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l'institution des Sacremens, ou des signes sensibles auxquels il a attaché la vertu productive de sa grace. Par exemple, il a déclaré que celui » qui » aura cru, et qui aura été BAPTISÉ, sera sauvé » (Matth. XVI); que si quelqu'un ne renaît pas » de l'eau et de l'Esprit saint, il ne pourra entrer » dans le Royaume des Cieux. ( Joan. V. ) » Il a envoyé ses Apôtres et leurs successeurs, pour BAPTISER comme pour enseigner, et de tous les tems, l'Eglise, dépositaire et interprête de la doctrine de J. C. a regard le Baptême, et l'a administré comme nécessaire pour participer aux fruits de la Rédemption du Sauveur, et pour être admis dans son Royaume. Il ne s'agit donc pas de consulter notre raison sur la vertu de l'eau, et des paroles : je te baptise au nom du Père, etc. Il ne nous reste qu'à adorer et bénir le Sauveur dans ce moyen qu'il a déterminé par notre sanctification, et il en est de même de tous les autres Sacremens dont nous prouvons également l'institution et la vertu divine.

Loin donc de nous arrêter à de faux raisonnemens, qui présentent ce qu'il y a de plus sacré dans la Révélation comme une invention humaine, nous devons croire fermement sur l'autorité de J. C. et sur l'enseignement de son Eglise, que ce divin Sauveur a voulu nous communiquer ses graces par le moyen des signes extérieurs que nous appelons Sacremens.

D. Le précepte de la Confession, pour obtenir la rémission des péchés, n'est-il pas du moins une invention humaine?

R. Non la nécessité de la Confession est un dogme de la foi catholique, et aucun dogine catholique n'est une invention humaine.

Et comment pourroit on supposer que tous les Pasteurs de l'Église, répandus dans l'Univers, eussent jamais pu concevoir le dessein criminel de dénaturer la doctrine de J. C., et d'imposer aux fidèles en son nom, un joug aussi pesant que celui

de la Confession? Quelle époque pourroit-on luí assigner? Comment expliquer les trames et les succès de cette conspiration sacrilège?

Comment peut-on croire que quand le prétendu esprit de politique et de domination eût éteint dans tous les Pasteurs de l'Eglise catholique tout sentiment de respect pour leur divin Maître, et de zéle pour la conservation du dépôt de sa doctrine, il eût pu étouffer le cri des passions auxquelles ce nouveau dogme devoit mettre un frein si révoltant, empêcher les réclamations de tous les fidèles de l'Univers, et faire croire comme un dogme ancien, comme un précepte établi par J. Č., une institution humaine aussi pénible, dont on n'auroit trouvé aucun vestige dans les monumens de la Religion, ni dans la mémoire des hommes? Ces deux suppositions sont également d'une absurdité sensible, et les motifs qui démontrent l'impossibilité où étoient les Pasteurs de l'Eglise, d'établir, par la fourberie, la pratique de la Confession, démontrent, par la même, que le dogme en remonte jusqu'aux Apôtres, et que le précepte n'en a été imposé que par celui qui seul a pu y soumettre les hommes, par J. C. lui-même.

J. C., en effet, a donné à ses Apôtres et à leurs successeurs le pouvoir de remettre et de retenir les péchés, de lier et de délier les consciences. » Il » souffla sur les Apôtres et leur dit : Recevez le » Saint Esprit, les péchés seront remis à ceux à qui » vous les aurez remis, et ils seront retenus à ceux » à qui vous les aurez retenus. (Joan. XX. )Tout » ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le » ciel. (Matth. ) Or, comment les Ministres de » J. C. peuvent-ils remettre et retenir les péchés, » s'ils ne les connoissent pas, et par quel autre » moyen peuvent-ils les connoître que par la Confession des coupables? Ainsi la nécessité de la Confession de la part des pécheurs, est une suite nécessaire du pouvoir des Ministres de J. C. pour les juger; et s'il restoit quelque obscurité à ce

sujet dans les paroles de l'Ecriture, elle seroit levée et éclaircie par l'enseignement et la pratique de tous les siècles, et par l'autorité de l'Eglise dépositaire et juge infaillible de la doctrine de Jésus-Christ.

