lois qui intervinrent successivement, déclarèrent à l'envi que nul ne pourrait être privé de sa liberté. C'est là aussi ce que décréta le Congrès en 1830, et c'est cette règle, qu'il inscrivit dans l'article II de la Constitution belge.

D'autres doctrines sont venues pour attaquer ce principe et faire disparaître la règle.

Le communisme veut mettre aux mains de la société tous les moyens de production. Chacun fournirait son travail à la société, qui lui donnerait les avantages voulus et lui fournirait les ressources nécessaires pour satisfaire à ses besoins. Nul ne serait plus conduit par son intérêt individuel; le grand nerf des actions humaines, de notre énergie et de notre activité, serait par là supprimé. Rien ne viendrait plus exciter le travail, favoriser les productions, multiplier les richesses. Tout détournerait l'homme du travail, dont il ne peut rien retirer pour luimême, et dont il doit voir profiter ceux qui savent multiplier leurs besoins et s'affranchir en même temps de toute occupation. La pensée créatrice n'a plus lieu de s'exercer, l'individualité disparaît au milieu des exigences sociales, chacun se sent amoindri et atteint dans sa personnalité.

Le socialisme est ennemi lui aussi de la liberté individuelle. Au lieu de laisser agir l'individualité, il met aux mains de l'Etat, l'exploitation de la plupart des organismes. Les fonds. productifs, les instruments de travail sont par eux attribués à la société. Les mines, les usines, les chemins de fer et la terre même se trouve

raient aux mains de l'Etat, dont tous ainsi, pour ainsi dire, seraient les agents. Les hommes pourraient encore jouir des produits en raison de leur travail, et le stimulant de l'intérêt personnel ne viendrait pas à disparaître entièrement; mais tout serait conduit par la contrainte, tout le monde serait réduit à l'obéissance passive.

Nul n'aurait plus intérêt à développer sa production indéfiniment, et nul ne le pourrait effectivement, puisque tout serait réuni dans les mains de l'Etat. Les inventions, au lieu de se multiplier tous les jours, seraient arrêtées, les procédés de fabrication, au lieu de s'améliorer, iraient se détériorant, l'intelligence ne serait plus appelée à s'exercer et à agir, et le progrès serait arrêté en même temps que la liberté serait perdue. Tous les actes de la vie économique seraient réglés uniformément, et tous se courberaient sous un despotisme universel.

Néanmoins ces doctrines se répandent et cherchent à s'introduire; les promesses décevantes, les pressions, les moyens les plus divers sont employés tour à tour, et beaucoup de gens, de la meilleure foi du monde, atten

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