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tinue, et cette cause ne peut être que la volonté toute-puissante du Créateur.

Il est de même de l'ordre admirable et invariable du monde dans les loix du mouvement, de la formation des plantes, de la production des fruits, de la génération régulière et constante des êtres vivans, etc. Cet ordre n'est pas nécessaire en lui même, puisque l'on conçoit qu'il pourroit être interrompu sans contradiction. La conservation de ces loix suppose donc, comme leur établissement, une cause toute-puissante et souverainement intelligente

L'idée d'une Providence est aussi naturelle à l'homme que celle de l'existence de Dieu. Le même sentiment lui persuade l'une et l'autre aussi invinciblement; car il recourt à Dieu; il l'invoque, il le remercie, il met en lui sa confiance, par les mêmes principes et par le même sentiment qui le force de croire que ce grand Etre existe. Par-tout où l'on trouve la foi d'une Divinité, on trouve une Religion et la foi d'une Providence. Les Temples élevés en l'honneur de la Divinité, les prières et les invocations les offrandes et les sacrifices usités chez les Peuples, les plus barbares, sont des monumens et une profession publique de la foi à la Providence; le Sauvage montre cette croyance sans la tenir d'au cune institution humaine, et l'impie lui-même lui rend hommage par le cri subit de la Nature dans les momens de danger.

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Les loix du monde moral ne sont pas moins merveilleuses, que celles du monde physique; elles sont tout aussi visibles pour les yeux de l'esprit, qui en tire les mêmes conséquences.

Il n'est pas d'homme, qui, en réfléchissant sur toutes les positions où il s'est trouvé ne puisse reconnoître des secours, des bienfaits, et une préservation reçue d'une cause plus puissante et plus sage que toutes les causes secondes.

Il n'est pas de Gouvernement, de société qui tint contre le torrent des passions et les efforts de la malice et de la perversité des hommes, si une main toute-puissante ne leur opposoit une digue, si Dieu n'avoit établi des loix qui contiennent et dirigent les esprits, s'il n'avoit marqué des barrières qu'ils ne peuvent franchir, s'il n'avoit imprimé à la généralité des hommes un amour pour la vertu et la vérité, qui peut seul etre la base de la confiance et de la sociabilité. Ainsi il est des loix morales pour diriger les esprits, comme il y en a pour le Gouvernement du monde physique, Or, c'est la Providence qui a établi ces loix et qui en maintient l'exécution. Elle en dirige l'action, souvent d'une manière bien frappante en produisant de grands évènemens par de foibles moyens, malgré de grands obstacles, eu conduisant des entreprises à des résultats inattendus, en changeant les esprits et les cœurs, et confondant toute la sagesse et la prévoyance humaine.

Les Miracles dont nous démontrerons la certitude, sont aussi un éclatant témoignage de cette Providence libre et toute-puissante qui déroge, quand il lui plaît, et qui préside par conséquent, au cours ordinaire de la Nature.

Enfin, la Révélation faite par Moyse et par Jésus Christ n'est qu'un développement perpétuel de l'action de Dieu sur les créatures, et les preuves de la Révélation sont autant de preuves de la Divine Providence.

que Dieu D. Comment pouvons-nous concevoir étende ses connoissances et ses soins à toutes les créatures et à tous les évènemens du monde ?

R. Nous savons que la science et la toutepuissance de Dieu sont infinies, et que la masse des êtres et de leurs rapports est finie. Au lieu donc de demander comment on comprend, il faut demander comment on ne comprend pas que Créateur de tout doive agir par-tout et sur tout.

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Si le Soleil, qui est l'ouvrage de ses mains, répand, dans un même instant, la lumière et la chaleur dans les contrées immenses des airs, sur la surface de la terre, dans le vaste sein des forêts, et jusques dans la profondeur des abimes, est-il difficile au Créateur d'étendre par-tout ses regards et son action? Chétives créatures que nous sommes, nous appartient-il de mesurer la science et la puissance Divine, et d'en juger par nos ténèbres et notre foiblesse? Ne cesserons-nous jamais de faire Dieu semblable à nous, de supposer que pour agir.il travaille et se fatigue? Il agit comme il existe il connoît tout par une seule pensée toute voyante: il agit par un seul acte tout-puissant. Et qu'importe que nous ne connoissions pas le comment? Les animaux que nous ne surpassons pas autant que nous sommes surpassés par Dieu en intelligence, ne connoissent pas le comment des productions de l'art humain et des sciences humaines; elles n'en existent pas

moins.