Le précepte de la Confession n'a d'ailleurs rien qui ne soit digne de la sagesse et de la bonté de J. C. C'est un frein salutaire pour les passions; un aiguillon pressant de vigilance et de retour sur soi-meme; un puissant moyen de conversion, de satisfaction et d'encouragement; une source abondante de lumières, de paix et de consolations l'expérience en montre les salutaires effets; les ennemis de l'Eglise catholique conviennent de son utilité et de ses avantages; ils vont même jusqu'à en conseiller la pratique: pourquoi donc répugnent-ils tant à croire que J. C. l'ait établi? Seroit-il donc étonnant que ce divin législateur eût prescrit un moyen de salut qu'ils jugent eux-mêmes si utile? La Confession humilie, il est vrai, le pécheur; mais cette humiliation est-elle une peine trop forte pour le péché, et son amertume n'est-elle pas adoucie par le choix que l'on peut faire d'un Ministre digne de sa confiance, les marques que l'on en reçoit d'une tendre et compatissante charité, par le soulagement d'ame que produit son ministère, et par la certitude de Timpénétrabilité du secret qu'on lui confie, secret commandé par la loi naturelle, par la loi divine et les loix de l'Eglise, et dont la violation, par un effet particulier de la Providence qui prouveroit seul que la Confession est d'établissement divin, n'a pas d'exemple dans l'Histoire de tant de siècles.

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D. Peut-on concilier avec la parfaite satisfaction de J. C. pour nos péchés, ce que l'Eglise catholique enseigne de la nécessité de la Confession, et des peines satisfactoires, de l'exis tence du Purgatoire, et de la vertu des indul gences?

R. Oui; il n'y a rien en ces dogmes qui soit contraire à la plénitude de la satisfaction de J. C., parce que, quoiqu'elle soit infinie et surabondante en elle-même, J. C. a pu en attacher l'application à telles conditions qu'il lui a plu, par exemple, à la Confession et à des œuvres expiatoires de la part des pécheurs.

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La satisfaction de J. C., en effaçant la tache originelle, nous donne une nouvelle vie, et nous acquiert le droit de regarder le ciel comme notre héritage; cependant nous restons soumis à toutes les peines temporelles, aux souffrances de ce monde, aux maladies, à la mort, qui sont les suites du péché. Il en est de même de la rémission des péchés actuels, que nous recevons dans le Sacrement de pénitence, par les mérites de la satisfaction de J. C. Ces péchés sont effacés, peine éternelle nous est remise, la vie de la grace nous est rendue, mais nous ne sommes pas dispensés de la peine temporelle, et nous y demeurons rigoureusement assujettis, parce qu'elle doit être expiée par des œuvres de satisfaction. J. C. a pu nous les prescrire, et nous les a prescrites en effet, pour déterminer l'application des mérites de son sang. Elles sont aussi dans les desseins de sa sagesse, un moyen salutaire pour nous faire concevoir l'ingratitude du péché, pour nous en inspirer plus d'horreur et pour en imprimer plus vivement la douleur dans nos ames. Mais elles ne sont qu'une condition de notre pardon; elles n'en sont ni la cause ni le prix. Elles ne peuvent donc nuire à la satisfaction infinie du Sauveur.

On a reconnu de tout tems, dans l'Eglise, la nécessité de la satisfaction des pénitens, nous en avons, pour les premiers siècles, un monument bien certain dans la pratique et la discipline de la pénitence publique.

Mais l'Eglise qui déclaroit que la peine temporelle reste due pour le péché, et qui imposoit,

en expiation, des œuvres de satisfaction, pouvoit aussi en empérer la rigueur et en abréger la durée. Cela s'appelloit et s'appelle encore Indulgence. C'est une application du fruit des satisfactions infinies du Sauveur, que l'Eglise accorde à ceux qui la méritent par une vraie pénitence, et par une vie chrétienne. Nous croyons que J. C. a donné ce pouvoir à son Eglise, et il n'y a rien en cela qui ne soit digne de sa sagesse et de la miséricorde de Dieu.

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Nous croyons encore que, la peine éternelle du péché étant changée par la satisfaction de J. C., en une peine temporelle, qui reste à subir en réparation de l'injure faite à Dieu, les ames qui sortent de cette vie en état de grace, sans avoir entiérement satisfait à cette réparation, achevent de souffrir la peine temporelle en l'autre vie, et se purifient ainsi des moindres souillures, pour se rendre dignes du bonheur de la présence de Dieu. En quittant leurs dépouilles mortelles elles conservent les liens qui les unissent à l'Eglise, sous le même Chef, dans un même esprit, et pour une même fin; et par une communication entre tous les membres de J. C., elles continuent de participer aux biens spirituels de la société chrétienne, comme les fidèles qui sont sur la terre. Nous nous faisons donc un devoir d'offrir pour elles des prières, le Saint Sacrifice de la Messe, des œuvres saintes, et des satisfactions que Dieu daigne leur appliquer en soulagement de leurs peines et de leurs souffrances.

Telle est notre foi sur le Purgatoire. Elle n'est point contraire à la satisfaction infinie de J. C. sans laquelle notre pénitence resteroit sans prix et sans mérite: elle allie la justice de Dieu avec sa miséricorde, en accordant le prix de la Rédemption à la satisfaction dont l'homme pécheur est capable. C'est dans cette foi que toute l'antiquité chrétienne offroit des prières, des aumônes et des sacrifices pour les ames des défunts. Calvin

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