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R. Je pourrois résoudre toutes ces questions, en répondant avec Saint-Augustin, que « l'Eglise re» vêtue de l'autorité, et dirigée par l'esprit de J. C., » comme nous l'avons prouvé, ne fait, n'approuve > et ne tolère rien contre les bonnes mœurs », et que par conséquent toutes ses loix, toutes ses institutions sont justes, sages et saintes. Ce principe doit suffire à un Catholique, le prémunir contre les faux préjugés du monde, et le dispenser de toute Vaine discussion.

Mais, pour repousser en détail les injustes accusations de la fausse sagesse du siècle, je réponds que l'Eglise ne force personne au célibat, qu'elle étudie la vocation des personnes qui veulent en contracter l'engagement, qu'elle leur prescrit de consulter Dieu, de sonder leurs dispositions, et qu'elle ne les admet à prononcer leur engagement qu'après une longue et rigoureuse épreuve. C'est tout ce que la sagesse peut exiger de l'Eglise; car, quant à l'ordre de ses Ministres, elle n'obtiendroit pas le but qu'elle se propose et les avantages qu'e croit attachés à ce qu'ils vivent dans le célibat, si elle ne leur en imposoit pas la loi, et si elle leur laissoit la liberté de s'engager dans les liens du mariage.

elle

Quant aux Ordres Religieux, il en est dans lesquels l'Eglise n'exige pas le vœu de chasteté perpétuelle; si elle l'exige dans les autres, c'est qu 'elle le regarde comme un moyen de fixex la légereté et l'inconstance de l'esprit humain, et de le prémunir contre les tentations de dégoût et de retour vers le monde. Une personne qui s'est éprouvée, peut aussi sagement se consacrer irrévocablement à Dieu dans le Cloître, qu'un autre peut s'engager dans les liens indissolubles du mariage. Si elle y porte avec elle sa fragilité, elle est assurée de la grace toute-puissante de Dieu, qui ne manque jamais aux ames qui se dévouent entièrement à son service. La Providence nous en a fourni une preuve bien éclatante, dans l'admirable et héroïque fermeté avec laquelle les Religieuses de tous les Or

dres ont résisté à tous les assauts de la persécution de nos jours et ont confondu également les projets des impies et les calomnies du monde, en montrant une fidélité que n'ont pu vaincre ni les attraits de la séduction, ni les longs supplices de la misère ni les outrages, ni les prisons, ni les tortures même du martyre?

A quelle fin des Religieux et des Religieuses et à quoi ces personnes sont-elles utiles? demande le mondain et l'impie.

Mais de quel droit veut on disposer du sort des personnes qui se consacrent à Dieu ? L'homme n'est-il pas libre de choisir le genre de vie et l'état qu'il lui plait; un gouvernement ne seroit-il pas tyrannique, s'il forçoit les Citoyens à vivre d'une telle manière, plutôt que d'une autre? Pourquoi donc me seroit-il moins permis de me consacrer à Dieu dans une sainte retraite, que de vivre célibataire et inutile dans le monde?

A quelle fin des Religieux et des Religieuses, es à quoi ces personnes sont-elles utiles?

A rendre à Dieu le culte le plus pur, le plus parfait par une entière consécration à son service, et cela ne doit-il se compter pour rien? L'homme créé pour Dieu, et destiné sur la terre à mériter de partager son bonheur éternel, dans le ciel, pert il donc son tems, quand il s'occupe uniquement de cette grande et suprême fin, et n'est-il bon à rien quand il ne sert que Dieu ? On le veut utile à la société mais s'il est une Providence dont dépendent la prospérité des Etats et le bonheur des hommes, et si comme la Sainte Ecriture ne nous permet pas d'en douter, la Providence a égard, dans la distribution des biens et des maux temporels sur les sociétés, au nombre, aux œuvres et aux prières des ames justes, est-il permis de regarder comme inutiles à la société les ames pures et parfaites, qui ne s'occupent qu'à intéresser en faveur des hommes la bonté et la miséricorde de Dieu, et à détourner les fléaux de sa justice prêts à éclater sur les villes et

sur les empires? Fausse sagesse du monde ! la prudence des politiques échoue, et l'orgueil des forts est humilié, tandis qu'une ame ignorée du monde mais connue et aimée de Dieu, décide, par ses austérités et ses prières, des plus grands événemens.

Quelle heureuse influence les ames consacrées à Dieu dans les Cloîtres ont encore sur les mœurs et la Religion des Peuples! Leur vie combat également les erreurs de l'impiété et la corruption du monde; leur état de perfection démontre possible l'accomplissemeut des préceptes de l'Evangile, et condamne la lâcheté des Chrétiens qui les transgressent; la vue seule des saints asyles qu'elles habitent, rappelle sans cesse aux Chrétiens les vérités éternelles qu'ils oublient dans le cahos et la dissipation des affaires du monde, elle leur préche la nécessité de la péni tence, la divinité et les droits de la Religion: et c'est sans doute, pour ces motifs meme, que l'état Religieux est en litte aux contradictions et aux outrages des impies et des mauvais Chrétiens.

