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discorde, les haines et les vengeances et il est de notoriété publique qu'ils prèchent par-tout la paix, la patience, l'amour des ennemis et le pardon des injures.

De quoi la frénésie de la calomnie ne les accuse t-elle pas encore? De prêcher l'assassinat, le meutre, la sédition et la révolte. Chrétiens fidèles à la Religion, et zélés pour votre salut, est-ce lå la doctrine que les Prêtres vous prêchent, et est ce par la voie du crime qu'ils prétendent vous conduire au ciel? Elevez la voix et rendez témoignage, rendez justice à la sainteté de la doctrine que les Prêtres vous enseignent, et faites rougir feurs calomniateurs, s'ils sont encore susceptibles de honte et de remords.

Depuis le tems que l'on accuse les Prêtres catholiques de tous les forfaits possibles, d'où vient que sur toute la surface du territoire de la domination française, l'on n'en a encore prouvé aucun? d'óù vient qu'il n'existe pas une procédure dans laquelle on ait vérifié des faits d'une si grande importance: que, lorsqu'on a arrêté des Prêtres, l'on ne s'est point donné la peine de constater ces prétendus délits; qu'on les a condamnés sans défense; que leur jugement a soulevé l'indignation publique contre leurs ennemis et frappé toutes les ames honnêtes d'horreur et d'effroi?

Quand on connoit un peu le cœur humain, on ne regarde pas facilement comme des apôtres du crime, comme des prédicateurs du meurtre, de l'assassinat et des fureurs de l'anarchie, les Ministres d'une Religion dont le caractère de sainteté est connu de l'Univers; qui ne prêche que la charité, la paix, la justice; dont les vrais enfans ont toujours préféré la mort au crime; dont l'auteur n'a prêché, n'a exercé que la bienfaisance et a terminé une carrière brillante de toutes les vertus, en mourant pour le salut des hommes et en priant pour ses ennemis.

Non, l'on ne persuadera point que les Ministres d'une telle Religion puissent la démentir, et se convaincre eux-mêmes d'imposture en prêchant tous les crimes. S'ils croient à cette Religion, ils braves roient donc les vengeances de son auteur, et ils se dévoueroient librement et sans motif à la haine des hommes et à des supplices éternels! S'ils n'y croyoient pas, quel est donc le motif qui les oblige à prêcher, à en administrer les secours ? Quelle force les sontient au milieu de l'intempérie des saisons, des fatigues, de la misère, des souffrances et des dangers? Qu'est-ce qui les fortifie contre les dédains des pécheurs, contre les calomnies des impies et la tyrannie des persécuteurs? Quelle est cette vertu toute puissante qui leur inspire une résignation parfaite, une contenance calme et modeste, une sérénité constante, une force inébranlable devant les tribunaux, dans les cachots, sur l'échafaud même et sous la hâche des bourreaux? S'ils sont des imposteurs, des criminels, pourquoi viventils, agissent-ils et meurent-ils en héros et en saints? Leurs calomniateurs n'expliqueront jamais ce inystère. Ce qui explique et la conduite des Prètres fidèles et celle de leurs ennemis, c'est que les premiers sont réellement les Ministres d'une Religion divine et bienfaisante, et que les autres sont 1 s en nemis forcénés de cette Religion qu'ils voudroient étouffer, s'ils le pouvoient, dans le sang de ses Ministres.

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CHAPITRE V..

De l'indifférence en matière de Religion.

D. EST-IL permis d'être indifférent en matière de Religion?

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R. Non; être indifférent en matière de Religion, c'est ne mettre aucun intérêt à croire en Dieu ou à n'y pas croire; à l'adorer, ou à le blasphémer; à observer une Religion, ou à n'en avoir aucune; à suivre la vraie, ou la fausse; à croire une vie future, ou croire que l'ame meurt avec le corps. Or, cet état est tout à la fois le plus déraisonnable et le plus coupable qu'on puisse imaginer; car l'homme n'a pas de devoir plus pressant, ni de plus grand intérêt que celui de s'assurer s'il y a un Dieu dont il dépend, si Dieu exige de lui des hommages, s'il a prescrit la Religion par laquelle il veut être honoré, et quelle est cette Religion; s'il a destiné l'homme à une vie future, pour le récompenser, ou le punir éternellement. selon ses œuvres. Certainement il n'est pas égal de reconnoltre ou de méconnoître Dieu pour son auteur et l'arbitre de ses destinées; de l'adorer, de l'aimer et de lui obéir; ou de le blasphemer, de le haïr et de se révolter contre lui; d'être anéanti, ou de vivre éternellement, de jouir des délices du ciel, 'ou ou d'être dévoré par les flammes éternelles de l'enfer. Etre indifférent sur des objets dont l'alternative est d'une si extrême conséquence, c'est outtrager la raison, c'est étouffer la voix de la conscience et contredire les premiers sentimens de la Nature.