D. Mais n'est-il pas indigne de la grandeur et de la majesté de Dieu, de se mêler de tant de petites choses et de légers détails?

R. Non; rien au contraire ne montre davantage l'immensité de l'Etre Suprême, que ses soins étendus sans foiblesse et sans effort, à toutes les parties de son vaste domaine; et nous ne pouvons nous en former une plus grande idée qu'en nous le représentant gouvernant l'Univers, réglant son mouvement et dirigeant toutes choses à leur fin avec sagesse, bonté et puissance. Père de tous les êtres, pourquoi seroit-il moins digne de sa grandeur et de sa bonté d'en prendre soin, qu'il ne l'a été de les créer ? La créature la plus petite, la plus chétive en apparence, est un effet de sa puissance et de sa sagesse; aussi admirable que les créatures les plus imposantes. Le Ciron qui échappe à l'œil, est aussi merveilleux que l'Eléphant. Si Dieu s'est plu à le former, il ne doit

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pas dédaigner d'abaisser sur lui les regards de sa Providence. L'Evangile vient à l'appui de la raison et parle comme elle, en nous annonçant la vidence veillant sur les oiseaux du Ciel et sur les lys des champs, sur les passereaux, et comptarit les cheveux de nos tétes.

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D. Si la Divine Providence préside au gouvernement de toutes choses, pourquoi tant d'irrégularités et de désordres dans le monde physique? Pourquoi tant de souffrances et de misères parmi les hommes ?

R. Je ne répondrai pas à ces pourquoi; ces questions ne partent que de la curiosité et de l'orgueil de l'esprit humain la solution n'en est pas nécessaire pour défendre l'existence d'une Providence.

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Qu'importe en effet que nous ignorions ses motifs et ses fins ? Dieu est-il obligé de nous admettre dans ses conseils ? Est-il moins sage et moins bon? est-il moins Dieu, parce que nous ne connoissons pas les vues de sa Providence dans ce qu'elle fait, ou ce qu'elle permet?

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Nous voyons dans l'Univers des preuves éclatantes et innombrables de la sagesse, de la bonté et de la toute-puissance de Dieu; il nous est déanontré que l'Etre Suprême, l'Etre infiniment grand, est infiniment sage, infiniment bon : cela doit nous suffire. Savoir le comment et le pourquoi de toutes ses œuvres, c'est clrose superflue pour nous; lui en demander compte, c'est démence; prétendre les deviner, c'est témérité : il ne nous reste qu'à humilier notre raison devant la sagesse supreme de son auteur, Håbénir et adorer la Divine Providence, sans vouloir la comprendre.

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Je n'ai donc pas besoin d'examiner si tout est bien dans le monde physique; si les choses que nous y appellons irrégularités, désordres, parce que nous n'en connoissons pas le but, ne sont

pas réellement ordonnées pour une fin sage pour le bien et l'harmonie du systême général du monde, comme le prétendent de vrais et profonds Philosophes; ou si, ces choses étant réellement des imperfections, Dieu, libre de créer le monde, ne l'a pas été de déterminer le dégré de perfection dont la formation et le gouvernement de ce monde auroient été susceptibles, comme le soutiennent des hommes non moins reinarquables par leur sagacité et leurs lumières. Non, ces questions, qui peuvent occuper les Philosophes et les Théologiens, ne sont pas nécessaires à votre instruction; il vous suffit d'être assuré que Dieu préside au gouvernement du monde, par l'empreinte que vous y voyez de ses attributs, sans vous embarrasser des questions épineuses sur la réalité, ou la cause de quelques imperfections qui semblent s'y montrer. Tous les yeux n'apperçoivent pas la destination des ombres dans les tableaux; elles ne sont pas moins l'effet de l'habileté du peintre; et, quand on trouve quelques pailles dans les pierres d'un superbe édifice, on ne conclut pas, pour cela, qu'un sage architecte n'a pas présidé à sa construction.

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Il n'est pas moins superflu d'examiner si Dieu a pu créer l'homme dans l'état présent de misères et de souffrances. Nous savons que Dieu est infiniment bon, qu'il nous a comblés de bienfaits, et que, s'il y a mis des bornes, c'est par des motifs de sagesse ou de justice qui ne permettent pas d'accuser sa Providence. Si nous souffrons sous son empire, nos souffrances sont des épreuves, ou des châtimens, ou tous les deux ensemble; la raison peut déjà les envisager sous ce rapport.

Mais la Révélation tourne en certitude ce que la raison semble découvrir : elle nous enseigne que l'homme fut créé dans un état de bonheur, et qu'il en est déchu par sa faute; que nous

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