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R. Elle l'a attaquée d'abord par la fourberie et la perfidie, ensuite par la séduction, la violence, l'injustice et la cruauté.

Craignant d'alarmer, de révolter le Peuple, généralement attaché a la Religion de ses pères, Assemblée constituante protesta qu'elle ne vouloit pas y toucher; elle prétendit ne pas y déroger en rompant le lien de Communion avec le Souverain Pontife, et destituant les légitimes Pasteurs, en établissant des Ministres schismatiques; elle appella civile la Constitution qui attaquoit la foi, les droits et la discipline de l'Eglise, et civique le serment sacrilège qui avoit pour objet de la maintenir; elle affecta, dans une instruction publique envoyée à toutes les Communes, de feintes protestations d'un inviolable attachement à la Religion catho lique, dans le tems même où elle venoit de la proscrire.

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Après ces perfides mesures, l'Assemblée ne craignit pas d'attribuer le refus du serment du schisme et de l'hérésie à des motifs humains et pervers, à l'esprit de cupidité, d'orgueil, de vengeance et de contre-révolution; elle appella du nom de réfractaires les Ministres fidèles à la voix de leur conscience, Par une perfidie sanguinaire, elle les rendit responsables des plaintes et des murmures qu'excitercient parmi les ames ligieuses, ou seulement justes et honnêtes, la destitution si illégale, şi tyrannique, de tant de milliers de Ministres, et des remplacemens, non moins vicieux dans les formes que scandaleux dans le fait; elle les déclara déchus du modique traitement qui leur avoit été assigné pour prolonger leur martyre; elle les prononça réputés suspects de révolte à la loi, et de mauvaises intentions contre la Patrie, et comme. tels plus particulièrement soumis et recommandés à la surveillance (Décret de Novembre 1791. ). C'est ainsi que l'Assemblée nationale elle-même provoqua sur les Ministres catholiques les soupçons

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et les animosités, les outrages, les vexations, les emprisonnemens, les assassinats, les massacres, les fureurs d'une haine aveugle, du fanatisme philosophique et d'un faux patriotisme; tandis qu'elle proclamoit comme de bons citoyens, de zélés patriotes et des amis du Peuple, qu'elle élevoit aux dignités, et récompensoit par la faveur, par le crédit et les traitemens, les Ministres parjures qui avoient trahi la foi et abandonné l'Eglise.

On peut lire dans l'Histoire du Clergé de France', pendant la Révolution, les affreux détails de la persécution exercée contre les Ministres catholiques dès la fatale époque du Serment. D'autres Histoires en présenteront, sans doute, de plus étendus, et la Postérité lira, mais ne pourra croire à quel excès de barbarie et d'atrocité on a porté cette persécution.

Pour proscrire totalement en France la Religion catholique, l'Assemblée législative prononça contre ses Ministres le décret de déportation, et sembla autoriser les affreux massacres de Septembre; enfis la Convention mit le comble à tant d'horreurs par le décret de mort contre tout Prêtre déporté on sujet à la déportation, qui seroit trouvé sur le sol de la France.

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D. L'Assemblée nationale n'avoit elle pas garanti à tous Français, comme un droit naturel et imprescriptible de l'homme, la liberté d'exercer le Culte auquel il étoit attaché?

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R. Oui; mais elle n'a pas craint de se contredire par la persécution qu'elle a exercée contre les Ministres du Culte catholique. A la tribune même de la Convention, on a reconnu cette horrible contradiction. Génissieux y parlant au nom du Comité de législation, a relevé l'opposition qui se trouve dans la fameuse déclaration des droits et le décret du serment dont le refus à servi de prétexte à la persćcution. « Toute loi, dit-il dans son Rapport, qui → commande un serment contraire à la liberté des

>> Opinions religieuses et politiques, est en opposi>>tion aux droits de l'homme; tout serment con» forme à cette loi est indiscret et nul » ( Moniteur, Juillet 1795). Mais la contradiction n'a point été réparée.

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D. Quelle fut donc la fin de la Déclaration des droits de l'homme, concernant la liberté des Cultes? R. On ne peut en imaginer une autre que celle d'assurer impunité et même protection à tous les blasphemes, à tous les écrits, à tous les outrages. et attentats contre la Religion catholique; de lui opposer toutes les sectes pour la combattre, et de conduire insensiblement le Peuple à la liberté de Religion, tant préconisée par l'impie Philosophie, c'est-à-dire, à l'indépendance et l'affranchissement de toute Religion.

D. Comment, après avoir aboli Ia Religion catholique, l'impie Philosophie attaqua-t-elle le Christianisme et toute Religion?

