Page images
PDF
EPUB

84

REVUE.

(année 1789)

l'Anti-Sanctionnaire anglais;

--

le Tocsin de Richard-sans-Peur; etc., etc. Plus on avance dans la révolution, et plus le titre piquant est à la mode N'oublions pas le « Cahier des plaintes et doléances des dames de la Halle et des Marchés de Paris, rédigé au grand salon des Porcherons, pour être présenté à Messieux les Etats-Généraux. »>

[ocr errors]

<< Onzième impression qu'on a ravaudé, repassé et rajusté de son mieux, pour afin de le rendre plus long et mieux torché. »

« Où l'on parle, sans gêne, de plusieurs personnes qui se le sont attiré, de plusieurs choses arrivées il n'y a pas long-temps, et de la prise de la Bastille *. »

Style poissard, style grec et romain, style déclamatoire, voilà la littérature courante. Pour satisfaire aux nouveaux besoins des esprits, on va jusqu'à changer les titres de plusieurs pièces de théâtre à grand succès. La Veuve de Malabar se nomme l'Empire des Coutumes; l'Amour Français, l'Honneur Français. Le mot de valeur, ou la phrase à effet, dans les pièces, ne provient plus de l'amour, ni du sentiment, mais de l'honneur et de la philosophie **.

Nuances de partis à l'infini, distinction prédominante entre les Amis du roi et les Amis de la liberté, telle est la politique. Elle a tout envahi, les salons et les théâtres; au salon, les dames sont forcées de faire cercle à part; au théâtre, ce sont disputes continuelles. Par exemple, la tragédie de Charles IX, où Chénier a accumulé tant de sentences contre la noblesse et contre la tyrannie, fut jouée au Théâtre-Français, par ordre des citoyens et de l'Hôtel-de-Ville***. Chaque représentation ressemblait à une bataille.

Livres, brochures, tableaux, estampes, médailles, toutes ces productions de la science ou de l'art, s'inspirent des droits du peuple, du patriotisme, et de l'amour de la liberté.

L'aurore de l'année 1790 se lève dans un horizon sombre et nuageux.

• Textuel; nous avons lu cette curieuse brochure politique en style poissard.

** Mémoires de Fleury, de la Comédie-Française.

*** Journal de Paris, aux avis divers, et aux compte-rendus.

FIN DU CHAPITRE QUATRIÈME.

(janvier 1790)

NOUVELLE ÈRE.

CHAPITRE V.

85

[ocr errors]

Affaire Favras.

[blocks in formation]

Les Sans

Etrennes 1790. Affaire Bezenval.
Distinctions nationales.
Domine salvum. Des districts et des clubs. Deuxième serment civique.
Culottes. Les ducs d'Orléans, de Chartres et de Conti.-Moines mariés et
Épitaphe de monseigneur clergé. Mort du Père des nobles. Le livre rouge.

val. Les assignats.

Parti républicain.

[ocr errors]

[merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

Les chers élèves de Necker. Les mots de madame Verte-Allure. Adoption d'un projet de fédération. Députation du genre humain au chef-lieu du globe. Plus de titres ni d'arLes armes et les souliers de l'abbé Maury. Ralliement

[blocks in formation]

Puisque le peuple a deux fois été vainqueur devant la Bastille et à Versailles, nous ne devrons plus désormais employer l'expression vulgaire de la chronologie chrétienne. Ce n'est pas l'année 1790 qui commence, c'est l'année deuxième de la liberté. Oublions donc les vieilles coutumes monarchiques qui dataient de l'ère du Christ : la Liberté est devenue le Dieu nouveau des Français. Un moment viendra où cette innovation ne suffira même pas, et chaque année nous présentera une physionomie différente, jusqu'à ce que nous ayons grand'peine à nous y reconnaître.

Le premier jour de janvier, de nombreuses députations allèrent complimenter le roi, en s'astreignant encore à l'étiquette et au cérémonial le plus rigoureus. Bailly, à la tête des trois cents représentants de la commune, plia le genou pour prononcer son discours. Cependant, plus méticuleuse sur l'appréciatian de ses devoirs, mais aussi de ses droits en pareille circonstance, l'assemblée nationale s'interrogea longtemps avant de se décider sur le nom qu'elle donnerait à Marie-Antoinette. L'appellerait-elle Reine, Sa Majesté, ou simplement Madame ? Hésitation plus significative qu'on ne le pourrait penser d'abord, car on chicanait à la reine le nom même de sa dignité. Le manteau de la royauté est ainsi déchiré pièce à pièce, et quand

86

FAVRAS EN PRISON

(janvier 1790)

on en sera venu à la place du cœur de celui qui le porte, on frappera. Et remarquez que c'était ici l'acte de la majorité, puisque, le 3, l'assemblée ayant eu la courtoisie d'appeler le roi Sa Majesté, s'attira des reproches. adressés autant pour ce titre donné à Louis XVI, que pour l'invitation qui lui avait été faite de fixer lui-même la somme nécessaire aux dépenses de sa maison. Telles étaient, en effet, les étrennes dont l'assemblée gratifiait le roi. Le Théâtre-Français, qui, depuis peu, avait changé son nom en celui de théâtre de la nation, joua le Réveil d'Epiménide à Paris, ou les Etrennes de la liberté. La poésie et l'histoire ne firent point défaut : on publia les Etrennes patriotiques, les Etrennes de la nation, les Etrennes de la vertu. L'assemblée nationale reçut en députation la commune, qui fut complimentée à son tour par les électeurs et les autres classes du peuple.