Or cette terrible alternative dépend de l'usage de la vie présente. Il est au pouvoir de l'homme de rendre ses destinées éternelles, heureuses ou

malheureuses; et puisqu'il ne s'agit pas moins pour lui que du suprême bonheur ou du plus affreux des malheurs, il n'est rien au monde qui doive plus l'occuper que son sort pour l'éternité, et l'accomplissement des devoirs qui doivent le lui mériter heureux.

D. L'homme qui ne croit pas l'existence d'une vie future, et qui s'est persuadé qu'elle n'existe pas, n'est-il pas du moins dispensé de s'en occuper?

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R. Personne n'ignore d'une manière invincible la vérité d'une vie future, ni ne peut se persuader 'de bonne foi qu'elle n'est qu'un faux préjugé; car, sans développer ici la force des preuves qui en démontrent l'existence, quel est l'homme qui peut leur résister dans sa conscience et dire « J'ai » examiné à fond, sans préjugé et sans intérêt » cette grande question ; j'ai tout vù, tout pesé » dans une juste balance, et JE SUIS ASSURÉ que les

prétendues demonstrations de la vérité d'une vie » future ne sont que de faux raisonnemens; que » la croyance de ce dogme, quelqu'ancienne et universelle qu'elle soit, n'est qu'un préjugé; que les savans et les génies les plus profonds qui » l'ont défendue ne furent que des visionnaires; » que la Religion mosaïque et la Religion chré» tienne qui l'enseignent, ne sont que des impos»tures? Un homme qui nous parleroit sur ce tou affirmatif, ne seroit certainement pas cru; et, fatil doué de grands talens et de connoissances distinguées, nous ne pourrions nous empêcher de croire que, tout au moins, il peut se tromper et que l'Univers peut avoir raison contre lui. Comnent lui seul pourroit il, de bonne foi, s'attribuer Je privilège de l'infaillibilité ? Comment, à plus forte raison, des hommes, qui ont reçu peu de talens de la Nature, et qui n'ont eu ni le tems, ni les moyens de les cultiver, qui n'ont fait aucune étude sérieuse, qui n'ont, en particulier, jamais médité

les preuves sur lesquelles s'appuye la certitude d'une vie future, comment, dis-je, pourroient-ils la nier hardiment et la traiter de chimère sans se convaincre eux-mêmes de folie?

Quand nous supposerions donc que l'incrédule peut s'étourdir sur la vérité d'une vie à venir, et se débattre contre l'évidence de ses preuves, jamais il ne parviendroit à étouffer la lumière naturelle, au point d'effacer entièrement l'impression d'une vérité que la Religion, la raison et la conscience universelle lui annoncent d'une voix aussi forte qu'unanime, et il restera tout au moins sur ce sujet dans un état de doute et d'inquiétude. » Presque tout ceux qui vivent dans l'irréligion » ne font que douter, dit Bayle, (le patriarche » de nos prétendus Philosophes); ils ne parvien» nent pas à la certitude. Se voyant donc dans le » lit d'infirmité, ils prennent le parti le plus sûr. »

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Or, dans cet état de doute et d'incertitude, bien loin de s'abandonner à l'insouciance, tout homme sensé doit au contraire faire tous ses efforts pour connoitre quelle destinée l'attend après la mort, et pour s'assurer d'en avoir une heureuse.

D. L'homme qui doute de la vérité de la Religion et de la vérité d'une vie future, ne peut-il donc pas vivre tranquille dans cet état de doute et s'affranchir de l'inquiétude et de la peine de s'assurer de ce qui en est ?

R. Non; cette négligence de s'instruire de ses destinées après sa mort, ne change rien à la nature des choses. C'est envain que l'homme détourne ses pensées de sa dernière fin, il n'est pas moins entraîné à chaque instant vers la mort et l'éternité. L'immortalité ou le néant, c'est la première alternative qui l'attend; le ciel ou l'enfer, c'est la seconde. Tel est son sort pour l'éternité.

Et comme le ciel ne peut être le partage de l'homme qui n'aura rien fait pour le mériter, qui n'aura même pas daigné s'informer s'il y a un bonheur fu

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