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R. L'impiété philosophique n'avoit créé l'Eglise constitutionnelle que pour l'opposer à l'Eglise ca tholique, et elle avoit intéressé à la destruction de celle-ci les erreurs, les préjugés et les passions de toutes les sectes. Son attentat consonimé et la pierre fondamentale du Christianisme une fois écartée, elle fit crouler tout l'édifice, et ensevelit sous ses débris les coupables instrumens qui avoient servi à l'exécution de ces premiers forfaits; elle tourna contre le Christianisme les armes dont elle s'étoit servi contre le Catholicisme; elle le confondit avec le fanatisme, son culte avec la superstition, ses loix avec la tyrannie; elle le proscrivit comme contraire à la liberté et à l'égalité, et s'avança sur ses ruines au but de tous ses crimes, à l'irréligion totale, à la proclamation de l'athéisme.

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Cette Eglise constitutionnelle, qui avoit tant été louée, défendue, protégée, fut abandonnée au mépris, plongée dans l'avilissement, persécutée à son tour, L'impiété l'avoit créée, l'impiété la dé

truisit, et elle renversa du même coup toutes les sectes qui avoient conspiré avec elle contre l'Eglise catholique. Tout culte fut aboli, toute Religion fut proscrite, les Ministres constitutionnels, Protestans, Juifs, furent invités, plusieurs même forcés à renoncer à leur état, à en livrer les titres, à rétracter et condamner comme des erreurs tout ce qu'ils avoient enseigné ; les instrumens, les ornemens, les vases et les symboles des Cultes, les Saintes Ecritures elles mêmes devinrent la proie des flammes ou de la cupidité; les édifices consacrés à l'exercice des Cultes furent fermés, démolis, convertis en usages profânes ou en Temple de la Raison. Il fut solemnellement proclamé que l'on ne reconnoissoit plus de Divinité que la Raison, plus de Culte que celui de la liberté et de l'égalité, plus de loi que les loix républicaines ; la Čonvention applaudit aux scènes horribles et extravagantes de l'impiété; elle décréta la spoliation, la dégradation de l'Eglise métropolitaine de Paris, et sa monstrueuse métamorphose en Temple de la Raison; elle s'y rendit en grand cortège pour offrir ses adorations et chanter l'hymne consacrée à la nouvelle Divinité. « Là, dit à ce sujet l'Orateur de la Com» mune de Paris, les Français ont célébré leur vrai >> Culte, celui de la Liberté, celui de la Raison... » Un seul cri, un seul vou a été prononcé : plus » de Prêtres, plus d'autres Dieux que celui que la >>.Nature nous offre, que la Liberté ».

Ces scènes impies se répétèrent à l'envi dans tous les Départemens; tous les Cultes y furent exposés à la dérision publique de la manière la plus vile et la plus outrageante; on y renonça à toute Religion; on y déclara ne reconnoître d'autre Divinité que la Raison, et son Temple y fut élevé sur les ruines des temples de tous les Cultes,

Boissy-d'Anglas a constaté dans son Rapport fait à la Convention, au nom des Comités de salut public, de sûreté générale et de législation, quels

furent, à cette époque, les excès de la persécution contre la Religion catholique et le Christianisme. Son témoignage non suspect doit éclairer ceux qui ne voudroient pas croire à la réalité d'une persécution contre la Religion, et faire rougir ceux qui la prolongent. Après avoir rapporté les arrêtés de Départemens despotiques et barbares, et toujours impolitiques, concernant la Religion : « L'établisse»ment sacerdotal, dit-il, fut renversé par la dé» mence et la fureur... il fut abattu avec le scandale » d'une orgie et avec les fureurs du fanatisme lui» même. Les Chaumette, les Hébert, dirigèrent » cette révolution suivant les principes de leur ame » abjecte et féroce.... L'incrédulité des brigands » tourmenta à plaisir la crédulité paisible. Des fem >> mes des enfans, des vieillards, des milliers » d'agriculteurs, furent entassés dans des cachots » pour avoir entendu furtivement quelques Mes>> ses.... l'asyle domestique fut par-tout violé..、‹» des images vénérées furent déchirées; de ridicu>> les cérémonies furent imaginées pour remplacer » des solemnités..... C'est ainsi que le brigandage » déshonora la Révolution...... La France régé »nérée donna l'affreux exemple d'une persécution » religieuse, et sa législation fut souillée par des » échafauds et des lettres de cachets »>,

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D. Après la destruction de tout culte public, ne restoit-il pas la liberté d'exercer privément chez soi le Culte auquel on étoit attaché ?

R. Non; d'abord on ne pouvoit exercer, même privément, le Culte catholique, puisque ses Ministres étoient et restent encore frappés de décrets de mort, et que les peines les plus gravés étoient et sont encore décernées contre les fidèles qui les recevroient dans leurs maisons.

L'on ne pouvoit non plus exercer aucun autre Culte, puisque tous les Cultes étoient également exclus par le Culte insensé de la Raison, que tous étoient réprouvés comme des effets du fanatismę

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