Sans doute, dans toutes ces cérémonies, dans toutes ces visites, dans tous ces livres de nouvel an, mille vœux furent adressés au ciel. Mais, en étudiant la marche des événements, il était difficile de s'abuser sur les promesses de l'avenir. Deux procès d'une très-grande importance étaient pendants au Châtelet, le procès de Bezenval, un des complices du prévôt Flesselles, et celui du marquis de Favras. Bezenval avait passé plusieurs mois en prison. Quant à Favras, on l'accusait de conspiration antirévolutionnaire, concertée avec Monsieur, comte de Provence, frère du roi; on l'accusait d'avoir voulu enlever Louis XVI, et assassiner Bailly et Lafayette. Il fut arrêté dans la nuit du 24 au 25 décembre 1789. En réalité, les Parisiens ne savaient à quoi s'en tenir sur le prétendu conspirateur qu'ils appelèrent aussitôt le père des nobles, comme s'ils eussent voulu punir en lui l'ordre de la noblesse personnifié.

Toujours était-il, qu'il y avait eu, en décembre, recrudescence de brochures aristocratiques, et que, le matin du 25, le billet suivant avait couru dans Paris :

« Le marquis de Favras a été arrêté avec madame son épouse, dans la nuit du 24, pour un plan qu'il avait de faire soulever trente mille hommes pour faire assassiner Lafayette et M. le maire (Bailly), et ensuite nous faire couper les vivres. MONSIEUR, frère du roi, était à la tête. A Paris, ce 25.

« Signé Barreau. >>

Puis, quelques jours après l'arrestation de Favras, on avait relevé un factionnaire de la garde nationale assassiné dans sa guérite; on y avait aussi trouvé une sorte de poinçon allongé, dont le fer rouillé était un peu froissé et un petit papier plié en deux, sur lequel étaient écrits ces mots : Va devant, Lafayette te suivra*. Le comte de Provence se fit promptement

[ocr errors][merged small]

Lettre de Favras au Président du comité des Recherches .

Monsieur

a

[ocr errors]

Quand je me suis wie arrêté dous la que, conduit à l'hôtel Se Wille et que j'ai fait prier MM. Bailly et de la Gayelle de vouloir bien être présens à l'interrogatorive que j'altors Sitive devant le Comte des rechercher, j'avois l'âme anni tranquile qu'elle l'st restée depuis: дерий Cependant, Monsieus, Comme des induction, de délations pas trop vidicule,, pouvoient égarer le Comité que vous présides; qu'aufi ma détention this rigoureure pour que je heis au secret, et que ce n'a même été qu'avec beaucoup de prine que j'ai pu obtenir du papier pour you cisive, me fait préimmer une Suile d'information, the Naturelles. D'après les prouver que be Comite in a dit avoir déja acquire, contre moi; permetty que pour les faciliter, je vous prée, de faire donner des orive, ja pour qu'il me soit fourni du papier, afia que je peine onpores par iwrite, Midas, et rien de plus furce que peut avoir fait conjechever tant de dénonciations birames dont on a frame contre moi un ansamble de plaintes d'où rescelte ma captivité. on fourmmant le détail je domande, Monieur, la promesse du Comité de, recherches, que, en at Schi fait, il ordonnera aufitat inon élarginement; que, Sil croit devoir aller plus loin Sur les informations ou instructions, it

вы

جداگ

[ocr errors]

A

my procedera qu'avec le Comité des rechercher, nomre, l'assemblée Nationale et après que lecture de mon d'éteil ausa été faite à la dite Assemblée par le President qu'elle a chargé de the-faire le rapport d'affaire, de geare de Celle don't on parent m'accuser. — je vous previa aufic, Monsieur, de me procures permission d'écrive à ma famma; Même de la voir, ex présence de Qui vous ordonnerai; je vous en Aurai une obligation infinice. Mes demandes étant fort juste, of Naturelles; je ne finivan pasJam von pier de los Communiquer à M.M. Bailly et de le Fayette, et de leur faire agrées, ainui quien tous Messieux du Comité le temorquage du décorcement plein de respect avec be quel je fuir.

Гаш

Moniour.

ва

de l'Abbaye Ce 26. pbre

iyu

du Cabinet de M. Feuillet de Conches.

Notre très-humble at to
Obcinant Servitur.
Let's. de Farver.

Imp. d'Aubert & Cie.

« PreviousContinue »