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ce qui a un but utile, appartient aux amis de l'ordre et de l'humanité. Les Homélies des Pères de l'Eglise, les écrits des premiers défenseurs de la Religion, étoient particulièrement destinés à l'instruction des Peuples spécialement confiés à leurs soins; maïs leur utilité même les a rendus la propriété de tout l'Univers. Loin donc de nous le soupçon, qu'en publiant cet Ouvrage, nous ayons prétendu commettre un larcin littéraire. Aucune spéculation d'intérêt,'aucun projet mercantille ne sont entrés dans nos vues. Les motifs qui nous dirigent, sont aussi pars que ceux dont l'Auteur luimeme a été animé. Le bien de la Religion, et par elle le bien de l'humanité; tel est notre but commun, telle sera aussi notre commune récompense.

Pour assurer de plus en plus le succès de l'Ou vrage, nous avons cru devoir nous permettre quelques petits changemens, que l'Auteur lui même s'ils lui sont connus, voudra bien nous pardonner. Nous avons fait pour lui, ce que nous aurions desiré qu'il eût fait pour nous mèmes. Quelques-unes de ses phrases nous ont parues obscures', quelques autres incorrectement écrites; nous n'avons pas balancé de faire disparoître ces taches légères, qui échappent souvent à un Auteur plus occupé des choses elles-mêmes, que de la manière dont il aupu les rendre. Plus un Ouvrage approche de la perfection, plus il devient propre à remplir le but auquel il est destiné. Nous serion's nous-mêmes trop heureux, si nous pouvions nous flatter d'avoir contribué par nos soins au succès d'un Ouvrage si propre, sous tous les rapports, à remplir l'espoir des véritables amis de la Religion et de la vertu.

roit

DE L'ÉGLISE DE FRANCE.

LA paix n'est donc pas encore rendue à l'Eglise,

nos très chèrs Frères, l'heureuse époque où elle jouira de cette douce et ineffable consolation s'éloigne encore; et il plaît au Seigneur de prolonger l'épreuve de notre foi. A la vue des longues rigueurs de sa justice, que vos cœurs ne s'abattent point : Est ce à nous à fixer le jour de ses miséricordes? Appartient-il à notre foible intelligence de pénétrer ses desseins? Ah! persévérons à les adorer avec soumission: tous les événemens, dont vous êtes environnés, attestent l'œuvre de la Providence, malheur à ceux qui la méconnoissent, et mille fois plus malheur à ceux qui osent la blasphemer. Humiliezvous donc sous la main toute-puissante de Dieu qui vous visite en ces jours de tribulation, pour Vous élever au tems de la gloire ; que votre foi se raffermisse, et que les promesses de Jesus-Christ à son Eglise soutiennent et raniment vos espérances.

La barque de Saint-Pierre, il est vrai, est agitée par une violente et longue tempête; mais le Dieu qui l'a tant de fois sauvée du naufrage, ne peut-il pas encore la soutenir au milieu des flots? Ne commande t-il plus, quand il le veut, aux vents et à la mer? Eh! que sont tous les impies conjurés contre lui, pour vaincre sa puissance, pour faire mentir ses oracles et effacer ses promesses? Aveugles instrumens entre ses mains, ils ne servent qu'à l'exécution de ses desseins, à l'accomplissement de sa parole, et en persécutant l'Eglise, ils lui préparent un plus beau triomphe.

Telies sont, en effet, les destinées de l'Eglise sur la terre: elle doit y étre, comme son divin Fondateur, sans cesse en butie à la contradiction et à la

persécution des hommes; n'épargnant ni les erreurs, ni les passions, elle les voit toutes soulevées contr'elle; elle est dans un état habituel de combat: mais elle n'est jamais vaincue, et elle sort toujours du creuset de la persécution plus pure et plus brillante. Attaquée dès son berceau, elle résista pendant trois cents ans à toute la puissance des Césars et à toute la fureur des bourreaux; elle brisa tous les efforts du monde et de l'Enfer, et ses plus implacables ennemis devinrent eux-mêmes sa conquête; elle compte autant de triomphes que l'histoire de dix huit siècles compte de persécutions, de schismes et d'hérésies; de systèmes enfantés par l'impiété, et d'attentats soutenus par les passions; elle est fondée sur la pierre ferme, contre laquelle viennent se briser tous les flots des tempètes, et les portes de l'Enfer ne prévaudront point contr'elle. Les Einpires s'écroulent, les générations se précipitent, la figure du monde passe avec ses révolutions et ses bruyans événemens: mais la parole du Seigneur ne passe pas Jesus-Christ étoit hier, il est aujourd'hui, il sera dans tous les siècles. (Hebr. XIII.)