Les Religieux rendent encore les plus grands services à la Religion par leurs Ecrits pour sa defense, par l'instruction de la jeunesse, par la prédication et l'administration des Sacremens; les Religieuses, par l'éducation chrétienne qu'elles donnent aux jeunes personnes deleur sexe qui leur sont confiées, et même par l'instruction publique des pauvres filles dont certains Ordres ou Communautés sont chargées.

Enfin, c'est sur-tout aux Ordres Religieux que nous devons la conservation du dépôt des sciences, des écrits et des langues de l'antiquité, à travers les siècles de barbarie, et ce sont encore eux qui, depuis la restauration des sciences, on fait les plus précieuses découvertes et nous ont fourni les lumières les plus sûres et les plus étendues en tout genre d'érudition, N'y a-t-il pas de l'ingratitude, ou de l'ignorance et de l'aveuglement à les regarder

comme inutiles?

Mais on pousse l'injustice plus loin, et on les acsuse d'être nuisibles, d'affoiblir la population et la

prospérité

prospérité des Etats, comme si ce n'étoit pas un fait constant, que ce sont les bras laborieux et infatigables des Moines, qui ont défriché une grande partie des terres cultivées aujourd'hui, qui ont fécondé des déserts et des forêts immenses, et préparé l'établissement d'une infinité de hameaux, de villages et de bourgades.

Peu d'Ordres restent à présent appliqués à la culture des terres; mais a-t-on droit de reprocher aux autres de vivre des sueurs de leurs ancêtres? Ne sont ils pas d'ailleurs dévoués à des occupations utiles à la Religion et à la société ; et s'ils vivent dans le célibat, leur nombre est il comparable à celui des' célibataires du monde? Que sont, en effet, dans les' grandes villes et dans les différentes contrées, quelques maisons religieuses des deux sexes, par rapport au nombre infini d'hommes et de femmes qui ne se marient pas, qui à raison de leur détresse, ou par préjugés, ne peuvent se marier dans le monde ? Le célibat dans les Cloitres honore du moins la Religion, il respecte et encourage les bonnes mœurs : au lieu que dans le monde et sur tout dans les villes, le célibat est trop souvent un état de libertinage et de scandale, le fléau des mœurs, et par conséquent le destructeur de la population et de la prospérité publique.

D. Q

nelle?

CHAPITRE X X.

De l'Eglise Constitutionnelle.

U E doit-on penser de l'Eglise constitution

R. On doit penser qu'elle n'appartient pas à l'Eglise de Jésus-Christ; mais qu'elle est une société profane et toute humaine.

D. Comment prouvez vous que l'Eglise constitutionnelle n'appartient pas à l'Eglise de JésusChrist?

R. Je le prouve par une simple application des principes que nous avons établis, sur la nature et sur les caractères de la vraie Eglise. Il en résulte que l'Eglise est une société unique, répandue dans l'Univers, dont les membres sont essentiellement liés par l'unité du ministère apostolique des Pasteurs, qui ont pour Chef visible le Pape, Evêque de Rome; par là profession de la même foi, et par la participation au même culte et aux mêmes Sacremens. Telle est la Constitution divine de l'Eglise, telle est l'idée que l'on en a toujours eue; telle est, quant à la substance, la définition que l'on en trouve dans tous les Catéchismes, et en particulier dans celui de notre Diocèse. L'Eglise, y est-il dit, est la société des fidèles qui font profession de la foi et de la loi de Jésus-Christ, sous la conduite des Pasteurs légitimes, qui ont pour Chef visible le Pape, Evêque de Rome.

Ainsi, pour appartenir à l'Eglise, il faut être soumis à ses légitimes Pasteurs, dont le Pape est le Chef, professer sa foi et participer à ses Sacremens. Appliquons ces conditions à la société des Ministres constitutionnels.

1o. Cette société est-elle soumise aux légitimes Pasteurs? Pour décider cette question, examinons les titres des anciens Pasteurs de l'Eglise de France, et ceux des nouveaux Ministres qui s'y sont introduits.

Les anciens Pasteurs, soit les Evêques qui gouvernoient les Diocèses de la France avant la Constitution civile du Clergé, étoient incontestablement, et de l'aveu des Constitutionnels, les légitimes Evêques de ces Diocèses : ils n'ont pu cesser de l'être, que par une démission libre et acceptée par l'Eglise ou par une destitution canonique. Ils ne se sont pas démis, et il n'existe aucun acte de l'Eglise qui les décharge du fardeau Pastoral qui leur avoit été imposé. Ils n'ont pas été destitués par un jugement canonique; car il n'existe contr'eux qu'un décret de l'Assemblée nationale, qui prononce leur destitution. Or, la Puissance civile ne peut dépouiller les

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