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cause dans les associations religieuses que l'on poursuit.

Nous ne venons point nous mettre au rang de ces nobles défenseurs de nos libertés; nous bornons nos prétentions à recueillir, dans les annales de la religion, quelques faits qui ajoutent à leurs éloquentes et conciencieuses réclamations, l'autorité de l'histoire et les leçons de l'expérience.

La guerre livrée aux grandes institutions du catholicisme ne date point d'aujourd'hui : depuis que le divin fondateur de l'Église a prononcé ces paroles prophétiques : « Vous serez pour tous un objet de haine à cause de mon nom,» les sectes philosophiques, les hérésies, les partis schismatiques, les ministres infidèles de la religion ont pris à tâche de les accomplir sur les chrétiens qui ont voué leur existence à la pratique des conseils évangéliques.

L'histoire est là pour nous l'apprendre : il serait trop long de citer tous les témoignages qu'elle nous offre. Qu'il nous suffise de retracer ici des circonstances analogues à celles où les esprits s'agitent aujourd'hui, et de tirer des souvenirs encore vivants, que nous allons reproduire, d'utiles avertissements pour l'avenir.

A une époque bien rapprochée de nous, trois sectes, ennemies les unes des autres, mais d'accord dans leur haine pour l'Église, le calvinisme, le jansénisme et l'école de Voltaire, réunirent leurs efforts contre la religion catholique, et, pour mieux en assurer le succès, elles l'attaquèrent dans ses institutions religieuses. Le premier ordre régulier qui tomba sous leurs coups entraîna bientôt les autres dans sa chute; et l'Église,

comme une place ouverte de toutes parts, fut enfin assaillie par des bandes innombrables qui amoncelèrent ses propres ruines sur les débris de ses institutions.

Telle est la série des événements que nous entreprendrons de développer dans cet Essai historique, après que nous aurons jeté un rapide coup d'œil sur l'état des ordres réguliers qui, dans le dernier siècle, succombèrent en France sous les haines anti-religieuses.

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La religion pénétra dans les Gaules à travers les glaives et les bûchers; victorieuse du paganisme, elle dompta les vainqueurs des Romains, et, de ces bandes guerrières, elle forma la nation française. Dès lors, au milieu d'une société dont elle était la reine, se formèrent sous ses auspices de nombreuses associations, où tous les besoins temporels et moraux trouvaient des asiles et des res

sources.

La France comptait dans toutes ses provinces plusieurs établissements de ce genre, lorsque le génie de la rebellion vint disputer à la pensée catholique l'empire que depuis si longtemps elle exerçait sur l'esprit public. Le protestantisme s'annonça par des cris séditieux, fré

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mit dans son impuissance, et lorsque le nombre de ses partisans eut accru son audace, il promena le ravage dans le royaume et planta l'étendard de la révolte sur les ruines des temples et des monastères. Les temps de troubles et de malheurs qu'il avait amenés se dissipèrent enfin; la religion recouvra en partie ses droits; le pouvoir invoqua de nouveau son influence. Le protestantisme fut soumis et écarté; mais il laissa parmi nous des germes de licence et de discorde qui affaiblirent d'abord les croyances religieuses et renversèrent ensuite le trône et l'autel.

En attendant, la religion releva ses temples et ses monastères; elle en bâtit de nouveaux, rendit ses institutions au bonheur des peuples, et créa toutes celles que réclamaient les nouveaux besoins de la société. Les ordres religieux, nés de la pensée même qui fonda la religion, prospérèrent avec elle jusqu'à ce qu'une philosophie mensongère vint rompre les rapports nécessaires qui lient les hommes à la Divinité.

A cette époque, c'est à dire vers le milieu du dix-huitième siècle, l'Eglise de France voyait fleurir dans son sein les principales de ces créations du génie catholique; et elle pouvait s'applaudir des services que chacune d'elles lui rendait dans sa sphère et dans les limites de ses règles.

Obligé par la nature même de notre travail de parler tour à tour de leur décadence et de leur chute, nous devons d'abord exposer dans un même tableau et l'état de ces divers instituts au temps où l'on entreprit de les détruire, et les notions dont l'oubli nous ramenerait sans cesse sur nos traces; et afin de mettre quelque ordre dans cette nomenclature, nous comprendrons dans

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