Hommes de peu de foi, pourquoi vous abandonnez-vous au doute et au découragement? Non, la Religion de Jésus Christ ne succombera pas; elle n'est pas l'ouvrage de l'homme: il n'appartient à l'homme ni de la soutenir, ni de la détruire. Indépendante des révolutions, qui changent si souvent la face du monde, et supérieure aux grandes catastrophes qui bouleversent et anéantissent les établissemens humains, elle parcourt majestueusement la chaîne des siècles, et rien ne sauroit arrêter sa marche et ses triomphes. Ne tremblez donc pas pour elle: son règne est indestructible, mais tremblez pour les Nations qu'elle abandonne. Ce n'est pas, comme une aveugle impiété voudroit vous le persuader, ce n'est pas une victoire que remporte le Peuple ingrat et sacrilège qui rejette la Religion;

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ce n'est pas un état de liberté qu'il acquiert; c'est un état de privation et d'esclavage où il se précipite, c'est le plus terrible châtiment dont le Ciel puisse le frapper dans sa colère, et il devient une nouvelle preuve de la Divinité de la Religion, par l'accomplissement des menaces qu'a faites JésusChrist d'enlever le Royaume de Dieu au Peuple qui en abuse, pour le transférer à une Nation disposée à en recueillir les graces et à en pratiquer les œuvres.

Sur combien de Nations cette menace s'est déjà accomplie! De combien de Royaumes et d'Empires le Soleil de justice s'est éloigné, pour aller éclairer des régions plus fidèles et plus heureuses! Hélas! nos iniquités seroient-elles montées à leur comble. et le temps fatal de la réprobation seroit-il aussi arrivé pour notre infortunée Patrie ? Quel sujet de crainte et d'effroi! Quel motif de vous alarmer, de trembler pour vous, et sur-tout pour votre postérité, lorsque vous voyez les ruines de tous les monumens religieux, la dégradation de nos temples la cessation de nos solemnités, la proscription du Culte public, le glaive homicide encore levé sur la tète des Ministres de la Religion; tous les ravages et l'audace insultans de l'impiété!

A ce triste spectacle, ne diroit on pas que ç'en est déjà fait, que la Religion est à jamais bannie de notre Patrie? Mais non, elle n'y est que dans un état extérieur de persécutions: ello y vit encore dans les cœurs, le Peuple lui reste généralement attaché, et les voeux qu'il forme pour son triomphe, sont anssi prononcés, aussi connus que les efforts de quelques impies pour sa destruction. La persécution qu'elle éprouve a même ranimé la foi, purifié la piété, échauffé le zèle, produit des conversions, opéré des changemens merveilleux dans un grand nombre de Chrétiens. Que dirai-je de la conversion édifiante d'un grand nombre de Prêtres qui, après avoir professé les erreurs de l'Eglise Consti

tutionnelle, se sont empressés de les abjurer; du zéle courageux des Ministres qui sont restés fidèles, qui supportent aujourd'hui les fatigues, les privations, les angoisses, et qui affrontent tous les dangers pour la gloire de Dieu et la sanctification des ames; de l'empressement religieux des fidèles pour les secours spirituels, pour la réparation des Eglises et le rétablissement du Culte? Ne sont-ce pas là des effets précieux de la grace, et un gage bien consolant du retour des miséricordes de Dieu sur nous? Car le Seigneur n'abandonne pas, s'il n'est auparavant abandonné, et il ne rejette pas un Peuple, qui lui reste fidèle. Or, si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ?

Ne perdez donc pas l'espoir de voir un jour en France la Religion triompher de la persécution, pour y reparoltre dans son antique splendeur. Ai-mez à en voir le présage dans la fermeté et les sacrifices des Pontifes de l'Eglise pour la cause de la foi, dans la courageuse fidélité des Pasteurs et Ministres du second Ordre, dans la conversion d'un grand nombre d'impies et de pécheurs, dans la piété sublime et la ferveur d'une multitude de justes qui, de toutes les contrées de ce vaste Empire, lèvent les mains au ciel; dans l'accueil religieux qu'y reçoivent les fidèles Ministres de J. C.; enfin, dans les voeux bien connus, et le cri presque général des Français, qui, revenus de leur ivresse, étonnés de leurs erreurs, honteux de leurs excès cherchent le Dieu de leurs Pères au milieu des cendres amoncelées en haine de son nom. Oui, les impies échoueront dans leurs projets insensés ; l'horrible tempête s'appaisera; l'Eglise de France, purifiée dans le creuset de la persécution, brillera d'un nouvel éclat; et la Religion, nous devons l'espérer, reparoîtra sur la terre avec plus de gloire et d'empire.

Mais, pour vous assurer la possession du Royaume de Dieu, ne vous abandonnez pas à une téméraire

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